Chapter 1: Ave Joséphinia
Chapter Text
« Merde merde merde ! »
Johnny fit une embardée avec son hélicoptère, alors qu’il essayait de se stabiliser au-dessus d’une piste d’atterrissage dans l’aéroport. Chacun de ses trois essais s’étaient soldés par un échec, le forçant à remonter en sûreté à quelques mètres de haut. Agacé, il grommela :
« Mais dans quel plan cul tu t’es encore fourré tonton Johnny ? »
S’il avait pu repartir sur le continent, il l’aurait fait, cependant il n’avait plus assez de carburant pour le trajet du retour et était forcé de se poser afin de faire le plein. Mais se poser était pour le moment totalement impossible. Fronçant les sourcils et affermissant sa prise sur les commandes de l’appareil, il tenta un nouvel atterrissage, décidant cette fois de forcer le passage. Ses vitres furent alors rapidement le sujet d’attaques répétées des becs du groupe d’une trentaine d’autruches enragées qui ne voulaient pas le laisser tranquille. Plusieurs d’entre elles faisaient semblait il des parades nuptiales, semblant croire que cet hélicoptère ferait une splendide compagne. Laissant échapper un grognement, le loubard parvint cette fois-ci à enfin poser l’appareil et en éteignit le moteur. Pour autant, il n’était pas vraiment plus avancé, les dizaines d’autruches le harcelant toujours et certaines lui lançaient un regard terrifiant derrière la vitre du cockpit.
« Olalah, mais ils sont vraiment montés à l’envers ces bestiaux ! »
Il tenta de juger la distance avant la pompe à kérosène mais constata qu’elle était à plusieurs mètres de là, un trajet bien trop important dans les circonstances actuelles, sans compter le temps d’attente lors du plein. Fouillant ses poches, il constata qu’il lui restait quelques fumigènes. Il saisit alors le fusil et le mégaphone qui trônaient sur le siège passager et passa l’arme dans son dos. Posant sa main sur la poignée de la porte, il se donna du courage un instant, puis alluma le fumigène et ouvrit la porte en l’agitant devant lui pour éloigner les gros oiseaux. Dans le même temps, il activa son mégaphone et se mit à crier dedans pour se donner un air plus intimidant :
« Dégagez d’mon chemin, saloperie d’autruches, vous avez affaire à tonton Johnny ! Allez, bougez de là ! Mais vous êtes complètement possédées bon Dieu ! »
À chaque nouveau pas vers l’avant, malgré le succès initial de la stratégie, les autruches reprenaient du courage et s’avançaient toujours plus vers lui, menaçant de le submerger d’ici quelques secondes. Alors qu’il sentait le premier coup de bec sur son bras, une voiture grise cabossée arriva à toute vitesse, klaxon hurlant, et dérapa juste à côté de lui. Plusieurs oiseaux furent percutés et volèrent disgracieusement quelques mètres plus loin, tandis que les autres s’écartaient de plusieurs mètres, apeurés. Johnny se tourna vers le véhicule, dont la porte passager s’ouvrit, et une voix féminine en sortit :
« Venez avec moi si vous voulez vivre ! »
En constatant que les autruches commençaient déjà à se rebiffer et revenir vers eux, le loubard ne se fit pas prier et se rua dans l’habitacle avant de fermer la porte. La voiture repartit alors immédiatement dans un crissement de pneu, distançant rapidement la nuée de volatiles. À la fois soulagé et inquiet pour son hélicoptère, Johnny remercia sa sauveuse :
« Merci bien madame ! Sans vous c’était cuit pour moi là !
- Oh c’est bien normal, j’ai vu votre hélicoptère arriver de loin, et je me suis doutée de ce qui allait arriver, alors j’ai sauté dans la première voiture que j’ai trouvé !
- Eh bien merci ! Où est-ce que vous m’emmenez ?
- Dans un endroit sécurisé où on peut résister aux hordes d’oiseaux ! Comment vous appelez vous au fait ?
- Johnny Monnay, ça fait deux ans que j’suis pas venu ici mais j’étais l’associé de Gontran Santé dans l’entreprise Monnay et Santé, la A-Team de la propreté !
- Enchantée monsieur Monnay, moi c’est Joséphine de Beaucollier. Je me rappelle bien avoir entendu votre nom, même si maintenant cette entreprise est uniquement nommée Santé et compagnie, la A-Team des déchetteries.
- Au moins le gamin a su rester dans l’coup. Vous savez s’il va bien avec toutes ces histoires en ville ?
- Il doit être dans le commissariat, comme beaucoup de nos concitoyens. Mais ce n’est pas là que nous allons, c’est bien trop loin, ce n’est pas le type trajet qui se prépare à la légère. Ah, nous y voilà ! »
Joséphine gara son véhicule devant l’Église de Los Santos, dont les portes étaient fermées et entourées de barricades. Une grande partie des vitraux comportait des impacts et des carreaux brisés, colmatés tant bien que mal avec des feuilles de journaux. Après avoir vérifié que la voie était libre pour l’instant, ils se hâtèrent en direction de la porte, sur laquelle Joséphine asséna une série de coups rythmés de façon spécifique. Quelques secondes plus tard, le père William Morgan lui ouvrit et les laissa entrer. Après avoir échangé quelques mots avec Joséphine, il retourna à ses devoirs. Johnny constata que l’intérieur du bâtiment religieux avait bien changé depuis la dernière fois. De nombreux bancs avaient été déplacés pour bloquer des portes, d’autres avaient été démontés et reconstruits pour constituer des tables. De nombreuses caisses de matériel parsemaient le sol un peu partout, particulièrement aux alentours du fond de l’église. De façon singulière, l’autel était désormais occupé par une étagère contenant tout un arsenal d’armes diverses, et l’allée centrale voyait une imposante mitrailleuse trôner en son centre, protégée par des sacs de sable. Joséphine amena Johnny vers une caisse dont elle sortit une ration militaire et une bouteille d’eau, qu’elle lui tendit. Elle l’invita ensuite à s’asseoir sur un banc à proximité, avant de s’installer à côté de lui et de demander tandis qu’il mangeait :
« Que faites vous à Los Santos monsieur Monnay ?
- Oh, j’ai vu aux infos c’qui s’passait ici, quelle histoire ! Alors j’me suis dit que j’allais venir jeter un œil, mais on dirait qu’j’ai sous-estimé la menace.
- Ce n’était pas très prudent en effet. Mais vous pourriez nous venir en aide pour en finir avec la situation.
- À vrai dire, j’allais vous d’mander quand ça s’rait possible de r’partir.
- Vous ne resteriez pas ici pour aider la ville ?
- J’suis pas là pour ça moi. J’étais juste curieux, j’pensais pas rester non.
- Enfin monsieur, et les enseignements de Jésus ? Il nous a appris à aider ceux dans le besoin !
- Ouais enfin Jésus il avait pas prévu les invasions d’autruches, excusez moi !
- Mais enfin ! L’aide aux autres ne dépend pas des circonstances. Ne me dites tout de même pas qu’un grand gaillard comme vous serait plus froussard qu’une bonne femme comme moi !
- Alors déjà, je suis pas froussard, disons que j’ai simplement un bon sens de l’auto préservation. Et sinon, j’ai pas l’impression que vous soyez froussarde madame Joséphine, vous êtes quand même venue me sauver !
- Et c’était terrifiant, c’est bien ce que je dis, vous devriez avoir plus de courage que moi, et donc rester aider.
- C’est pas mon style. Et la ville a l’air déjà bien assurée avec vous. C’est pas mon genre les compliments, mais votre « Venez avec moi si vous voulez vivre » était tout d’même sacrément classe. »
Joséphine rougit légèrement et fit un petit applaudissement avant de renchérir :
« J’avais toujours rêvé de dire ça ! Je l’avais entendu dans ce film, Terminator, quand j’étais plus jeune ! Il m’avait terrifiée, j’en ai fait des cauchemars et pour tout vous avouer je me suis même confessée de l’avoir regardé sans l’accord de mes parents. Mais la phrase m’avait marquée.
- C’que je rêve de placer moi, c’est le « non, je suis ton père », mais j’ai pas d’gosses et j’en veux pas, donc c’est compliqué c’t’histoire.
- Vous n’avez qu’à devenir prêtre ! Vous croyez en Jésus ?
- Pas vraiment non. Et si j’y croyais, je vous avoue que ce qui se passe ici m’aurais fait douter.
- Enfin monsieur, vous ne pouvez pas dire ça dans la maison de Dieu ! »
Johnny joignit ses mains et regarda vers le ciel avant de dire d’un air éploré :
« Désolé Dieu, j’pensais pas c’que j’ai dit, y a as plus raisonnable que ces histoires d’invasions d’autruches ! »
Joséphine ne parvint pas à retenir un petit rire et fit semblant d’être outrée, même si son ton trahissait son amusement :
« Voyons monsieur Johnny, c’est blasphémer ! »
Avec un sourire, il se mit à genoux et recommença sa fausse prière :
« Désolé Jésus, j’ai fait un p’tit blasphème sans faire exprès, ça t’gêne pas trop ? J’ai pas l’habitude, enfin bon, tu m’connais ! »
Joséphine ne parvint pas à retenir un rire, puis reprit sa contenance tout en continuant à sourire :
« Allons dont, relevez vous, les autres vont se demander ce que vous faites ! »
Johnny s’assit à nouveau sur le banc et recommença à manger avec un léger rictus, qui finit par se dissiper, et il demanda :
« Alors dites moi, quand est-ce que je pourrais prendre congé ?
- Alors c’est toujours le projet ? » demanda Joséphine d’un ton attristé. « Vous partez toujours ?
- Ouais, j’ai pas changé d’avis vous savez. Avec tout l’respect que j’vous doit bien sûr.
- Je connaissais votre réputation, je me disais que vous seriez d’une grande aide !
- Ma réputation ?
- Vous savez, quand vous êtes parti, Gontran a vraiment cherché partout en ville, tout le monde en a entendu parler. Alors, comme on entendait beaucoup parler de vous pendant quelques temps, j’ai appris quelques éléments. Votre courage avec les Croute et Lucy, votre tendance à faire des cascades en avion…
- Ah oui, ça. C’est bien loin derrière moi maintenant vous savez.
- Et pourtant je m’étais dit que vous nous aideriez.
- J’risque de vous décevoir alors. »
Alors que Joséphine allait répondre, un klaxon retentit brusquement dans la rue. Elle se redressa et s’exclama :
« Tim ! »
Avant de courir, suivie par Johnny, en direction de la porte. Elle l’entrouvrit et observa dans l’interstice, puis se recula, alarmée :
« Sa voiture est encerclée ! Il ne peut pas sortir !
- Qu’est-ce qu’on peut faire ? » demanda Johnny
- On doit l’aider ! Il était parti chercher une caisse de matériel médical au LSMS, il faut absolument qu’on réussisse à le sortir de là et à récupérer la caisse. »
Elle se tourna vers le fond de l’église, mais constata que le père Morgan et les autres saisissaient leurs armes et courraient vers la porte du fond, visiblement partis à la défense du bâtiment qui subissait une attaque de ce côté également. Joséphine ne prit pas le temps pour réfléchir et décrocha une grande lampe à encens du mur, la saisissant par le bout de la chaîne. Ce faisant, elle s’écria :
« Désolé Jésus mais c’est pour la bonne cause ! »
Elle ouvrit alors en grand la porte, fit tourner la lampe dans sa main, répandant la fumée parfumée autour d’elle, et se mit à crier en courant vers la voiture. Johnny la regarda se ruer vers les oiseaux, figé un instant, et hésitant. Après quelques secondes, Joséphine asséna un violent coup dans la tête d’une des autruches, et le loubard maugréa alors :
« Oh et merde ! »
Il regarda un instant autour de lui et remarqua un grand pique porte cierge de près d’un mètre de haut et dont la base en fer forgée semblait particulièrement lourde. Il retira rapidement la bougie d’en haut, saisit l’objet et le retourna, le maniant comme une batte de baseball, les pieds en haut. Il souffla longuement puis s’élança à son tour vers la voiture en criant « Oooookéééé ». Joséphine était déjà en train d’asséner des coups de lampe dans toutes les directions, faisant reculer les autruches de la porte côté passager afin que Tim puisse sortir. Ce dernier l’ouvrit et Johnny l’escorta vers le coffre, donnant un violent coup sur une autruche qui avait tenté de se jeter sur eux. À l’arrière, Joséphine ouvrit le coffre et sortit la caisse puis se saisit d’un côté et Tim d’un autre. Johnny resta alors à leurs côtés en faisant de grands gestes pour éloigner les oiseaux, qui se montraient de plus en plus audacieux dans leur approche. Soudainement, une autruche un peu plus maligne que les autres sauta sur le toit de la voiture et se jeta sur la caisse, la faisant tomber au sol. Tim resta stable, et mit alors à la traîner derrière lui en direction de l’église, jusqu’à enfin passer la porte, suivi par Johnny. Cependant, Joséphine avait perdu l’équilibre et était tombée sur le trottoir, faisant tourner la lampe autour de sa tête pour éloigner les autruches en appelant Jésus à l’aide. Constatant cela, Johnny grogna, affirma sa prise sur son porte chandelle massue et courut dans sa direction avec un cri de guerre. Donnant des coups d’estoc et de taille, il parvint à créer un petit périmètre autour de Joséphine et lui tendit la main :
« Vous allez bien madame Joséphine ? Rien d’cassé ?
- Tout va bien monsieur ! » le rassura-t-elle en se remettant sur pieds en souriant, avant de recommencer à se battre contre les volatiles qui revenaient à la charge.
- J’suis pas Jésus mais bon, j’me suis dit que mon aide vous conviendrait aussi.
- Je prends de tout ! »
Alors qu’ils discutaient, ils continuaient de progresser vers l’église, jusqu’à franchir la porte et la refermer derrière eux. Au fond de l’église, Tim était allé aider les autres à repousser la fin de l’assaut, et le calme revenait doucement, malgré les coups de becs sur les portes. Johnny reposa le porte chandelle et ramassa la bougie qu’il avait laissé par terre, avant de la rallumer à l’aide de son briquet. Avec un petit sourire, il bougonna :
« Et merci bien Jésus. Sans rancune hein, fallait que j’aide la dame. »
Joséphine, de son côté, raccrocha la lampe sur le mur, et se tourna vers le loubard, le souffle court après les efforts fournis. Lui-même se rendit compte que sa respiration était difficile, tandis que l’adrénaline cessait doucement de faire son effet. Ils allèrent s’asseoir à nouveau sur un banc pour se reposer, et Johnny grogna :
« Eh bah, il est plus tout jeune tonton Johny.
- Merci beaucoup pour votre aide en tout cas. On s’en serait pas sortis sans vous.
- J’suis là pour ça vous savez.
- Ah oui ?
- Ouais, j’ai vu aux infos c’qui s’passait, alors j’suis v’nu donner un coup de main. Mais bon, à peine arrivé que j’me crash presque, ça m’a fait changer d’avis. Pas folle la bête.
- Au moins vous aurez bien aidé des gens.
- Ouais… Je m’y attendais pas vraiment. Quelle histoire. Mais j’allais pas vous laisser tomber !
- Après tout, c’est moi qui me suis laissée tomber toute seule, quelle cruche. »
Johnny eut un petit rire, puis répliqua :
« En même temps, la vie nous prépare rarement à faire face à une horde d’autruches, donc l’entraînement laisse à désirer.
- Et pourtant, vous vous en êtes sortis brillamment !
- Merci bien, vous vous en êtes pas mal sortie aussi ! Vous êtes un sacré bout d’femme vous savez !
- Ça aurait été bien que feu mon mari Victor ne s’en rende compte avant de partir avec cette connasse de Carole.
- Oulah, sale histoire ça j’ai l’impression.
- Oui, mais c’est derrière moi tout ça. »
Ils restèrent silencieux quelques secondes, puis Joséphine admit avec un petit rire :
« Qu’est-ce je raconte moi ? C’est autant derrière moi que votre vie ici est derrière vous. »
Johnny la regarda, avec un petit rire surpris, et elle poursuivit :
« Vous ne trompez personne, vous dites que c’est derrière vous mais vous êtes quand même venu ici pour vous assurer que vos amis vont bien. Vous n’avez pas le cœur sec comme vous voulez le faire croire. Et moi, ma colère envers Victor n’est pas partie, malgré ce que j’essaie de prétendre.
- Vous avez raison d’être en colère, y a pas à traiter une grande dame comme vous d’cette façon !
- Olalah, une grande femme ? Vous me flattez.
- Vous n’êtes pas sortie toute seule tabasser une horde d’oiseaux complètement possédés avec une grosse lampe ?
- C’est sûr que dit comme ça… » sourit Joséphine. « Mais je peux dire la même chose : vous êtes venu sans rien connaître, sans hésiter, juste pour vos amis, et vous n’avez pas hésité à sortir pour me sauver à mon tour.
- Comme quoi on a pt’être un peu en commun. J’aurais pas parié d’sus. »
Il détourna le regard vers le fond de l’église, puis observa les vitraux, les barricades, les caisses de matériel, avant de se fixer à nouveau sur Joséphine. Avec un petit sourire derrière ses poils de barbe blancs, il finit par affirmer :
« Vous savez quoi ? J’vais p’têtre pas prendre congé tout d’suite en fait. »
Chapter 2: On t'invite à la magie
Summary:
TW : menaces, description de cadavre
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De la balustrade de l’observatoire Galileo, le docteur Cox observait la ville de Los Santos. Depuis qu’il avait choisi cet endroit comme son repaire maléfique, des nuages noirs grondant s’étaient rassemblés au-dessus et illuminaient parfois le lieu d’éblouissant éclairs. Pour faire bonne mesure, Cox avait pillé les Zkéa et avait emporté toutes les torches, flambeaux, et les avaient disposés sur la pelouse avant de les enflammer. Il avait depuis commandé de grands pics en résine qu’il comptait fixer sur les murs de l’observatoire, afin d’augmenter son capital terreur. Des centaines d’autruches gardaient les alentours de l’observatoire, empêchant quiconque d’entrer sans son autorisation. Après un dernier regard sur la ville qui subissait sa colère, Cox eut un long rire maléfique qui résonna dans les montagnes, une petite habitude qui faisait partie de sa morning routine. Il retourna ensuite dans l’observatoire et alla s’asseoir dans le hall, sur son imposant trône, composé d’un confortable fauteuil en cuir rouge entouré de pics métalliques noircis tirés d’une carcasse carbonisée de l’un des camions de Montazac. Devant lui se trouvait un long tapis rouge allant jusqu’à la porte d’entrée, et juste à ses pieds trônait un tapis blanc à taches noires. Sale Merde, son petit poussin jaune, piaillait sur l’accoudoir, et Cox se mit à le caresser doucement. Il vit Juan et Hayley s’approcher en discutant et demanda :
« Alors, on en est où avec le vieux ?
- Il est d’accord ! » répondit Hayley, enthousiaste « Il veut bien nous rejoindre !
- C’est un gars raisonnable » ajouta Juan « Je l’aime bien hermano, je le sens bien ce partenariat. »
Cox commença un nouveau rire maléfique mais s’arrêta lorsqu’il entendit les pas de son invité approcher. Il se mit frénétiquement à choisir une position classe sur son trône diabolique, hésitant entre une posture droite et imposante, mains sur les accoudoirs, et une position détendue, allongé en biais dans le fauteuil, dos contre un accoudoir, une jambe sur l’autre. Ne parvenant pas à vraiment s’allonger, il glissa et tomba sur le sol froid avant de se relever précipitamment, embarrassé, en resserrant sa cravate. Il n’eut pas le temps de se rasseoir, et Gérard Pichon entra dans la pièce. Habillé dans un costume noir à cravate verte et portant un chapeau en velours noir, il avait un petit sourire satisfait.
« Ben dites moi Cox, vous avez bien réussi le mobilier, c’est vraiment diabolique ici !
- Ah, merci, j’y ai passé beaucoup de temps ! J’avais pensé à ajouter des fausses toiles d’araignées mais je me suis dit que ça serait too much.
- Oh oui, vous inquiétez pas, c’est parfait comme ça !
- Du coup, Juan et Hayley m’ont dit que vous étiez d’accord pour nous rejoindre ?
- Tout à fait ! Je suis recherché de toute façon, alors si je veux m’installer ici à nouveau avec Béa, c’est à vous que je dois faire confiance.
- Parfait. Dites, vous êtes un peu le premier à qui je peux le demander, mais avec les autres on a eu une petite idée de quoi faire pour soigner notre entrée quand on va semer la panique en ville, c’est possible qu’on vous montre ?
- Aucun problème monsieur Cox, allez-y ! »
Cox se leva alors, et alla se mettre entre ses deux acolytes, accompagné de Sale Merde. Puis, avec des mouvements de danse exagérés, il commença, suivi par Hayley puis Juan, tandis que le petit poussin s’agitait en piaillant autour d’eux :
- Nous sommes de retour !
- Pour vous jouer un mauvais tour !
- Pour propager la dévastation !
- Afin de détruire les peuples et les nations !
- Afin d’écraser l’amour et la vérité !
- Afin d’étendre notre pouvoir jusqu’à la voie lactée !
- Cox !
- Hayley !
- Juan !
- La team Croquette plus rapide que la lumière !
- Rendez vous ou ça sera la guerre !
- Hermano, sì la guerre ! »
Ils terminèrent tous, y compris Sale Merde, sur une pose théâtrale avec de grands sourires maléfiques. Légèrement décontenancé, Gérard finit par les applaudir en riant :
« Mais c’est magnifique, bravo les gars ! Beau travail !
- Merci monsieur Pichon » sourit Cox « On a beaucoup répété, je vous dit pas le brainstorming intense.
- Franchement c’est réussi hein, vous avez géré.
- Bref, il fallait qu’on parle ! »
Cox retourna s’asseoir sur son trône de maître du mal, accompagné de son poussin, et se mit à expliquer :
« On a un problème : les autruches c’est cool, mais c’est aussi très con. Et on pourra pas tenir éternellement sans amis. Alors, vous nous avez rejoint et c’est super, mais sans vouloir vous offenser, on a besoin de plus de monde. C’est là que j’en viens à ce qui m’intéresse. Au cours de nos voyages avec Hayley et Juan, on a tous appris des choses très intéressantes. Pour ma part, je me suis beaucoup intéressé à la magie. Les arcanes, les pouvoirs maléfiques, tous les trucs de grand méchant standard quoi. Résultat, normalement, et je dis bien normalement, j’ai appris à réveiller les morts. Et du coup, évidemment, j’ai pensé à MT. C’était un bon allié, c’était un gars compétent, avec des réseaux, bref, exactement ce dont on a besoin. Je comptais aller au cimetière, pour le recruter. Ça vous dit de venir ?
- Ah bah carrément ! C’est pas tous les jours qu’on peut voir de la nécromancie.
- Parfait alors ! »
Cox claqua des doigts, et le tapis blanc à taches grises et noires qui se trouvait juste devant le trône se mit à vibrer avant de décoller du sol, se stabilisant à une trentaine de centimètres au-dessus. Il se leva, déposa Sale Merde sur un petit coussin rouge posé sur le sol, au pied duquel se trouvait un petit bol de graines et une petite gamelle d’eau, puis s’assit sur le tapis. Juan et Hayley l’y suivirent, et Gérard les regarda sans trop comprendre. Juan l’encouragea :
« Allez, viens Jéjé ! T’inquiète, on l’a déjà fait plein de fois !
- Vous êtes sûrs de votre coup là ?
- Ouais t’inquiète ! »
Le vieil homme marcha alors à son tour sur le tapis. Cox cria :
« Allez, accrochez vous aux poils, on y va ! »
Sans laisser le temps à Gérard de comprendre ce qu’il avait dit, il décolla et fonça à travers une fenêtre, sans faire attention aux cris terrifié de Pichon. Le tapis volant traversait les cieux à toute vitesse, survolant la ville ensoleillée et laissant derrière eux les nuages noirs stationnaires au dessus de l’observatoire. Après quelques minutes seulement de vol, le vent leur fouettant le visage, ils atterrirent finalement au cimetière. Une cohorte d’autruches les entoura immédiatement pour assurer leur défense. Le docteur fit craquer les articulations de ses doigts et prit une inspiration, avant de faire des échauffements sportifs. Hayley demanda alors :
« Dis Cox, t’es sûr que ça va marcher ton truc ? On va pas se retrouver avec une invasion de zombies hein ?
- Elle a raison » renchérit Juan « On devrait d’abord faire un test sur un type au pif, comme ça si ça marche mal c’est pas grave qu’on s’en débarrasse. »
Cox réfléchit un instant avant d’approuver. Il se tourna vers Gérard et fit une petite révérence :
« Allez, j’vous laisse l’honneur ! Choisissez qui on va réveiller. »
Pichon haussa les sourcils, surpris, puis regarda autour de lui. Il marcha dans les allées de tombes, observant les différentes stèles, puis s’arrêta devant l’une d’entre elles et la pointa du doigt :
« Lui.
- Allez, c’est parti ! Il est temps de mettre en application ce que j’ai appris au Liechtenstein. »
Cox prit une inspiration puis se mit à danser une sorte de macarenna modifiée tout en débitant des incantations dans un québecois incompréhensible. Progressivement, des nuages noirs se mirent à se rassembler au-dessus du cimetière et le tonnerre gronda. La terre se mit à trembler, et les autruches, prises de panique, se mirent à courir en cercle autour d’eux, créant une profonde vibration. La terre de la tombe se mit à doucement remuer, et une main décomposée en sortit brusquement, les doigts déformés, les ongles tombés. Elle s’accrocha à la terre et poussa afin de faire sortir du sol le corps pourri du mort. La tête édentée de ce dernier émergea lentement, dans un grognement guttural, et il continua à sortir lentement, ses vêtements déchirés et humides tombant en lambeau, sa peau ridée et verte laissant parfois voir par transparence ses muscles décharnés. Lorsqu’il fut sortit entièrement, le mort-vivant se mit à léviter, décollant à plusieurs mètres du sol, tandis que le tonnerre devenait assourdissant. Un énorme éclair le frappa soudainement, éblouissant tout le monde. Les nuages se dissipèrent alors immédiatement, et tous ouvrirent prudemment les yeux. Sur sa tombe, le jeune homme brun mal habillé avait l’air éberlué. Yann Allée n’était plus décomposé, sa peau n’était pas boursouflée comme celle habituelle des noyés. Il n’était pas même un peu pâlichon. Les yeux grands ouverts, il leva doucement ses mains pour en regarder les paumes. Après quelques secondes de silence, sa bouche s’ouvrit lentement :
« Wesh... »
Un sourire grandit sur ses lèvres tandis qu’il réalisait ce qui était arrivé. Il releva les yeux et regarda Cox :
« Weeeesh… Eh c’est une dinguerie frère ! T’es genre un magicien ? Genre t’es trop fort et tout, genre c’est une dinguerie ton truc là ! J’étais mort et tout, et là j’suis plus mort… Nan c’est ouf. C’est ouf. »
Sans prêter attention au fait que Cox lui souhaitait théâtralement un bon retour parmi les vivants, il se tourna alors vers Gérard, fronçant les sourcils, puis le montra du doigt :
« Eh mais toi là, toi tu m’as butté toi !
- J’ai pas fait exprès, du calme ! » protesta Gérard, paumes ouvertes devant lui « C’était un accident !
- Eh, j’sais bien qu’c’est faux papy ! Attend qu’Daryl il sache, il va t’fumer wesh !
- Ouais, à propos de ça, il est mort Daryl.
- Tu vas voir, j’vais tout lui dire, tu vas t’faire défoncer frère.
- Il est mort Daryl.
- Quoi ?
- Daryl, il est mort.
- Comment ça il est mort ?
- Ben il est mort.
- Wesh… Mais genre… Pour combien de temps ?
- Quoi ?
- Ben il est mort pour combien de temps ?
- Ben pour toujours ?
- Ah bah ouais, logique.
- De toute façon je suis déjà allé en prison pour ton meurtre, t’inquiète Yann.
- Sérieux ?
- Ben ouais !
- Excusez moi ? » demanda Cox « Vous avez fini ? Yann, dis moi, t’as envie de mordre Gérard là ?
- J’ai super faim frère, genre t’imagines même pas !
- Mais t’as envie de manger des gens ?
- Bah non, t’es chelou toi. J’vais pas manger un vieux ou un chauve. »
Son regard se posa alors sur Hayley et il se mit à sourire. Il passa sa main dans ses cheveux avant de s’approcher d’elle :
« Eh par contre mademoiselle j’dis pas que j’suis contre un p’tit croc là, z’êtes charmante !
- Si tu me touches, j’te défonce, ok ?
- Eh wesh calme toi là ! Eh, elle est folle elle. Vas-y meuf, j’ai juste demandé !
- Ouais bah j’ai répondu. »
Yann souffla et se détourna, tandis que Cox affirmait :
« Bon, visiblement la magie fonctionne. Enfin je crois qu’elle fonctionne. Gérard, il a toujours été aussi con lui ?
- Ouais. » répondit Pichon avec exaspération « Vous nous lui avez limite ajouté du QI docteur.
- Bon, eh bah plus qu’à passer à MT alors. »
Ils se mirent à chercher sa tombe, et la trouvèrent après quelques minutes. Ils se rassemblèrent autour et Cox recommença son rituel liechtensteinois. Le ciel se noircit à nouveau et des éclairs se remirent à illuminer les environs. Le corps réanimé de MT sortit lentement de sa tombe, un trou dans son torse déchiqueté là où la déflagration de la grenade l’avait touché le plus durement. Il s’éleva dans les airs et fut frappé d’un éclair éblouissant, suite à quoi il retomba sur sa tombe, en parfaite santé, les vêtements sans déchirure et sa casquette fétiche sur la tête. Il regarda ses bras un instant puis fixa Cox d’un air interrogatif :
« Bon retour MT.
- T’es sérieux mon frère ?
- Pardon ?
- Quoi, t’es sourd maintenant ?
- Non !
- Ben répond alors. T’es sérieux là ?
- Je comprend pas ce que tu veux dire.
- Je pionçais là. T’as pas vu ?
Alors que Cox cherchait quoi répondre, sans vraiment comprendre ce qui lui était reproché, Yann se mit à crier :
« Daryl !
- Oh putain…
- Daryl, c’était une dinguerie ! T’as vu, genre t’étais dans la tombe et après t’es sorti et là t’es re-vivant !
- Yann ?
- Oui ?
- Tu crois que j’suis pas au courant de c’qui vient de s’passer ?
- Bah j’sais pas genre… Ouais, j’sais pas ? Parce que t’étais mort là, genre mort et tout, mais genre vraiment mort, et là en fait tu l’es plus, grosse dinguerie quoi.
- Qu’est-ce que je viens de dire ?
- Bah j’sais pas ?
- J’ai dit : tu crois que j’suis pas au courant de c’qui vient de s’passer ?
- Bah j’sais pas genre… Ouais j’sais pas ? Parce que t’étais mort là, genre mort et tout…
- Yann ?
- Ouais Daryl ?
- C’est toujours pas Daryl mon frère.
- Ah ouais.
- Voilà. Tu peux fermer ta gueule maintenant ?
- Wesh, j’ai dit quoi ? Pourquoi tu me dis ça là ?
- Tu veux retourner dans ta tombe ?
- Bah non ? ‘Fin j’crois pas ?
- Voilà, ben ferme ta gueule. »
Sans prêter attention aux protestations continues du jeune homme, il se tourna à nouveau vers Cox et demanda :
« Bon, j’vais pas r’tourner dans ma tombe du coup maintenant.
- Si ça te dérange, on peut t’y renvoyer hein !
- Nan nan c’est bon, la flemme. Pourquoi tu m’as ramené ?
- Alors, ça risque d’être un peu difficile à croire…
- Eh, mon reuf, tu viens de me ressusciter, ça d’vrait aller.
- Oui pas faux. Ben en gros, j’ai attaqué Los Santos avec une armée d’autruches, comme celles qui nous tournent autour, et maintenant je suis maître du mal avec mon repaire maléfique à l’observatoire, et je me venge sur la ville. Voilà. Et comme on est pas beaucoup, ben je vous ai ramenés pour que vous m’aidiez.
- Donc là t’es en train d’me dire que j’ai la ville pour faire c’que j’veux ? Genre j’peux juste entrer dans une banque et prendre toute la thune ?
- Par exemple oui ! Je vais juste t’apprendre vite fait comment donner des ordres aux autruches, histoire que t’aies de la protection, et après tu fais ta vie. La seule condition c’est que si je te demande, tu viennes m’aider.
- Bah deal alors.
- J’peux apprendre pour les autruches aussi ? » demanda Yann « Pour braquer les banques et tout.
- Euh... » hésita Cox « Non, toi j’vais juste dire aux autruches de pas t’attaquer mais je vais pas t’apprendre à les contrôler.
- Eh wesh pourquoi lui il peut et pas moi ? Daryl ?
- C’est toujours pas Daryl mon frère.
- Tu veux pas lui dire de me faire apprendre ?
- J’préfère mourir une deuxième fois que de faire cette erreur, c’est bon pour toi refré ?
- Maiis ! Pourquoi ?
- Ben parce que t’es con comme une brique mon frère.
- Bon ! » les interpella Cox « On va aller à l’observatoire, histoire de s’organiser, ça vous va ? »
Il fit à nouveau décoller le tapis, et Juan s’approcha de lui avant de chuchoter :
« Dites professeur, le Yann de mes couilles là, j’ai le droit de le butter ?
- Non Juan, ça me désole mais on a déjà pas assez de monde, on a besoin de lui pour le moment.
- Il va me faire péter un câble hein. J’vous jure, j’vais casser un truc.
- Ouais ben tu casseras un truc plus tard. Là faut qu’on rentre, Sale Merde avait presque plus de graines quand on est partis. »
Ils s’installèrent tous sur le tapis volant, tentant de ne pas frapper Yann tandis qu’il s’émerveillait sur la « dinguerie » qu’était l’artefact magique. Puis ils décollèrent en direction de leur base maléfique, vers de nouvelles aventures.
Chapter 3: Aigri road
Summary:
TW : sang, alcool
Chapter Text
Contemplant le frigo vide de sa collocation, Kiddy soupira. Traoul se tourna vers lui et baissa les yeux. Le jeune homme affirma :
« On a plus le choix Didier, il faut qu’on sorte. On peut pas rester retranchés comme ça, on a plus rien à manger.
- On en a déjà parlé, on a aucune chance d’arriver au commissariat, les rues sont pleines d’oiseaux. On est coincés ici.
- Pas si on va au nord.
- Encore ? Tu coinces encore sur cette rumeur d’oasis de paix à Stab City, défendue par un grand guerrier, et tout et tout ? On l’a juste entendu une fois dire à la radio du LSMS, pour ce qu’on en sait ça pourrait être une blague.
- Mais on a quel autre choix ? »
L’ancien médecin se tut, et Kiddy s’approcha de lui avant de poser une main sur son épaule.
« On a rien à perdre. C’est toujours mieux que de rester ici sans espoir et de crever la dalle, non ? »
Didier hésita, soupira, puis hocha la tête. Kiddy sourit et se dirigea vers un placard d’où il sortit deux vestes en cuir et des lunettes de moto. Ils enfilèrent la tenue, puis entrèrent dans le garage, où se trouvait la voiture de sport de Didier, endommagée, la peinture rayée, et sur laquelle il avait installé quelques pics. Le jeune homme s’installa au volant, derrière les derniers éclats du pare-brise qui avait été pulvérisé lors d’une poursuite avec Juan. Il démarra le moteur, le faisant rugir, puis ouvrit la porte du garage, avant de sortir en trombe, fonçant sur les routes vers le nord, en direction de Stab City, sur la côte de la mer Alamo. À cause du bruit du moteur, des autruches commençaient déjà à arriver en courant vers eux, mais la puissance de l’engin leur permit de les distancer, traversant à toute vitesse les montagnes sur les routes sinueuses menant au désert. Ils pouvaient voir au loin les nuages noirs au-dessus du repaire du maléfique docteur Cox, où des lumières s’agitaient, suggérant qu’une fiesta démoniaque s’y tenait. Rapidement, ils quittèrent la route, les grands axes étant complètement bloqués par des voitures abandonnées et carbonisées, gardées par des autruches en embuscade. La voiture de sport modifiée tenait bien le sol chaotique, et ils arrivèrent bientôt dans le grand désert les séparant de Stab City. Tous les buissons, tout signe de vie, avait été détruit par les autruches, ne laissant qu’une lande vide, sablonneuse et rocheuse, où le seul mouvement était celui des nuages de poussière et du frémissement de l’air brûlant. Un énorme nuage de poussière grandissait d’ailleurs à proximité, ce que Didier fit remarquer à Kiddy, qui fronça les sourcils. Quelques secondes plus tard, il comprit alors que ce nuage était dû à des centaines d’autruches fonçant dans leur direction. Il vira de bord, mais constata que d’autres groupes arrivaient. Il comprit alors trop tard qu’ils étaient encerclés, tandis que l’écart se resserrait et que les volatiles se rapprochaient. Foncer dans le tas ne ferait que complètement détruire la carrosserie et le moteur, rendant le reste de leur voyage impossible. Kiddy arrêta donc la voiture, dépourvu, et Traoul regarda autour d’eux, paniqué, cherchant une solution sans rien trouver. Alors que Kiddy allait s’excuser de son erreur de proposer le voyage, un rugissement de moteur se superposa au tremblement de la course des oiseaux, et une corne de brume leur fit vriller les tympans. Fendant la meute de milliers d’autruches, un camion citerne apparut, couvert de pics métalliques rouillé et escorté par deux voitures jaunes également équipées pour la guerre et couvertes de la poussière du désert. Devant ses yeux ébahis, Kiddy comprit que ce qu’il avait pris pour un mannequin attaché à l’avant du camion était en fait Inigo Montoya, volontairement accroché devant le véhicule, et baissant la tête pour exposer son crâne chauve brillant sous le soleil, écartant les volatiles comme un champ de force. Rapidement, le camion s’arrêta ainsi que les voitures, encerclant le véhicule de Kiddy et Didier. Les autruches s’éloignèrent de peur mais également en raison de Inigo. Ce dernier descendit de l’avant du camion, et des autres véhicules sortirent les Vagos, tous habillés de cuir et de pics, de grandes décorations en plumes d’autruches ornant leurs tenues. Lenny Johnson se montra alors, le bas de son visage caché par un masque semblable à la mâchoire d’un squelette. Il tenait dans sa main un sceptre constitué d’une barre de métal surmontée d’un crâne d’autruche. Sa voix déformée et métallique s’éleva du masque :
« Réjouissez vous, Wargos, car nous avons à nouveau été victorieux ! De tels actes nous porteront sans aucun doute vers le Vagoshala ! »
Ils joignirent leurs mains au dessus de leur tête et se mirent à crier de façon désordonnée « Wargos Wargos Wargos ! »
« Lenny ? » Demanda Traoul en sortant de sa voiture. « On s’attendait pas à te voir ici, merci pour tout !
- Silence ! N’interromps pas la communion de notre groupe de guerriers des terres désolées.
- J’adore vos vestes » affirma Kiddy, sortant à son tour de sa voiture.
- Merci ! » sourit Lenny, se radoucissant « C’est du cuir d’autruche. Vu le nombre qu’on a rôti avec nos lances flammes, on s’est dit qu’il valait mieux en profiter.
- C’est trop stylé.
- Franchement, merci, on s’est donnés du mal. Bon par contre, maintenant vous pouvez vous éloigner de la bagnole ? C’est pour nous.
- Quoi ? » demanda Traoul « Comment ça c’est pour vous ?
- Didier, on est des guerriers apocalyptiques du désert, t’as pas vu ? On a les pics et tout le tintouin. Maintenant, on a votre voiture, donc on va prendre son métal et en faire des décos stylées, et on va siphonner l’essence, parce que le bio-carburant de vin de la forteresse Montazac-Torez est pas dingue, et que sans ça on pourra jamais mener d’assaut sur la Commune de la fédérale comme on avait prévu.
- Mais nous on fait que passer » rétorqua Kiddy « On veut pas vous causer de problèmes. Vous nous laissez partir et vous entendrez plus parler de nous.
- Oui enfin, si on vous pique la bagnole et qu’on vous laisse dans le désert avec les autruches, on entendra plus parler de vous non-plus et nous ça nous fera du carburant en plus.
- Qu’est-ce qui vous prend les gars, depuis quand vous êtes comme ça ? » demanda Didier, interloqué.
- Je sais pas, quand on était un gang tu crois qu’on jouait aux dominos ?
- Non mais…
- Bah voilà, on s’adapte hein. Un jour gang, un jour guerriers de la route éternelle, enfants du désert, prophètes du moteur, et sexy en tenues de cuir.
- C’est sérieux tout ça ?
- Totalement. Hein les gars ? » demanda Lenny en se tournant les autres Vagos. Il se vit répondre avec un nouveau « Wargos Wargos Wargos ! » puis se tourna à nouveau vers ses deux prisonniers. « Ils ont l’air de plaisanter ?
- Non, mais quand même…
- Oooh, mais tu saoules ! On est des warboys du no man’s land ! On vénère le dieu V8 ! On va pas devenir sympas juste pour tes beaux yeux.
- C’est vrai qu’il a de beaux yeux. » renchérit Kiddy.
- AH ! » cria Lenny « VOILÀ ! Les autres me disent que je suis débile quand je leur dit ça, on est d’accord que Didier a de beaux yeux.
- Euh... » hésita Traoul « Ben… merci beaucoup ?
- De rien mon gars, c’est pas parce qu’on révère le coxtaclysme qu’on peut pas faire des compliments.
- Ben ça fait très plaisir.
- J’t’en prie, c’est gratuit.
- T’as de beaux yeux aussi au fait.
- Rooh, flatteur.
- Je te jure, c’est sincère !
- Allez, j’accepte le compliment, c’est gentil. »
Alors que Didier allait répondre, Kiddy se jeta en avant et saisit le sceptre de Lenny, avant de le lancer vers le camion. La barre de fer se planta dans un pneu, qui éclata. Profitant de la surprise, il fit signe à Didier de rentrer dans la voiture et démarra à toute vitesse, manquant de percuter Miguel et Kim. Lenny se mit alors à hurler :
« Vous allez le regretter ! Essayez même pas de fuir, on vous retrouvera ! Vous allez le payer !
- Désolé Lenny ! » cria Didier, s’éloignant dans le désert « Tout ce que j’ai dit sur tes yeux était sincère ! »
Soupirant de soulagement, ils continuèrent à avancer vers Stab City, tandis que derrière eux les Vagos s’occupaient d’aller chercher le matériel nécessaire au changement de la roue. Après une longue heure de conduite dans le sable, ils arrivèrent enfin en vue de Stab City. L’ancien camp pour caravanes, inhospitalier et peu accueillant, était maintenant plein de verdure, de fleurs et de petites cascades d’eau dans une ambiance de jardin de yoga. Garant leur véhicule, Kiddy et Didier s’y avancèrent, observant autour d’eux. L’endroit était devenu magnifique et paisible, et on pouvait presque oublier l’apocalypse qui avait lieu sur le reste de l’île. Didier se demanda tout bas :
« Mais qui a pu créer un endroit pareil dans ces conditions ? »
De derrière les caravanes apparut alors une silhouette. Encore quelque peu dissimulée derrière les plantes, sa voix s’éleva dans l’oasis florissante :
« Quelle est votre intention ici, étrangers ? »
Kiddy fronça les sourcils :
« Attend, je connais cette voix… »
La silhouette s’avança, révélant son magnifique kimono blanc. Un très large chapeau en paille tressée se trouvait sur sa tête inclinée, cachant son visage. La voix calme de l’inconnu résonna à nouveau :
« Pourquoi êtes-vous venus au jardin des béatitudes ? »
S’inclinant légèrement en avant, Didier répondit, choisissant soigneusement ses mots :
« Nous sommes des survivants de l’apocalypse, mais nos ressources se sont épuisées. Nous avons entendu parler de cet endroit, et avons choisi de venir nous y protéger, échappant pour cela aux autruches et guerriers du désert. »
Tandis que Kiddy s’inclinait également, l’étranger avança gracieusement jusqu’à eux, le chapeau toujours incliné devant son visage. Il demanda doucement :
« Et comment avez vous échappé aux guerriers Wargos ?
- On les a pris par surprise, mais ils vont tenter de nous retrouver quand ils auront réparé les dégâts qu’on a causé.
- Alors ils vont attaquer ce lieu ? »
N’osant pas répondre de peur de se faire chasser, Kiddy se contenta de baisser les yeux et de hocher timidement la tête. L’inconnu resta un instant silencieux, puis déclara :
« Alors je vous protégerais et vous apprendrais ma méthode, et comment j’ai survécu ici tout ce temps. Lorsque nous aurons repoussé l’assaut, vous serez permis de vivre ici et je vous apprendrait tout.
- Merci pour tout » répondit Didier, soulagé « Est-ce qu’on pourrait savoir votre nom ?
- Voyons, tu me connais déjà. »
Il releva doucement la tête et révéla son visage, sur lequel était affiché un sourire rieur et des yeux pétillants. Le genre d’expression que personne ne se serait attendu à retrouver chez Rayou White, et pourtant elle était là. Éberlué, Didier demanda :
« Docteur White ? Mais… pourquoi, comment…
- J’ai trouvé l’apaisement, et je ne me suis jamais senti aussi bien que lorsque tout le monde se sent mal. Tout le monde déprime, alors j’ai appris, non pas à balancer mon aigreur, à la lâcher sur le premier venu, mais à la canaliser, à en faire une arme. Je suis devenu un maître de la voie de l’aigreur, de l’aïgrido. »
Devant le scepticisme de ses interlocuteurs, il sourit :
« Je vais vous faire une démonstration, vous n’avez pas l’air convaincus. »
Il fit alors de gracieux gestes, faisant tourner ses mains, fermant les yeux, se mouvant avec le vent. Son pied fit un demi cercle dans le sol sablonneux, tandis que son aigreur se concentrait. L’air même semblait bouger avec lui, et la brise lui parler. Les plantes virent leurs branches s’agiter doucement, la poussière tourbillonna, les oiseaux se mirent à chanter. Puis, ouvrant les yeux en direction de Kiddy, il dit dans un souffle :
« Tes cheveux de merde, Pinkie Pie ass motherfucker »
D’un geste précis et presque instantané, il donna un coup si rapide que l’oeil du jeune homme eut à peine le temps de le capter, et l’envoya voler à plus de trois mètres derrière. Soufflé, ce dernier resta un instant au sol avant de se relever doucement, en grognant, un filet de sang coulant de son nez. Lorsqu’il fut debout cependant, il ne parvint pas à cacher son admiration :
« Cette aigreur, c’était si puissant… Je n’ai jamais vu ça. Apprenez moi. »
White vit son sourire grandir et leur fit signe de l’accompagner. Ils le suivirent au centre de son oasis, arrivant dans une sorte de clairière. Doucement, il les fit s’asseoir, puis commença à parler de sa voix chaleureuse et apaisante :
« L’aigreur, ce n’est pas juste être désagréable avec les autres. Être aigri ne nécessite pas que de la méchanceté. C’est un art de vivre, un style, c’est une petite boule de rage au cœur de votre âme, constamment alimentée. L’aigreur ne vous quitte pas, elle vit avec vous à chaque instant. C’est une force spirituelle qui nous entoure et nous lie en toute chose. Dès lors qu’une conscience perçoit la vie, alors l’aigreur est présente. C’est cette amertume constante, cette petite irritation qui vous titille. Mais plutôt que la dépenser, la laisser bêtement s’échapper à critiquer les autres, il faut apprendre à la cultiver, la protéger. L’aigreur est comme une plante, elle a besoin d’eau, de soleil, d’amour. Puis, si vous avez bien fait les choses, vous verrez un jour un bourgeon, qui deviendra une fleur, et cette fleur un fruit. Et ce fruit, bien mûr et coloré, vous le cueillez et vous le dégustez, avant d’en replanter les graines pour en faire quelque chose de plus grand encore. Et pour cultiver cette aigreur, vous devez comprendre les choses, comprendre la vie, et vibrer avec la nature, laisser résonner en vous cette aigreur présente en toute chose. C’est lorsque vous aurez englobé cette aigreur, que vous l’aurez faite infuser en vous, qu’alors vous débloquerez vos vraies capacités, et que l’art de l’aïgrido sera tout à vous. Toi ! »
Il pointa Kiddy du doigt et s’approcha de lui :
« Lève toi. »
Le jeune homme s’exécuta, et White déclara doucement, chuchotant presque sur un ton paisible :
« Maintenant, je veux que tu fermes les yeux. Que tu sentes la vie autour de toi, dans toute sa beauté, chaque créature, chaque plante, chaque odeur et chaque brise. Prend tout ça en toi, emmagasine le, et laisse le flot de ton aigreur se déverser. »
Kiddy ferma les paupières, inspirant profondément, tentant de se concentrer sur le vent, sur les oiseaux. Sa respiration s’approfondit, son visage s’apaisa. White chuchota alors :
« Et maintenant, brise la vitre de cette caravane, derrière toi. »
Kiddy fronça légèrement les sourcils, et son maître eut un petit sourire :
« Je vois ta perplexité. Mais l’aïgrido le permet, même sans la toucher physiquement. Laisse ton aigreur emplir tes veines. »
Le jeune homme souffla doucement, puis ouvrit les yeux et se tourna vers la caravane, lâchant :
« Sale… caravane rouillée… sans pneus… ? »
Rien ne se passa, et il soupira, agacé. White secoua légèrement la tête et affirma :
« Je m’y attendais. Personne n’y arrive du premier coup, cela n’a rien de grave. Didier ? Tu veux essayer ? Tente aussi la fenêtre. »
Traoul inspira profondément et ferma les yeux. Il sentit le vent sur sa peau, l’herbe à ses pieds, le bruissement des feuilles, le chant de l’eau non loin. Mais aussi son estomac vide, et ses cheveux sales qui le démangeaient. Il sentit son irritation monter, se mêler à cette conscience des choses qui l’entouraient. Il se tourna alors vers la caravane et ouvrit les yeux :
« Roulotte en ruine, avec ton faux cuir moisi là. »
Le vent se leva, et la vitre vibra, sans céder. White haussa légèrement les sourcils avant de rire :
« Je vois qu’on a là beaucoup de potentiel, docteur Traoul. L’aigreur est puissante en toi.
- Je n’aime rien à part Kiddy, les Croute et l’argent. Ça aide.
- Ça aide, mais ça ne fait pas tout. Continue comme ça, mais ne te repose pas sur tes lauriers. Concentre ton aigreur, chaque petite chose sert. »
Il regarda le soleil, et affirma :
« La nuit tombera d’ici deux heures, c’est probablement le moment que vont choisir les pillards pour attaquer. Essayez de vous entraîner, je vous avertirais si je les vois. »
Ils hochèrent la tête et se remirent à méditer et se concentrer. Le soleil descendit lentement, illuminant de rouge l’oasis de paix, tandis que White patientait, assis en tailleurs sur l’une des caravanes, observant le désert. Alors que le désert passait de la lumière orangée du coucher de soleil au bleuté de la lune, il vit alors au loin un nuage de poussière précédé de lumières, qui grandissait lentement. Il se leva alors et alla avertir les colocataires, qui s’étaient endormis dans l’herbe. Ils se levèrent immédiatement, se rendant au bord du camp. Kiddy démarra la voiture pour la stationner plus loin dans l’oasis afin de la protéger. Le vrombissement des moteurs pouvait maintenant être entendu, jusqu’à arriver à proximité du camp. Le camion et l’une des voitures continuèrent de rouler dans une stratégie d’intimidation, et la dernière voiture s’arrêta. Lenny sortit et cria dans la nuit :
« White ! On te veut pas de mal ! Livre nous les deux cons et on fera rien à ton jardin feng shui !
- Promis ?
- Promis !
- Vraiment rien ?
- Vraiment rien.
- Mmh…
- Alors ?
- Alors quand même non. Viens les chercher. Je t’attend. »
Le chef des Vagos grogna et fit signe à la voiture en mouvement de foncer sur White. Ce dernier ferma les yeux, souffla lentement, et écarta légèrement les bras, attendant le véhicule. À la dernière seconde avant le choc, il chuchota :
« Vos voitures jaunes pisse qui carburent à la gnôle. »
Il sembla alors qu’il avait disparu, presque qu’il s’était téléporté. En moins d’une seconde, il avait bougé de plusieurs mètres et s’était stabilisé à nouveau. La voiture, quant à elle, fit une embardée, sa carrosserie enfoncée et son klaxon allumé sans raison et ne semblant pas vouloir s’éteindre. Le véhicule fit un demi-tour soudain, ralentissant dans le désert tandis que les Vagos qui s’y trouvaient en descendaient afin de réparer en vitesse les éléments endommagés. Les deux autres véhicules se mirent à leur tour à rouler à toute vitesse vers Stab City, déclenchant leurs lances flammes. White parvint alors à éviter chaque danger par une nouvelle insulte, esquivant de façon presque surnaturelle des coups qui semblaient destinés à le toucher mortellement. Alors qu’il souriait devant les essais ratés, un grappin fut alors tiré depuis l’arrière du camion, qui saisit Kiddy et le tira brutalement. Le jeune homme, surpris, fut emporté par l’imposant poids lourd, criant de douleur. Après quelques secondes qui lui semblèrent une éternité, il parvint à s’extraire, se retrouvant cependant à des dizaines de mètres du camp, dans le désert. Le camion fit alors demi-tour, faisant sonner sa corne de brume assourdissante, puis se mit à foncer sur Kiddy. Didier, comprenant la gravité de la situation, se mit alors à courir vers son colocataire, qui tentait de fuir. Il n’avait cependant aucun espoir d’y réchapper, et le camion lui passerait dessus quelques secondes plus tard seulement. S’interposant entre Kiddy et le camion lancé à vive allure, il ferma alors les yeux. Le vent sur sa peau, les grains de sable soufflés par le camion, l’odeur d’essence. Le vrombissement des moteurs, la vive lumière des phrases. Le caillou dans sa chaussure, sa légère envie d’éternuer. Kiddy, son odeur, son sourire, ses cheveux de Pinkie Pie. Le temps sembla s’être arrêté. Plus aucun bruit, plus aucune brise, plus un grain de poussière. Et au milieu du silence :
« Lewis Hamilton du pauvre, avec leurs cheveux gras de modo discord »
Alors que le camion allait les percuter, il fit soudainement un tonneau et partit dans les airs en tournoyant. Les Vagos qui s’y trouvaient sautèrent en marche, avant que le véhicule ne retombe brutalement sur le sable avant d’exploser, propulsant tout le monde en arrière et faisant s’élever un panache de feu dans les airs. Les observant de loin, White se mit à rire, et dit pour lui-même « Il a commencé à croire ». Les Vagos montèrent alors dans les deux voitures qui restaient, et Lenny cria :
« Vous perdez rien pour attendre ! On se reverra ! »
Ils disparurent alors dans le désert, tandis que Kiddy et Traoul retournaient vers l’oasis. Derrière eux, un tremblement grandissait, tandis que des milliers d’autruches, attirées par le bruit et la lumière de l’explosion, convergeaient vers les lieux. Les colocataires les observèrent, impuissants, sachant qu’ils seraient incapables même avec toute leur aigreur de les repousser. White s’avança alors doucement, un sourire sur le visage, et affirma :
« Je vais m’en charger. »
Kiddy souffla, peu rassuré :
« Mais comment vous comptez être assez aigri à temps pour toutes les repousser ?
- C’est mon secret, Kiddy. » affirma alors le maître « je l’ai toujours été. »
Alors que les autruches n’étaient plus qu’à une dizaine de mètres, White retira doucement son chapeau tout en inspirant, exposa son crane chauve à la lumière de la lune et lâcha :
« Cringe, L+ ratio »
Alors même qu’il n’émettait aucune lumière, il sembla que le désert entier s’était soudainement illuminé dans une explosion de puissance éblouissante, et le vent se leva, devenant une bourrasque qui souffla le sable dans une impressionnante tempête. Les milliers d’autruches furent balayées, battant des ailes sans succès pour tenter de se maintenir en place. Leur vague fut cependant fauchée, dispersée, pulvérisée et désintégrée. Tous les volatiles furent repoussés sur des centaines de mètres, fuyant la puissance de l’aigreur du grand maître. Kiddy et Traoul le regardèrent, tandis que le vent retombait, et s’inclinèrent en signe de respect. Il leur sourit et leur fit signe de se redresser.
« Suivez mon enseignement, et bientôt, l’élève dépassera le maître. Que l’aigreur soit avec vous. »
Chapter 4: Goodbye Rixzine
Chapter Text
Au milieu du désert, entre les rochers ocres et les tumbleweeds virevoltant sur le sable, se dressait la prison fédérale. Lors de l'attaque de Cox, une équipe de policiers composée de Franck Peine, Tom Harris, et Michael Rixzy était sur les lieux en plus du personnel habituel, avec pour tâche d'enfermer Liam Dunne et Marcello Capone après un énième braquage. Cependant, les nuées d'autruches avaient tout changé, et ils avaient dû unir leurs forces afin de les repousser, puis de fortifier les lieux en dressant des barricades de fortune derrière les grillages afin de les renforcer. Cox et ses acolytes avaient depuis plusieurs fois tentés de reprendre les lieux, jugeant qu'ils feraient un excellent repaire maléfique, mais sans succès, faisant face à la résistance héroïque de ses habitants. Au fil des mois, la prison était devenue un oasis de sûreté, protégé des Guerriers du désert Vagos ainsi que des autruches. Les champs avaient été agrandis et les premières récoltes permettaient de nourrir tout le monde, en plus de la viande et des œufs d'autruche. Des citernes avaient été installées, récupérant l'eau de pluie et la rosée du matin. De façon naturelle, la Fédérale s'était réorganisée. Chacun avait un accès égal à la nourriture, à l'eau, aux vêtements, à l'hygiène, aux soins, et mêmes aux armes en raison de l'accord tacite entre tous que Cox était le plus gros problème actuellement, bien devant les rivalités entre police et gangs. Ainsi, les rôles de gardiens et prisonniers avaient disparus, et chacun avaient autant de pouvoir dans la prise de décision collective. La prison Fédérale avait ainsi acquis une nouvelle réputation autour de l'île, devenant un refuge pour les pauvres âmes isolés dans l'apocalypse.
Tout le monde, y compris ses habitants, la désignaient désormais sous le nom de la Commune de la Fédérale. Tout le monde ? Non. Michael Rixzy, dans son anticommunisme forcené, avait été prudemment tenu à l'écart de ces considérations. Ainsi, les distributions gratuites de nourriture devenaient soudainement d'audacieuses start-up en marché libre et payantes uniquement pour lui, sans qu'il ne s'en rende compte, et l'argent qu'il donnait retournait immédiatement dans la caisse globale. En plus de son travail de policier, sur lequel tout le monde s'était mis d'accord pour prétendre qu'il avaient encore une influence, il recevait un salaire pour son travail de garde de la prison, signifiant en réalité qu'il était envoyé en patrouille sur les abords pour vérifier l'approche d'un danger et s'assurer qu'il n'était pas dans la Commune la majorité du temps. C'est dans ces instants d'absence qu'avaient lieu les conseils démocratiques où les décisions étaient prises, jusqu'à ce qu'il revienne et que chacun prétende que Tom Harris, à ses yeux le président directeur provisoire de la prison, avait pris la décision seul. Grâce à des livraisons militaires, ils avaient reçu des hamburgers surgelés, qu'ils réchauffaient et lui donnaient lors des repas, le confinant dans son illusion qu'il était encore dans son bon vieux système a-mé-ri-cain capitaliste. Il payait régulièrement le loyer de sa chambre (une cellule de prison mise à disposition gratuitement comme pour tous les autres), dans laquelle il avait accroché des posters d'aigles et un drapeau des USA. Enfin, il payait également son assurance maladie à Harris, qui miraculeusement permettait toujours de rembourser intégralement ses soins. Le policier terminait généralement le mois presque sans argent, mais chaque tentative de l'aider avait résulté en une crise de colère de sa part, traitant son interlocuteur de "sale rouge".
"Sergent Peine !"
Appela Michael dans la radio, demandant l'attention de son collègue qui n'était plus sergent qu'à ses yeux. Ce dernier répondit :
"Oui cam...Oui Michael ?
- Y a le négociateur de Cox qui se ramène.
- D'accord, merci cadet Michael."
Peine saisit une arme et un gilet pare-balle qu'il enfila, puis suivit les couloirs jusqu'à la sortie de la prison. Là il croisa Michael, qui lui adressa un signe de tête avant de rentrer et d'aller manger dans le réfectoire autogéré (ou "Washington diner Mc'nfood USA" comme avaient prétendu de le nommer ses collègues). Le visage fermé, arme en main, démarche sûre, il avança sur le parking vide. Devant lui se trouvaient plusieurs autruches immobiles, qui s'écartèrent pour laisser passer une autre autruche sur laquelle était assis en amazone Juan Carlos, acolyte de Cox. Il descendit de l'imposant volatile et lui caressa la nuque en chuchotant de sa voix rauque :
"C'est bien Alejandro, tout doux"
Puis il se tourna vers Peine, les sourcils froncés, les muscles tendus. Les deux hommes se firent face sans rien dire, s'affrontant du regard, puis Juan claqua des doigts et les autruches les entourèrent, empêchant quiconque de voir ce qu'ils faisaient. Immédiatement, leurs visages se détendirent et Peine baissa son arme. Ils s'avancèrent l'un vers l'autre et s'embrassèrent, avant que Juan ne parle sur un ton joyeux :
"Alors, comment tu vas Frankie ?
- Eh bah tout roule Juan, les récoltes sont bonnes, on a de l'eau, tout va bien. Et toi ?
- La routine ! On fait des raids ici et là, des fois on élabore des plans maléfiques et on kidnappe quelqu'un, y a quelques protagonistes qui viennent le récupérer à la dernière seconde avant qu'on le lâche dans un bassin avec un requin, le docteur lève le poing au ciel en disant qu'ils vont lui payer, bref tu connais.
- Comment va Sale Merde ? Tu me disais qu'il était malade la dernière fois.
- Oui, mais ça va, on a enlevé Maison, il l'a soigné, on l'a libéré, tranquille. Et le tapis volant est réparé aussi d'ailleurs, c'était juste un problème de carburateur, fallait simplement changer une pièce. Et toi, ça va avec Sarah ?
- Très bien oui. Son plus gros souci avec le fait que je sois polya c'est de garder le secret auprès des autres, mais je lui fait confiance, et niveau relation à distance ça se passe bien.
- Tu sais, si besoin, je peux glisser quelques mots à Cox pour qu'il permette qu'elle te visite. Enfin, permette… Qu'on fasse une attaque mollassonne sur le convoi pour les apparences mais que globalement y ait aucun problème." Juan lui fit un clin d'œil suite à cette proposition.
- Franchement, ça me ferait très plaisir ! Et toi, Cox et Hayley se doutent toujours de rien ?
- Je pense que Hayley a deviné, elle fait souvent des blagues en disant que je dois voir mon chéri à la prison, mais le docteur a pas compris que c'était pas juste des vannes.
- Elle dit rien ?
- Nan, on dirait que ça la fait marrer. Et toi ?
- Il n'y a que Sarah qui sait.
- Bon, ben nickel alors. Ça tient toujours la Commune ?
- Très bien oui !
- Franchement j'en ai jamais douté, camarade Peine. Bon par contre, je dois t'avertir… Le prochain plan maléfique, c'est d'enlever Michael pour lui faire comprendre que la fédé est devenue communiste.
- Quoi ? Et tu peux rien faire ?
- Si c'est que maintenant que ça arrive, c'est que j'ai déjà réussi à le décaler, mais là ça va plus être possible.
- Mais ça serait quoi l'idée ?
- En gros : on l'enlève, on lui fait comprendre que vous êtes communistes, on le ramène, il vous détruit de l'intérieur pour la gloire des USA de mes couilles."
Peine recula, se frottant les tempes. Résister aux attaques d'autruches était une chose. Résister à l'ego d'un homme américain blanc de droite en était une autre.
"Il faut que j'en parle avec les autres. Pour une fois, c'est un bon plan.
- C'est bien pour ça que j'e t'en parle. Je vais voir ce que je peux faire de mon côté. Bon, on dit quoi à tes camarades cette fois ?
- On va dire que j'ai acheté notre tranquillité en échange d'infos sur l'emplacement de matériel médical pour Sale Merde.
- Ok, ça me semble bon. On se dit à la prochaine ?
- À la prochaine Juan, je t'aime.
- Je t'aime aussi Franckie"
Ils s'embrassèrent, avant de reprendre leurs poses d'hommes virils distants et hostiles. Les autruches retournèrent du côté de Juan, qui remonta sur Alejandro et cria "Yaa !" avant de repartir dans le désert. Peine se tourna vers la Commune et dit dans sa radio : "J'ai pu acheter notre tranquilité. Michael, vous pouvez reprendre la patrouille." Il retourna dans les locaux, et changea de fréquence sur sa radio pour celle de la Commune : "Il faut rassembler le conseil immédiatement". Quelques minutes plus tard, il était dans l'ancien hall de la prison, et les tables avaient été bougées, avant que chacun ne prenne sa place. Quelques dizaines de personnes s'y trouvaient, dont Harris et les deux Families. Attendant le silence, Peine finit par affirmer :
"Durant la négociation avec monsieur Carlos, j'ai obtenu des informations sur le prochain plan de Cox. Il va enlever le camarade Michael et lui faire comprendre la véritable nature de la Commune.
- Putain mais c'est la merde mon pote !" s'exclama Liam "Il est complètement con le Michael mais si y a bien un truc qu'il voudra détruire à tout prix, c'est des communistes !
- On est d'accord" approuva Marcello "Il a beau être stupido, on peut pas se permettre ça.
- Au pire" proposa Tom "S'il se fait enlever et qu'après il revient, on le fout en tôle. Suffira de fermer sa chambre à clef.
- Sauf ton respect camarade Harris" objecta Liam "Je crois qu't'as des p'tits réflexes de quand t'étais flic mon pote. Ici on fout pas les gens en tôle, on réhabilite.
- Mais on peut pas réhabiliter Michael" soupira Marcello "C'est le problème.
- Y a toujours moyen de réhabiliter les gens" affirma Peine "le problème tient surtout dans le fait qu'avoir un agent double qui travaille contre nous va forcément réduire le temps qu'on pourra passer aux cultures et à la défense.
- D'un autre côté" réfléchit Liam "Les ennemis de la Révolution, on peut pas toujours les intégrer à la société. S'il revient et qu'il n'accepte pas d'être de notre côté ou d'essayer activement de changer ses idées, on peut juste le pousser dehors. Y a plein d'autres refuges sur l'île, à ce qu'il paraît y a même un monastère d'aïgrido pas loin. Il lui suffit de faire profil bas, d'éviter les autruches et les Wargos, et tout ira bien.
- Bon, attendez deux secondes" demanda Peine "je vérifie que Michael va pas arriver à l'improviste." Il alluma sa radio "Cadet Rixzy ? Tout se passe bien en patrouille ?"
Seul le bruit blanc de la radio lui répondit. Inquiet, Peine le relança une fois, puis deux, sans réponse. Fronçant les sourcils, tous se levèrent et sortirent du bâtiment, juste à temps pour voir le tapis volant de Cox partir à tout vitesse. Liam affirma alors devant l'air catastrophé de tout le monde :
"Bon, ben je crois qu'on va vite voir en pratique ce qui était le plus efficace parmi nos théories."
"Non."
Cox baissa le poing qu'il avait levé vers le plafond de sa salle du trône, d'un air perplexe. Michael le fixait, debout sur le tapis rouge, entouré par Juan et Hayley. Le docteur demanda :
"Comment ça, non ?
- Ben, non." répéta le policier. "Je vous crois pas, je pense pas que la fédérale soit communiste.
- Mais…"
Dépourvu, Cox le regardait avec les bras le long du corps, d'un air légèrement penaud.
"Comment ça tu ne crois pas ? Je viens de te donner des preuves.
- Oui, et ? Vous mentez, c'est tout.
- Qu'est-ce que…"
Cox jeta un regard perdu à ses acolytes avant de tenter de se reprendre :
"Il n'y a pas à discuter, Michael ! Je t'ai donné des preuves que la fédérale est le repaire d'une bande de communistes, tu dois les détruire.
- Non."
Cox s'assit sur son trône, se frottant le front d'une main et donnant des graines à Sale Merde de l'autre. Il ouvrit plusieurs fois la bouche pour parler, se ravisant à chaque fois. Finalement, il demanda :
"Je... Je te suis pas. T'es pas anticommuniste toi ?
- Ah si ! Y a rien de pire que les rouges.
- Et tu défends le capitalisme ?
- Evidemment, c'est le seul système qui fonctionne, le système a-mé-ri-cain !
- Donc si tu savais qu'un endroit était rempli de communistes, tu voudrais lutter contre et le rendre capitaliste ?
- Bien sûr !
- Alors pourquoi tu veux laisser la Commune de la Fédérale en place ?
- Parce que c'est pas des communistes.
- Mais si, je viens de te donner des preuves !
- Nuh uh.
- … Comment ça nuh uh ?
- Je vous crois pas.
- Mais je t'ai prouvé ce que j'ai dit ! Avec des photos, des enregistrements, et tout et tout !
- Monsieur Cox, je suis A-MÉ-RI-CAIN. Vous croyez que ça m'intéresse les "preuves" ? Vous êtes maléfique, ils sont contre vous. Donc ils sont du bon côté. Donc ils peuvent pas être communistes.
- Tu… Je…Enfin…"
Cox le fixait, complètement dépourvu, la mâchoire légèrement ouverte devant une telle stupidité. Une sorte de consternation totale remplissait ses yeux. Totalement incapable de comprendre la situation, Michael pensa qu'il avait "gagné le débat" et commença un monologue passionné :
"Je vous l'ai dit, maléfique docteur Cox, je suis un vrai citoyen des US motherfucking A ! Et mes collègues le sont aussi, et ils se battent pour ce pays. On est des patriotes, des vrais, et jamais on sera communistes. Chaque matin devant le drapeau je récite : je jure allégeance au drapeau des États-Unis d'Amérique et à la République qu'il représente, une nation unie, indivisible, avec la liberté et la justice pour tous. Vous croyez qu'un communiste aurait pu écrire ça ?"
Il ne remarqua pas le regard que se jetèrent alors Juan et Hayley tandis qu'ils tentaient de retenir leur rire, et continua son discours.
"Je sert ma patrie, je sers mon gouvernement, je sers le capitalisme, je sers les symboles et les grands hommes qui ont porté notre Histoire ! Einstein qui a servi le pays par la science, Twain par l'art et ses bouquins genre Tom Sawyer, Martin Luther King, dans son combat pour la liberté ! Vous croyez que ces types sont communistes aussi peut-être ?"
Hayley ne parvint pas à se retenir et dû sortir en courant pour éclater de rire dehors, tandis que Juan était de plus en plus rouge en contenant son hilarité. Cox, lui, était simplement sidéré. Ne parvenant pas à trouver les mots, il fit simplement un geste de la main d'un air consterné, et Juan prit Michael par le bras afin de le ramener à la Commune de la Fédérale, tentant toujours de cacher son rire. Ils s'assirent sur le tapis volant et décollèrent en direction du désert. Après quelques minutes de vol, ils arrivèrent et Peine marcha rapidement dans leur direction, d'un air inquiet. Michael courut vers lui en riant :
"Sergent ! Vous devinerez jamais : ils ont essayé de me faire croire que vous étiez communiste ! Heureusement, je suis pas con, j'ai bien compris leur magouille !"
Peine le regarda d'un air interdit, tandis que Michael regagnait la prison. Le soi-disant sergent se tourna vers Juan, qui hocha simplement la tête, des larmes de rire dans les yeux et les lèvres rentrées tandis qu'il tentait toujours de retenir son rire. Franck ne parvint pas à retenir un gloussement mais se maitrisa rapidement et fit un signe de tête à Juan, qui lui fit un salut militaire avant de décoller sur le tapis volant, éclatant enfin de rire en partant dans les airs.
Chapter 5: Le retour du Dona
Summary:
TW : armes blanches, mention d'alcool, violence sur des animaux
Chapter Text
Dans les montagnes agricoles de Los Santos, seul le bruit du vent troublait le silence pesant sous le ciel gris. Au loin étaient visibles les nuages noirs rassemblés au-dessus du repaire du maléfique docteur Cox, mais ses autruches n’étaient nulle part visibles par la fenêtre de la voiture des guerriers de l’apocalypse Wargos dans laquelle se trouvait le docteur Maison. Depuis le début de l’Armageddon, il était resté au LSMS avec tous ses médecins, étudiant la magie que leur ennemi avait employé pour provoquer la ruine de l’île, une magie que Maison n’avait plus vue depuis des temps immémoriaux. Il passait ainsi ses journées à étudier, méditer, enseigner. Il avait laissé pousser sa moustache, la faisant passer de magnifique à tout bonnement glorieuse, et avait enfilé une longue robe bleue à capuche. À côté de lui se trouvait un grand bâton blanc orné d’un caducée, qui remplaçait sa canne en ces temps difficiles. Une alliance fragile avec les Wargos lui permettait aujourd’hui de faire ce long voyage de son hôpital désormais académie magique vers le domaine de Montazac, bastion de sûreté dans les montagnes. Après avoir avec plus ou moins de succès navigué les routes sinueuses encombrées de carcasses de voitures abandonnées, ils arrivèrent devant le domaine. Maison sortit de la voiture, qui repartit immédiatement dans un vacarme impressionnant. Le vieil homme se trouva alors devant un grand mur de pierre ocre, là où se trouvait auparavant la simple clôture en fer entourant l’hacienda. Où se trouvait la sortie était désormais une impressionnant porte en bois, aux côtés de laquelle flottaient au vent des bannières pourpres ornées d’un sanglier. Tapant son bâton par terre, Maison appela :
« Je requiers une audience après de Donatien ! »
Durant quelques secondes, seul le silence lui répondit, mais la voix de Antoine s’éleva alors d’en haut de la muraille :
« Docteur Maison ? Oh, ça fait trop plaisir d’vous voir !
- Bah oui bah oui ! » renchérit Daniel « On vous ouvre m’sieur !
- Oh, chers enfants ! » sourit Maison malgré l’inquiétude qui l’avait amenée à faire le déplacement « Quel plaisir de vous revoir ! »
Dans un long grincement, la porte s’ouvrit, et les deux cousins, portant une armure rudimentaire en cuivre, se pressèrent à descendre afin de venir voir le docteur, qui les serra contre lui. Dans le même temps, les sœurs Blake ainsi que Roy Marks s’étaient avancés dans leur direction, eux aussi équipés d’une armure de cuivre, et le saluèrent jovialement, heureux de voir une nouvelle tête après des mois d’isolation entrecoupée des quelques passages des Wargos venant se fournir en biocarburant de vin. Ne perdant pas de temps, Maison affirma :
« Il me faut voir Donatien au plus vite !
- Euh… » fit Antoine d’un ton apeuré « Il est pas vraiment dans son état normal en ce moment.
- C’est très important, je ne peux pas attendre !
- D’accord » concéda Daniel « Mais on vous aura prévenu hein m’sieur Maison ! »
On le mena alors vers l’ancienne hacienda, qui était désormais fortifiée et devenue un véritable petit château fort. Sur le promontoire de grès où Montazac allait parfois observer ses terres se trouvait désormais une statue de cuivre d’une dizaine de mètres le représentant, tendant le bras droit en l’air, une bouteille en main, une valise tenue près de son torse dans l’autre. Entrant dans le bâtiment, ils se dirigèrent vers le salon. Sur leur chemin, ils rencontrèrent Fab, qui les salua :
« Eh, docteur Maison, salut ! Comment ça va vous ?
- Je suis préoccupé cher ami, pour tout vous dire, il me faut parler à Donatien d’une affaire pressante.
- Il va pas très bien le sang, je suis pas sûr qu’il écoute, en ce moment il est blanc comme un cul.
- Pardon ? » Maison s’agita soudainement « Menez-moi à lui au plus vite ! »
Il se pressa dans le salon, qui avait été entièrement réaménagé, agrandit, et était désormais une grande salle du trône à la décoration toujours surchargée, un long tapis rouge menant à l’imposant siège doré de Montazac. À côté de lui se trouvait un siège plus petit, où Fab se trouvait en temps normal. Donatien, lui, était affalé sur son trône, son chapeau rouge orné d’une couronne d’or, et son visage faisait peur à voir : d’un blanc laiteux, une barbe naissante et des cheveux anormalement longs et emmêlés pour un homme avec un entretien physique tel que le sien. De plus, il semblait perdre ses cheveux à une vitesse anormalement grande. Lorsqu’il remarqua Maison, le vigneron se redressa légèrement, les yeux remplis de colère :
« Partez d’ici, Maison ! Qui vous a permis d’entrer ?
- C’est bien ce que je craignais, Cox a été plus rapide que moi.
- Quoi ? » demanda Fab « Qu’est-ce que vous voulez dire ?
- L’état de Donatien n’est pas normal, cher ami, et il n’est pas naturel non-plus. Ce que vous voyez est l’œuvre de Cox. Mais rassurez-vous, je sais comment résoudre la situation. »
Il s’approcha de Donatien, bâton en main, et ce dernier se redressa brusquement, faisant tomber son chapeau, révélant un crâne désormais presque chauve qui fit pousser un cri d’horreur aux Croute. Montazac se mit à émettre un rire guttural avant de dire :
« Que pensez-vous pouvoir faire, Grégoire ? Donatien est perdu, désormais je suis celui qui a le pouvoir, et la forteresse du Domaine va tomber !
- Donatien, je vais vous libérer ce l’étau de Cox. Je sais que vous m’entendez !
- Vous n’avez pas ce pouvoir, vieillard !
- C’est ce qu’on va voir, petit bâtard de chauve en costume ! »
Il pointa alors son bâton vers Donatien, avant de se concentrer. Une lumière blanche s’en éleva, et le vigneron se mit à hurler, tandis que sa peau regagnait des couleurs, que sa barbe disparaissait, et que ses cheveux retrouvaient leur longueur normale tout en retrouvant leur place habituelle sur son crâne désormais fourni. Une fumée noire s’éleva de son corps, s’échappant vers le plafond, dans un cri suraigu. Montazac, lui, se leva lentement, dans un silence total, et regarda ses mains dans un sourire qui grandissait à chaque seconde. Il leva la tête vers Maison et le remercia :
« Docteur Maison… Je ne pourrais jamais assez vous remercier.
- C’est normal cher ami. Maintenant, j’ai à vous parler, à vous tous.
- Dites-nous tout. »
Tout le monde se rassembla dans la salle du trône, et Maison commença à expliquer :
« Ces derniers temps, la magie que nous étudions au LSMS a vu des fluctuations. J’ai aussi parlé à Boid, à la commune de la Fédérale, à White. Tous sont unanimes : Cox devient plus imprévisible, plus audacieux. Il prend plus de risques, et ses manigances sont plus complexes à contrecarrer. Vous en êtes la preuve : il a réussi à posséder Donatien malgré les protections autour de vous. Il faut nous préparer à possiblement une attaque de grande envergure dont nous ne connaissons pas encore la manifestation ou la stratégie. Mais il ne s’agira pas que d’autruches et de tapis volants, cette fois. »
Avant que quiconque puisse répondre, une alarme se déclencha, et ils sortirent en vitesse, Maison sur leurs talons, peinant à aller aussi vite qu’eux. Ils montèrent sur la muraille, et en bas se trouvait Hayley, chevauchant en amazone une autruche. Elle se mit à crier :
« Salut tout le monde, salut mes petites Croute, salut Dona Dona, salut papa ! Cox m’a dit que son coup avait raté et que je devais raser les lieux, désolé hein !
- Mais tu vas raser le domaine comment ? » demanda Antoine « T’es toute seule !
- Là je suis toute seule, mais dans genre dix ou quinze minute y a une méga attaque d’autruches qui arrive. On tente un truc, on en a jamais utilisé autant dans une attaque, du coup moi je pense qu’on va gagner ce coup-ci. À toute hein, sans rancune ! Allez, go 5pac ! »
Elle repartit à dos d’autruche, tandis que les habitants du domaine se regardaient, inquiets. Prenant une profonde inspiration, Donation se tourna alors vers les cousins :
« Antoine, Daniel… C’est le moment.
- Oh ? » se réjouit Antoine « On peut ?
- Vrai de vrai ? » demanda Daniel « On a le droit cette fois ?
- Oui » approuva Donatien « Cette fois nous n’avons pas le choix
- LeeEEZGOoo ! » cria Antoine en descendant les marches avant de courir en direction des vignes, aux côtés de son cousin.
- De quoi s’agit-il, cher ami ?
- Ne vous inquiétez pas » rassura Montazac « Nous aussi nous avons plus d’un tour dans notre sac. »
Il se tourna vers la grande statue de cuivre le représentant, avec un petit sourire ému :
« Nous allons protéger ce lieu, coûte que coûte. Bien, allez prendre vos armes.
- Dona ? » cria Fab, regardant au loin « Tu vois ce que je vois ? »
Ils se tournèrent à nouveau vers l’extérieur, voyant au loin une marée d’autruches soulevant un nuage de poussière sur son chemin, qui arriverait dans quelques minutes seulement. Devant ce spectacle, ils descendirent alors vers le garage, où Roy se saisit d’un arc, les sœurs Blake de lances, Fab d’une morgenstern, et Donatien d’une magnifique épée. Maison s’approcha de lui :
« Quelle belle lame, cher ami !
- Merci bien, docteur !
- Et ces motifs sur le pommeau, quelle merveille ! »
Donatien se mit à les examiner, triturant d’une main son chapeau haut de forme, et marmonna :
« Ça me rappelle une énigme…
- Pardon cher ami ?
- Rien, désolé, je divaguais ! Bien, j’espère que les Croute seront bientôt de retour.
- Mais où les avez-vous donc envoyé ?
- Vous le découvrirez bien assez tôt. »
Dehors, la voix de 3pac s’éleva à nouveau :
« Eh, les gars ? Y a du monde ? »
Donatien ordonna alors :
« Ouvrez les portes ! »
Une fois fait, il sortit alors, ses employés et le docteur Maison avec lui, faisant alors face à une étendue semblant infinie d’autruches, devant laquelle se trouvait Hayley. Maison s’inquiéta :
« Cela me semble tout de même une erreur stratégique de sortir alors que nous avions la protection des murailles…
- Non, docteur, il faut que les portes soient ouvertes.
- Mais enfin, pourquoi ?
- Eh, je vous dérange ? » demanda Hayley « Vous avez conscience que là, je donne un ordre et vous êtes finis ? Vous voyez pas le nombre d’autruches que vous avez devant vous là ? Vous sentez pas le tremblement de leurs pas, le grondement de la terre sous leur poids, et tout ?
- Vous vous trompez 3pac ! Vos oiseaux sont immobiles. Le grondement ne vient pas de là.
- Quoi ? Ben il vient de quoi alors, Dona ? »
Alors que le grondement s’intensifiait, Donatien sourit et se tourna vers Maison :
« Vous vous rappelez que les portes doivent être ouvertes ? C’est pour ça. »
De derrière eux, surgissant des portes du domaine en arrivant en des masses énormes depuis les vignes, se trouvaient des centaines, des milliers de sangliers, dont les deux à l’avant étaient chevauchés par les cousins, extatiques et poussant des cris de joie. Montazac monta à son tour sur l’un des porcs et brandit son épée vers le ciel. Alors que la marée de sangliers se plaçait derrière lui, et que ses employés montaient à leur tour sur leur dos, il cria :
« Fils du domaine et du LSMS ! Je vois que vous avez peur tout comme je pourrais. Un jour pourra venir où les vignes tomberont, où les tours de l’hôpital s’effondreront, mais ce jour n’est pas arrivé ! Ce sera l’heure des autruches et des bouteilles brisées lorsque les murs du Domaine crouleront, mais ce jour n’est pas arrivé ! Aujourd’hui nous combattons ! Pour tout ce qui est aussi cher qu’une bouteille de champagne Montazac-Torez sur cette terre, je vous ordonne de tenir, chers amis ! »
Il regarda la nuée d’autruches et fit s’élancer son sanglier en avant :
« Pour moi ! »
Fab renchérit, s’élançant à son tour, imité par les autres employés et Maison, au cri de :
« Pour Dona ! »
Surprise, Hayley recula de quelques pas, avant de crier à son tour et de s’élancer dans la mêlée. Les armes s’entrechoquaient avec les plumes, les armures recevaient des coups de bec et de griffes. Les sorts de Maison faisaient voler les volatiles dans des explosions bleues, et Hayley fit apparaître une épée de feu rouge grâce à un sort appris par Cox. Elle se jeta alors sur Donatien et parvint à le faire tomber de son sanglier. Lui-même frappa les jambes de 5pac, faisant fuir l’autruche et tomber la jeune femme. Elle se redressa rapidement et s’engagea un duel au sommet, les lames se croisant, les attaques étant parées, les défenses déjouées, tandis que sangliers et autruches s’affrontaient autour d’eux. Le son du métal résonnait contre les murailles, ainsi que le grondement des pas des animaux. Fab cria :
« Des autruches ont réussi à entrer dans le domaine !
- On s’en charge ! » cria Antoine « Daniel, viens ! »
Les deux jeunes garçons foncèrent dans le domaine afin de chasser les autruches qui s’y étaient introduites. Dehors, la bataille faisait toujours rage, loin de la victoire écrasante prédite par Cox. Soudain, derrière eux, un terrible tremblement retentit, et la statue de cuivre de Donatien s’effondra de son promontoire. Devant ce spectacle, Montazac hurla de fureur et attaqua toujours plus fort et rapidement, obligeant Hayley à reculer puis à monter sur une autruche et fuir en lui faisant un doigt d’honneur. Sans leur dirigeante, les autruches étaient désormais désorganisées, et la marrée de sangliers les fit progressivement reculer. Donatien, lui, rentra dans le Domaine, où les Croute chassaient les derniers oiseaux qui avaient provoqué la chute de la statue. Cette dernière était désormais cinq mètres plus bas, brisée en deux, les jambes totalement détruites et le buste de travers, la bouteille de vin tenue par le bras droit pointant toujours vers le ciel. Alors que l’armée de Cox était repoussée, Montazac tomba à genoux devant la statue et hurla en frappant le sol de son poing :
« Ah le criminel ! » sanglota-t-il « Il l’a faite tomber avec ses autruches ! Ah le fou ! Je le hais, sois maudit, Cox, jusqu’à la fin des siècles ! »
Dehors, l’armée d’autruches avait été entièrement repoussée, et les sangliers retournaient à leur état naturel. Les employés du domaine retournèrent au sein des murailles, et Maison s’approcha de Donatien, posant sa main sur son épaule :
« Cher ami… Vous devez vous relever. Il en va de la sûreté de votre domaine. »
Donatien renifla, essuyant ses larmes, contemplant toujours sa statue effondrée. Le docteur poursuivit :
« Vous pourrez reconstruire, cher ami. Mais vous ne pourrez rien faire ni prendre votre revanche si vous ne vous relevez pas. »
Donatien approuva, se relevant doucement, les larmes aux yeux. Dehors, le klaxon des Wargos retentit :
« Il me faut rentrer au LSMS, désormais. Tenez bon, j’ai l’intuition que nous aurons bientôt besoin de vous. À une prochaine fois, chers amis. À une prochaine fois, docteurs Croute et Croute. »
Tous le saluèrent, et il fit apparaître des feux d’artifice depuis son bâton, avant de quitter les lieux.
Chapter 6: Pondering the racoon
Summary:
TW : mention de mort et de maltraitance animale
Chapter Text
Le centre-ville de Los Santos était l’un des lieux les plus touchés par des raids d’autruches et pour autant, paradoxalement, était l’un des lieux les plus sûrs de la ville, du fait de la présence du pâté de maisons défendu par le LSPD ainsi que du refuge du LSMS. Sous la lumière orangée du soleil couchant, les deux imposantes tours de l’hôpital se dressaient comme un phare. Entouré d’une enceinte de carcasses de voitures empilées, l’ancien hôpital servait désormais de lieux de secours pour ceux en ayant besoin. Mais il ne s’agissait pas de sa seule utilité. Depuis l’arrivée de Cox et ses démonstrations de magie, le docteur Maison avait été replongé dans l’étude d’arcanes qu’il avait connu dans sa jeunesse mais depuis longtemps oubliées. Le LSMS était désormais tourné tout entier sur l’étude de la magie et de ses différentes formes, et ses médecins s’étaient reconvertis. Il avait gardé le même sigle, mais était passé de Los Santos Medical Service à Los Santos Magic School.
En cette belle soirée, Vanessa était de patrouille dehors. Ses pieds flottaient à quelques centimètres du sol, son corps étant soutenu par une cape rouge qui était apparue quelques jours après qu’elle ait commencé à étudier la magie d’un docteur étrange qui travaillait autrefois au LSMS, et y avait laissé ses bagues et son collier dans une caisse des vestiaires suite à un accident de voiture. Depuis plusieurs jours, Vanessa sentait une présence se rapprocher, sans comprendre laquelle. Observant autour d’elle, elle remarqua soudainement une ombre cachée dans l’ancienne tour du siège de Gruppe6, aujourd’hui abandonnée. Fronçant les sourcils, elle tenta d’y voir plus clair, mais l’ombre avait disparu. Alors qu’elle essayait d’y voir plus clair, le docteur Holloway l’appela, la faisant sursauter. Habillé d’une longue tunique crème, une capuche ramenée sur sa tête, une ceinture de cuir dotée de diverses babioles autour de la taille, il venait prendre sa relève. Vanessa le remercia, puis rentra dans le bâtiment, traversant le hall où Titouan, dans sa tenue habituelle, était assis sur un siège en lisant un grimoire. Elle prit ensuite l’ascenseur et monta jusqu’aux bureaux afin d’aller parler au docteur Maison. Les portes s’ouvrirent sur cet espace désormais bien différent de ce qu’il était avant. Ses murs blancs étaient désormais tous recouverts de bibliothèques remplies de vieux ouvrages, le sol jonché de parchemin et bougies, et au plafond étaient suspendus de nombreux ingrédients entrant dans la composition de potions. Marchand entre les documents ésotériques, elle arriva finalement à la porte du bureau du docteur Maison, désormais faite de vieux chêne, et toqua. La porte s’ouvrit toute seule, et au fond de la pièce, le vieil homme l’invita à avancer d’un geste de la main. Vanessa s’approcha pour expliquer ce qu’elle avait vu :
« Bonsoir docteur.
- Bonsoir chère amie ! Vous revenez de votre patrouille ?
- Oui, il fallait que je vous parle de quelque chose que j’ai vu.
- Est-ce en lien avec… » hésita le docteur Maison « cette présence qui se rapproche depuis plusieurs jours ?
- Vous l’avez sentie vous aussi ?
- Oui, j’ai senti son arrivée alors que je méditais devant mon orbe. Mais je n’arrive pas à savoir si elle est dangereuse.
- Elle me semble étrangement familière…
- C’est aussi mon avis, chère amie, mais le doute est toujours permis… Il pourrait s’agir d’une nouvelle manigance du maléfique docteur Cox, que Dieu nous garde.
Alors que Vanessa ouvrait la bouche pour répondre, leur radio grésilla. Il s’agissait de l’un des rares appareils qu’ils avaient conservés et non remplacés par une contrepartie magique. Ils avaient bien tenté durant un temps d’utiliser de petites boules de cristal, mais ces dernières étaient bien trop fragiles, peu pratiques à ranger, et tendaient à capter des émissions télévisées d’Amérique latine. La voix de Holloway s’éleva de la radio, les prévenant que quelque chose approchait de l’enceinte. Juste avant de retourner tous les deux au rez-de-chaussée, Maison le remercia, et ils se rendirent à l’entrée. Titouan était déjà aux côtés de Holloway, fer 9 en main, lorsque Maison et Vanessa arrivèrent. Le directeur demanda :
« Est-ce qu’on est bien sûrs que l’autre entrée est gardée et qu’il ne s’agit pas d’une diversion ?
- Oui » affirma Titouan « Lucie, Riley et Ellana sont de l’autre côté.
- Entendu, vous m’en voyez ravi. »
Immédiatement, le vent se leva et se transforma en bourrasque, faisant trembler les voitures empilées sans parvenir à les retirer. Le vent baissa cependant presque immédiatement, et une voix s’éleva de l’autre côté de l’enceinte. Toute l’équipe médicale ouvrit de grands yeux, pensant avoir mal entendu, mais tout fut confirmé lorsque la voix s’éleva à nouveau. Il n’y avait désormais aucun doute sur le fait qu’il s’agissait de Bazil Lombrik :
« Eh oh ? Y a quelqu’un ici ? Pourquoi c’est bloqué ?
- Docteur Lombrik ? » demanda Maison, effaré « Que faites vous ici ?
- Je suis rentré de ma ballade. Je peux venir ?
- Bazil ? » l’interrogea Vanessa « Comment tu as fais pour venir ici malgré les autruches ?
- Ah donc j’suis pas le seul à avoir des soucis avec elles ? Ben j’les ai grillées.
- Grillées ? » s’enquit Titouan « Comment ça grillées ?
- Oui ! Et aussi noyées, propulsée, enterrées. Y en a que j’ai mordues, pour leur donner la rage… Est-ce que j’peux rentrer ? »
Les médecins se jetèrent un regard, et Maison hocha la tête. Vanessa fit alors divers mouvements complexes avec ses mains, tandis que Holloway tendait la sienne devant lui, fermant les yeux et se concentrant. Deux voitures se mirent alors à lentement flotter dans les airs, et Bazil Lombrik passa en dessous et arriva devant ses anciens collègues en souriant. Il n’avait pas changé, y compris ses vêtements, ses bracelets fluorescents, et son masque était toujours en place, avec comme seule modification le dessin d’une flèche bleue pointant vers le bas sur son front. Alors que tous le regardaient avec effarement, il les salua :
« Coucou tout l’monde ! Comment vous allez ?
- Raton ? » demanda Titouan, les larmes aux yeux « T’étais passé où non de Dieu ?
- Ben j’ai fait ma ballade en bateau !
- Pendant deux ans ?
- C’était une longue ballade ! J’ai voyagé à plein d’endroits, j’ai rencontré plein de monde, c’était trop bien. Et maintenant je suis rentré. Vanessa, t’es toujours mariée avec Kuck ?
- Oui Lubrique, toujours » répondit-elle.
- Tant pis, j’aurais tenté.
- Bien, revenons à nos moutons » affirma Maison.
- Nos moutons ? » demanda Bazil.
- Ouais, plutôt nos autruches. » rétorqua Titouan.
- Ah oui, les autruches ! » réagit le raton laveur « Pourquoi elles sont là ?
- C’est la faute de Cox » l’informa Maison « Il est revenu avec une armée d’autruches pour se venger et maintenant la ville est envahie, que Dieu nous garde. Comment avez-vous fait pour arriver jusqu’ici sans être blessé, cher ami ?
- Ben j’ai fais de la magie !
- Quoi ? C’est-à-dire cher ami ? Je crains de ne pas comprendre.
- Ben j’ai fait de la magie et boum, je m’en débarrasse.
- Est-ce que… Est-ce que ça vous dérangerait de nous montrer ?
- Non pas du tout ! Vanessa, regarde bien ! Peut-être que ça te fera réaliser que je suis mieux que Kuck ! »
Bazil se recula légèrement, se concentra, puis fit sortir une boule d’eau du sol goudronné, et l’envoya au loin, puis il frappa le sol de son pied, en faisant sortir un rocher, qu’il envoya valser d’un high kick. Il fit ensuite apparaître une flamme dans sa main, tournoya sur lui-même et frappa le sol avec, créant une petite explosion, et enfin tourna un instant et croisa ses mains, envoyant un vortex de vent devant lui. Avec espoir, il regarda Vanessa :
« Alors, t’es charmée ? »
Tous lui jetaient des regards effarés, et il fronça les sourcils, sans comprendre :
« Ben pourquoi vous me regardez comme ça ? Vous le saviez, non ?
- Ah ouais d’accord… » répliqua Titouan « figure toi que non, Raton.
- Mais pourtant je vous l’ai dit !
- De quoi ?
- Ben depuis le premier jour je vous ai dit que j’étais un sorcier !
- Ah mais… » comprit Vanessa « C’était vrai alors ?
- Bah oui, pourquoi je mentirais ? Vous m’aviez pas cru ?
- Bah non Bazil !
- Ah mais fallait le dire ! Moi vous me disiez « oui oui c’est bien, t’es un sorcier Bazil », donc j’ai pas pensé à vous prouver que c’était vrai.
- Si je peux me permettre, cher ami » intervint Maison « La magie que vous disiez posséder n’est pas celle que vous montrez aujourd’hui. C’était plutôt de la magie à la…
- À la Harry Potter ? Ouais non en fait, je l’ai rencontré pendant ma ballade, c’était un nul en fait.
- Je comprends… Mais cette magie… » continua Maison, en tournant lentement autour de Bazil et en l’examinant « C’est une magie élémentaire telle que je n’en ai jamais vue… Comment l’avez-vous apprise cher ami ?
- Je sais pas, un jour Roy il m’a laissé dans un magasin, je le retrouvais pas, donc j’ai cherché, et puis je suis tombé sur une grosse armoire, je suis rentré dedans, derrière y avait un lampadaire et un vieux chauve en orange avec une flèche bleue sur le crâne, du coup il m’a appris. Et là pendant ma ballade j’ai appris à m’améliorer, du coup j’ai ajouté la flèche bleue sur mon masque. Voilà. »
Les médecins l’observèrent alors avec fascination, et possédant encore plus de questions qu’ils n’en avaient avant de demander. Maison affirma alors doucement :
« Cette puissance pourrait être la clef pour détruire Cox. Son pouvoir grandit ces derniers temps, et je sais qu’il tentera quelque chose d’ici peu, quelque chose de terrible. Il nous faudra toute l’aide possible pour lutter. Serez-vous avez nous, cher ami ?
- Oh bah oui, sans problème. Mais du coup, vous avez des pouvoirs magiques aussi ici ? Vous êtes tous habillés de façon bizarre et vous avez fait voler des voitures. C’est quoi vos pouvoirs ? »
Maison fit simplement briller le haut de son long bâton orné d’un caducée, et Vanessa fit apparaître un cercle doré étincelant dans les airs, puis un autre derrière Bazil. Elle traversa le premier, et apparut dans le second. Les yeux de Bazil pétillaient devant cette vision, mais soudainement, le grondement des autruches retentit au loin, grandissant de plus en plus à chaque seconde. Titouan eut un petit sourire :
« Ah bah tiens, c’était pile le moment. Tu voulais voir ce qu’on sait faire, on va te montrer, mon con. »
Holloway saisit alors l’un des bibelots à sa ceinture, ici argenté et doré et de forme cylindrique, et appuya sur un bouton. Une lame bleue semblant constituée de lumière en sortit soudainement, illuminant les alentours dans un doux bourdonnement, et le médecin se mit en position de combat. Titouan, lui, leva son fer 9 devant lui, puis se mit à le faire tournoyer. Il décolla dans les airs, et sa silhouette devint d’un blanc éblouissant tandis que des arc-en-ciels l’entouraient. Sa chemise bordeaux devint une robe rouge vif avec une jupe à froufrou blanche. Son pantalon disparut, ainsi que ses chaussures, qui devinrent des chaussons de danse. Un grand nœud papillon blanc apparut dans son dos, tandis que son mulet poussait prodigieusement à l’arrière, se divisant en deux longues nattes noires flottant dans les airs. Ses gants turquoises de médecin s’agrandirent et devinrent fait de velours. Sur son front apparut une gemme, ainsi que sur son fer 9, qui quant à lui se couvrit de paillettes. Le magical médecin affirma alors :
« Je suis le beau gardien, je combats pour l’amour et la justice. Mon nom est Sailor fer 9, et au nom du fer 9, je te punis ! »
La marrée d’autruches continuait d’avancer, Vanessa l’observant depuis la hauteur car elle volait, les autres par les interstices entre les carcasses de voitures. Fixant l’homme à l’avant de la vague de volatiles, Maison fronça les sourcils et s’exclama :
« Attendez, mais ce type était mort non ? Je l’ai autopsié quand on l’a sorti du camion où il s’était noyé ! »
Chapter 7: Mission : pas super faisable
Summary:
TW : mention de mort, maltraitance animale, sous-entendu sexuel
Chapter Text
La nuit était tombée sur le LSPD, principal bastion et le plus peuplé face à l’attaque de Cox. Malgré la taille relativement faible des locaux du commissariat, dont une grande partie des bureaux avaient été transformés en dortoirs et espaces de vie et dont uniquement le rez-de-chaussée et le sous-sol avaient conservé leur ancien rôle, l’essentiel des réfugiés habitaient en réalité dans les immeubles voisins du bâtiment. Bernard Pichon avait même pu, avec Thomas Giorno, conserver son ancien logement avec vue sur le parking. Le seul accès vers l’extérieur était un portail fait de divers morceaux de métal, situé à la sortie du parking privé du LSPD et donnant sur la grande intersection devant le pont de Vespucci Boulevard. Tous les autres accès étaient bouchés par des carcasses de voitures, barricades gardées jours et nuit. Les routes désormais inutilisées dans l’enceinte de la petite forteresse étaient devenues une sorte de ville dans la ville, avec des étals de marché, de petites scènes de spectacles, des potagers et divers ateliers, voire une petite école en plein air. De nuit, la plupart de ces stands étaient fermés, mais la scène théâtrale était toujours illuminée, ainsi que l’ancien garagiste désormais reconverti en église.
Bill Boid, tandis qu’il était de garde sur l’une des barricades, reçut un appel sur sa radio, et quitta alors son poste pour se rendre dans le commissariat. Il entra dans son bureau, où le iench l’attendait sur sa chaise :
« Oui, quoi ? »
Il se vit répondre par six aboiements, un nouveau code élaboré en plus des autres déjà établis. Devant cela, il fronça les sourcils et s’assit :
« L’agent Kuck est déjà prêt ?
– Ouaf. »
Le iench aboya une fois, puis descendit de sa chaise et actionna un levier situé sous le bureau. La chaise sur laquelle Boid était assis se mit alors à rapidement descendre dans le sol, le faisant s’enfoncer dans un long et rapide tube d’ascenseur blanc aux lumières bleues se succédant rapidement. Après de longues secondes, il s’arrêta dans une grande salle blanche dont l’un des murs était doté de dizaines d’écrans en entourant un bien plus gros que les autres, tous montrant diverses données sur la ville. Les autres murs étaient couverts d’ordinateurs et de divers outils et machines. Au milieu de la pièce se trouvait Kuck, bras croisés. Boid se leva, rajustant son uniforme, et demanda :
« Qu’est-ce qui se passe, agent Kuck ?
– Je laisse l’agent M, ou agent Médor, vous faire le briefing sur l’écran principal mon capitaine. »
Ils se tournèrent vers le grand écran, qui s’alluma, la tête du iench s’y affichant, mais des sous-titres explicitant ses paroles défilant en bas. Au fil de ses aboiements, des images s’affichaient pour illustrer ce qui était décrit.
« La LSMS est actuellement attaquée par les sbires de Cox et ses autruches. Malgré la puissante magie des médecins, ils ont appelé notre aide pour faire face à des adversaires qu’ils ont décrits comme morveux.
– Morveux ?
– Ouaf.
– Qu’est-ce que je dois faire alors ?
– Votre mission, si vous l’acceptez, est de venir au secours de l’école de magie et d’en apprendre davantage sur ces morveux.
– Entendu.
– Ce message s’autodétruira »
Malgré la protestation soudaine de Kuck, l’écran se brisa alors, et le co-commissaire cria :
« Mais c’est pas vrai, il veut pas comprendre qu’on peut pas faire ça à chaque mission ?
– Bien, agent Kuck, qu’est-ce que vous avez pour moi ?
– J’ai la panoplie habituelle, mon capitaine ! »
Il s’approcha de Boid et appuya sur sa cravate, qui devint un nœud papillon, lui tendit un pistolet, accrocha quelques outils à sa ceinture, puis lui donna un micro et une oreillette. Enfin, il se tourna vers un espace vide dans la salle et appuya sur une télécommande. Une grande trappe s’ouvrit dans le sol et en émergea une Interceptor peinte en bleu-gris. Boid approuva :
« Ah, la Aston Martinterceptor, vous avez réussi à la réparer
– Ah bah tout pour vous mon capitaine hein. »
Le commissaire entra dans la voiture, et Kuck appuya sur sa télécommande. La trappe se referma doucement, et Boid se retrouva dans un long tunnel. Il alluma le moteur du véhicule, appuya sur l’accélérateur, et se mit à foncer. L’Interceptor se mit à gagner en vitesse, et une porte dérobée s’ouvrit alors dans un mur, la faisant débouler dans le métro. Il continua de foncer, jusqu’à tomber sur la partie extérieure des rails, où il gagna alors la route normale, et mit le cap vers la LSMS. Malgré la nuit et l’absence d’éclairage public, il était simple de trouver la bonne direction : des autruches retardataires s’y rendaient, mais surtout des éclats lumineux multicolores illuminaient les façades des immeubles et indiquaient l’épicentre des combats de façon évidente. Boid mit les gaz, dégageant les autruches de sa route sans jamais érafler la peinture, et arriva alors devant un homme brun qui envoyait des éclairs verts vers l’hôpital. Ce dernier haussa les sourcils et sursauta en arrière :
« Eh mais wesh t’es qui toi ? »
Le commissaire sortit alors de sa voiture, rajustant son nœud papillon, sans avoir peur des imposants volatiles qui l’entouraient, et répondit :
« Mon nom est Boid. Bill, Boid. Et je viens vous arrêter.
– Bah ouais mais non en fait ?
– Vous me dites quelque chose, on s’est déjà vu ?
– Euh, moi c’est Yann Allée, chuis pote avec Daryl.
– Pardon ? Mais vous étiez pas mort putain ?
– Nan y a le chauve qui m’a fait revenir.
– Mais on a foutu le vieux en prison à perpet pour ça !
– Ben j’vais mieux, c’est bon là. »
Boid le regarda avec de grands yeux, et Yann, exaspéré, fit un signe aux autruches, qui se précipitèrent vers lui. Boid réagit rapidement, sortant un spray anti-autruche de sa poche et le pulvérisant sur les volatiles, qui se mirent à reculer, tandis qu’il se mettait à courir vers la LSMS. Il fut protégé dans sa course par les capacités magiques des anciens médecins, lançant sorts, boules de feu, vagues de force, et certains comme Titouan sortant même des défenses pour se battre au corps à corps. Une fois au sein des limites, Boid fit face au docteur Maison, habillé de sa longue robe blanche de mage :
« Ah, cher ami ! C’est très aimable d’être venu nous aider, vous m’en voyez ravi.
– Merci, merci, bon, par contre pourquoi y a un zombie dehors ?
– Je pensais que vous aviez été prévenu ?
– Pas du tout !
– Pourtant j’ai bien précisé que l’ennemi était un mort-vivant !
– Pardon ?
– J’ai bien précisé que l’ennemi était un mort-vivant.
– Redites la fin ?
– ant ?
– Un peu avant ?
– Mort-vi ?
– Les deux en même temps maintenant ?
– Mort-vivant ?
– Putain ce con de iench a compris « morveux », tu m’étonnes que je comprenne rien à ce qui arrive.
– Ah, vous m’en voyez navré.
– Et du coup pourquoi il est là ?
– Visiblement Cox ne nous avait pas montré la portée de sa puissance. Oh, en parlant de ça cher ami…
– Il devient de plus en plus téméraire, il attaque de plus en plus et de plus en plus fort.
– Alors nous avons les mêmes conclusions.
– Eh ! » cria Yann depuis l’autre côté de la barricade « J’vous dérange pas les mecs ? Vous l’dites si vous voulez continuer à discuter hein ! »
Maison fronça les sourcils, agacé :
« Excusez-moi cher ami, mais cela fait longtemps que je n’ai pas vu ce cher commissaire.
– Ouais bah là j’attaque, vous bavarderez plus tard hein.
– Vous m’en voyez navré mais j’aimerais surtout que vous partiez cher ami.
– T’es sérieux le vieux ? J’vais prévenir Daryl tu vas voir.
– Daryl ? » demanda Boid, perturbé. « Comment ça tu vas le dire à Daryl ?
– Ben j’vais le prévenir ?
– Il est pas mort ?
– Nan, le chauve l’a ramené aussi. »
Le commissaire tituba vers un lampadaire et s’y appuya, sous la surveillance de Maison.
« Que se passe-t-il cher ami ?
– MT est vivant… Allié à Cox, surtout dans ces circonstances, il est particulièrement dangereux.
– Que Dieu nous garde. Cependant, la priorité est de défendre la LSMS cher ami, et nous avons besoin de votre aide. »
Boid acquiesça et porta sa main à sa ceinture :
« Il est temps de déployer la grosse artillerie.
– … Pardon ? En public ? Vous êtes sûr que c’est le bon moment ? Non-pas qu’en privée je sois contre…
– Je crois qu’on s’est mal compris. »
Il saisit l’un des divers petits objets accrochés à sa ceinture, devant un Maison quelques peu confus.
« Bon, docteur, on y va ?
– … Hum, oui, allons-y cher ami. »
Maison cria alors à ses troupes magiciennes de contre-attaquer, et les sortilèges, vagues élémentaires, poussées de force et autres explosions multicolores se mirent à pleuvoir sur les volatiles. Dans le même temps, Boid franchit à nouveau la barricade pour se lancer dans la mêlée. Il lança une petite bille rose, qui explosa dans les autruches dans une déflagration fuchsia.
« Putain, Julien je vais te tuer »
Il prit ensuite une sorte de taser modifié qu’il tira sur une autruche, qui se mit alors à pondre des œufs de façon incontrôlable, tandis que ses congénères les écrasaient et glissaient sur leur contenu. Apercevant Yann dans la foule, il se pencha en avant et frappa l’un de ses talons avec l’autre. Immédiatement, une déflagration eut lieu sous ses semelles et le propulsa en l’air, avant qu’il ne retombe à quelques mètres du Families en faisant une roulade à l’atterrissage.
« Yann Allée ! T’es en état d’arrestation !
– Chuis en état de que dalle frère ! »
Le jeune homme sortit de sa veste une baguette magique avec une étoile au bout d’un bâton rose à paillette et se mit à tirer des rafales de mitrailleuse en direction du policier. Ce dernier fit alors apparaître une barrière de circulation de nulle part et se mit à couvert derrière. Lorsque le chargeur de la baguette fut vide et que Yann Allée dût la recharger, Boid se mit à courir vers lui et sauta en avant, le plaquant au sol. Alors qu’il allait lui passer les menottes, le gangster disparut dans un nuage de fumée verte, et le commissaire laissa échapper un cri de frustration. Devant la disparition de leur meneur, les autruches se mirent à battre en retraite, et la rue fut bientôt vide. Boid se releva, agacé, et regarda en direction de la LSMS. Maison et les autres magiciens le regardaient également, une expression troublée sur le visage. Fronçant les sourcils, Boid regarda autour de lui, mais ce n’est qu’en baissant les yeux qu’il comprit ce que semblait les perturber. Tout autour de lui, dans le bitume, avait été gravé un pentacle de près d’une dizaine de mètres de diamètre, orné de symboles ésotériques, baignés d’une lueur rouge semblant provenir directement du sol.
Chapter 8: The Coxffice
Summary:
TW : allusions sexuelles, insultes
Chapter Text
C’était une matinée calme à Los Santos. Beaucoup avaient allumés leur télé et fixaient l’écran. Deux journalistes de Weazel News avaient reçu l’autorisation de faire un reportage sur la vie quotidienne dans l’équipe du diabolique Docteur Cox, et avaient donc été escortés de façon exceptionnelle de la petite ville du LSPD vers l’observatoire, après une fouille. Le jingle de Weazel News commença, et le reportage débuta sur Cox qui ouvrait la porte de son repaire et salua les journalistes, son poussin sur l’épaule :
« Ah, les merdias ! Venez, je vous amène là où c’est intéressant. »
Le suivant et faisant bien en sorte de garder le docteur dans le cadre, il leur parla alors qu’ils marchaient vers l’une des ailes de l’observatoire :
« Vous savez, dominer une île par la terreur, surtout avec une armée d’autruche et en faisant face à des lieux fortifiés, c’est pas simple, et ça demande beaucoup d’organisation. C’est pour ça qu’on a entièrement refait ce coin du bâtiment pour bosser dessus. »
Entre deux torches, et alors qu’un éclair illuminait les lieux, la caméra filma une porte en vieux bois avec une poignée en métal sombre, en forme de tête de démon. Avec un sourire, Cox tourna la poignée et les invita à entrer dans la pièce derrière. Mais dans une ambiance totalement différente, ils n’arrivèrent pas dans une geôle malsaine mais dans un petit open-space bien éclairé. Sa moquette gris clair et ses murs verts pâle n’agressaient pas les yeux, et les bureaux venant probablement de Zkea accompagnés de chaises à roulettes avaient l’air très agréable pour travailler. Béa et Gérard étaient assis l’un en face de l’autre, chacun tapant sur son clavier et entrant des données dans des fichiers Excel. Yann était également en train de travailler, mais le bureau en face de lui était vide. Juan avait un bureau individuel, et Hayley était à l’accueil. Le bureau de Cox, lui était dans une petite pièce à côté. Enfin, il y avait une petite salle comportant un tableau, un vidéoprojecteur, et des rangées de chaises.
Le reportage coupa sur Cox, assis dos à un mur, face caméra :
« Voilà, c’est le bureau qu’on a mis en place. Franchement je suis content de ce qu’on a fait, c’était pas simple au début mais ça nous change la vie. »
L’image retourna sur le bureau, montrant les différents « employés » travailler à leur poste. Une sonnerie de téléphone retentit, et Hayley répondit :
« Repaire du maléfique docteur Cox j’écoute ? Ouais mec ? Ok je préviens ! »
Elle raccrocha et cria dans l’open space :
« Juan, c’est toi qui as commandé vingt boites de capotes ?
– Eh tu me prends pour qui hermana, tu crois que j’suis un animal ou quoi ?
– Ben je sais pas hermano, t’es toujours à faire des vannes de cul !
– C’est toi qui me casse les couilles en permanence avec ça hermana !
– Oh, vas te faire foutre Juan !
– Puta madre ! »
Hayley, assise dos à un mur, tout sourire, affirma à la caméra :
« J’adore emmerder Juan. Chaque fois j’ai juste à parler un peu fort et il pète un câble. Ça marche à tous les coups, il est complètement loco. »
L’image retourna dans l’open space, montrant Béa s’approcher discrètement de l’accueil et chuchoter à Hayley :
« Euh, le colis c’était pour Gégé et moi en fait m’dame.
– Sérieux ? Vingt boîtes ? Vous en avez pas déjà reçu vingt la semaine dernière ?
– Ben…
– Putain, et dire que j’aurais dû être à sa place, tu te rend pas compte de la tragédie que c’est pour moi ma petite fleur.
– Oh t’inquiète m’dame, tu vas trouver toi aussi !
– Ouais mais ça sera jamais toi… Au pire ça sera Juan » elle haussa le ton « Hein Juan, au pire ça sera avec toi ?
– Ferme ta gueule hermana !
– Moi aussi je t’aime hermano ! »
Le plan suivant, le calme était retourné dans le bureau, et chacun travaillait à son poste. Soudainement, Gérard Pichon se mit à crier :
« Oh putain ! »
Il se leva en secouant sa main. La caméra s’approcha de lui, tandis qu’il se tenait une main :
« Y a un truc dans mon tiroir qui m’a piqué quand j’ai mis ma main dedans ! »
Très agacé, il ouvrit prudemment son tiroir, et une forme grise en sortit brusquement et s’envola dans l’open space.
« C’est un pigeon ? C’est un putain de pigeon ? Qui est le p’tit bâtard qui a mis un piaf dans mon tiroir ? »
Juan et Béa se levèrent et tentèrent de l’aider à capturer l’oiseau, qui leur échappait et volait aux quatre coins du bureau. Dans le désordre et les cris, alors qu’ils tentaient sans succès de récupérer le volatile, la caméra se tourna vers Yann, qui était en fou-rire et se retenait de faire du bruit.
L’image coupa sur Yann, assis dos à un mur, face caméra, ayant des difficultés à respirer tant il était hilare :
« C’est… Oh putain… Oh oh… C’est, c’est Gérard PIGEON ! Oh putain haha, oh quand Daryl il va voir ça ! Eh j’ai mis tellement de temps à choper l’piaf, mais trop bien. »
Ce fut ensuite Gérard qui apparut en interview, un bandage autour de la main :
« Il veut pas me lâcher. Chaque jour c’est une nouvelle connerie. J’vous jure, un jour j’vais le buter. Définitivement, cette fois, visiblement j’ai mal géré la première fois. »
L’image retourna au chaos qu’était la chasse au pigeon dans l’open space. Cox était aussi arrivé, et tentait de capturer l’oiseau avec une épuisette, sans succès non-plus. Yann était en larmes en les observant, tandis que Hayley les encourageait depuis son bureau. Chacun y allait de son commentaire, de son conseil, mais tous criaient des jurons à chaque échec. Le reportage ne montra cependant pas la fin de cette chasse. Le plan suivant montra l’open space retourné au calme, tous ayant une mine grognon, tandis que le pigeon se pavanait en haut d’une étagère, libre après avoir échappé à toutes leurs tentatives de l’attraper. Soudain, la porte s’ouvrit, laissant entrer MT :
« Salut les reufrés.
– Ah, MT ! » s’exclama Cox en sortant de son bureau personnel « Comment ça s’est passé, la prison a résisté ?
– Ah bah tu m’en diras tant mon reuf, j’ai perdu la moitié d’mes autruches pendant l’attaque. C’est résistant un coco.
– Ok, faudra que tu me remplisse le formulaire de défaite du coup, qu’on voit pour relocaliser des ressources et te garantir d’avoir pas mal de troupes. Juan, tu peux ouvrir le dossier de ponte ?
– Tout de suite professeur, vous voulez savoir quoi ?
– Si on peut remplacer toutes les autruches perdues de MT ou si c’est encore chaud ? Y a encore besoin de pondre ?
– De ce que je vois, on a eu une augmentation de 12 % des effectifs par rapport au semestre précédent, donc ça devrait le faire. »
L’image montra Cox, assis dos à un mur, face caméra :
« C’est ça que j’aime ici. On est organisés. On est diaboliques, mais on gère les effectifs correctement. C’est pas tout d’être maléfique, il faut être e-ffi-cace. »
Cette fois, c’est Juan qui apparut en interview :
« On se fait chier. Mais chier ! Puta, je vais pas tenir longtemps comme ça. Avec ses dossiers de mes couilles là. »
Le reportage retourna sur l’open space, montrant MT en train de s’installer devant son poste tandis que Cox continuait de poser des questions :
« Et t’as fais ce que j’ai demandé ?
– Le pentacle là ? Ouais. Eh, quand il s’est mis à briller en rouge quand j’ai fini de le dessiner, j’te jure j’étais dans l’mal mon frère.
– Ça impressionne la magie, hein ?
– Ah bah clairement. Par contre faudra qu’on parle, tu m’as pas averti que y avait Marcello et Liam à la Commune, t’imagines pas le malaise quand je suis arrivé mon frère.
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Bah ils m’ont insulté ? Et pis ils m’ont déjà tué une fois, donc t’imagines bien qu’ils vont pas hésiter à le faire une deuxième fois.
– Après, MT, je te ressuscite si besoin hein. » Cox commença à retourner vers son bureau « Suffit de demander !
– Mais… » répliqua MT, tandis que le docteur refermait la porte de son bureau derrière lui « Comment je demande si je suis canné, couillon ? »
Une interview de MT fit suite à ce plan :
« Je l’aime bien le doc. Il est pas mauvais le reuf. Mais faut admettre, des fois il est vraiment con hein. »
De retour dans l’open space, Juan se leva et alla demander discrètement des informations auprès de MT, en chuchotant :
« Hermano, j’peux te poser une question ?
– Ouais mon frère ?
– À la prison là…
– Tu veux savoir comment va ton chéri ?
– … quoi ?
– Nan mais, on va pas tortiller du cul pour chier droit mon reuf : toi et le flic vous êtes péchos, y a bien que Cox qui a pas compris. Perso, tant que ça t’empêche pas de faire ton taf, j’vais rien dire.
– … Promis ? » demanda Juan avec une expression piteuse.
– Ouais ouais. Ben il va bien, il a failli me buter mais tranquille, c’est l’jeu.
– Ben merci mec…
– Pas d’soucis mon reuf. »
Juan retourna à son poste, une goutte de sueur coulant de son front. L’image changea pour le montrer en interview, mais il ne disait rien, les yeux grands ouverts, en sueur, et regardant de tous les côtés. Le reportage retourna dans les bureaux, tandis que Cox ouvrait sa porte :
« Bon, tout le monde, on va dans la salle de conférence, petit exercice de Team Building ! »
Dans un grognement général, ils se rendirent dans la salle, tandis que Cox insérait une clef USB dans le PC et allumait le vidéoprojecteur. Un diaporama portant le titre « Machiavélisme et inclusion » s’afficha, montrant des monstres se tenant la main. Un portait un hijab, un autre avait des cicatrices de top surgery, un autre était en fauteuil roulant, et le dernier tenait un petit drapeau italien. Cox prit la parole :
« Alors, on est maléfiques, ça c’est entendu. Pour autant, on est pas des monstres, et je veux faire en sorte de créer une atmosphère de travail apaisée et tolérante de la différence. Tout d’abord, j’aimerais parler des bons point dans cette équipe : nous avons deux femmes pour cinq hommes, ce qui est mieux que dans d’autres groupes maléfiques à travers le pays, même s’il y a besoin de s’améliorer. Nous avons aussi une belle diversité ethnique, latino avec Juan et Hayley, et afro-américaine avec MT. C’est toujours simple de faire mieux que le KKK, mais c’est pas les seuls qui existent. Nous avons aussi fait en sorte d’améliorer l’accessibilité de nos locaux, pour accommoder les personnes à mobilité réduite, ici Gérard. Maintenant, un point que nous devons améliorer, est l’inclusion LGBTQIA+. Afin d’améliorer nos rapports dans le but d’établir une domination sans merci sur cette île et de détruire tous ceux qui s’opposent à nous, le tout dans l’inclusion, j’aimerais donc qu’on fasse un petit tour des pronoms, afin de les mettre sur des badges que nous porterons dans le cadre de notre travail quotidien pour le chaos et la destruction. »
L’image changea sur Cox en interview, qui tenait un poing en l’air, avant de déclarer d’un air solennel :
« Love is love, et trans rights are humans right. Cette ville est pleine de queers, et je tiens à ce qu’on sache que c’est pas pour ça que je veux la détruire, mon projet est purement motivé par la vengeance et mon propre ego. »
Le reportage retourna dans la salle de conférence, et Cox prit la parole :
« Allez, je commence, moi j’utilise il/lui. Juan ?
– Y a quoi professeur ?
– C’est quoi tes pronoms ?
– Mais pourquoi faire ?
– Juan tu m’emmerde ! Répond juste !
– Mais je sais pas moi, il/lui ?
– Bah voilà ! Hayley ?
– Euh… Elle/iel.
– Moi c’est il/lui mon reuf. » affirma MT.
– Pareil. » continua Pichon
– Moi euh… » réfléchit Béa « J’y ai pas réfléchi… Chuis une m’dame, donc elle ?
– Ben voilà ! » conclut Cox « C’était pas compliqué ! Je vous fais vos badges.
– Et Yann ? » l’interrogea MT
– De ? » demanda Cox
– Il a pas donné ses pronoms.
– Ah oui ! Yann ?
– Ouais ?
– Tes pronoms ?
– C’est quoi ça ?
– Tu utilises quoi pour parler de toi ?
– Pourquoi ?
– Le doc il veut faire des badges avec nos pronoms mon reuf, toi c’est quoi ?
– Hein ? Pourquoi il veut savoir ?
– Pour de l’inclusion, allez, bouge.
– Les pronoms c’est le truc des trans là ?
– Ouais on va dire ça, toi c’est quoi ?
– Mais je sais pas moi, c’est lui qui me donne ma T, t’as qu’à lui d’mander, il doit d’jà savoir.
– Doc ?
– C’est un cas particulier » répondit Cox « Mais je vais voir sur son dossier psy. »
L’image changea pour montrer Cox en interview, l’air légèrement perdu :
« Le truc avec Yann, c’est que même si je lui fait sa prescription en testostérone, j’ai aucune idée de son genre. Je crois qu’en fait il est trop con pour en avoir un. Mais c’est entièrement valide et légitime, il a le droit d’être complètement débile. »
Le reportage passa le reste de l’intervention, montrant directement les employés sortir de la salle de conférence, chacun avec un badge épinglé sur le torse. Celui de Yann ne portait qu’un point d’interrogation. Tous retournèrent à leur poste, et après quelques discussions sans grand intérêt, la journée de travail fut terminée. Le reportage se conclut alors avec une dernière interview de Cox :
« Franchement, pour cette journée, un bilan positif. C’est une bonne chose que vous ayez demandé à faire ce reportage, comme ça les gens de l’île voient que derrière les dictateurs fous et maléfiques seigneurs de la magie noire, il y a aussi un cœur qui bat et s’inquiète pour ses proches. Mais voilà, on a avancé sur les dossiers urgents, MT a dessiné un pentacle à la Commune donc on en est à trois sur cinq, on a amélioré l’inclusivité du lieu de travail… Seul point noir, le pigeon a commencé à piquer des élastiques et des feuilles pour se faire un nid en haut de l’armoire, mais à part ça tout se passe bien. »
Il marqua une pause, réfléchit un instant, puis confirma :
« Moui, non, tout se passe bien ! »
Chapter 9: Hallepicier
Summary:
TW : arme à feu, insultes, sang, mention d'alcool, violence, violence sur animaux
Chapter Text
À l’église de Los Santos, les cloches se mirent à sonner, résonnant dans le quartier durant une belle et tranquille matinée. Cela faisait près d’une dizaine de jours que le monument avait été laissé tranquille, mettant ses habitants dans un état à mi-chemin entre la relaxation dû au repos possible et à la tension constante devant le fait qu’une attaque devenait de plus en plus probable chaque jour qui passait. Entendant les cloches, Johnny sortit de l’alcôve qu’il avait aménagé en petite pièce à vivre pour lui, même équipée d’une porte de fortune, et demanda à voix haute :
« C’est pour quoi tout c’boucan ?
– Est-ce que Cox est en train de nous attaquer ? » demanda Joséphine en le rejoignant.
– Ah bah moi j’sais pas, j’étais en train d’faire un peu à manger et y a l’clocher qu’a décidé de s’faire un p’tit kiff !
– Mes chers enfants ! » interpella le pasteur Morgan afin d’attirer l’attention de chacun « N’ayez crainte, nous recevons simplement la visite du marchand itinérant !
– Oh chic ! » s’exclama Joséphine « Cela faisait bien longtemps, je pensais qu’il avait dû abandonner.
– Un marchand ? » l’interrogea Johnny « J’l’ai jamais vu c’loustic.
– C’est bien normal, il est venu pour la dernière fois il y a plus d’un mois et demi, mais ça fait seulement un mois que vous êtes ici. Olalah, je suis tellement contente de le revoir !
– Qu’est-ce qu’il marchande dites-moi ? »
Joséphine allait répondre quand on toqua à la porte principale de l’église. Le père Morgan s’y rendit et, à l’aide de Tim, il retira les planches de bois qui barricadaient l’accès avant d’ouvrir. Johnny s’approcha, accompagné par Joséphine et d’autres réfugiés de l’église, et vit alors un imposant pick-up à la carrosserie cabossée et noircie par endroits garé devant le bâtiment. Ses portes étaient ouvertes, sa remorque remplie, et des caisses étaient fixées sur le toit avec des sangles. Devant le véhicule, Devon posait fièrement et les salua :
« Salut tout le monde, salut mon père !
– Ah, mon fils ! » s’exclama William Morgan « Vous ne pouvez pas imaginer combien j’ai prié pour que vous soyez en bonne santé ! Comment se fait-il que nous ne vous ayons pas vu durant tout ce temps ?
– Je me suis fait attaquer pendant ma tournée, donc j’ai dû attendre un mois au LSPD qu’on répare ma voiture et qu’on me soigne, et ensuite il a fallu que je me refasse une cargaison, mais me revoilà !
– Ah, ce cher Devon » s’écria Joséphine « Très heureuse de vous voir, qu’est-ce que vous avez pour nous cette fois ?
– Madame Joséphine ! » sourit Devon « Vous m’avez manqué vous savez ! J’ai beaucoup de choses, j’ai profité de mon séjour au LSPD pour me faire quelques relations ! J’ai des caisses de légumes et de blé cultivés dans les potagers du comico, j’ai de l’autruche séchée de la Commune Fédérale, des bouteilles de Montazac-Torez, quelques pièces d’armures en cuivre du Domaine, et aussi quelques jerricans de leur bio-carburant de vin. J’ai aussi de l’encens produit dans l’oasis d’aïgrido, ça je crois que ça pourrait vous intéresser mon père.
– Tout à fait mon fils, mais je vous laisse finir avant de négocier !
– Très aimable mon père. J’ai aussi quelques chargeurs pour des armes diverses, des trousses de soin de la LSMS, quelques unes de leurs potions de soin aussi, et quelques parchemins de protection. J’ai deux vestes en cuir d’autruche faites par les Wargos. Et sinon j’ai plein de bibelots, des vêtements, des sodas, de quoi bricoler, de l’huile, de la cire, bref, tout ce que vous voulez !
– Alors, si vous achetez des trucs de la LSMS » avertit le pasteur à voix haute « vous avez le droit, mais ne m’en parlez pas, ou alors faites le en confession. Je suis pas très à l’aise avec ces histoires de sorcellerie.
– Ah mais ils sont super sympas ! » défendit Devon « Y en a aucun qui vénère Satan ou quoi hein !
– Une sorcière c’est une sorcière » rétorqua Morgan « Quand tout ça sera terminé, y aura des bûchers à faire. »
Cette remarque créa un blanc dans la conversation, qui fut brisé par Johnny.
« Et vos trucs de bricolage là, c’est quoi ? »
Ils se mirent alors à joyeusement discuter, négociant pour obtenir diverses ressources qui les intéressaient. Le pasteur échangea de l’encens et de la cire pour faire des bougies contre une caisse d’osties. Ils purent aussi obtenir quelques outils de bricolage et bouteilles de vin, ainsi que des pièces d’armure du Domaine, en échange de deux bancs de l’église, qu’ils installèrent sur le toit du pick-up à l’aide de sangles. Alors qu’ils échangeaient leurs ressources tout en discutant et s’informant des nouveautés des autres communautés de l’île, un grondement se fit ressentir. Fronçant les sourcils, ils comprirent alors qu’une horde d’autruches était en train d’arriver. Cependant, aucune n’était en vue, de façon très étrange. Devon se saisit immédiatement d’un uzi qui se trouvait sur son siège passager, tandis que le pasteur donnait des ordres pour organiser la protection du véhicule, qui ne pourrait jamais traverser l’une des hordes de Cox.
Soudainement, c’est à l’arrière de l’église que des explosions se firent entendre. Johnny et Joséphine s’y dirigèrent immédiatement, Johnny sortant des poings américains de ses poches, Joséphine allant chercher une batte de baseball qu’elle avait taillé dans l’une des statues de Jésus sur la croix trônant sur les murs. Ils coururent vers l’arrière, où une porte était en train d’être enfoncée. Lorsqu’elle céda, les autruches se mirent à entrer une à une en se dandinant. À l’avant de l’église, la horde de volatiles était enfin arrivé, empêchant d’envoyer des renforts. Joséphine et Johnny se démenèrent alors, frappant les oiseaux, leur lançant des objets, et criant des insultes. Joséphine monta sur l’autel, et sauta alors sur le dos d’une des autruches, en criant :
« Géronimooo ! »
Le volatile, paniqué, se mit à courir dans tous les sens, et la brave chrétienne en profita pour donner de grands coups de batte dans la tête des autruches qui l’approchaient, en éclatant de rire. Johnny, abasourdi, la regarda faire, bouche bée. Trop impressionné et absorbé, il ne vit pas l’oiseau qui lui sauta dessus, et il se retrouva au sol, bataillant pour se redresser, tandis qu’il était piétiné et que ses vêtements étaient déchirés par les griffes et becs des animaux. Alors qu’il parvenait à quelques peu se relever, il entendit Joséphine crier :
« À terre ! »
Il se laissa alors tomber, et quelques secondes plus tard, un vacarme assourdissant retentit dans l’église. Toutes les autruches tombèrent alors au sol dans un nuage de plumes, et celles restantes sortirent, terrifiées. Johnny rouvrit les yeux qu’il n’avait pas eu conscience d’avoir fermé, et se redressa, voyant Joséphine derrière la mitrailleuse dans l’allée centrale. Les canons de l’arme fumaient, et la pieuse femme avait un grand sourire au lèvres. Johnny eut l’impression que le temps s’était arrêté, tant elle était impressionnante, mais cette impression fut brisée lorsqu’elle hurla :
« Et ne revenez pas, bande de petits bâtards ! Prochaine fois j’écoute Jésus et je vous bouffe en soupe ! »
Elle s’approcha rapidement de Johnny et l’aida à se relever, ce qu’il fit avec difficulté. Ses vêtements étaient déchirés, son corps plein de griffures et coupures, et ses articulations douloureuses. Il réagit :
« Il faut qu’on ferme la porte ! »
Joséphine acquiesça, et ils allèrent vers la porte. Ils virent alors les autruches restantes en train de fuir, tandis que Juan Carlos se tenait au milieu d’un imposant pentacle rouge brillant tracé sur le sol. Les voyant, il fit un rire maléfique, et sauta sur l’une des autruches avant de partir à son tour. À l’avant de l’église, la horde était aussi partie. Ils y allèrent rapidement, et Joséphine cria :
« Mon père ! Juan Carlos a dessiné un symbole satanique à l’arrière de l’église.
– QUOI ? OH LA GROSSE MERDE ! »
Morgan se précipita vers l’arrière de l’église, et ils l’entendirent hurler des insultes, qui persistaient dans l’air grâce à l’écho. Devon demanda :
« Le truc satanique, il est super grand et il brille en rouge ?
– Oui, comment vous savez ça ? » demanda Joséphine :
– Ils font ça depuis une semaine. Y en a eu un à la LSMS, un au LSPD, un à la Commune, un au Domaine, et là c’est le cinquième. J’avoue que j’ai pas confiance là, donc je crois que je vais partir un peu. »
Il les salua, puis referma les portes de sa voiture et démarra le moteur avant de quitter les lieux en vitesse. Joséphine et Johnny le regardèrent partir et soupirèrent. Soudainement, le ciel devint gris, et le tonnerre retentit. Depuis derrière l’église, mais aussi depuis deux autres endroits de la ville et visiblement deux autres loin dans les montagnes, des rayons de lumière rouge s’élevèrent du sol et montèrent dans les nuages. Alors qu’il allait faire une réflexion sur l’aspect terrifiant de cette vision, Johnny sentit sa tête tourner, et il s’effondra.
Lorsqu’il se réveilla, il était allongé à l’intérieur de l’église, torse nu, des bandages autour de ses bras. Tandis que sa vision devenait plus nette, il constata que Joséphine était à genoux à côté de lui, des bandages dans les mains, en train de le soigner. Lorsqu’elle remarqua qu’il avait ouvert les yeux, elle afficha un large sourire soulagé :
« Oh Johnny, j’ai eu si peur !
– J’vais bien… J’sais pas ce qui m’est arrivé.
– Il vous est arrivé que des oiseaux de cent kilos vous on piétiné, voilà ce qui s’est passé ! Personne n’en sortirait indemne ! »
Les souvenirs des heures précédentes revinrent alors à Johnny, qui se redressa :
« Les lumières, c’était quoi ces trucs ?
– On ne sait pas. Vu où elles sont, on dirait qu’elles s’élèvent de tous les endroits où un pentacle a été dessiné par les acolytes de Cox. On ne sait pas à quoi elles servent. Le pasteur est en train de tenir une messe pour demander à Dieu de nous guider.
– Et Il répond ? »
Joséphine eut un sourire devant les habituelles remarques du loubard, et renchérit :
« Non, c’est sur répondeur, comme toujours. Vous vous sentez mieux ? »
Johnny hocha la tête, marqua une pause, puis la remercia :
« Pour tout à l’heure… Merci. Vous m’avez sauvé la vie.
– Oh voyons, vous avez sauvé la mienne à plusieurs reprises, il fallait bien que je vous rende la pareille !
– Vous êtes quand même pleine de surprise. De toutes les personnes que j’pensais voir utiliser la sulfateuse, j’m’attendais plutôt à l’autre excité d’la soutane.
– Alors que la grosse bourge ça surprend ? »
Surpris, il bégaya en tentant de s’expliquer, mais comprit devant son sourire qu’elle plaisantait. Il se mit à rire, tandis qu’elle entourait sa main d’un bandage, et répondit :
« J’aurais pas dit ça comme ça mais c’est dans l’esprit disons. »
Joséphine sourit, mais son sourire disparut lorsqu’elle regarda dehors, voyant le ciel gris apparut par magie. Elle soupira :
« Je n’aime vraiment pas ce qui se passe. »
Johnny lui prit doucement la main, et affirma d’un ton rassurant :
« On va s’en sortir. En face de nous c’est Cox, d’accord il est complètement possédé mais il est surtout monté à l’envers, et pour ses potes j’t’en parle même pas.
– Alors qu’avec un gentleman comme vous prêt à se faire piétiner par des autruches pour aider une pauvre femme en détresse, on ne peut qu’avoir de l’espoir. »
Dehors, le tonnerre redoubla de puissance, et des éclairs rouges se mirent à tomber du ciel. Johnny avala sa salive, et affirma :
« Ouais, espérons quand même que le grand barbu va répondre à la messe hein. »
Chapter 10: Coxpocalypse Now
Summary:
TW : sang, insultes, menaces, violence physique, mention de mort
Chapter Text
Le vent fouettait le visage du docteur Maison, alors qu’il volait le plus vite possible vers l’observatoire. Les pans de sa robe blanche battaient dans l’air, et les articulations de sa main blanchissaient tandis qu’il se cramponnait à son bâton de mage, qui le tractait dans le ciel de Los Santos. Voler de la sorte était une magie complexe, très coûteuse en énergie, surtout sans préparation. Pour cette raison, il avait dû partir seul, là où des renforts auraient été bienvenus, mais le temps était compté. Dès que le ciel s’était couvert et qu’un rayon de lumière rouge s’était élevé de chaque pentacle, il avait compris que le maléfique docteur Cox avait mis à exécution son plan, la raison pour laquelle il s’était montré plus téméraire depuis quelques semaines. Il n’y avait plus de temps à perdre, si personne n’intervenait, ils étaient certains d’être détruits. Serrant les dents, Maison se concentrait de toutes ses forces pour maintenir le sortilège et arriver à temps, mais sentait ses forces l’abandonner. Autour de lui, le tonnerre grondait, et des éclairs frappaient le sol, à un rythme qui s’intensifiait à mesure qu’il s’approchait du repaire de Cox.
Alors qu’il arrivait en vue, il se mit à descendre, puis atterrit sur l’herbe. Alors que des autruches approchaient, il projeta un sort d’illusion qui le rendit invisible. Désormais relativement protégé, il parvint à reprendre son souffle et secoua sa main douloureuse. Caressant sa moustache pour se donner du courage, il avança alors vers l’observatoire, qui était juste à côté. Là, dans la grande cour, il vit un sixième pentacle tracé sur le sol, mais ce dernier n’envoyait pas un rayon de lumière vers le ciel, se contentant de pulser avec un grondement sinistre. Sur les côtés du symbole se trouvait la totalité de la bande de Cox, y compris Juan qui venait visiblement tout juste d’arriver, son tapis volant étant toujours posé à côté de lui. Le maléfique psychiatre, son poussin sur l’épaule, prit alors la parole :
« Mes amis, mes collaborateurs, mes alliés ! Aujourd’hui marque un grand jour pour nous, le jour où nous reprenons le contrôle de cette ville qui a voulu nous écraser. Et aujourd’hui, regardez-les ces idiots, tous réfugiés derrière les murs de leurs maisons, et que nous allons balayer d’un revers de la main. Vous savez, alors que j’étais un jeune garçon, mon père m’a amené en ville pour voir une fanfare. Il m’a dit « Mon fils, lorsque tu grandiras, est-ce que tu seras un sauveur des brisés, des battus, des maudits ? ». Eh bien la réponse est oui, et je vais m’assurer que ceux leur ayant réservé ce sort reçoivent la monnaie de leur pièce ! Il y a une loi de la nature que chaque animal connaît, appelée « la survie du plus fort ». Elle dit à peu près que les animaux qui s’en sortent sont ceux qui griffent et mordent et frappe, et que ceux qui ne le font pas finissent dans leur assiette. Alors à quel point est-ce que je peux être mauvais ? Je ne fais que ce qui vient naturellement, je ne fais que suivre ma destinée. C’est pour cela…
– Professeur ? » demanda Juan en levant la main.
– Oui ? » demanda Cox, exaspéré « Quoi, qu’est-ce qu’il y a, tu vois pas que je fais un discours ?
– Ben justement, rapport au discours je me demandais, c’est vous qui avez tout écrit ?
– Évidemment ! Tu crois quoi ?
– Bah je sais pas, ça ressemble vachement à des paroles de chansons non ?
– … JUAN TU M’EMMERDE ! Tu vas me laisser finir ou quoi ?
– Oui, oui ! Du calme hermano, je demande juste !
– Ouais bah demande plus. Bon, euh… J’en étais où moi ?
– Tu demandais à quel point tu étais mauvais » tenta de l’aider Hayley « Et que c’était ton destin ou je sais plus quoi.
– Ah oui, merci Hayley. Tu vois Juan, suit l’exemple de ta sœur, elle aide, elle. Bien, euh, du coup, euh, lmlmnnln jpeux être mauvais, lmlml naturellement, lnmlnlm destinée… C’EST POUR CELA, comme je le disais, qu’aujourd’hui nous détruisons une bonne fois pour toutes cette communauté de lâches et faibles qui pensait pouvoir nous exclure alors que même la mort ne nous arrête pas ! Lorsque j’entrerais dans ce pentacle, je lirais la dernière partie du rituel, et nous établirons enfin notre domination sur Los Santos ! »
Il leva les mains vers le ciel, et se mit à rire aux éclats, tandis qu’un éclair illuminait l’observatoire. Son équipe se mit à applaudir, et il fit une révérence. MT lui donna un gros livre relié de cuir qu’il tenait dans ses bras, et Cox le remercia. Il annonça :
« Pendant que je ferais le rituel, je vous demanderais de ne pas entrer dans le cercle. Il se base sur l’esprit des personnes présentes, et si vous entrez, ça risque de déséquilibrer le sortilège et de nous causer des problèmes. Le rituel fonctionnerait toujours, mais on ne serait probablement plus aussi sûrs de gagner. Donc j’insiste, vous rentrez pas. Yann, t’as pigé ? »
Yann sursauta et le regarda sans comprendre. MT lui mit un taquet derrière la tête, et Cox répéta :
« Interdit de rentrer dans le cercle. Toi pas bouger. Ok ? »
Le Families hocha la tête, et Cox sourit. Il monta sa main au niveau de son épaule, et Sale Merde sauta dessus. Le docteur le porta ensuite jusqu’à Juan et le posa sur son épaule, avant de se retourner vers le cercle. Il souffla, sautilla sur place, et fit quelques borborygmes :
« Pa pe pi po pu, blblblblbl, les chaussettes de l’archiduchesse sont-elles chèches… Les chauch… Les chaussettes de l’archidussè… Oh et merde hein. »
Il secoua la tête et se dirigea vers le centre du pentacle. Immédiatement, sa lumière s’intensifia. Cox ouvrit son grimoire, feuilleta les pages, et commença à parler en québecois. Ses pieds décollèrent du sol, tandis qu’une fumée rouge s’élevait autour du lui. Le tonnerre redoubla, et les rayons de lumières combinés des autres pentacles descendirent du ciel pour l’entourer. Sa voix sembla s’amplifier par magie, résonnant dans les environs. Alors qu’il parlait, son visage semblait se démultiplier, et son corps devenir flou, comme vibrant. Maison comprit qu’il devait agir immédiatement, et leva son bâton. Dissipant son sortilège de dissimulation, il envoya une boule de feu vers le docteur. Ce dernier eut tout juste le temps de faire apparaître un bouclier d’énergie verte devant lui, qui absorba l’attaque. Immédiatement, ses acolytes attaquèrent à leur tour, utilisant les quelques pouvoirs qu’ils avaient appris, envoyant des rayons de lumière verte vers le médecin. Ce dernier cria, alors qu’il les évitait et répliquait :
« Cher ami, cessez cette folie ! Vous ne gagnerez jamais !
– Vous ne m’aurez pas cette fois, vieil homme » répliqua Cox « Vous allez enfin vous agenouiller devant moi !
– Jamais ! Cette ville résistera toujours. Nous ferons tout pour vous arrêter !
– Alors vous mourrez. Ne vous inquiétez pas, je prendrais quelques prisonniers, et je les lâcherais sur l’île pour voir combien de temps ils survivent au milieu des autruches. Qui durera le plus longtemps vous pensez, Antoine ou Daniel ? »
Maison hurla de rage et créa un bouclier entre les acolytes de Cox et lui, les empêchant d’envoyer leurs sortilèges. Des runes lumineuses apparurent autour de ses mains, et il visa Cox, qui approchait dangereusement de la fin de son rituel, avant de crier :
« Torsion testiculaire ! »
Les runes éclatèrent dans un flash lumineux, et Cox hurla de douleur, tombant à genoux. Serrant les dents, malgré ses tremblements, il ramassa le grimoire qui était tombé par terre et continua de lire, sa voix couverte par le vent qui s’intensifiait toujours plus. Maison comprit que Cox poursuivrait le rituel quoi qu’il arrive, et allait contrer tous ses sorts. Prenant son courage à deux mains, il entra alors dans le pentacle. Immédiatement, des centaines de voix résonnèrent à ses oreilles, et il lui sembla que Cox se démultipliait à l’infini. Le médecin prit alors son bâton, prit son élan, et donna un grand coup dans sa mâchoire. Un éclair éblouissant s’abattit sur eux, les faisant tomber en arrière, tandis que les centaines de voix devenaient assourdissantes. Aveuglés, ils mirent plusieurs secondes à y revoir quoi que ce soit. Maison observa autour de lui, et soupira de soulagement en constatant que la tempête avait cessé et que le pentacle ne dégageait plus aucune lumière. Cependant, son soulagement disparut lorsqu’il vit l’expression de Cox. Ce dernier le regardait avec un sourire maléfique, puis affirma, laissant un filet de sang couler de sa bouche :
« Trop tard… »
Dans le ciel, les nuages se dissipèrent doucement, laissant leur place à une sorte de toile d’araignée verte couvrant tout jusqu’à l’horizon. Cette dernière, stable durant quelques secondes, commença cependant à vibrer, avant de se briser comme du verre, et tomba sur la ville. Cependant, il n’y eut aucun dégât sur la ville, à peine une brise. Cox déclara :
« Ce que tu viens de voir, c’est le début de la fin. Fais tes prières, vieillard. »
Terrifié, Maison dissipa alors le bouclier, puis leva les mains, faisant mine de se rendre. Il baissa la tête, commença à s’agenouiller, mais agita soudainement son bâton. Le tapis volant arriva alors vers lui, et il monta dessus, fuyant à toute vitesse. Alors qu’il tentait de maîtriser le tapis, qui n’y allait pas de bonne volonté, il entendit Cox, au loin, s’écrier :
« On te retrouvera Maison ! Profite des quelques jours qui te restent ! »
Chapter 11: The Amazing Antoine Croute
Summary:
TW : violence, mention de mort
Chapter Text
Vanessa et Titouan étaient devant la LSMS, en garde, s’assurant que tout le monde était bien rentré, et surveillant le ciel. Le temps s’était éclairci, et une sorte de toile d’araignée verte était tombée sur la ville, mais depuis plusieurs minutes, rien ne s’était passé. Le docteur Maison, qui était parti en direction de l’observatoire dès le début de la tempête, n’était toujours pas rentré. Titouan avait les mains crispées sur son fer numéro 9, serrant les dents, mais l’attaque n’arrivait toujours pas. Vanessa fit quelques gestes, et sa cape rouge s’agita, lui permettant de s’envoler. Elle surveilla les alentours, à une dizaine de mètres du sol, les sourcils froncés.
Un éclair jaune au coin de son œil la fit réagir, et elle se tourna dans sa direction, juste à temps pour recevoir un coup de pieds dans la figure. Un coup de pieds, à cette altitude ? Elle secoua la tête, tandis que Titouan criait des insultes depuis sa position. Un projectile arriva dans la direction de la magicienne, mais sa cape réagit suffisamment rapidement et se dressa dans sa direction. Intriguée, elle regarda un instant le projectile sur la cape, et vit alors une sorte d’ensemble de filaments blancs d’origine inconnue. Elle agita ses mains, faisant apparaître des symboles lumineux. Une voix qu’elle était certaine de connaître l’appela alors, et elle se tourna dans sa direction, pour voir une personne entièrement costumée en jaune et bleu se tenir debout à l’horizontal, les pieds sur les vitres :
« T’es quoi toi, une espèce de sorcière ?
– Qu’est-ce que tu veux ? Tu es envoyé par Cox ?
– Essaye pas de m’embrouiller, j’sais pas ce que c’était cette toile verte mais d’un coup il fait jour alors qu’il faisait nuit, t’as des pouvoirs temporels ? »
Il tira des filaments blancs vers le haut de l’immeuble et recommença à se balancer et à tirer dans sa direction. Vanessa, légèrement agacée mais désormais plus concentrée, parvint à éviter ses attaques, avant de lever les bras. Des chaînes lumineuses sortirent de nulle part et interceptèrent l’assaillant dans sa course. Elles s’enroulèrent autour de lui, l’empêchant de bouger. Satisfaite, Vanessa retourna vers le sol avec son prisonnier. Ce dernier affirma bravement, malgré une pointe de peur dans sa voix :
« Libère moi, Baba Yaga ! T’as toujours faim même après Hansel et Grettel ? »
Une fois par terre, Titouan et Vanessa s’approchèrent de lui, intrigués. Il était particulièrement petit, et son masque jaune comportait de grands yeux blancs froncés, ainsi qu’un motif de toile d’araignée. Vanessa demanda :
« Tu as des pouvoirs d’araignée non ? C’était toi la toile verte ?
– Ben non, c’était vous !
– Bien sûr que non ! D’où tu viens toi, on t’a jamais vu, tu bosses avec Cox ?
– J’suis l’araignée sympa du quartier, Spider-man, vous avez jamais entendu parler d’moi ? Cox c’est un d’mes enn’mis, j’vais pas bosser pour lui !
– Te fous pas d’notre gueule » le menaça Titouan « J’sais pas pourquoi t’es là mais c’est clairement lié à Cox, Spider-man c’est un personnage de bd, il existe pas.
– Et moi j’suis quoi alors ? Hulk ?
– Eh c’est bon, il a fini de m’casser les glaouis lui. »
Titouan s’avança et arracha le masque, révélant le visage de Antoine Croute. Les deux médecins se reculèrent, effarés :
– Oh bordel c’est quoi ça encore ? » demanda Titouan
– Antoine ? Pourquoi tu n’es pas au Domaine avec ton cousin et Montazac ? » l’interrogea Vanessa.
Ils se regardèrent tous sans comprendre. Antoine avait l’air particulièrement angoissé de s’être fait retirer son masque, mais retint les larmes qui commençaient à lui venir :
« Mais vous êtes qui à la fin ? J’vous connais pas moi, j’vous ai jamais vu, comment vous connaissez mon nom, pourquoi vous dites toujours que j’suis ami avec mes ennemis ? »
Vanessa regarda Titouan, qui grommela :
« Oh bordel à cul j’aime pas ça, j’aime vraiment pas ça. »
Elle demanda à Antoine, plus doucement, complètement perdue :
« On ne te veut pas de mal Antoine, d’accord ? Si Cox est ton ennemi, alors on est avec toi. Mais il faut que tu nous expliques ce qui se passe, tu t’es disputé avec Daniel et Dona ?
– Mais… Montazac c’est un monstre, c’est l’bouffon vert, il a failli détruire la ville trois fois ! J’ai été ami avec lui que avant d’savoir qui il était réellement ! Et comment vous savez qui je suis ?
– Je suis Vanessa, ta psychologue, Antoine. Tu ne te rappelles pas ? Et Titouan c’est mon frère, il vient souvent te soigner.
– J’ai pas de psy moi ! C’est cher et je gagne pas assez à Weazel News, Bailey ne paye vraiment pas bien, et tante Béa n’a pas beaucoup d’argent. »
Toujours plus confus, Vanessa et Titouan restèrent silencieux un long moment, et la psychologue reprit, très doucement :
« Antoine, je ne sais pas ce qui se passe, mais je vais te dire ce qui, pour nous, est la réalité, d’accord ?
– Ok ?
– Toi et ton cousin Daniel, vous vivez chez Montazac, au domaine, comme employés et héritiers. Je suis votre psy presque depuis votre arrivée en ville. Béa est une alliée de Cox, la femme de Gérard Pichon, et elle n’a pas de sœur ou de frère, et encore moins de neveu. Et Earl Bailey est mort, Kenneth est le directeur depuis deux ans…
– Mais non ! Non, vous dites n’importe quoi !
– La toile verte là » demanda Titouan « T’en as parlé aussi. Quand tu l’as vue, t’étais où, il s’est passé quoi précisément ?
– Ben je m’balançais entre les immeubles, la nuit, pour protéger la ville, puis j’ai entendu plein de voix, j’ai vu tout blanc, puis tout est devenu tout noir, avec une immense toile verte, et je suis tombé dans le vide sans pouvoir m’accrocher nulle part, et quand j’ai traversé la toile je suis apparu dans une ruelle, pas du tout où j’étais au début. Et il faisait jour. Et là j’ai voulu rentrer chez moi, et j’ai vu la dame qui volait, je me suis dit que c’était elle qui avait fait ça. »
Vanessa le regarda longuement, voyant bien qu’il était sincère. Elle hésita un instant, puis demanda :
« Si je fait disparaître les chaînes, tu promet de ne pas t’échapper ? »
Antoine hocha la tête, et la magicienne fit quelques gestes rapides. Le sort se dissipa, et le jeune garçon se massa les bras, puis tendit sa main vers Titouan :
« J’peux réavoir mon masque ? J’veux pas qu’on me reconnaisse.
– Personne ne va te reconnaître. » affirma Vanessa « Ici, tout le monde connaît Antoine Croute, mais Spider-man n’existe pas. »
Alors que Titouan lui rendait son masque, un rugissement retentit. Antoine remit son masque, et tous se mirent en position de combat. Une énorme créature volante apparut soudainement entre deux immeubles, une sorte d’immense lézard vert d’une dizaine de tonnes, possédant des ailes noires partiellement déplumées et incapables de le soulever du sol, et une tête de tortue, ainsi que des sortes de cornes semblables à des plumeaux blancs, des sortes d’herbes de la pampa. Elle s’approcha relativement rapidement, mais s’arrêta à quelques mètres de la barricade entourant la LSMS. De son dos descendit alors le docteur Maison, dans sa robe blanche. L’espèce de dragon poussa alors la barricade, ouvrant l’enceinte pour rentrer. Alors que Titouan allait attaquer, le docteur Maison s’interposa :
« Cher ami, attendez ! Il faut que… »
Il s’interrompit en voyant Spider-man, et demanda :
« Est-ce que… Est-ce qu’il vient d’arriver ? Tombé à travers une toile verte alors qu’il vaquait à ses occupations ? »
Vanessa hocha la tête, et Maison eut un petit sourire. Il fit un signe au dragon, et ce dernier se mit à changer, se métamorphoser, rapetisser. Finalement, sa transformation terminée, se trouvait à sa place un deuxième docteur Maison habillé d’un habit sophistiqué victorien, dont les deux herbes de pampa persistaient sur le front. Antoine retira son masque, ébahi, et ils se regardèrent les uns les autres. Le docteur maison sans cornes affirma alors, une grande excitation pointant dans sa voix :
« Chers ami, je pense avoir saisi ce qui se passe. Avez-vous déjà entendu parler du principe du multivers ? »
Antoine le regarda avec de grands yeux, puis soupira avant de se lamenter :
« Oh non, pas encore… »
Chapter 12: Paranormal Activignoble
Summary:
TW : mention de mort
Chapter Text
Antoine et Daniel, d’un air inquiet, se regardaient l’un l’autre, tendant l’oreille pour tenter de capter des bribes de conversation entre Montazac et Maison, qui parlaient via un orbe magique donnée par le docteur à sa dernière visite. Le vigneron s’était enfermé dans son bureau lorsqu’il avait constaté qu’on essayait de le contacter, et parlait depuis près d’une heure. Les deux cousins avaient bien compris que le sujet était sérieux depuis que cette tempête avait éclaté puis que la toile verte s’était effondrée sur la ville. Montazac sortit finalement de son bureau, et les Croute prirent alors un air innocent, comme s’ils n’avaient pas tenté d’écouter à la porte. Le vigneron, même s’il les avait bien repérés, ne fit aucune remarque, et demanda :
« Daniel, convocation dans la salle du trône »
Daniel hocha la tête puis se dépêcha de monter un escalier en colimaçon jusqu’en haut d’une tour, où il prit alors un clairon qui s’y trouvait avant de souffler dedans. La mélodie désagréable résonna dans l’entièreté du Domaine. Quelques minutes plus tard, Fab, Roy et les sœurs Blake se trouvaient dans le salon devenu salle du trône, accompagnés des cousins, tandis que Montazac, sa couronne autour de son haut de forme, s’installait. D’un air grave, il annonça :
« J’ai discuté avec le docteur Maison. Il m’a expliqué ce qui est arrivé. Cox a effectué un rituel magique complexe, qui a ouvert le multivers. Croyez-moi, je suis tout aussi étonné que vous que cela existe. Il l’a fait pour obtenir de l’aide de toutes les autres versions de lui-même et de ses alliés. Cependant, Maison est intervenu, et par conséquent des ennemis de Cox se sont également infiltrés dans notre monde. Par exemple, à la LSMS, ils ont visiblement une sorte de docteur Maison de la renaissance qui peut se transformer en dragon, un Antoine Croute Spider-man, et un certain docteur Müller. Le vrai, j’entends, pas celui imité par Cox.
– Y a un moi Spider-man ? » s’exclama Antoine « C’est trop bien !
– Ouais, j’aimerais trop l’rencontrer ! » renchérit Daniel « J’me demande si j’suis aussi un super héros dans son monde.
– D’après Maison » poursuivit Montazac « Dans son monde je suis un super-vilain, donc j’avoue ne pas être très à l’aise à l’idée de le rencontrer. Dans tous les cas, il m’a averti que le Domaine ne serait probablement pas épargné et que nous risquons de tomber sur des cas étranges également. Donc soyons vigilants. Et il m’a demandé d’être très attentif, car dans certains cas les différences seront minimes, voire inexistantes au premier regard, avec les personnes que nous connaissons. Donc je vais vous demander de partir en patrouille sur le Domaine pour inspecter tout ça. »
Les cousins se regardèrent, puis firent un salut militaire avant de courir vers la sortie de la salle. Lorenza et Roy partirent de leur côté aussi. Fab et Lara se regardèrent, haussèrent les épaules, et sortirent de la salle à leur tour. Montazac, lui, resta sur son trône et sortit quelques papiers à lire. Quelques minutes plus tard, les cousins déambulaient dans les couloirs, une épée en main et un casque sur la tête. Attentifs, observant chaque recoin des couloirs du domaine, ils se mirent à discuter en passant les lieux au peigne fin, allant jusqu’à regarder sous les tapis :
« Si toi t’es Spider-man, tu crois que je suis quoi ? » demanda Daniel
– Moi j’pense que t’es super balaise, comme en vrai. Et t’es le cerveau, donc t’es super intelligent ! Peut-être que t’es monsieur Fantastique ?
– Celui qu’est élastique ?
– Bah oui bah oui ! C’est un des super-héros les plus intelligents, il est même plus malin que Iron Man.
– Ah ouais ? Bon ben merci, je prends le compliment alors. Moi j’pense Cox y a forcément un univers où c’est Dark Vador.
– Oh ouaiiis, en plus Dark Vador il est chauve comme lui ! »
Au fond d’un couloir, Lorenza passa en courant. Ils haussèrent les sourcils et l’appelèrent, mais elle ne répondit pas. Ils allèrent alors dans sa direction, mais elle avait disparu quand ils arrivèrent. Daniel chuchota :
« Ça, c’était super bizarre.
– Bah ouais bah ouais, c’était bien flippant.
– On aurait dit qu’elle avait eu peur d’un truc.
– Daniel ?
– Oui ?
– Tu crois qu’il y a un univers où on est morts ?
– Euh… Ben sûrement non ? C’est le principe d’un multivers.
– Imagine Cox il a fait apparaître un cadavre de lui d’un univers où il est mort.
– Ooh, ça lui mettrait tellement le cafard.
– Ouais bah ça s’ra bien fait !
– Moui, bien fait pour lui.
– Bien fait pour sa gueule ! Haha ! Voilà, j’l’ai dit, bien fait pour sa gueule !
– Ouais, bien fait pour sa gueule ! »
Ils se mirent à rire et chantonner cette phrase en boucle. Soudainement, la voix de Montazac s’éleva derrière eux :
« Antoine, Daniel ? Qu’est-ce que… »
Les cousins se retournèrent en sursautant, ne l’ayant pas entendu arriver. Ils allaient répondre, mais ils constatèrent au même moment que le vigneron était étonnamment transparent. Devant leur regard étonné et leur accoutrement médiéval, il s’agaça légèrement :
« Bon, vous allez m’expliquer ce qui se passe là ? Pourquoi mon domaine est devenu un château-fort, pourquoi vous êtes habillés n’importe comment ? »
Alors qu’il s’énervait, les ampoules au plafond se mirent à clignoter et grésiller. Tandis que l’information montait au cerveau des cousins, et qu’ils comprenaient qu’ils avaient à faire à un véritable fantôme, un air de plus en plus terrifié monta sur leur visage, et ils hurlèrent alors de peur avant de s’enfuir en courant, laissant tomber leurs épées par terre, laissant le vigneron spectral complètement pantois. Ils rejoignirent alors Roy et Lorenza, qui inspectaient la cours, blancs comme des linges. Lorenza leur demanda alors :
« Ben alors les Croute, qu’est-ce qui vous arrive ?
– Y a… » commença Antoine, essoufflé et bégayant « Y a un Montazac fantôme !
– On pensait… que tu l’avais vu » poursuivit Daniel « Vu que tu t’enfuyais aussi.
– Pardon ? » demanda la jeune femme « J’ai pas quitté Roy, et on a jamais couru ! »
Ils se regardèrent tous, comprenant immédiatement ce qui s’était passé. De leur côté, Fab et Lara inspectaient les vignes, complètement ignorants de ce qui se passait au sein du Domaine, tout en discutant de l’existence du multivers :
« Franchement Lara, tu t’y attendais toi ?
– J’sais pas, j’me suis jamais vraiment posé la question en fait.
– C’est fou tout c’qu’on comprempa quand même.
– Franchement tant que ça m’empêche pas de faire la grasse mat’…
– Et puis le multivers y a une infinité de possibilités. Genre, y a peut-être un multivers où j’suis noir. Ou alors où j’aime pas les taz… »
Il s’interrompit, puis toussota, embarrassé. Lara ne releva pas, et il continua alors :
« Peut-être qu’il y a un univers où c’est toi le psychiatre maléfique de la ville.
– Vous aussi vous avez un psychiatre maléfique ? » demanda alors le fantôme de Earl Bailey, légèrement plus difficile à voir dans la lumière du soleil.
– Ouais, Cox. J’ai l’impression qu’il a un pète au casque dans tous les univers l’enculé.
– Fab ? » demanda Lara, qui fixait le spectre avec de grands yeux.
– Ouais le sang ?
– Est-ce que… Est-ce que t’as réalisé à qui tu parles ?
– Ben à Earl ?
– Mais tu sais bien qu’il est mort y a deux ans non ?
– Eh, ça va » ronchonna le journaliste « On va arrêter de remuer le couteau dans la plaie hein.
– Ooh, bah oui tiens, con ! » réagit Fab « C’est vrai, j’avais pas fait gaffe, désolé monsieur Bailey. Vous venez d’un autre univers ?
– Ben chez moi, le Domaine c’est pas vraiment un château fort, donc je suppose oui. Mais vous dites que je suis mort ici aussi ?
– Ouais, désolé.
– Ça craint quand même » intervint Lara « On est censés faire quoi avec un fantôme ?
– J’sais pas » répondit Fab « Peut-être qu’il faut le capturer ?
– J’vous préviens » affirma Earl « Si vous sortez un aspirateur et que vous essayez de me chopper comme ça, je pète toutes les ampoules. Je plaisante pas.
– Bon, ben on va juste retourner dans le salon pour leur dire. Vous venez avec nous ?
– En même temps je vais pas rester dans les vignes hein. »
Dans la cour, les cousins, Lorenza et Roy tentaient d’établir un plan pour retrouver l’autre Lorenza. Ils discutaient depuis de longues minutes, sans savoir à quoi s’attendre :
« En fait » expliqua Daniel « Le problème c’est qu’elle était complètement la même que notre Lorenza, y avait vraiment aucune différence.
– Oui, on pouvait pas voir » renchérit Antoine « C’est pour ça qu’on a cru que c’était toi !
– Pareil comme ça ? » demanda Roy, en pointant du doigt la porte du Domaine.
Sous le porche se trouvait Lorenza, exactement pareille que celle se trouvant à côté d’eux : même uniforme du domaine, même coupe de cheveux, et même air effrayé. La Lorenza « originale » demanda alors :
« T’es qui toi ?
– Je peux te poser la même question ! » cria l’autre, dont la colère semblait monter.
– Attendez, Lorenza, Lorenza, calmez vous ! » tenta d’intervenir Roy « Ne vous battez pas !
– J’ai le droit d’avoir peur non ? » rétorqua « l’originale ».
– Je sais pas qui t’es et ce que t’as fais » menaça l’autre, qui semblait de plus en plus agitée « Mais tu prendras pas ma place. Qu’est-ce que tu es ? Qu’est-ce que tu as fais à Roy ?
– Mais rien, tu racontes quoi ?
– Les cousins, faites regarder Roy ailleurs, je sais pas ce que ce démon lui a lancé comme sort mais je vais régler ça ! »
Après avoir donné cet ordre étrange, et sans que Antoine et Daniel ne sachent quoi faire, la nouvelle Lorenza vit sa peau rougir, des cornes sombres pousser sur sa tête, et des ailes de chauve-souris se déployer dans son dos. Son visage, déjà beau, sembla devenir encore plus magnifique de façon inexplicable et presque mystique.La version humaine se mit à crier de peur, et Roy se plaça devant elle pour la protéger, les bras écartés, tandis que la démone s’élançait en avant, une profonde colère dans les yeux. Les cousins s’interposèrent alors, sentant instinctivement qu’elle ne souhaitait pas leur faire de mal, malgré la terreur qu’ils éprouvaient. La démone s’arrêta un instant, sans comprendre, laissant juste assez de temps à Daniel pour crier :
« Arrête Lorenza ! C’est pas ton univers ! »
L’agitation de la succube se calma très légèrement, permettant à Roy d’expliquer, protégeant toujours Lorenza dans son dos :
« Tu es dans un autre univers. Un sale type chez nous, le docteur Cox, j’sais pas si tu l’as dans ton univers, a ouvert le multivers, mais ça a foiré et du coup plein de gens pas de notre univers viennent dans le nôtre. Lorenza, pas toi mais celle derrière moi, c’est aussi la vraie Lorenza, juste d’un univers différent. J’sais pas si tu viens d’un univers où tout le monde est un démon ou quoi, mais ici on est tous humains, dont elle. »
La Lorenza démoniaque sembla se calmer, toujours perdue mais sans rage meurtrière dans les yeux. La version humaine se montra doucement, craintive, et fit remarquer avec un faible sourire :
« T’es super jolie en tout cas, slay. »
Les ailes de la démone se replièrent dans son dos, et elle eut un petit sourire. En même temps, la voix de Montazac s’éleva depuis le porche, révélant à nouveau le fantôme :
« C’est donc ça le fin mot de l’histoire, je ne suis pas chez moi…
– Dona ? » demanda Fab, qui arrivait avec Lara et Earl « C’est ton pote lui ? Ou vous venez d’un univers différent ? »
Il montra le fantôme du journaliste de la main. Les deux spectres se jetèrent un regard et se firent alors un signe de tête, montrant qu’ils se connaissaient. Fab sourit et affirma :
« Eh bah voilà, nickel, plus qu’à le dire à Dona le sang et à Maison. Bravo les gars, on est officiellement les meilleurs. »
Chapter 13: Anarchy in the LSPD
Summary:
TW : armes à feu, violence, insultes
Chapter Text
Le LSPD bouillonnait d'activité. De nombreux citoyens se bousculaient dans la rue et dans le commissariat, travaillant d'arrache pied pour répertorier tous les variants multiversels qu'ils avaient trouvés ou qui avaient été rapportés par d'autres refuges dans la ville. Beaucoup de ces variants, certains possédant des capacités extraordinaires, s'étaient également atelés à cette tâche, tandis que d'autres avaient simplement repris le rôle qu'ils possédaient avant d'arriver : agriculteurs, policiers, médecins, simples citoyens, etc. Quiconque serait arrivé au LSPD à ce moment n'aurait pas tout de suite compris ce qui clochait. Puis il aurait repéré une armure de chevalier ici, des cornes sur le front d'un policiers là, un centaure traversant la rue par-ci, un anneau bleuté sur la tempe d'un garde par-là. Lister et protéger les variants était devenu l’une des principales tâches du commissariat, qui prenait tout son temps. Sarah Carter et un variant de Franck Peine discutaient ainsi en transportant des caisses de documents dans les couloirs du bâtiment :
« Donc dans votre univers, il n’y a plus de Families vous dites ? » demanda Sarah.
– Non ! Ils sont tous morts. Et les Pichon sont en prison.
– Eh bah, c'est quand même très différent d’ici.
– Oui, mais chez vous les Vagos ne sont pas tout puissants, la police a encore de l'autorité. Chez moi, un Vagos qui a plus que quelques semaines de prison après un crime c'est exceptionnel.
– Et…hum, c’est un peu embarrassant de demander ça mais… Est-ce que nous nous connaissons dans votre univers ? »
Franck la regarda un instant et rougit quelques peu avant de répondre avec un sourire :
« Oui, nous sommes assez proches. Ma… Ma Sarah et moi sommes, disons, au stade des premiers rendez-vous.
– Ooh ! Eh bien bon courage alors. Ici, je suis en couple avec mon Franck, mais il est bloqué dans la Commune de la Fédérale donc on ne peut pas beaucoup se voir. Le commissaire Boid nous a mis ensemble lorsque je me suis engagé, et on a eu notre premier rendez-vous quelques jours plus tard.
– Chez moi, Sarah est journaliste au Weazel News, on a moins l’occasion de se voir. Est-ce que Lucy va bien ici ?
– Oui, elle est en voyage avec son amoureux et tout se passe bien, et chez vous ? »
Peine ne répondit pas, et sembla simplement soulagé que Lucy ait une bonne vie. Sarah comprit et préféra ne pas chercher plus loin, de peur de rendre Franck malheureux mais aussi elle-même. Alors qu’ils allaient recommencer à parler, un sifflet leur fit vriller les tympans. Un Bill Boid torse et pieds nus et portant un maillot de bain bleu foncé les pointa du doigt :
« Eh vous deux, on arrête de discuter et on bosse ! Allez hop hop ! »
Alors que Sarah allait répondre, le Bill Boid maître nageur repéra quelqu’un derrière eux et cria :
« On cours pas dans les couloirs ! »
Arrivant finalement à leur destination, ils posèrent les boîtes de documents dans l’open space, où de nombreuses personnes travaillaient, une image singulière du fait que certains duos ou trios étaient compris de la même personne dans des habits généralement peu différents. Ils ressortirent ensuite du commissariat, tombant nez-à-nez avec une créature imposante au corps de border collie, à la tête et aux ailes de macareux, et avec des cornes en bouleau. Elle les regarda un instant, semblant déstabilisée, avant de soudainement se métamorphoser en une autre version de Franck Peine, qui conserva les cornes sur son front. Ce Franck Peine cornu avala sa salive avant de dire :
« Vous êtes la Sarah et le Franck de cet univers ? Les originaux ?
– Je suis bien la Sarah de cet univers » expliqua la jeune femme « Mais ce Franck ne l’est pas, même s’il a le même uniforme que moi.
– Est-ce que vous savez si Sarah, ma Sarah, est arrivée ici aussi ?
– Est-ce qu’elle est un dragon aussi ?
– Non, elle est ma partenaire humaine dans l’armée d’Inlandsis.
– Votre partenaire ? » demanda le Franck humain « Partenaire amoureuse ?
– Euh… » le dragon vit ses joues rougir légèrement « Théoriquement non, mais dans les faits…
– Eh bien vous voyez monsieur Peine ! » renchérit Sarah « Franck et moi sommes ensemble dans deux univers, dont un où vous êtes un dragon, vous avez toutes vos chances dans le vôtre ! Sinon, monsieur le dragon, je n’ai pas eu vent que votre Sarah soit ici, mais peut-être qu’elle l’est ! Je sais qu’un autre dragon, un médecin de Whirefell…
– Whitefall.
– Whitefall, c’est ça, eh bien je sais qu’il se trouve à la LSMS, donc il y a plusieurs personnes de votre univers. L’espoir est permis !
– Je préfère éviter d’aller chercher l’alliance avec quelqu’un de Whitefall, mais merci beaucoup de votre aide. »
Il se retransforma en dragon, leur fit un signe de tête, et plaqua ses ailes contre son corps pour se faufiler dans l’entrée du commissariat. Au même moment, deux Guy Moniers sortirent. Le premier était l’original, accompagné d’un autre qui portait un uniforme gris, un veston noir avec un triangle bleu clair dessus, et un anneau bleu lumineux sur sa tempe droite. L’humain affirma alors :
« C’est quand même super pratique un androïde. D’après c’qu’il me dit, il est super efficace dans son monde. Du coup, j’sais pas si j’dois me sentir vexé d’être un robot, ou flatté d’être un bon flic.
– Je pense » répondit son variant « Que tu devrais être flatté. Être un androïde n’est pas réducteur, nous sommes créés pour accomplir notre tâche parfaitement et efficacement.
– Rolalah, la classe. Ça serait trop bien si on avait les mêmes chez nous, imaginez un peu. Je vois vraiment pas comment ça pourrait mal tourner. »
Alors que Sarah allait répondre, une sirène retentit, en même temps qu’un clairon. À la principale porte des barricades, un Bill Boid habillé d’un uniforme gris et avec « Milice » écrit en blanc dans son dos cria :
« Wargos en approche ! »
Sarah fronça les sourcils :
« Ils ont pas autre chose à faire eux ?
– Je sais pas » répondit Franck « Mais on devrait aller aider. »
Ils se dépêchèrent jusqu’à la barricade, où de nombreux autres policiers et variants se trouvaient. Une Vanessa habillée d’un long manteau de cuir aux accents rouges demanda à Sarah :
« Qui sont les Wargos ?
– C’est un gang de chez nous. Avec Cox, ils sont devenus des guerriers du désert et font des raids en ville de temps en temps.
– Et vos relations sont conflictuelles ?
– On peut dire ça. »
Le vrombissement des moteurs Wargos grandit jusqu’à ce que leurs voitures modifiées couvertes de pics métalliques s’arrêtent devant la limite. Sarah les observa et constata que dans leurs rangs se trouvaient plusieurs variants, comme un Johnny Monnay habillé à la mode far-west ainsi qu’un Matéo Sanchez possédant des ailes noires et blanches dans le dos. Une voiture décapotable ouvrit son toit et en sortit alors un Miguel avec un anneau rouge sur la tempe droite, qui s’écria d’une voix légèrement synthétique :
« Au nom des Wargos, nous vous posons un ultimatum. Vous avez cinq minutes pour libérer tous les variants Wargos dans vos rangs et les laisser venir avec nous, ou on attaque, compris ? »
Le Miguel humain sortit alors du toit et demanda :
« Pourquoi c’est toi qui demande ? Je viens d’ici, ils me connaissent ! » il se tourna vers le LSPD et répéta « Bon, voilà, libérez les Vagos et tout. Il a déjà tout dit. On se magne et tout ira bien ! »
Le Bill Boid de cet univers se montra alors, accompagné de Kuck, d’un Panis également en chemise blanche et probablement pas de cet univers, et rapidement rejoint par le Boid de la Milice. Il sortit un mégaphone et cria :
« Et si on les laisse partir, vous garantissez de ne pas attaquer, même avec vos rangs renforcés ?
– Euh… » répondit le Miguel humain « Laissez-moi voir avec le jefe.
– Oui ! » rétorqua le Miguel androïde « On promet.
– Eh, c’est pas à toi de répondre le tas de ferraille.
– Le tas de ferraille il est bien plus fort que toi. Tais-toi ou je te tue.
– J’en peux plus. Bon, jefe ? »
Ils attendirent une réponse quelques secondes, et l’humain se redressa d’un air satisfait :
« On promet pas. »
L’androïde roula les yeux au ciel, et Boid répondit alors :
« Bon ben on libère pas.
– Vous allez le regretter ! »
Les moteurs des voitures se rallumèrent et elles se mirent à faire des dérapages, tandis que la plus imposante, une voiture bélier, se positionnait juste en face de la porte. Elle se mit à foncer, et percuta le morceau de métal avec une grande force, faisant vaciller la structure. Peine regarda Sarah, puis se mit à courir vers la porte. Alors que la voiture reculait, et que plusieurs personnes accouraient à ses côtés pour l’aider à maintenir la porte en place, il sortit son taser et en assomma une, puis en envoya une deuxième dans les vapes avec sa matraque, avant de retirer le tuyau qui maintenait la porte fermée. Certains tentèrent de l’arrêter, mais la voiture bélier fonça à nouveau et percuta cette fois une porte maintenue par rien, l’ouvrant brutalement et faisant entrer les Wargos dans l’enceinte du LSPD. Sarah cria, tandis que Peine se mettait à rire en criant :
« Vagos Vagos Vagos ! »
El Racoon, déployant ses ailes, s’envola et le saisit, le déposant sur l’un des véhicules qui entraient. Les policiers, n’ayant pas anticipé cette trahison, tentèrent de se réorganiser. Vanessa sortit une sorte de tournevis à l’extrémité rouge, et le pointa dans la direction d’un humer Wargos. Elle appuya sur un bouton et l’extrémité s’illumina dans un grésillement, tandis que le moteur du véhicule explosait. Sarah s’étonna :
« Docteur Martoni, je ne savais pas que vous pouviez faire ça ?
« Je vous en prie, appelez moi juste Docteur ! » répondit la concernée, qui partit alors en courant vers le véhicule arrêté, tandis que le chaos se déchaînait autour d’eux.
Le Peine dragon sortit du commissariat et s’envola, attaquant les véhicules, et des lasers furent tirés depuis le toit du LSPD, sortant des yeux d’une Abigail King visiblement pas de cet univers. Divers chevaliers et autres variant médiévaux se groupèrent également, l’un d’entre eux sur le dos d’une Lorenza centaure à la fourrure couleur crème. La sirène du commissariat retentit alors, ajoutant au vacarme de la bataille. Les chevaliers foncèrent vers les véhicules, qui continuaient de rouler et d’où des rafales d’armes étaient tirés, et des sortilèges lancés. Rapidement, la Vanessa de cet univers arriva en volant, aidée par sa cape rouge, et se mit à tirer des sortilèges sur les véhicules, accompagnée par Bazil Lombric qui envoyait des rafales, du feu et des rochers dans leur direction. Spider-Croute se montra également, parvenant à arrêter un véhicule en marche grâce à ses toiles. D’une des voitures Wargos sortit alors un Johnny Monnay qui se mit rapidement à grandir, se transformant en sable, lorsqu’il vit Antoine voltiger. Ce dernier le repéra immédiatement, et se concentra à lutter contre lui. Un Michael en débardeur gris et bandana rouge sortit d’un bâtiment, drapeau américain noué autour des épaules et une mitrailleuse dans chaque main, avant de se mettre à rafaler en hurlant l’hymne américain. Le Boid de cet univers, lui, sortait divers gadgets de sa ceinture, envoyant cordes, fumigènes et petits explosifs vers les voitures à pics.
Depuis derrière le commissariat, une petite troupe sortit alors de la prison pour se diriger vers les voitures. Visiblement, le chaos de la devanture avait été une diversion, tandis qu’un Bill Boid habillé de jaune s’était faufilé à l’arrière pour aller libérer les autres membres du gang. Parmi eux se trouvaient un Miguel en veste de peau de bête et portant une lance, une Kim Dwight en habits victoriens qui se métamorphosa en un dragon mélange de mante religieuse et de salamandre, une sorte de furry coyote faisant penser à Lenny Johnson, un chat tout à fait normal à la fourrure couleur crème, un raton laveur se déplaçant sur ses pattes arrières, portant bottes, chapeau avec plume, et fleuret dans son fourreau, un Lenny Johnson portant un casque grec, une lance et un bouclier rond, et enfin un Donatien de Montazac habillé tout de jaune et portant une mitrailleuse dans les mains. Tous se dépêchèrent vers les véhicules et y montèrent, à l’exception du humer qui avait été détruit et d’où la Docteure faisait sortir la Kim Dwight de cet univers, toujours habillée de sa veste en cuir. En quelques secondes, les véhicules repartaient à pleine vitesse, et Miguel hurlait en passant :
« Vous avez intérêt à nous rendre ma femme sinon je reviens et je te tue, Boid ! »
Kim se mit à rire, tandis qu’elle était escortée vers les cellules. Le dragon Peine redevint humain et fit remarquer à Sarah :
« Finalement je ne lui souhaite pas de succès avec la Sarah de son univers, à ce Franck là.
– Oui, non, moi non-plus en fait. »
Ils se rassemblèrent pour refermer la porte et y placer à nouveau le tuyau en métal qui la maintenait fermée, tandis que d’autres s’entraidaient pour commencer à réparer les dégâts causés par les Wargos. Spider-Croute et Vanessa, grâce à leurs pouvoirs, étaient les plus efficaces. Boid affirma alors :
« Bon, prochaine fois, on tire à vue, hein. Et on part pas du principe que si un variant est flic, il est de notre côté. Putain, Franck Peine en Vagos, j’aurais jamais cru ça moi. »
Chapter 14: Team (Rocket) building
Summary:
TW : mention de torture, de mort, de sang, violence, racisme, misogynie, arme à feu, allusion sexuelle
Chapter Text
« Bon, est-ce que tout le monde est prêt ? » demanda Cox.
Il regardait Sale Merde manger ses graines en patientant. Juan jeta un œil dans la salle voisine et affirma :
« Oui, ça m’a l’air tout bon.
– Nickel alors, c’est le moment. »
Il prit le poussin et le posa sur son épaule, avant de rejoindre son acolyte et de passer la porte, arrivant dans sa salle du trône, qui avait été réaffectée et avait maintenant en son centre une très longue table de réunion entourée de chaises, celle de Cox étant bien évidemment son trône de métal. Autour de la table se trouvaient des dizaines de variants du docteur, beaucoup portant toujours le même costume noir à la cravate rouge, mais le reste possédant une grande variété. Certains portaient sa chemise rose de médecin, et le reste étaient tous uniques : vestes en cuirs, tenue de far-west, uniformes divers. Un seul, en chemise rose, possédait de beaux cheveux gris gominés, le reste étant chauve. Une majorité était accompagnée d’un ou plusieurs acolytes, souvent Juan ou Hayley, mais aussi parfois Lucy, l’un des cousins Croute, ou quelqu’un d’autre comme un membre des Families ou des Pichon. Par commodité, ils avaient tous devant eux une plaque spécifiant leur univers d’origine. L’original se plaça devant son trône mais ne s’assit pas, et lança, faisant taire les discussions :
« Bonjour tout le monde, bonjour à moi et au reste des Team Rocket alternatives. Je déclare cette toute première séance du conseil des Cox ouverte. »
Le reste le salua, et il s’assit, avant de continuer :
« Bon, vous savez déjà pourquoi vous êtes ici : pour détruire Los Santos, et si possible faire souffrir un maximum de gens. J’ai conscience que certains Croute pourraient ne pas être d’accord avec cet objectif, c’est pourquoi une garderie a été mise en place au deuxième étage pour qu’ils y restent le temps d’atteindre nos objectifs. La plupart d’entre vous, comme moi, vouent une haine totale et féroce à ce connard de Montazac, sachez donc qu’un des but de cette opérations est de raser le domaine.
– Dis ? » demanda un Cox différent des autres, semblable à une jeune personne portant un costume légèrement trop grand et dont le crâne chauve était en fait un bonnet de bain couleur chair « Le Montazac de cet univers, c’est toi qui vas t’en charger ?
– Oui, lui il est pour moi, vous pouvez bien choisir un autre non ? Parmi vous y en a probablement qui ont leur propre Donatien qui est arrivé ici déjà.
– Ouais mais si c’est pas l’cas ? » demanda la Hayley de ce Cox, qui de façon très étrange était exactement la même jeune personne mais portant un short en jean, un crop top noir, un bob et des faux tatouages « On va quand même pas s’rabattre sur l'reste, si ?
– Tant qu’on déglingue des humains, franchement » renchérit un Juan en tenue sale et avec un cercle rouge sur la tempe droite « Moi ça me convient. Chez nous on arrive à rien, ça me casse les couilles.
– Vous voulez vraiment tuer Montazac ? » demanda un autre Cox, lui d’un design ‘’classique’’ « Enfin, c’est notre ennemi juré et tout mais bon…
– Quoi, me dis pas que tu as des scrupules à tuer des gens ? » répliqua l’original « T’es vraiment un bébé à ce point ?
– Hein ? Non ! C’est juste que… C’est Dona quoi. Sa petite moustache, son haut de forme, son bas de pyjama qui moule son p’tit boule… »
Le Juan original se pencha et chuchota à l’oreille de Cox :
« Suffit de me dire, Docteur, et on le bâillonne lui »
Cox hocha la tête et quelques instants plus tard, ce Cox était bâillonné et ligoté à une chaise dans un coin de la pièce, à côté de tapis volants aux motifs et couleurs diverses. À en juger par l’expression inconfortable de certains variants, il ne faisait cependant aucun doute qu'il n’avait fait que dire tout haut ce que plusieurs pensaient tout bas. Cox reprit :
« Bon, comme je disais, vous avez le choix de détruire ce que vous voulez sur cette île. J’ai une armée d’autruche à ma disposition, qui m’obéit, et donc qui vous obéira aussi.
– Petite question ? » demanda un Cox en uniforme de Confédéré de reconstitution.
– Oui, dis-moi tout ?
– On a le droit d’utiliser les esclaves pour se battre aussi ? En bouclier humain par exemple. Genre j’ai vu qu’on avait plusieurs variants de ce MT, comme vous l’appelez. »
Un grand silence tomba dans la pièce, tandis que tout le monde se rendait compte que ce Cox n’était peut-être pas qu’un variant un peu plus passionné par la reconstitution historique de la guerre de sécession que les autres. Lorsqu’il eut rejoint son comparse attaché et bâillonné dans un coin de la pièce, un coquard sur les deux yeux en prime, l’original fit un petit rappel :
« Bon, je l’ai déjà dit mais visiblement certains écoutent pas : on est des méchants mais pas des monstres hein. Diversity wins, slay queen et BLM, j’espère que c’est bien clair. Je tiens à détruire cette île de façon intersectionnelle, on fait ça parce qu’on est maléfiques, pas parce qu’on est des nazis. Est-ce que c’est bon pour vous ? »
L’entièreté des variants restants hocha la tête avec une expression d’évidence dans les yeux, et une Hayley aux cheveux rasés et portant une robe d’hôpital tout en faisant flotter un stylo dans les airs par la force de son esprit fit alors remarquer :
« Ouais enfin, intersectionnel, y a pas des masses de diversité ici, vu l’nombre de vieux cismecs blancs !
– Eh ! » s’agaça Shoshana Cox, rejetant ses longs cheveux gris en arrière « Tous les Cox sont pas des mecs. Et puis je pense pas qu’on puisse dire que l’autre robot là-bas est vraiment un mec non-plus !
– Et puis quand même » s’énerva un Cox classique « J’ai deux gamins non-binaires à ma charge hein, je sais pas si tu réalises la galère que c’est de trouver de la T pour les Croute quand t’as été viré de l’hôpital.
– Bon, moussaillons ! » s’exclama un Cox en tenue de pirate, chapeau à plume sur la tête et sabre à la ceinture « Faut pas se leurrer, la diversité sur ce navire est pas folle, mais c’est pas aujourd’hui qu’on y changera quelque chose et on va pas marcher la planche juste parce que le multivers a décidé qu’on était beaucoup de mecs. » Derrière lui, une Béa en tenue de pirate hocha vigoureusement la tête et il conclut « Je propose qu’on revienne à nos moutons ! »
Tous approuvèrent. Alors qu’ils allaient reprendre, l’un d’entre eux se mit à crier contre un chat noir dont les poils du torse et du cou étaient blancs et portant un collier rouge qui s’était mis à faire ses griffes sur l’un des tapis volants. L’un des Cox, en habit victorien et accompagné d’une Hayley dans des vêtements semblables et avec des cornes en ronce sur le front, demanda alors :
« Bon, c’est bien beau tout ça, mais on a pas clarifié cette histoire de partage de la destruction. Visiblement on se dirige vers une destruction assez globale, mais où on essaye de se concentrer sur les variants de notre univers si possible, en laissant le Montazac des autres tranquille, c’est l’idée ?
– Ça y ressemble en tout cas » répondit le Cox original « Moi j’aimerais me débarrasser de mon Montazac.
– Ok mais comment on fait pour savoir que le Montazac est celui d’un Cox qui est ici ? » demanda un Cox classique mais accompagné d’une Lucy « C’est pas marqué sur leur front.
– Déjà, il y a énormément de Cox car j’ai volontairement fait en sorte d’en amener, là où les Montazac c’est plutôt du hasard. Donc si un Montazac est ici, il a probablement un Cox associé. Par contre tous les Cox n’ont pas un Montazac associé. Et puis parmi vous il y en a peut-être qui n’ont pas particulièrement de problème avec Montazac, si ?
– Je confirme » affirma un Cox avec un cercle rouge sur la tempe « De mon côté je m’en fiche, j’aime pas Montazac mais mon problème c’est surtout les humains en général. Et encore, ici vous oppressez pas les androïdes vu qu’il y en a pas. Mais juste casser des trucs c’est bien aussi.
- Ça vous dérangerait d'arrêter de faire comme si tous les Montazac sans exception étaient la pire des vermines ? » demanda un Montazac aux cheveux rasés et portant un costume « J'ai pas choisi d'être la seule version de moi avec un minimum de bon sens et de détermination.
– Et boire leur sang ? » demanda un Cox avec une cape noire doublée de rouge et deux dents pointues dépassant de ses lèvres, ignorant entièrement la remarque du Montazac maléfique. « Ça se fait ça ? Vider les gens de leur sang et tout.
– Euh… » réfléchit l’original « Je suppose ? J’ai jamais eu de scrupule à dire que j’allais blesser quelqu’un et le laisser se vider de son sang donc si tu choisis de le boire…
– Doc ? » demanda la Hayley originale « Je peux poser une question ?
– Oui ? » répondirent l’original et le vampire en même temps.
– Non, je demandais ça à… » elle plissa les yeux pour lire le nom sur sa plaque « Monsieur Coxferatu. Tes cibles, quand tu bois du sang c’est plutôt quoi ?
– Euh… Ben… Je suis un vampire, donc les jeunes femmes innocentes ?
– Ouais c’est c’que j’me disais. Bon ben papa, là c’est toi qui vois hein, pas sûr que ça soit super intersectionnel.
– Putain… » le Cox original se massa les tempes et se plaignit « C’est ça le problème d’être un maître du mal dans tous les univers, y en a forcément où je suis un maître du mal et une grosse merde, ça tombe sous le sens… » il inspira profondément et demanda « Dis, ton truc là, c’est plutôt une tradition ? Ou c’est pas possible de changer ?
– Honnêtement je préfère les jeunes femmes innocentes, c’est un peu la marque de fabrique du truc quoi, mais si jamais c’est mauvais pour la com je peux essayer de faire dans l’égalité.
– Bon ben on dit qu’on fait comme ça, tu passeras à la gestion, on te donnera une fiche de quotas. Pour le reste on t’a déjà dit les règles non ?
– Oui, oui, je suce pas le sang des Croute de la garderie, je sais.
– Et pour ce qui est de la torture ? » demanda un Cox à la peau blanche, au manteau de cuir noir se fondant presque dans sa peau, et surtout aux nombreuses épines plantées de façon régulière sur tout son visage « Est-ce qu’il y a une limite ?
– Pas que je sache non, enfin on en a pas posée.
– Ah ! Aha ! » Le Cénobite se frotta les mains « Parfait alors !
– Bon, sinon, est-ce qu’il reste des questions ? »
Il regarda autour de la table, ignora les quelques mains levées venant de cousins Croute, puis sourit d’un air satisfait.
« Eh bien nickel alors. Maintenant qu’on a fini avec les grosses questions, j’ai une bonne nouvelle. »
Il sortit de sous la table un artefact complexe fait de métal et de verre, illuminé par de nombreux sortilèges qui y avaient été infusés.
« Ceci, chers collègues du conseil des Cox, est un pulseur multiversel. C’est un artefact très complexe, très difficile à se fournir, et probablement le seul sur tout le continent américain. Pour résumer, il agit sur les variants. Avec ceci, je devrais être capable en quelques instants de supprimer une grande majorité des variants ennemis, et au contraire d’augmenter nos effectifs, rendant notre victoire écrasante et les efforts de ce vieillard de Maison inutiles. Il me suffit d’appuyer sur ce bouton pour l’activer. »
Il retroussa ses manches et se prépara à appuyer, mais s’interrompit dans son mouvement, puis proposa :
« Je pense qu’un rire maléfique collectif serait de bon goût, non ? Allez, ensemble : Pa Pe Pi Po Pu »
La foule de Cox répéta l’échauffement vocal, et l’original leva alors les mains, formant les mots « trois, quatre » sur ses lèvres, avant d’éclater d’un rire maléfique immédiatement suivit par le reste des Cox. Cependant, une détonation résonna alors dans la salle, et l’artefact éclata en mille morceaux, sa magie fusant dans les airs et disparaissant. Ils se figèrent tous et regardèrent dans la direction d’où était partie l’explosion, où se tenait un Cox portant un long manteau noir tombant à ses pieds, son arme encore fumante en main. La seconde de silence total sidéré, où chacun était immobile, fut alors brisée lorsqu’il se mit à courir à toute vitesse, sortant de l’observatoire. Tous les autres Cox se mirent alors à lui courir après, sortant les armes qu’ils possédaient. Le fuyard avait cependant un peu d’avance, et sauta sur une autruche qui traînait devant, la faisant partir au galop. L’original cria :
« Coxferatu ! Tu peux pas te transformer en chauve-souris pour le rattraper ?
– Il faut jour là, je peux pas sortir espèce de débile !
– Prenez vos tapis volants alors ! »
La dizaine de Cox qui étaient venus avec les déroulèrent alors, mais tous se mirent à fumer du capot , et un Cox robotique s’exclama alors :
« Il a mis du sucre dans les carburateurs, il a tout saboté ! Il faut leur faire une vidange !
– Oh mais bordel ! » cria l’original, enragé « Pourquoi il fallait que je sois aussi intelligent ?! »
Chapter 15: Et deux, et trois, et quatrième mur !
Summary:
TW : mention de mort, de feu, de pensées suicidaires, de nourriture
Chapter Text
Sur la rive de la mer intérieure de Alamo, une petite troupe avançait à pied. À l’avant, Rayou White, dans son kimono, menait ses deux proches associés Kiddy et Traoul. Derrière eux les accompagnaient quatre personnes : un Liam Dunne en long manteau en laine sous lequel se trouvait une veste et un pantalon de travail ainsi que des bottes épaisses, portant une pioche sur l’épaule, une Joséphine de Beaucollier en tenue à la mode des années 20, un Bazil Lombrik semblant fait de bois, et un jeune homme d’une vingtaine d’années aux cheveux rouges et portant un pull gris décoré de divers pins. Ils avaient quitté l’oasis de White depuis près de deux heures, restant sur la rive afin de pouvoir plonger dans l’eau en cas d’approche des Wargos ou d’autruches, mais devaient désormais se préparer à s’enfocer dans les terres en direction de leur destination, la Commune de la Fédérale. Le soleil commençait à se coucher, ce qui leur permettrait d’être plus discrets. Finalement, ils arrivèrent en vue de la petite ville de Sandy Shores, déjà presque abandonnée avant la Coxpocalypse. White les mena à une maison fermée, et il chuchota quelques mots à la serrure, qui éclata et leur permit de rentrer. Ils fermèrent la porte derrière eux, et White expliqua :
« Bon, on va se reposer ici une petite heure. Quand il fera nuit, on ira vers la Commune, on devrait y être en une cinquantaine de minutes si on est efficaces. »
Ils approuvèrent tous et s’assirent afin de se reposer. Après quelques minutes de silence, Joséphine demanda :
« Quand vous nous avez dit que ces gens que vous nous emmenez voir sont des communistes…
– Oui ?
– C’était la réalité ?
– Bah oui, pourquoi j’inventerais ?
– J’avoue ne pas être très à l’aise avec cette idée.
– Vous préférez qu’on vous laisse toute seule à l’oasis à attendre les Wargos ?
– Oh, non, bien sûr, que Dieu nous garde ! Mais enfin tout de même, échapper aux autruches et guerrier du désert pour finalement aller chez les rouges…
– Un problème avec les rouges mon pote ? » demanda le Liam, qui se redressa sur sa chaise, une main sur le pommeau de sa pioche « Tu crois que c’est grâce à qui que t’as du charbon et que ta maison est chauffée l’hiver ? Indice, c’est pas grâce aux patrons, meuf. Alors un peu d’respect pour les travailleurs.
– Je n’ai aucun doute du fait que votre métier est très dur, mais enfin tout de même, ne tombons pas dans les extrêmes !
– On peut te livrer à Cox si tu préfères ne pas voir des gens qui se laissent pas faire. Dans mon univers, Cox il a fait cramer les vignes du patron au moins trois fois, et j’pense pas qu’il soit beaucoup plus tendre dans celui-ci. »
Joséphine se tut et préféra regarder ailleurs, visiblement effrayée. Dider Traoul affirma alors :
« Eh, Liam, autant j’admire tes convictions, autant je crois que tu me fais encore plus peur que le Liam de cet univers. Et pourtant il m’a suriné plusieurs fois !
– C’est marrant j’l’lai fait aussi chez moi, mec.
– Haha, quelle coïncidence » rigola le médecin, peu sûr de s’il s’agissait d’une plaisanterie, et encore moins certain de vouloir découvrir s’il s’agissait de la vérité.
– Et toi » fit Liam à Kiddy « Avec toi on s’est déjà bastonné aussi mon pote.
– Est-ce qu’il y a quelqu’un dans cette pièce que tu n’as pas pris en grippe en fait ? » demanda Traoul « Ou on a juste droit à l’offre spéciale de deux doses de gentillesse pour le prix d’une ?
– Y a le gamin. Et White je suis neutre. Et le type en bois… ben c’est un type en bois. Ouais, vivement qu’on arrive à la Commune, mon pote.
– Je suis pas en bois ! » protesta Bazil, dont le nez se mit alors à s’allonger.
Ils continuèrent de discuter entre eux durant l’heure suivante, se taisant lorsqu’un bruit à l’extérieur pouvait laisser penser à une autruche ou au son d’un moteur. Finalement, la nuit tomba, et ils sortirent prudemment, recommençant à progresser dans le noir et le désert. Ils se couchaient au sol lorsqu’au loin se faisait entendre un vrombissement ou les cris distinctifs des volatiles de l’apocalypse. Mais enfin, après environ une heure, ils arrivèrent en vue de ce qui avait été la prison fédérale. Se dressant au milieu du désert, des projecteurs illuminant les alentours, se trouvait leur objectif. Ils approchèrent, mais alors qu’ils étaient à une trentaine de mètres de la porte, la voix de Marcello s’éleva de son enceinte :
« Eh, qui est là ? Levez les mains ! »
White avança les mains en l’air, et s’annonça :
« C’est White, celui de cet univers. J’vous ramène quelques variants, l’oasis est plus vraiment défendable dans ces circonstances et avec autant de monde à gérer, même en étant aigri je voulais encore me jeter d’un pont.
– Aah, Rayou ! Tu m’as fait peur, j’ai vu un chauve dans le noir, j’me suis dit que c’était Cox. On a créé des jumelles spéciales pour détecter les chauves au cas où. Ben viens alors, on a encore beaucoup de place. »
La porte principale s’ouvrit, et ils entrèrent alors dans la Commune, Liam avec un air particulièrement enthousiaste sur le visage, et Joséphine au contraire bien plus réticente. Ils furent alors accueillis dans une salle de présentation, où le Liam de cet univers arriva, accompagné de Marcello. Il serra la main de Traoul et Kiddy avant de se tourner vers White, s'amusant en lui serrant aussi la main :
« Salut mon pote ! Eh, t'y as mis le kimono !
- Salut Liam, toujours roux ? »
Liam fit semblant de ne pas avoir entendu la dernière remarque et se tourna vers les autres avant de déclarer :
« Bon, salut tout le monde, j’vous fais une petite explication des règles à suivre et on fera les présentations, puis on pourra rejoindre les autres, ok les mecs ? Alors, déjà : bienvenu à la Commune, ici y a pas d’État, pas d’argent, pas de classes, pas de métiers et surtout pas d’Cox. Y a concrètement une seule règle : notre Michael est persuadé qu’on est capitalistes. Cependant, ces derniers temps on tente un truc : on fait semblant qu’on rp le communisme. Lui le sait pas, il pense faire du rp pour la blague aussi, du coup il est à fond et ça le fait rire. La règle : lui dites rien. Voilà. Sinon moi c’est Liam, lui c’est Luigi, on est les originaux d’ici. Et vous ?
– Moi c’est Liam aussi » fit son variant, qui se leva et alla leur serrer la main « Sauf que chez moi c’est 1890, que tout le monde bosse à la mine Montazac-Torez, et que ça se casse la gueule.
– Enchanté, camarade » sourit Marcello en lui serrant la main à son tour « Je crois qu’on a quelqu’un de chez toi déjà dans nos variants, elle s’appelle Hayley et elle nous a donné la même histoire.
– Ouais je vois qui c’est mon pote, elle est travailleuse aussi mais c’est une anar.
– Vous avez une Hayley ? » demanda Traoul « C’est pas une complice de Cox ?
– Ouais mec, normalement » répondit le Liam original « Mais visiblement elle est pas d’accord avec tout le côté domination et oppression des Cox d’ici, et elle était bien contente de tomber sur une Commune, du coup elle est avec nous.
– Moi c’est Bazil » se présenta le pantin « Et je suis un vrai humain. »
Ils se serrèrent la main en faisant attention à ne pas prêter attention à son nez qui s’allongeait. Joséphine se leva et leur fit un petit signe de tête sans oser s’approcher. Marcello vint alors se planter en face d’elle, puis lui fit une petite courbette, lui prit la main et l’embrassa doucement :
« Ne vous inquiétez pas madame, les communistes en vrai ça fait bien moins peur qu’on vous le dit. »
Elle se mit légèrement à rougir tandis qu’il lâchait sa main, et les deux Liam se regardèrent un instant :
« Putain » lâcha l’original « Il me l’a jamais faite celle-là.
– J’avoue que j’suis un peu jaloux, mon pote.
– Ah, toi aussi ?
– Eh, jaloux d’une bourgeoise en plus, la honte.
– Arrêtez d’être des rageux ! » leur lança Marcello, qui les avait entendus « Vous avez juste pas la même classe que les Italiens.
– Hum, euh, donc ! » tenta de se reprendre le Liam original « Et le p’tit gars là, c’est qui ?
– Euh, c’est Antoine je crois ? » demanda White en regardant en regardant en direction du jeune homme aux cheveux rouges.
Ce dernier fit non de la tête avant de répondre, timidement :
« On est plusieurs, mais Antoine est pas là pour le moment. Mais ça se trouve il va venir plus tard ! »
Liam et Marcello lui firent un signe de tête, et ils se dirigèrent alors tous vers la place centrale de la Commune. Le potager avait été agrandit, et à côté se trouvait désormais un élevage d’autruches. De nombreuses personnes passaient, s’affairant à faire fonctionner les lieux, et une grande partie étaient des variants. Une Hayley au manteau de laine noir fit un petit signe de la main au variant de Liam, en passant à côté avec un sac rempli de plumes d’autruches. Dans le potager travaillait un jeune homme algérien barbu, qui en levant les yeux vers White s’exclama :
« Omg White mon bro ! Comment ça va mec ?
– On s’est déjà vus ? » demanda le docteur « Vous êtes un patient de l’hôpital ?
– Non mec, j’m’appelle Rayou, et chez moi White c’est un personnage que j’ai joué dans du RP sur GTA sur Twitch ! Oh la dinguerie wesh ! »
White se tourna vers Liam et fit remarquer avec un ton particulièrement fatigué :
« Ça va pas un peu trop loin ces histoires de variants là ? »
Au même moment, une jeune femme aux cheveux bruns courts et en débardeur bleu passa à quelques mètres de là et repéra le jeune homme aux cheveux rouges, s’arrêtant quelques instants et semblant se demander d’où elle le connaissait. Il demanda à Liam :
« Et elle c’est qui ?
– C’est Nat’, visiblement une pote des Croute mais j’ai l’impression qu’il y a qu’une seule version d’elle.
– Euh… C’est une OC d’une fanfiction que j’ai écrit. Sur l’évènement GTA RP où Rayou a joué White. »
Ils se regardèrent tous avec de grands yeux, prenant conscience d’à quel point le multivers était étendu. Le jeune homme se précipita vers Nat’, et ils se mirent alors à parler. Traoul allait faire une remarque sur les nombreux niveaux de quatrième mur qui venaient d’être brisés, mais l’oublia lorsqu’un œuf d’un mètre de haut, avec de petites jambes et portant le t-shirt de Daniel Croute passa à côté d’eux en poussant une brouette remplie de légumes. Tentant de faire sens de la situation, Joséphine demanda :
« Excusez-moi, qu’est-ce que c’est GTA ?
– Et c’est quoi une fanfiction ? » renchérit Bazil.
– Moi la question que je me pose maintenant » affirma Traoul « C’est surtout de savoir par qui je suis joué dans leur univers, au gamin et à Rayou.
– Un mec super sympa ! » affirma le streamer « Il a battu le record dans N’oubliez pas les paroles
– J’espère au moins qu’il l’a fait en chantant des chansons de Carlos ?
– Aah ça, j’sais pas dire, mais en tout cas il avait une strat super opti, c’était mécaniquement irréprochable.
– Rayou ? » demanda White « S’il te plait, dis-moi au moins que dans ton univers tu m’as fait sauter d’un pont. Qu’au moins une version de moi ait réussi.
– Ouais euh… J’ai sauté mais j’ai pas réussi.
– Putain on peut vraiment compter sur personne.
– Bon, maintenant il faudrait que je vous amène vers vos logements ! » affirma Liam. « On y va ? »
Ils hochèrent la tête, Joséphine semblant à la fois plus perdue qu’avant mais aussi plus à l’aise. Ils furent rejoints par le jeune homme aux cheveux rouges, qui parlait bien plus vite et en bougeant beaucoup les mains :
« Coucou, on s’est pas encore vu, moi c’est Antoine !
– Paradoxalement » affirma le Liam mineur « Je crois que c’est toi qu’on connaît le mieux mec. »
Ils se rendirent alors dans l’un des bâtiments, où Marcello les guida vers une dizaine de cellules côte à côte, et leur affirma :
« Bon, c’est pas beau pour le moment, mais on va vous amener des matelas en plumes d’autruches, c’est très doux, et aussi des rideaux à suspendre devant pour avoir de l’intimité. Normalement l’eau fonctionne.
– À partir de là » continua le Liam original « Vous faites c’que vous voulez les mecs. Vous venez aider quand vous voulez, vous glandez quand vous voulez, pour la nourriture y a une cantine collective, suffira de demander le chemin aux autres, et pour les douches malheureusement c’est collectif, mais on est en train d’installer des cloisons.
– Déjà » affirma White « On va surtout aller dormir, parce qu’il est tard et qu’on a besoin de se reposer. Putain cet endroit m’énerve vraiment trop, tout le monde s’y plaît, j’arrive pas à être aigri. Comment tu veux faire de l’aïgrido sans être aigri ? »
Liam et Marcello rirent et leur expliquèrent rapidement qu’ils seraient encore debout quelques heures si ils avaient des questions, et les laissèrent s’installer. Chacun choisit une cellule où poser ses quelques affaires, Kiddy et Traoul prenant la même, et quelques minutes plus tard leur furent apportés les rideaux et matelas prévus. Le variant de Liam, lui, ne parvint pas à rester assis, et finit par se relever pour aller explorer le reste de la Commune, trop excité par la situation. White, lui, était allongé en fixant le plafond. Il avait envie d’être énervé, mais il ne parvenait pas à se retirer cette pointe de satisfaction à l’idée d’avoir amené ces sept personnes en sécurité. Il ne s’était pas senti aussi utile depuis longtemps, depuis bien avant même l’époque où il était docteur.
Chapter 16: Into the Docteur-verse
Summary:
TW : arme à feu, alcool, sang, mention de mort, mort
Chapter Text
En ce début de journée, l’Académie de Magie était en pleine ébullition comme chaque autre jour depuis l’ouverture du multivers près de deux semaines plus tôt. Il avait fallu répondre à l’afflux massif de variants, dont beaucoup demandaient des adaptations personnelles, et une classification avait été progressivement créée. Étant différente de celle du LSPD, la communication de la base de donnée commune était parfois complexe, mais une sorte de traducteur avait été vite mis en place pour convertir le nom d’un univers de la classification à LSPD à la classification LSMS. Le gazon à la sortie des urgences, déjà cultivé, demandait désormais une aide magique quotidienne pour accélérer la pousse, et multiplier les rendements. Le docteur Maison s’y trouvait ainsi, occupé à faire tripler une carotte de taille, tandis que Vanessa utilisait son pendentif en forme d’œil, illuminé de vert, pour faire pousser jusqu’à maturité des graines venant à peine d’être semées. Alors que Maison soulevait la carotte de 15 kilos pour la poser dans une brouette, son variant dragon vint l’avertir :
« Cher ami, tout est prêt, nous pouvons commencer.
– Merci infiniment cher ami, je repose mes gants de jardinage et je vous suis. »
Il rendit son matériel, saisit son sceptre magique, et entra dans les entrailles de l’ancien hôpital, traversant le hall des urgences où de nombreux variants s’entretenaient avec des volontaires afin de les répertorier et de classifier leurs univers. Ils entrèrent dans l’ascenseur, qui se mit alors à descendre encore plus, là où il n’y avait normalement rien. Après de longues secondes de plongée dans les tréfonds de la LSMS, les portes s’ouvrirent sur un laboratoire souterrain bien éclairé, où des dizaines de docteur Maison en blouse blanche et chemise bleue s’affairaient autour de microscopes, grimoires et artefacts magiques, transportant des fioles et des piles de documents. L’un d’entre eux repéra l’arrivée de l’original et du dragon et se rendit vers eux, leur serrant la main :
« Cher ami, bonjour.
– Cher ami.
– Bien le bonjour cher ami.
– Comment allez vous cher ami ?
– Très bien cher ami, et vous ?
– Fatigué, pour tout vous dire, cher ami.
– Que Dieu nous garde, cher ami, vous m’en voyez navré. »
Après de longues minutes passées à serrer la main d’autres variants, et l’échange d’un nombre improbable de « cher ami », l’original fut guidé vers une porte blindée, qui s’ouvrit suite à un scan rétinien, scan de moustache, et le code 30 01 07 03 19 68. Ils arrivèrent alors dans une pièce bien plus sombre, éclairée de néons bleu tamisés, avec au centre une imposante machine à laquelle étaient reliés des câbles et des fils électriques, et entourée de symboles ésotériques ainsi que d’un cercle de sel. À côté d’elle se trouvaient deux professeurs Müller, l’un parlant avec un accent toulousain, l’autre avec un accent allemand. Le Toulousain repéra l’arrivée de Maison en premier :
« Ah, docteur, on n’attendait plus que vous ! La machine est prête, ce qu’on nous apprend à Toulouse Matabiau m’a bien servi.
– Guten Tag, docteur Maison ! » renchérit son variant allemand « Che suis très heureux de fou foir ici ! Ché souis très excité pour notre premier essai dé cett-euh große machine, Ja !
– Bonjour chers amis ! Avez vous besoin d’un peu de préparation, ou est-ce qu’on peut commencer dès maintenant ?
– Ach, ché pense qu’on peut commencer tout dé souite, herr Maison !
– Tout à fait » affirma l’autre Müller « Et si ça marche pas, tant pis, on a l’habitude des erreurs chez moi, on s’adapte ! »
Maison hocha la tête et commença à se diriger vers la machine, quand un autre Maison entra en courant dans la pièce, essoufflé :
« Chers amis ! On vient de m’informer que le docteur Cox a commencé son opération en avance ! Nous n’avons plus le temps de patienter ! »
L’original ouvrit de grands yeux et traversa le cercle de sel avant de tourner une poignée sur la machine, ouvrant une lourde porte donnant sur une petite cabine mal éclairée, et entra immédiatement. Les Müllers la fermèrent immédiatement, et Maison affirma :
« Envoyez moi à LS-dRPZ-C ! Durant le renvoi de Cox ! J’ai le sentiment qu’il va commencer à ce moment-là.
– Entendu, docteur Maison ! » répondit son variant Dragon « Il devrait y avoir une petite boule de cristal dans une pochette à côté de vous, mettez la dans votre poche, elle vous sera utile. »
Maison s’y affaira, tandis qu’à l’extérieur, une voix robotique très ressemblante à la sienne énonçait :
« Chargement du générateur. Début du mélange de la potion. Ajout de l’extrait de gouda. Ajout de plume noire. Ajout du jus de pêche. Ajout de sable de Lesbos. Synthèse des ingrédients. Injection. Activation. »
La machine commença à gronder, trembler, des étincelles sortirent de ses circuits, tandis qu’une lumière magique verte se mit à s’en dégager. La cabine mal éclairée devint éblouissante, et le docteur Maison se sentit alors tomber dans un vide blanc, traversant une sorte de toile d’araignée verte. Des dizaines de voix résonnaient dans ses oreilles, assourdissantes. Et soudainement, aussi soudainement que cet état avait commencé, il cessa. Maison ouvrit ses yeux qu’il n’avait pas remarqué qu’il avait fermé, et constata qu’il était allongé dans la pelouse, dissimulé derrière des palmiers. Secouant la tête pour se remettre, il tenta de comprendre où il se trouvait. Le flou qui l’entourait devint plus net, et il reconnut alors le LSMS, bien avant l’apocalypse. Des éclats de voix attirèrent son attention, et il se redressa pour regarder dans leur direction. Il vit alors Cox, dans sa chemise rose de psychiatre, être emmené dans une voiture de police par l’agent Panis tout en hurlant des insultes. C’était exactement la scène dont Maison se rappelait. La machine avait fonctionné. Il avait été envoyé dans l’univers voulu, au moment voulu. Dans sa poche, la boule de cristal se mit à vibrer. Il la sortit, et constata qu’elle affichait « Los-Santos – durant Réalité Principale Zygote – Convergent ». C’était bien le bon univers. Et s’il avait raison, Cox n’était probablement pas loin, tentant de mieux comprendre le multivers pour le maîtriser. Alors qu’il se faisait cette réflexion, la voix de Cox retentit à son oreille, comme lointaine et pourtant si proche :
« Ah, Maison ! On dirait que ta machine fonctionne mieux que mon rituel !
– Montrez vous, docteur ! Que nous nous confrontions d’homme à homme.
– Malheureusement le rituel ne me permet pas d’avoir une présence corporelle pour le moment. Je vous laisse cet univers, il y en a tant d’autres à explorer, et surtout dans lesquels trouver des alliés. Bon vent, vieillard !
– Attendez ! »
Une petite brise souffla sur les feuilles de palmiers, et sa voix disparut. La boule de cristal se mit à vibrer, recevant un message depuis LS-aRPZ-1A : « Nous avons détecté Cox dans un autre univers, on vous y envoie. Vous devez l’arrêter ! ». Maison saisit son sceptre, rajusta sa longue robe blanche, cette fois préparé. Le vent se mit alors à souffler autour de lui, et des étincelles vertes sortirent des plantes, avant qu’il ne tombe à nouveau dans un vide blanc. Après le même passage onirique qu’auparavant, il tomba sur un sol dur et mouillé. Ouvrant les yeux, il vit alors une ville futuriste, illuminée dans la nuit par des néons bleus, tandis qu’une forte pluie tombait autour de lui. Sortant de sa confusion, il ramassa sa boule de cristal tombée à côté de lui, qui indiquait LS – Div800 – C. Il remarqua alors qu’il était entouré par une foule inquiète, dont une dizaine de personnes possédaient un cercle bleu sur la tempe. Une personne s’avança afin de l’aider à se relever, et il lui sourit aimablement en le remerciant. Après avoir indiqué au reste de la foule qu’il allait bien, les badauds se dispersèrent doucement. Cependant, les androïdes, eux, restèrent en place, fixant Maison. Il avala sa salive, et demanda :
« Est-ce que je peux vous aider, chers amis ? »
Leur cercle bleu passa alors au vert, et ils se mirent tous à parler d’une même voix, celle de Cox :
« On dirait que cette fois j’étais là avant, le vieux. Pas trop déçu ?
– Cox ! Laissez l’esprit de ces pauvres individus !
– Pourquoi donc, docteur ? Je vous fait peur ? »
Les androïdes avancèrent tous d’un pas vers Maison, qui referma sa prise sur son sceptre, les dents serrées, avant d’affirmer :
« Faudra-t-il donc que je vous bannisse de tous les univers, cher ami ? Ou est-ce que vous allez vous montrer raisonnable et quitter les lieux ?
– Je compte bien rester. Retournez dans votre misérable hôpital assiégé. Vous ne faites que retarder l’inévitable. »
Maison inspira profondément, transit de froid par la pluie. Alors que les androïdes se mettaient à lever les bras pour saisir le docteur, l’extrémité de son sceptre s’illumina, et il la posa contre la tempe de l’un d’entre eux. Leur diode à tous passa instantanément au blanc, et Maison cria :
« Fuyez, pauvre fou, et ne revenez jamais ! »
Les androïdes se mirent à crier à leur tour, et leur diode redevint bleue. Ils eurent un air confus durant un instant, mais le furent encore plus lorsque le vieil homme disparut dans un nuage d’étincelles. Cette fois, il parvint à rester debout, rouvrant les yeux pour faire face à un saloon dans une petite ville du far-west, en plein jour, un soleil lourd lui tapant sur la peau. Sa boule de cristal indiqua « MP – Div6466 – A ». Ne perdant pas de temps, il regarda autour de lui, avant d’entrer dans le saloon. Il passa les portes de l’établissement, qui devint silencieux un instant, tous les yeux étant tournés vers cet étrange vagabond grabataire, mais la musique reprit. S’approchant du bar, Maison interpella l’homme qui essuyait des verres. Ce dernier, un Bernard Pichon habillé à la mode de 1840, se tourna vers lui :
« Qu’est-ce que j’peux t’y dont vous servir présentement ?
– Un petit verre de formol, cher ami. »
Le barman s’exécuta et lui versa sa boisson depuis un bocal où était conservé un serpent décoloré, et le docteur demanda :
« Dites-moi, avez-vous vu quoi que ce soit d’étranges ces dernières minutes ?
– À part vous et vot’dégaine de sorcière j’ai pas vu grand monde faire des manigances dans c’te boutique aujourd’hui.
– Très bien, merci tout de même cher ami.
– Enfin j’dis ça, mais ça dépend, est-ce c’gars là qui vient d’rentrer vous l’comptez ? »
Maison se tourna immédiatement vers la porte du bar, où se tenait une silhouette au visage dissimulé par un large sombrero et le corps par un long poncho. Reconnaissant sa carrure, Maison serra les dents. Il fit apparaître discrètement un dollar dans sa poche et la donna au barman, avant de déclarer :
« Je vais devoir sortir de votre délicieux établissement, cher ami.
– Faites dont faites dont, j’veux pas d’manigances chez moi, quel enfer… »
Maison se dirigea vers la sortie, où Cox l’attendait. Ce dernier, voyant que son adversaire approchait, retourna dehors. Lorsque Maison sortit, une fois ses yeux habitués au soleil, il vit que Cox n’avait pas de réelle enveloppe charnelle. S’il portait bien un poncho et un sombrero, le reste de son corps était en réalité composé d’une fumée noire en perpétuel mouvement. Sa voix sortit de son être entier plutôt que de sa bouche :
« Pas trop effrayé de mes progrès, Maison ?
– Pas vraiment non, tout ce que je vois devant moi est un petit bâtard d’avorton chauve, rien de neuf. »
Avec le déclic d’une arme dont il pointa le canon vers Maison de sa main faite de fumée, Cox déclara :
« Je me suis dit que vu les circonstances c’était adapté, tu crois pas ? Toi, moi, la grande rue, lorsque la cloche sonnera deux heures de l’après-midi. Que le meilleur gagne. »
Maison jeta un coup d’œil vers l’église, où l’horloge indiquait une heure cinquante-sept. Il hocha la tête, et les deux marchèrent vers l’allée principale, éloignés d’une dizaine de mètres l’un de l’autre. Maison laissa tomber son sceptre par terre, sa longue robe tâchée agitée par le vent chaud et sec du désert. Même sans yeux, il sentit le regard de Cox porté sur lui, alors qu’ils se faisaient face, parés. Cinquante-huit. Le son d’un harmonica lancinant se mit à retentir, et ils virent alors un variant de Inigo Montoya en jouer, sur une chaise à bascule, les observant d’un regard intense. Une tumbleweed passa entre eux, tandis que le vent soulevait la poussière. Un silence total régnait, en dehors du vague son du piano désaccordé provenant, étouffé, du saloon. Cinquante-neuf. L’harmonica continua, alors que les deux hommes se faisaient face, la chaleur pesant une tonne sur leurs épaules, le soleil semblant vouloir leur faire prendre feu. La peau de Maison était moite et crasseuse, et il tremblotait légèrement de la moustache. La cloche sonna,et Cox leva son arme mais n’eut pas le temps de tirer. Une balle traversa sa tête, puis une autre son torse, faisant voler son sombrero. Il tomba en arrière, mais ne fit aucun bruit en touchant le sol, la fumée noire se dispersant. Maison souffla sur le canon de son colt doré et se vanta :
« J’ai suivi l’enseignement de Clinst Avood, le meilleur tireur de l’ouest. Il n’a jamais eu une seule chance. »
Quelques instants plus tard, il avait lui-aussi disparu. Lorsqu’il réapparut, ce fut au milieu d’un champ de bataille vieux de quelques jours seulement. Sa boule de cristal indiqua WI – Div937 – B. Des milliers d’hommes en armure gisaient dans la boue sous un brouillard montagneux impénétrable, dévorés par les corbeaux, maculés de sang, poussant parfois des gémissements se perdant dans la brume. Le vieil homme eut cependant à peine le temps de s’imprégner de l’atmosphère, et dut plonger au sol, lorsqu’une flèche manqua de se planter dans son torse. Il se redressa, son bâton en main, et envoya une boule de feu dans cette direction. L’éclat de rire de Cox retentit sur le charnier, et son visage se dessina alors dans la brume, immense :
« Regarde toi, Maison. Tu es pathétique, alors que je devins plus puissant pour chaque univers dans lequel je voyage. Tu ne peux plus m’arrêter, tu as perdu !
– Je ne vais pas abandonner, cher ami.
– Je m’en doute, c’est pourquoi je vais devoir te tuer. Tu es insignifiant, tu ne peux déjà plus me battre. Fais ta prière, il ne te reste plus que ça. »
Son visage disparu, et les armures des chevaliers tombés au combat se mirent alors à se détacher de leurs corps et à s’envoler, fonçant toutes dans la même direction, s’accumulant à un même point et formant progressivement la silhouette d’un dragon de métal de près de dix mètres de haut. Maison leva la tête, saisit son bâton à deux main, et cria alors :
« Par la grâce des dieux, je te bannis ! »
Une lumière prismatique s’éleva de son sceptre, dirigée vers le dragon. Ce dernier fut un instant immobilisé, mais se remit à bouger, le rire métallique de Cox s’élevant de sa bouche bardée d’épées grossièrement alignées mais toujours mortelles. Maison envoya alors des boules de feu, et diverses incantations lumineuses, mais aucune ne parvint à terrasser la bête. Cox plongea en avant, la bouche grande ouverte, mais Maison se téléporta à quelques mètres de là dans un nuage de fumée bleue, puis lança une fiole rouge sur les armures, qui se mirent à fondre pour certaines. Le dragon hurla et se retourna vers le magicien, qui déclara :
« Vous n’avez aucun pouvoir ici ! Je suis plus puissant que vous ne le serez jamais, minable psychiatre raté. Par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous bannis du multivers, et érige un mur entre votre univers et tous les autres ! Vouuus ne passerez…pluuuuuuus ! »
Il frappa le bas de son bâton contre la boue, provoquant un flash de lumière verte éblouissant. Cox se mit à crier de rage, mais les armures commencèrent à se délier et tomber au sol, le dragon à perdre sa forme, jusqu’à ce que les lieux ne soient à nouveau silencieux. Maison sourit doucement, mais, épuisé par ce sortilège, s’effondra. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était allongé sur un lit dans l’hôpital, à côté de la machine à voyage multiversel. Le docteur Müller toulousain remarqua qu’il était réveillé et s’approcha de lui :
« Félicitations, docteur ! On ne détecte plus une seule trace du Cox de cet univers dans les autres, quoi que vous ayez fait, ça a fonctionné ! On vous a ramené en vitesse lorsque votre boule de cristal nous a indiqué votre état. Tout va bien, vous vous sentez comment ? »
Maison soupira de soulagement et se redressa légèrement, puis eut un petit sourire :
« Dans ta gueule, p’tit salopiaud. »
Chapter 17: Le cercle des vignerons disparus
Summary:
TW : mention de mort et de violence, allusion sexuelle
Chapter Text
En ce beau début de soirée au Domaine, De Montazac se massait les tempes, assis sur son trône, la mâchoire serrée, tandis que les cousins Croute le regardaient patiemment. Finalement, il redressa la tête et affirma d’un ton se voulant sûr de lui :
« Bon, ma décision est prise, j’appelle l’assemblée. Antoine, déclenche le signal et rejoins-nous derrière le garage.
– Oui m’sieur ! »
Antoine partit en courant de son côté, tandis que Montazac se levait, accompagné de Daniel. Ils sortirent de la salle du trône, traversant le domaine désormais rempli de variants occupés à cultiver les terres, forger des armures et épées en cuivre, s’occuper des sangliers, et se rendirent derrière le garage, face à la paroi rocheuse. Dans le ciel, pointé sur les nuages, apparut alors tel un bat-signal une grappe de raisin, visible de toute l’île. Daniel s’émerveilla :
« Wouaaah, c’est trop cool ! »
Antoine le rejoignit en courant et cria alors qu’il était toujours en chemin :
« T’as vu Daniel, c’est trop stylééééé, t’as vu ?
– J’ai vu Antoine, c’est trop bien !
– Bah oui bah oui ! »
Alors qu’il arrivait, il butta sur le trottoir et se rétama dans l’herbe, mais se releva immédiatement avec un grand sourire. Montazac les laissa s’émerveiller quelques secondes de plus, puis affirma avec un petit sourire malin :
« Et encore, vous n’avez pas encore vu tous les secrets de la famille Montazac ! »
Il se retourna vers la paroi et appuya sur une excroissance, qui s’enfonça alors dans la roche. Après un déclic, une porte s’ouvrit dans un frottement rocailleux, donnant sur un escalier éclairé par des torches qui s’enfonçait en méandres dans le cœur de la terre. Donatien se tourna vers les cousins, puis, après avoir constaté le succès de son petit effet, déclara d’un air satisfait :
« Prenez vos épées, allez le chercher, et amenez-le dans le conduit jusqu’à la porte. Là, toquez, je vous dirais quand rentrer. »
Les jeunes garçons hochèrent la tête d’un air très investi, et se mirent à courir vers l’hacienda, tandis que le vigneron entrait dans les entrailles de la roche. La porte se referma derrière lui dans un grondement, dont l’écho résonna de longues secondes dans les profondeurs de l’escalier. Montazac descendit durant de longues minutes, visiblement sûr de lui, avant d’arriver à une porte en bois massif, qu’il ouvrit, arrivant dans une grande pièce circulaire, au centre de laquelle se trouvait une imposante table ronde en chêne verni, dont le centre était un brasier qui illuminait la pièce de lueurs mouvantes. Autour de cette table se trouvaient des dizaines de chaises, chacune ayant derrière elle une autre porte avec un symbole particulier. Montazac s’installa sur la sienne, et après quelques minutes, les autres portes commencèrent à s’ouvrir, et des dizaines de variants de Donatien entrèrent, prenant également place. Certains étaient accompagnés de cousins Croute, de Fab, de sœurs Blake, ou encore d’autres personnes. La grande majorité étaient habillés de façon semblable, avec un long manteau rouge, un haut de forme pourpre, et toujours une impressionnante moustache. Certains avaient cependant des variations dans leur extravagance ou leur époque, et l'un d'entre eux était même un poney à la fourrure rouge et un haut de forme sur sa crinière impeccable. Lorsqu’il fut clair qu’aucun nouveau n’allait arriver, l’original prit la parole :
« Je déclare cette séance de l’Assemblée du Domaine ouverte. Je suis enchanté de voir ce lieu rempli, je ne pensais pas voir cela un jour. Bravo à tous pour votre succès dans vos univers. Est-ce que votre intégration ici se passe bien ?
– J’avouerais que c’est compliqué parfois » affirma un Joshua Cox en habits rouges et haut de forme, accompagné d’un Juan en uniforme du Domaine « Pas simple d’être un Cox dans ces circonstances.
– C’est aussi compliqué pour moi » affirma un Guy Monier à la tenue habituelle de Montazac mais de couleur verte « Voir que y a pas un seul univers à part le mien où j’ai réussi à hériter des terres familiales…
– Ooh, mais c’est incroyable cette histoire ! » s’agaça un Donatien classique « On en a déjà parlé, nous sommes cousins, ce sont autant nos terres que les vôtres finalement.
– Je vois surtout que vous vous êtes débrouillés pour piquer des terres de pépé Jacquot !
– Ces terres sont dans ma famille depuis des siècles ! » s’exclama un Donatien portant une cape doublée de fourrure d’hermine et des épaulettes d’armure en acier « Elles ont subsisté malgré les guerres et attaques de dragons ! Je n’ai rien volé.
– C’est obligé ces histoires de vol ? » demanda le Cox vigneron « J’ai acheté un domaine mis aux enchères, personne n’a rien demandé. J’ai pas hérité de mes parents moi, je me suis fait tout seul ! »
Suite à cette déclaration, une clameur générale s’éleva autour de la table, les vignerons s’indignant tous de cette déclaration sous-entendant un manque de mérite de leur part.
« On peut mettre un terme à ces histoires ? » demanda un Montazac fantôme « Je dois vous avouer que je suis encore amer par rapport à ces histoires de Domaine.
– Oh, de quoi tu es mort toi ? » l’interpella un autre Montazac fantôme depuis l’autre côté de la table.
– Cox, et toi ?
– Cox aussi !
– Y a comme un pattern qui me met mal à l’aise » ronchonna Cox.
– Bon, est-il possible de se canaliser un peu ? » demanda l’original « Je n’ai pas convoqué cette séance sans raison tout de même ! »
Les discussions se calmèrent et le silence se fit quasiment, permettant à Montazac de parler clairement :
« Si j’ai convoqué cette assemblée, c’est parce que j’ai besoin de résoudre un dilemme qui m’anime. Je me suis dit que pour résoudre cette énigme, je pouvais faire appel à ceux à qui je faisais le plus confiance, c’est-à-dire moi-même, finalement. »
Tous hochèrent la tête, cette idée semblant entièrement logique à leurs yeux. Au même moment, on toqua à la porte derrière l’original, et le vigneron cria alors d’entrer. Elle s’ouvrit sur les Croute en armure de cuivre qui faisaient avancer un Cox aux mains attachées et au long manteau noir en le menaçant de leur épée. Sa bouche était bâillonnée avec un tissu, que Montazac lui retira, le faisant rester debout à côté de lui, face au reste des vignerons. Il déclara alors :
« Ce monsieur est arrivé chez moi il y a quelques jours, après avoir fui durant plusieurs jours. Il affirme avoir déserté le conseil des Cox, et même avoir détruit un puissant artefact magique que possédait le docteur. Cependant, je ne sais pas ce que je dois faire de lui, et surtout si je dois le croire.
– Mais évidemment que vous devez me croire ! » s’énerva Cox « Je comprends votre méfiance, mais je n’ai pas survécu dans la nature pendant des jours entiers juste pour venir je ne sais comment détruire le domaine de l’intérieur.
– Petite précision en plus, il affirme être policier !
– Mais je suis policier, je ne le prétend pas ! Je suis officier, partenaire avec Chloé Sterling, j’enquête sur un attentat au LSPD.
– Mouais, on connaît la propension du docteur Cox à mentir ! » affirma un Donatien robotique.
Une rumeur d’approbation circula dans la pièce, et le policier s’indigna en pointant son alter-égo du doigt :
« Mais enfin, pourquoi je serais suspect et pas lui ?
– Mais enfin ! » rétorqua Guy Monier « Parce qu’il est vigneron ! On se fait confiance, dans le métier. Y a un code d’honneur ! »
Tous hochèrent la tête, augmentant encore la frustration de Cox. Ce dernier serra les dents, puis souffla pour se calmer légèrement, avant de reprendre d’une voix plus douce :
« Comme il y a un Cox vigneron, et que j’ai vu un Montazac psychiatre maléfique, vous ne vous dites pas qu’il est possible de changer ? Que selon les univers, une personne puisse être différente ?
– Une personne peut être différente » répondit un Montazac en blouse blanche « Je suis médecin, les autres sont vignerons. Mais malgré des différences de métiers, nous restons finalement le même, un individu exemplaire, cultivé, faisant tout ce qui est en son pouvoir pour arriver au sommet, et évidemment, l’individu le plus honnête de cette ville !
– Exactement ! » renchérit l’original « Je ne suis qu’un humble vigneron faisant de son mieux pour faire montre de mes innombrables qualités pour le bien de cette île !
– Et la même chose est vraie pour vous, Cox » affirma une boule de golf rouge portant des moustaches et un haut de forme, dont la voix résonnait mystérieusement malgré une absence de bouche « Peut-être êtes-vous véritablement policier, je suis même enclin à le croire. Mais dans le fond, vous restez Cox. Vous manipulez, vous tuez, vous faites tout pour arriver à vos fins. Docteur ou pas, rien ne prouve que vous êtes de notre côté finalement.
– J’ai vu une réunion des Cox. J’ai vu vos conversations. » affirma Cox, particulièrement agacé par cette assemblée de mégalomaniaques en perpétuelle masturbation mutuelle « Mais il y a une constante : vous êtes la principale menace de la plupart des univers, y compris quand je suis maléfique. Mes alter-égos posent des bombes et kidnappent, tandis que vous faites de la ville entière un enfer permanent. C’est même probablement le cas pour beaucoup d’entre vous.
– Même chez vous ? » demanda l’original.
– Même chez moi. Vous traitez les cousins de façon proprement affreuse.
– C’est à n’y rien comprendre…
– Et vous savez quoi ? Même en imaginant que je sois un manipulateur violent, un tueur maléfique… Je suis de votre côté. Et j’ai des informations sur les Cox qui peuvent vous aider. Maintenant, c’est à vous de faire un choix, de me faire confiance. Dans votre intérêt. »
Le silence tomba sur l’assemblée. Maléfique ou pas, il était certain que Cox avait d’excellentes capacités pour convaincre les autres peu importe l’univers. Montazac se tourna vers les Croute :
« Bon, faites-le sortir, le temps que nous délibérions. »
Les cousins firent un salut militaire et sortirent avec le policier, fermant la porte derrière eux. Tandis que Antoine le pointait de son épée, Daniel prit le tissu, et s’apprêta à le bâillonner à nouveau, mais Cox protesta :
« C’est vraiment obligatoire ?
– Quoi ? » demanda Daniel.
– L’écoute pas Daniel, il veut nous embrouiller ! » l’interrompit Antoine.
– Vous m’avez entendu non ? » leur demanda Cox « Vous croyez vraiment que je suis du côté des Cox et pas du vôtre ?
– Ben… » admit Daniel « C’est-à-dire qu’on a pas vraiment réfléchi à ça…
– Bah oui bah oui ! » renchérit Antoine « Et Cox il nous a causé bien assez de problèmes comme ça, on prend pas d’risque !
– Vous savez que dans mon univers » affirma le policier « Montazac vous traite comme des esclaves et que même moi j’ai été plus gentil avec vous que lui ?
– Oui oui, on connaît. C’était pareil ici, vous étiez gentil, m’sieur Don Tello il était méchant, et finalement vous l’avez obligé à nous tabasser !
– Bon, j’ai compris que vous aviez du mal avec moi à cause de votre histoire, et je vous en veux pas. Vous avec une Chloé ici ?
– Chloé Sterling ? » demanda Daniel. « Oui, elle est gentille, mais on l’a pas vue depuis longtemps, elle vient en vacances ici de temps en temps.
– Alors vous m’avez entendu dire que c’est ma partenaire au LSPD non ? Elle me fait confiance. Est-ce que vous vous fiez à l’avis de Chloé ? Si c’est le cas, alors vous pouvez me faire confiance aussi. »
Les cousins se regardèrent, sensibles à cet argument mais toujours incertains. Ils avaient envie de le croire, et dans le fond étaient déjà plus ou moins convaincus, mais le visage le Cox les avait tant marqués de façon négative qu’ils ne parvenaient pas à se résigner. Le policier les regarda, gardant un visage neutre. Intérieurement cependant, il se sentait douter également. Toutes les personnes qu’il avait croisé avaient eut un mouvement de recul face à lui. Il avait vu la haine de cette réunion des Cox, il avait vu la méfiance de la réunion des vignerons… Le multivers entier lui criait qu’il était une mauvaise personne. Et pourtant, il se refusait à céder à la tentation. Cela serait pourtant si simple. Mais quelque chose l’en empêchait. Peut-être était-ce son obstination ou son esprit de contradiction, mais le fait que l’entièreté des univers existants lui disait qu’il devait faire le mal le concertait dans son idée qu’il voulait faire le bien, ne serait-ce que pour faire un doigt d’honneur au destin. Être une bonne personne juste pour faire chier son monde, est-ce que ce n’était pas un motif comme un autre finalement ? C’était toujours moins hypocrite que de le faire pour avoir accès à un paradis mythique ou pour être bien vu en société. Il ferait le bien car cela lui plairait, à lui, et pour aucune autre raison.
« Vous pouvez revenir ! » cria la voix étouffée de Montazac depuis derrière la porte. Les cousins l’ouvrirent et escortèrent Cox dans la pièce, où le regard des dizaines de vignerons était fixé sur lui. Il les jugea en retour d’un air impassible. Le Montazac original se tourna ver lui et déclara alors :
« Nous avons débattu longuement, et nous sommes arrivés à une décision collégiale. En vertu des pouvoirs de l’assemblée des vignerons, nous vous avons jugés comme étant sincère et de notre côté. Vous êtes désormais un homme libre. Antoine, détache-le s’il te plaît. »
Le jeune garçon lui jeta un regard craintif et défit les nœuds maintenant les mains du policier dans son dos. Les cordes tombèrent sur le sol, dans un silence de plomb, tandis que chacun attendait de voir sa réaction. Il se massa les poignets, et déclara simplement :
« Ravi de voir que vous avez davantage de bon sens que le Donatien de chez moi. »
Quelques secondes plus tard, une cloche sonna, et Montazac affirma d’un air joyeux et satisfait :
« Ah, il est vingt heures ! Vu notre bon travail aujourd’hui, je propose que nous nous applaudissions ! Et Cox, bravo à vous aussi pour votre résistance face aux autres Cox, je vous applaudirais tous les soirs à vingt heures. »
L’assemblée se mit à frapper dans ses mains, et Cox resta impassible devant les applaudissements, même si son sens du dramatique lui donnait une forte envie de faire une petite révérence théâtrale. Si c’était tout ce qui lui restait de supervilain dramatique en lui, il pouvait bien vivre avec.
Chapter 18: So call Him maybe
Chapter Text
« Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, amen »
La messe quotidienne se termina, et les très nombreux fidèles de l’église de Los Santos se levèrent de leurs bancs après avoir répété le « amen » du pasteur Morgan. Immédiatement, ils se dirigèrent en direction de l’autel, où une substance granuleuse et fine était apparue sur toute sa surface, et ils commencèrent à la racler et la manger. Johnny en prit une double dose dans une assiette et l’amena vers sa « chambre », où Joséphine l’attendait déjà :
« Joséphine, la manne est apparue !
– Dieu merci, j’avais la sensation de ne pas avoir assez prié, je me faisais un tel soucis ! »
Il lui tendit l’assiette et elle mangea sa part de la substance miraculeuse, et il fit de même. Ils partageaient maintenant cette petite partie de l’église, Joséphine ayant dû céder sa place pour les nombreux variants qui étaient venus prendre refuge dans ces lieux. Par ces arrivées imprévues, il était devenu impossible de nourrir tout le monde uniquement par les réserves de rations. Des messes quotidiennes étaient ainsi tenues, permettant l’apparition d’une manne abondante autour de l’autel tous les jours sauf le samedi. Le dimanche, des cailles rôties apparaissaient aussi, et chacun pouvait ainsi manger à sa faim. Plus qu’une église, le refuge était désormais plus proche du monastère. Des dizaines de variants de Morgan, Devon, Tim et Joséphine en robe marron à capuche priaient en permanence. L’original, lui, semblait en permanence illuminé d’une auréole derrière sa tête, et portait une robe noire. Johnny fit remarquer, la bouche encore partiellement pleine :
« C’est pas que j’veux faire le rabas-joie auprès du padre dans l’ciel, mais j’avoue qu’manger du couscous fade chaque jour ça commence à m’lasser.
– Johnny, vous pouvez bien faire un effort tout de même ! Cela fait à peine trois semaines, Moïse a dû le faire pendant quarante ans !
– Ouais bah je suis pas patient comme lui, j’ai d’la tension dans l’coude moi. Et puis Dieu nous envoie des cailles le dimanche, Il peut bien envoyer un repas un peu varié le reste du temps non ?
– Vous faites le difficile ! Et puis nous avons aussi des rations et des restes d’autruche rôtie.
– Tout de même… J’ai vu l’une de vos compères transformer des autruches en vache pour avoir du lait, même elle fait plus d’efforts que L’autre !
– Vous savez quoi, si vraiment vous n’êtes pas content, trouvez votre propre dieu ! »
Elle continua à manger, légèrement agacée, et Johnny préféra se taire. Cependant, ce qu’elle avait dit le faisait réfléchir. Ils terminèrent leur assiette de manne et Johnny la ramena pour la laver, toujours en pleine réflexion. Puis, revenant auprès de Joséphine qui s’était mise à lire Monastélérama, le journal du refuge, il affirma prudemment :
« Dites, j’veux pas avoir l’air impertinent mais… Votre truc de trouver d’autres dieux, là…
– Eh bien, qu’en est-il ?
– Ben j’me disais, c’est pas con du tout en fait.
– Vous voulez tenter votre chance avec d’autres dieux ?
– Ben ouais, pourquoi pas ? Mais j’sais pas, ça s’fait dans une église ça ? C’est pas impoli ?
– Vous faites bien comme vous le sentez, je ne vais pas vous en empêcher !
– Justement, j’aurais besoin de conseils… J’suis pas vraiment du genre prière et tout moi.
– Vous voulez que je vous explique comment prier… d’autres dieux ?
– … S’il vous plaît ? »
Joséphine se mit à réfléchir, puis soupira et posa son journal avant de faire un signe de croix les yeux levés vers le ciel et de dire en chuchotant :
« Promis je prierais deux fois plus. »
Elle se leva, puis indiqua d’un geste le sol, avant de dire :
« Mettez vous à genoux.
– Dites moi, ça va drôlement vite entre nous ! »
Avec un petit sourire, elle le regarda s’agenouiller. Puis, elle alluma quelques bougies, et affirma :
« En principe vous pouvez joindre vos mains. C’est aussi plus efficace en fermant les yeux. Et chez les Romains, ils donnaient de la nourriture des fois, si vous n’avez aucune réponse vous pouvez bien tenter de faire brûler un peu d’autruche séchée sur une bougie. »
Johnny joignit ses mains devant son torse et ferma les yeux. Il resta immobile quelques instants, avant de demander :
« Et là ? »
Joséphine, amusée, guida doucement ses mains pour les remonter légèrement, puis lui inclina délicatement la tête vers le bas, avant de dire à voix basse :
« Concentrez vous, faites le vide, et pensez très fort à ce que vous cherchez à trouver. »
Johnny tenta de faire le vide, supprimant la musique libre de droit qui résonnait en permanence dans son esprit, puis pensa de toutes ses forces au fait qu’il aimerait trouver quelqu’un qui l’aide à varier un peu son régime. Il resta dans cette position durant de longues minutes, jusqu’à ce que les échos d’une voix féminine ne lui chatouillent le tympan de très loin. Se concentrant dessus, il parvint à la rendre plus claire, avant de finalement parfaitement l’entendre :
« Oui, ici Cristal, standard des dieux, que puis-je faire pour vous ? Répondez s’il vous plaît, vous êtes pas le seul en ligne.
– Bonjour ! C’est pour parler aux dieux.
– Bon, m’sieur, va falloir être un peu plus spécifique là.
– Je sais pas moi, je cherche juste quelqu’un qui peut m’aider pour manger !
– Vous avez aucune demande d’un dieu spécifique ?
– Mais je sais pas qui sont les dieux moi, quelle histoire !
– Ah ok, un nouveau. J’vous transfère au département des novices, ne raccrochez pas. »
Un solo de saxophone jazzy semblant être joué dans une cathédrale fut alors joué dans son esprit durant une trentaine de secondes, avant qu’un son de déclic ne donne sur la voix d’une vieille femme :
« Gisèle de Guérande, standard des dieux, département des novices, que puis-je faire pour vous ?
– Bonjour madame, on m’a transféré ici parce que je connais pas les dieux.
– Oui, j’me doute, c’est le principe du département. C’est quoi votre demande ?
– J’aimerais manger mieux.
– Faites un régime alors, on dérange pas les dieux pour ça !
– Non ! J’suis à l’église là, et on mange de la manne tous les jours, c’est lassant !
– Ah mais fallait le dire alors ! Vous êtes à l’église vous dites ? Problématique ça, risque d’y avoir conflit d’intérêt avec El…
– El ?
– Oui, Élohim, désolé, ce n’était pas très professionnel de ma part. Bon, ne raccrochez pas, je vais voir ce que je peux faire. Aldo ! Aldo j’ai une question ! »
Le solo de saxophone se remit à résonner dans l’esprit de Johnny, qui commençait légèrement à s’agacer. Il maugréa quelques insultes, avant que la vieille femme ne reprenne l’appel :
« Bon, je vous transfère au service des fois multiples, ne raccrochez pas
– Mais j’ai pas d’fois multiple ! »
Ses plaintes ne servirent à rien, et le morceau de jazz reprit instantanément, l’irritant au plus haut point :
« Oh mais ils sont possédés ici ! »
Après une longue minute, quelqu’un décrocha à nouveau :
« Bertrand, service des fois multiples, de quoi vous avez besoin ?
– J’aimerais savoir à quel dieu m’adresser pour manger autre chose que de la manne mais je réside dans l’église.
– J’ai pas les compétences pour ça, j’vous passe ma collègue. »
Le solo reprit, et Johnny dut se retenir de crier une insulte à voix haute, mais heureusement on décrocha à nouveau. Aucune voix ne s’éleva cependant, seul un profond silence et le nom de « Alice Douce » dansaient dans son esprit. Il se remit à parler :
« Oui bonjour, ça fait une heure qu’j’essaye d’faire comprendre à vos collègues que j’aimerais manger aut’chose que d’la manne mais j’suis à l’église donc c’est pas simple, mais y a personne qui sait quoi faire, on fait que d’me transférer, c’est la cour des miracles ici ou quoi ? »
Sans que personne ne parle, il sentit un message arriver dans ses pensées. Si vous voulez que la manne ait meilleur goût, priez 1. Si vous voulez manger complètement autre chose, priez 2. Si vous voulez être mis en relation avec un dieu pour personnaliser votre demande, priez 3. Pour toute autre option, priez 4. Johnny réfléchit un instant, et pria 3. Le saxophone reprit, plus agaçant que jamais, et dura de longues minutes. Finalement, un déclic retentit, mais ne laissa à nouveau place qu’au silence. Johnny hésita :
« Bonjour dieu, enfin j’sais pas comment vous vous appelez. Euh, j’aimerais pouvoir manger autre chose que d’la manne, mais j’suis à l’église, c’est possible ? »
Seul le silence lui répondit.
« Si par exemple je prie pour vous à chaque fois que je veux manger, ça vous irait ? »
Toujours aucune réponse.
« Disons qu’à chaque fois que j’ai faim, j’allume des bougies, que j’prie pour vous, et qu’en échange vous m’faites apparaître quelque chose à manger qui ne soit pas d’la manne, on aurait un deal ? »
Cette fois, comme provenant des profondeurs de la terre, résonnant de longues secondes dans des harmonies impossibles, envahissant l’entièreté de son esprit sans le laisser penser à autre chose, explosa ce qui ressemblait à un unique aboiement. Puis le silence se fit à nouveau, sans solo de saxophone. Johnny attendit un instant, puis ouvrit un œil d’un air prudent. Il ouvrit le second, et constata alors qu’au milieu des bougies allumées devant lui se trouvait un croissant et un gobelet de chocolat chaud. Il eut un petit rire satisfait :
« Ooookéééé ! Merci, qui qu’vous soyez ! »
Joséphine releva les yeux de son journal et vit le croissant, avant de sourire :
« Ah, vous avez réussi, bravo ! Vous étiez parti un bon moment !
– Ils sont pas efficaces hein, les bougres !
– C’est pour ça que je préfère Dieu, le service final est pas forcément satisfaisant, mais au moins Il répond lui-même et Il est rapide. L’avantage du monothéisme.
– Il a pas de standard ?
– Pour les questions spécifiques des fois, mais la majorité des prières vont vite. Mais maintenant que vous savez ce que vous voulez, ça ira sûrement plus vite la prochaine fois !
– J’espère bien, une heure pour un croissant c’est moyen. Mais bon, déjà ça fait plaisir. Et merci au barbu d’pas m’avoir foudroyé hein, désolé l’père ! »
Il fit un petit signe de croix et leva son chocolat chaud au ciel :
« Sans rancune hein ! »
Chapter 19: Full Martino Jacket
Summary:
TW : insultes, violence verbale, violence physique, mention de mort
Chapter Text
Un clairon retentit sous le soleil levant, son écho persistant longuement. Dans le grand hangar de l’aéroport, qui avait été barricadé depuis sa reconquête quelques jours auparavant, des tentes militaires avaient été installées, et une cinquantaine de personnes en sortirent alors, s’habillant en vitesse avant d’aller se placer en ligne, faisant un salut militaire devant un drapeau américain hissé sur un mât de fortune. Un Titouan Martino en treillis militaire et cache-œil faisait les cent pas devant eux, attendant que tous soient arrivés. Lorsque ce fut le cas, il s’interrompit brusquement et fit face à ses troupes, avant de déclamer en hurlant presque :
« Bien le bonjour citoyens ! Nous entamons cette toute première journée d’entraînement des Variants du Régiment Offensif de l’Unité Multiverselle, acronyme VROUM, et j’ai de grands espoirs pour nous ! Si vous êtes là, parmi tous vos variants, c’est que vous avez été choisis parmi les meilleurs des meilleurs par le Grand Conseil des Notables afin de constituer une équipe d’élite dans le cadre du combat contre Cox et son armée maléfique ! »
Il se remit à faire les cent pas, continuant son discours d’une voix forte devant ses recrues faisant toujours le salut militaire :
« Ne vous attendez cependant pas à ce que je fasse une exception et un traitement de petit bourgeois parce qu’on vous considère comme la cerise sur le mulet des troupes du multivers ! Ne vous attendez pas non-plus à ce que je vous donne un traitement de faveur parce qu’on vient du même univers, j’espère que c’est bien compris pour vous, cadet Rixzy ! »
Le béret vert en question au milieu des autres soldats hocha la tête, et Martino continua :
« Si vous survivez à cet entraînement, vous deviendrez une arme, un prêtre de la mort implorant la guerre ! En attendant vous n’êtes rien, du Dobberman, du Jokérion, un cadavre d’autruche en décomposition ! Ça a pas l’air facile, mais vous inquiétez pas, c’est parce que c’est pas facile. Vous allez pas m’aimer, mais c’est comme ça que vous allez progresser, non d’un mulet ! Je suis un sacré numéro, mais je suis réglo, j’en ai rien à foutre de l’univers duquel vous venez, de ce qu’ont fait vos variants, de votre relation avec un autre Titouan Martino, pour moi ici et maintenant vous êtes des petites merdes, est-ce que c’est clair !? »
L’ensemble des variants hurla « Sergent oui sergent ! », et Martino s’écria alors :
« Dans ce cas qu’est-ce que vous foutez à patienter ici comme des idiots, faites-moi cinquante tours de hangar allez allez allez, on se bouge ! »
La Rose Dwight à côté du mât, qui tenait le clairon, se mit alors à en jouer à un rythme effréné, tandis que les recrues en treillis se mettaient à courir. Un Marcello Capone s’approcha alors du Angelo Grimaldi de cet univers, et demanda tout en ménageant son souffle :
« C’est un type de chez vous ce Martino ? Chez moi c’est un infirmier !
– Non, c’est aussi un infirmier, je crois que le Martino d’ici est à l’académie de magie et qu’il s’est choppé des pouvoirs.
– Et vous, vous avez déjà tenté ça les pouvoirs ?
– On a pas vraiment accès à des grimoires magiques au LSPD, j’ai préféré entrer dans les campagnes de recrutement histoire d’un peu observer de l’intérieur ce qui se passe. Mais vu qu’on m’a désigné pour l’entraînement des VROUM j’ai dû laisser Marius gérer ses petits trafics tout seul au refuge. Et vous ?
– Sans Families dans le coin, et sans Liam, je me suis dit que je pouvais renfiler l’uniforme. Si ça peut me faire rentrer plus vite chez moi…
– On a tous cette envie hein, merci bien à Cox. »
Ils cessèrent de discuter, afin d’économiser leur souffle, et continuèrent de courir les dizaines de tours de hangar que leur avait imposé le sergent. Ce dernier continuait de hurler des ordres pour les faire aller toujours plus rapidement, brandissant la menace de leur faire faire des pompes. Lorsqu’ils eurent tous finit, ils se mirent à nouveau en rang au garde à vous, au son du clairon de Rose. Martino, les mains dans le dos devant un tableau blanc sur lequel un vidéo-projecteur faisait pour l’instant seulement apparaître du blanc, se mit à monologuer :
« Lorsque vous êtes seuls dans la nuit, sans aucun de vos petits camarades pour assurer votre cul, et que l’ennemi est tout prêt, il peut suffire d’une demi-seconde pour faire la différence entre la vie et la mort ! Cette demi-seconde est tout ce qui vous sépare d’aller dire bonjour à Saint Pierre, alors vous avez intérêt à avoir des réflexes hors du commun, est-ce que c’est clair ? »
Les soldats crièrent « oui sergent ! », et ce dernier se tourna alors vers le tableau en criant :
« Ami ou ennemi ?! »
Le vidéo-projecteur fit apparaître la silhouette d’un homme chauve, et les trois quarts des recrues crièrent alors : « Ennemi ! ». Martino, dépité, lâcha alors :
« Ah oui d’accord… »
Sur le tableau, la silhouette s’illumina, révélant le visage du pasteur Morgan. Le sergent se mit alors à crier :
« Bande d’incapables ! Vous allez me mitrailler tous les chauves qui passent en espérant faucher un Cox sur un malentendu ? Vous êtes cons à ce point ou encore plus ? Si je me mettais à trouer la première calvasse venue, on m’aurait confisqué mon fer 9 depuis un bail ! Ami ou ennemi ?! »
Une nouvelle silhouette chauve apparut sur le tableau, et les soldats répondirent cette fois majoritairement « Ami ! ». Lorsque le visage de Cox apparut, Martino hurla :
« Ma parole mais vous êtes cons comme du terreau universel mes pauvres amis ? Vous voulez pas l’inviter pour prendre le café non-plus, avant de baisser votre pantalon ? Ses bottes ont quel goût, dites-moi ? Il est du type caoutchouc ou c’est plutôt un amateur de cuir, histoire de vous fouetter le derche ? Ami ou ennemi ??? »
Une nouvelle silhouette apparut, et d’une voix incertaine une majorité affirma « Ennemi ». Lorsque la silhouette se révéla être trois ratons laveurs dans un imperméable, il explosa de fureur, son mulet grinçant :
« Vous êtes des rats débiles si vous prenez des rats des champs pour votre pire ennemi ! C’est ça les meilleurs des meilleurs, la crème de la crème, les sauveurs du multivers ? Non d’un mulet pincez moi, c’est un cauchemar, je vais me réveiller ! Allez, cinquante pompes ! »
Dans un grognement, ils s’exécutèrent, et il ne leur laissa pas une seconde de répit une fois relevés pour faire apparaître une nouvelle silhouette. Ils dirent alors d’une voix essouflée « Ami » et le visage de Inigo Montoya apparut. Loin d’être satisfait, Martino repartit dans une séance de cris :
« C’est bon, vous avez saisi ? Vous pensez que ça suffira sur le champ de bataille ? Je suis sûr que Cox vous laissera aussi trente secondes pour décider de si vous devez réagir, c’est un gars sympa après tout ! On est dans la demi-seconde là ? »
Devant l’absence de réponse, il s’approcha des troupes et éructa :
« Vous êtes pas sur mon tempo, on est dans la demi-seconde là ?! »
Ses troupes répondirent « non », et il fit apparaître une nouvelle silhouette, recommençant des dizaines de fois jusqu’à avoir un résultat vaguement satisfaisant, et faisant profiter ses troupes d’une nouvelle séance de cris entre chaque, y compris après de bonnes réponses. Lorsqu’il eut fini cet exercice, sans leur laisser une seconde pour souffler, il cria :
« Allez, parcours du combattant ! »
Il pointa du doigt une longue structure vers l’arrière du hangar, vers laquelle les soldats se rendirent en courant. Devant l’agencement de poutres, petits bassins boueux et cordes, le son du clairon toujours en arrière-plan, ils se sentirent légèrement rassurés par l’apparente normalité de cette épreuve par rapport à la précédente. Cependant, Martino appuya alors sur le bouton d’une télécommande, et l’ensemble se mit à s’agiter, des projecteurs éblouissants à tournoyer, des jets d’eaux puissants à tirer au hasard, et de la phonk se mit à jouer, probablement pour la motivation. Constatant la réticence des troupes, Martino leur hurla de se lancer. Rose demanda alors, baissant son clairon :
« Je peux…
– Qui t’a dit d’arrêter de jouer toi ? Allez, on avance, bande de mauviettes !
– Mais je vais quand même pas faire le parcours en jouant, si ?
– Et pourquoi pas ? Allez les connards ! »
La cinquantaine de recrues s’élança dans la structure, se prenant des poutres dans la figure, de l’eau dans les oreilles, tombant assommés dès les premiers mètres.Voyant leur difficulté, Martino cria :
« Allez, j’vais être gentil, ceux qui réussissent auront double ration ce midi ! »
L’ardeur des soldats redoubla, mais toujours plus se heurtaient alors aux nombreux pièges du parcours. La Rose, forcée de jouer son clairon tout en courant entre les obstacles, s’en sortait étonnamment bien, malgré les nombreuses fausses notes. Marcello et Angelo s’encouragèrent mutuellement, sautant par dessus les bassins, se renvoyant les cordes lorsqu’ils les utilisaient, s’entraidant pour monter les palissades. À côté de Capone, un Thomas Giorno fut soudainement assommé par un violent jet d’eau, et il eut juste le temps de se baisser pour éviter le suivant, avant de ramper dans la boue sous un filet, à la suite de Grimaldi. Ce dernier lui tendit la main pour l’aider à se relever, et ils se mirent à courir dans cet enfer assourdissant. Angelo vit enfin la fin du parcours, à une vingtaine de mètres de là. Il avait l’impression d’avoir parcouru des kilomètres dans un no man’s land, et se retourna pour encourager Marcello, à bout de souffle. Ce dernier n’était cependant pas à ses côtés. Il était sur le dos, la cheville empêtrée dans un piège, tandis qu’une sorte d’automate d’autruche s’approchait de lui. Autour d’eux, les soldats restants continuaient de tomber comme des mouches. Hésitant un instant à finir le parcours, il retourna finalement sur ses pas pour aider Capone, mais l’autruche sauta sur le gangster. Angelo tendit la main devant lui en criant, impuissant, mais le robot reçut soudainement un violent coup à la tête qui le fit s’effondrer. Rose, son clairon en main, quelque peu cabossé par la puissance du coup, aida Marcello à se relever, et ils continuèrent de courir. Ils rejoignirent Grimaldi, qui aida Capone en lui donnant un appui sur son épaule, et ils avancèrent à nouveau dans la boue. Évitant les poutres mouvantes, de nouveaux automates, se balançant à l’aide de cordes, esquivant les jets d’eaux, et sautant au-dessus d’un Johnny Monnay assommé à quelques mètres de la fin, ils sortirent alors triomphalement du parcours du combattant, levant les bras au ciel, la peau couverte de saleté et le treillis trempé. Ils se retournèrent vers la structure pour voir qui sortait après eux, mais ils virent alors Martino éteindre le tout et les regarder avec une pointe de fierté mais sans un sourire, et dire :
« Vous êtes les seuls à être sortis de là. La seule chose qui vous l’a permit, c’est que vous vous êtes entraidés. Quand vos minables de camarades se réveilleront, j’attend de vous que vous le leur fassiez entrer dans le crâne. Si on y arrive, y a peut-être une chance pour cette île. Est-ce que j’ai été clair ? »
Ils répondirent « Sergent oui sergent » d’une voix essoufflée, et il hocha la tête d’un air approbateur.
Chapter 20: The Thing (and the worse thing)
Summary:
TW : violence physique, violence psychologique, maladie, sang
Chapter Text
Le soleil s’était couché depuis plus d’une heure, et la LSMS était plongée dans la pénombre, éclairée par quelques lumières électriques grésillantes, torches, lanternes et bougies. Une pluie torrentielle s’abattait sur les vitres du bâtiment, et des éclairs éblouissants éclairaient les locaux à intervalle régulier, immédiatement suivis d’un fort grondement de tonnerre. Tous les réfugiés et variants étaient rassemblés au rez-de-chaussé, se tenant compagnie durant l’orage. Dans le bureau du directeur, au milieu des bougies et grimoires, étaient rassemblés Maison, Vanessa, Titouan, Bazil et Holloway. Ils s’entretenaient depuis maintenant plusieurs heures sur de nombreux thèmes, le plus important étant celui de la riposte contre Cox.
« Les variants avec des pouvoirs n’ont jamais demandé à être là » affirma Vanesssa « Je ne suis pas sûre qu’il soit très correct de considérer par défaut qu’ils souhaitent se battre et risquer leur vie, quand bien même ils veulent rentrer chez eux.
– Oh quand même » rétorqua Titouan « s’ils veulent rentrer chez eux, la moindre des choses c’est de v’nir avec nous taper du Cox non ?
– Droit et devoirs » affirma calmement Maison « Où finit l’un, où commence l’autre ? C’est une question qui se pose depuis que les sociétés existent, et il y a peu de chances qu’on y réponde aujourd’hui. Mais forcer des gens à se battre pour nous, c’est un bon moyen pour qu’ils passent à l’ennemi, cher ami.
– Ah mais j’dis pas qu’il faut les forcer ! » répliqua Titouan « Juste que ça s’rait pas mal d’un peu insister.
– Tu dis ça » rétorqua Bazil « Mais dès que j’insiste pour humidifier la langue de Vanessa vous vous braquez.
– Je crois pas que ça soit de ça que parlait Titouan » répondit Holloway.
Soudainement, toutes les bougies s’éteignirent en une fois. Bazil fit apparaître une boule de feu dans sa main, Vanessa une boule lumineuse, Maison illumina son bâton, et Titouan son fer 9, tandis que Holloway sortait simplement une lampe frontale de sa poche. Maison, les sourcils froncés, affirma :
« On dirait qu’il y a une coupure de courant magique. Est-ce que quelqu’un voudrait m’accompagner pendant que je vais examiner le disjoncteur ? »
Holloway se leva de son siège, et ils sortirent du bureau. Maison chuchota alors :
« Ce n’est normalement pas le genre de disjoncteur qui peut sauter juste avec des lumières basées sur le feu. J’ai bien peur qu’il s’agisse d’un sabotage. J’espère me tromper, mais restez sur vos gardes cher ami.
– Entendu docteur Maison. »
Il sortit alors son sabre laser, allumant la lame et illuminant les couloirs remplis de livres, objets ésotériques et bougies d’une lumière bleue. Les nombreux ingrédients de potion suspendus au plafond voyaient leurs ombres se tordre sous le mouvement des lumières. Les deux médecins arrivèrent finalement dans le bureau au bout de l’étage, et ouvrirent le placard de la salle. Là se trouvait un disjoncteur orné de symboles magiques, et connecté à des fioles de liquides dégageant une légère lumière. Maison l’ouvrit et poussa un bouton vers le haut. Les bougies clignotèrent alors un instant avant de se rallumer dans tout le LSMS. Maison referma l’appareil, mais presque immédiatement, les bougies s’éteignirent à nouveau. Fronçant les sourcils, il observa alors les potions de près, qui semblaient agitées. Les symboles magiques, eux, s’étaient assombris. Le vieil homme se tourna alors vers son associé et parla d’un ton sombre :
« Ce qui se passe n’est pas normal. L’hôpital est sous l’influence d’une entité incroyablement obscure et puissante.
– Vous parlez de Cox ?
– Je ne sais pas, cher ami… Cela ne ressemble pas à sa magie habituelle. Cox est sûrement derrière tout ça, mais c’est… plus sombre. Plus dangereux. Que Dieu nous garde.
– Je vais voir si je sens quelque chose… »
Holloway s’assit en tailleurs sur le sol et ferma les yeux. Après quelques instants de profond silence uniquement brisé par la pluie sur les vitres, le tonnerre résonna, et le médecin se mit à lentement décoller du sol, quelques objets autour de lui s’envolant aussi. Son visage au départ serein fut soudainement pris d’angoisse, et une larme coula sur sa joue. Il se mit soudainement à hurler, et tomba au sol, rouvrant ses yeux terrifiés, la peau couverte de sueur. Maison se précipita à ses côtés et brandit son bâton, lançant des charmes de soin. Holloway se calma doucement, et affirma d’une voix tremblante :
« C’est… Je n’ai jamais rien vu de si noir. Ça ne doit pas rester ici, ou la LSMS et tous ceux qui s’y trouvent courent un grave danger !
– Qu’est-ce que c’était cher ami ?
– Je ne sais pas, je sais juste que… Oh mon Dieu, c’était dans votre bureau !
– Seigneur Dieu, les autres collègues ! »
Ils se relevèrent et se ruèrent vers le bureau. Maison défonça presque la porte, et rencontra alors les visages interloqués de Vanessa, Titouan et Bazil. Ces derniers le regardèrent avec surprise, et Titouan demanda alors :
« Bordel de merde mais c’est quoi c’t’histoire encore ?
– Vous allez bien ? » demanda Maison « Personne n’est blessé ?
– Ah ouais d’accord…
– De quoi vous parlez, docteur ? » demanda Vanessa, qui s’était levée, inquiète.
– Nous sommes en grave danger, quelque chose de puissant et terrifiant rôde dans la LSMS, et le docteur Holloway l’a détecté dans ce bureau.
– Dans ce bureau ?
– C’est pour ça qu’il a peur de venir ? » demanda Bazil.
– Je vous demande pardon, cher ami ?
– C’est parce que c’est ici que Holloway ne veut pas rentrer ? »
Maison fronça les sourcils et se retourna, se rendant compte que Holloway n’était plus derrière lui. Après un instant de silence, ils virent alors son sabre laser lentement rouler par terre depuis l’obscurité du couloir. Le tonnerre éclata à nouveau, éclairant leurs expressions horrifiées, et ils se rassemblèrent immédiatement. Titouan s’énerva et se mit à beugler :
« Mais bordel à cul il se passe quoi là ?
– Je vous ai dit tout ce que je savais » répondit Maison « Je suis autant dans le flou que vous, cher ami.
– Est-ce qu’un rituel d’exclusion ne pourrait pas marcher ? » demanda Vanessa « Il pourrait peut-être nous protéger.
– Excellente idée, chère amie. Allons dans le bureau secondaire, on se servira du cercle rituel qui s’y trouve. Il n’y a pas une seconde à perdre ! »
Titouan se transforma alors en Magical Girl, et chacun son arme en main, Vanessa avec des orbes magiques flottant autour d’elle, ils sortirent alors de la pièce. Dans le couloir, ils regardaient autour d’eux, scrutant chaque détail, leur attention entièrement dirigée vers tout danger potentiel. Maison ouvrit la porte du bureau où se trouvait le cercle, et fit un geste de la main pour que ses collègues rentrent avant lui. Titouan entra et se mit immédiatement à s’affairer autour du cercle, et Bazil le suivit. Vanessa, cependant, se mit à crier. Maison se retourna vers elle immédiatement, et la vit lancer des sorts en direction de l’obscurité. Il se précipita vers elle, mais une vague de magie noire le propulsa en arrière, le faisant tomber au sol, et lorsqu’il se redressa, Vanessa s’était volatilisée sans laisser une seule trace. Il se releva et se mit aussi à préparer le rituel, espérant changer les choses. Ils allumèrent de l’encens, ouvrirent des grimoires, tracèrent des symboles à l’aide de peinture et poudres magiques. Bazil et Titouan s’assirent en tailleurs à l’opposé l’un de l’autre et lirent des incantations dans des grimoires. Maison, lui, se plaça au milieu du cercle, et se mit à frapper le sol avec son bâton, dont l’extrémité s’illumina fortement. Le cercle se mit alors à briller d’une lumière rouge. Les incantations gagnèrent en force et en volume, jusqu’à ce qu’une vague d’énergie se dégage du rituel. Maison s’interrompit un instant, observant les environs pour tenter de sentir les influences magiques dans l’air. Soudainement, il s’agita, et se tourna vers Titouan pour lui donner un ordre, mais le sol se déroba sous ses pieds, et il tomba en hurlant dans un immense trou obscur qui était apparu dans le cercle. Bazil et Titouan se relevèrent immédiatement, catastrophés, et se penchèrent au-dessus du trou, qui disparut immédiatement, remplacé par le sol habituel du bureau.
« Titouan j’ai peur, qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
– J’sais pas Raton, euh… Il f’rait quoi Maison s’il était là ?
– Il tomberait dans un trou ?
– Non mais s’il était pas tombé !
– Je sais pas, moi dans l’doute je ronge des câbles. Mais j’suis pas sûr que ça va nous aider.
– On d’vrait p’t’être appeler du renfort ?
– Maison nous avait pas parlé d’un omnigrimoire ?
– Non d’un mulet, t’as raison Raton ! À utiliser en cas d’urgence absolue !
– Oui, il l’avait caché dans son bureau !
– On y va ! »
Ils se mirent à courir en direction du bureau à nouveau, et y parvinrent sans s’en faire empêcher. Le tonnerre gronda, et ils se ruèrent vers la bibliothèque du docteur Maison. Titouan chercha avec fébrilité à la lumière de son fer 9, avant de trouver ce qu’il cherchait. Il trouva le livre adapté, et le tira vers lui. Avec un cliquetis, une porte s’ouvrit alors dans le mur, et ils y entrèrent. Derrière se trouvait une crypte en pierre, avec un autre cercle rituel au centre, bien plus complexe et visiblement pas encore achevé, des chaudrons de liquides multicolores le long des murs, de nombreux instruments brillants dans des vitrines, et enfin d’imposantes bibliothèques. Éclairée uniquement par le fer 9 de Titouan et la boule de feu de Bazil, ces lieux semblaient en temps normal être illuminés par de nombreux brasiers sur les murs et le feu des chaudrons. Dans la bibliothèque la plus au fond de la crypte se trouvait une vitrine, où trônait le fameux omnigrimoire. Ils courrurent dans sa direction, quand une bourrasque se mit à souffler depuis le bureau. Titouan se tourna dans sa direction, fer 9 levé, sa jupe agitée par les rafales, et Bazil leva ses mains entourées de feu. Titouan cria alors :
« Non, Raton, j’vais le ret’nir, va chercher l’grimoire !
– Mais il va aussi t’avoir !
– Pas grave, tu pourras tout résoudre. Dépêche-toi, Raton, on a plus l’temps !
– Je reste avec toi !
– Non d’un mulet tu vas m’écouter ? Cours ! Je l’retiens ! Allez ! »
Après un dernier regard, alors que le vent augmentait encore, Bazil se détourna alors et courut vers le grimoire. Dans son dos, il entendit le hurlement de Titouan, qui s’interrompit soudainement, tandis que le vent continuait de gagner en violence. Il arriva à la vitrine et l’ouvrit, avant de prendre le grimoire et d’en tourner les pages à toute vitesse, chuchotant pour lui-même pour s’encourager. Les rafales étaient maintenant assourdissantes, et tournaient les pages, empêchant Bazil de lire. Soudainement, tout s’interrompit. Bazil était entièrement entouré d’obscurité, dans un silence total. Il n’était plus dans la crypte. Le grimoire n’était plus dans ses mains. Un petit bruit retentit derrière lui. Un petit son aigu. Il se tourna dans sa direction, et là se tenait alors un petit point jaune. Sale Merde, le poussin de Cox. Ce dernier poussa à nouveau un petit piaillement. Bazil s’agaça :
« C’est toi qui causes tous ces soucis ? Ooh, mais va-t’en toi ! Tu vois pas que tu nous déranges ? »
Sale Merde piailla à nouveau, s’approchant de Bazil. Ce dernier répliqua :
« Mais tu peux bien dire piou piou si tu veux, mais moi je bouge pas ! »
Le poussin se mit à s’approcher de plus en plus vite, et grandit de façon exponentielle, atteignant rapidement plusieurs mètres de haut. Bazil tenta de faire apparaître du feu sur ses mains, mais seule une petite flamme se montra, disparaissant presque immédiatement. Comprenant que ses pouvoirs magiques étaient sévèrement limités dans ce lieu, il fléchit légèrement ses genoux, se préparant au choc. Sale Merde lui fonça dessus, et Bazil sauta en avant et lui glissa en dessous. Le poussin se retourna alors, avec un piaillement toujours aussi aigu, et se prépara à charger à nouveau, des symboles magiques brillant autour de lui. Alors qu’il allait avancer, l’une de ses pattes se déroba sous lui. Il la regarda, constatant qu’un filet de sang en coulait. Bazil le regarda avec un sourire et fit claquer ses dents, avant d’affirmer fièrement :
« J’ai p’t’être plus de pouvoirs ici, mais j’ai toujours la rage. Et toi aussi maintenant ! »
Le poussin le regarda, regarda à nouveau sa blessure, et poussa un piaillement de colère, avant de tenter de se relever pour approcher le raton. Cependant, il bascula en avant, sa taille diminuant progressivement. Ses plumes se mirent à tomber, et son corps devint une fumée noire. L’obscurité qui entourait Bazil disparut, et la crypte réapparut autour de lui. Le poussin, maintenant une boule de fumée, s’envola alors en poussant des piou piou rageurs, laissant une trainée de fumée noire derrière lui, avant de retourner dans le bureau de Maison et de briser la fenêtre pour s’enfuir. Dès qu’il eut quitté les lieux, les bougies se rallumèrent, et le tonnerre cessa. Bazil entendit alors Titouan, qui se relevait en se frottant la tête. Le raton se précipita alors en dehors de la pièce, et vit Holloway et Vanessa en train de se réveiller dans le couloir, et Maison au milieu du cercle. Tous le regardèrent, voyant son expression triomphante, et leur expression changea de l’incompréhension à une forte admiration, et surtout une grande joie. Alors qu’un immense sourire se dessinait sur leurs visages, il déclara :
« Rictus ! »
Chapter 21: Dépecer sans compter
Summary:
TW : violence, maltraitance animale, insultes
Chapter Text
Dans l’un des hangars récemment repris aux autruches à proximité du LSPD, le Franck Peine dragon, sous sa forme humaine, accompagné de la Lindsay de son univers, était penché sur le corps d’une autruche fraîchement décédée, expliquant son fonctionnement au public diversifié qui l’entourait :
« Vous pourriez être tentés d’appeler cet animal une grosse dinde. Elle avance comme un oiseau, en hochant la tête. Vous vous dites que si vous ne bougez pas, elle ne va pas attaquer. Mais non, pas l’autruche. C’est là que l’attaque arrive. De face, de derrière, de tous les côtés. Vous voyez, l’autruche de Cox chasse en meute, et elle est magiquement augmentée. Elle fend l’air avec ça, une énorme patte griffue. Mais elle ne tue pas. Elle oublie rapidement sa proie, qui agonise sur le sol. Et le pire… C’est que vous êtes encore vivants lorsque la meute vous piétine… »
Au même moment, le Harris de cet univers entra dans la salle, demandant la dispersion du public, malgré les protestations de Lindsay et Peine. Il affirma, une fois que tout le monde fut parti :
« On vous voit souvent, dans le commissariat, et nous avons aussi surveillé ces petits cours que vous donnez sur les autruches au reste de la population.
– Et, on a pas le droit ? » demanda Lindsay, méfiante.
– Oh que si ! Au contraire, vous avez prouvé que vous étiez dignes de confiance, et investis dans la lutte contre Cox. C’est pourquoi nous avons décidé de vous demander votre avis sur un projet secret que nous avons mis en place au LSPD, qui pourrait nous permettre de vaincre Cox.
– Et ce projet c’est ? » demanda Peine « Et en quoi il nous concerne personnellement ?
– Vous saurez bientôt tout » répondit Harris « Suivez-moi. »
Ils sortirent du hangar, laissant les gens retourner dedans pour observer l’autruche et commencer à aménager les lieux. Ils marchèrent ainsi quelques minutes dans les rues pleines de monde du refuge, avant d’arriver au commissariat et d’y entrer. Ils entrèrent dans le bureau de Boid, qui s’y trouvait déjà, avec le Docteur Vanessa, toujours dans son manteau de cuir rouge. Boid leur fit un signe de tête, et appuya ensuite sur un bouton caché derrière un tableau. Une porte secrète s’ouvrit dans un mur, donnant sur un large ascenseur, dans lequel ils montèrent tous. Sur le mur se trouvaient des radios, que Boid tendit à tous les invités. La porte se ferma, et ils se mirent à lentement descendre dans les entrailles de la terre, probablement plus profond encore que le laboratoire secret de l’agent Kuck. Brisant le silence, la Docteure demanda à Peine et Lindsay :
« Alors vous deux, vous étudiez les autruches ?
– Eh bien… » commença Lindsay
– On essaie. » répondit Peine avec un léger sourire. »
La Docteure se mit à rire, et Boid affirma, légèrement gêné :
« Ne lui prêtez pas attention, cette Vanessa a un penchant mégalo, c’est une alien millénaire.
– Plurimillénaire ! » répondit-elle « Lindsay, vous avez déjà entendu parler de Daleks, de Cybermens, de seigneurs du temps ? Vous avez déjà rencontré la reine Victoria ? Vous devez vous y connaître, en reines… »
Lindsay se mit à sourire et regarda ailleurs en rougissant légèrement. Harris regarda Boid avec un sourcil levé :
« Je vous ramène des professionnels et vous me ramenez une rockstar… »
Boid n’eut pas le temps de répondre, l’ascenseur s’immobilisa et la porte s’ouvrit sur une immense pièce remplie de tentes militaires, de locaux préfabriqués, et dont toute une partie était prise par un grand enclos rempli de végétation et entouré de clôtures électriques. Les deux policiers guidèrent alors leurs invités dans sa direction, et s’arrêtèrent devant la clôture. Boid appuya sur un bouton, qui déclencha un sifflet, et immédiatement, des dizaines d’autruches se précipitèrent vers eux, certaines se heurtant à la clôture et étant projetées en arrière avec une explosion d’étincelles. Le commissaire les regarda avec un sourire, et déclara :
« Bienvenue au parc des autruches. »
Sans répondre aux nombreuses questions qu’on leur adressait, Boid et Harris marchèrent ensuite vers l’un des préfabriqués et y entrèrent. Dedans se trouvaient de nombreuses couveuses remplies d’œufs. L’une des couvées était d’ailleurs en train d’éclore, et Boid alla dans sa direction, expliquant :
« Les autruches n’oublient jamais le premier visage qu’elles voient. Cela les aide à nous faire confiance.
– Comment les avez-vous obtenues ? » demanda Peine
– Ce sont des autruches de Cox » répondit Harris « Capturées dans les rues de Los Santos.
– Donc toutes des meufs… » compléta Lindsay, en les observant.
– Exactement. » confirma Boid « Un groupe entièrement femelle, donc pas de reproduction. On a la population sous contrôle.
– Et qu’est-ce que vous comptez en faire ? » demanda la Docteure.
– Les contrôler, combattre Cox avec ses propres armes. On avait commencé à construire des gros robots de combat, mais retourner les autruches de Cox contre lui est à la fois plus simple et plus efficace. On a déjà quelques résultats, des personnes qui arrivent à se familiariser avec les autruches. Perso je peux faire face à un petit groupe sans être attaqué. On a aussi des faux crânes chauve, qu’on enfile comme un bonnet de bain. Bourré d’électrodes, qui lisent les ondes de notre cerveau. Avec ça, on peut leur donner des ordres. »
L’extraterrestre le regarda puis scruta les œufs d’un air inconfortable, avant d’affirmer :
« Bill, ce type de contrôle que vous voulez accomplir est impossible. S’il y a quelque chose que cette île nous a appris c’est que les autruches ne peuvent pas être contenues. Les autruches se libèrent, elles colonisent l’île. Parfois avec difficulté, mais elles y arrivent.
– Vous sous-entendez » demanda Harris « qu’un petit groupe d’oiseaux en cage est impossible à contrôler ?
– Je dis juste que les autruches… hum… Trouvent toujours un chemin.
– Vous sous-estimez le LSPD, Docteure » répondit Boid.
– La vie crée les autruches » répondit-elle d’un ton plus pensif « Les hommes tentent de contrôler les autruches. Les autruches tuent les hommes…
– Et les femmes héritent de l’île » compléta Lindsay en souriant.
– Il ne me reste qu’à espérer que les dragons sont une catégorie à part » renchérit Peine.
Alors qu’ils allaient poursuivre leur visite, la radio du commissaire se mit à grésiller, et la voix de son variant en sortit :
« Attaque d’autruche à la surface, on a besoin d’aide ! »
Ils se regardèrent, et Boid jura avant de se diriger à nouveau vers l’ascenseur. Au même moment, toutes les lumières s’éteignirent. Le courant avait été coupé dans l’entièreté du sous-sol, probablement à la surface aussi. L’attaque avait été extrêmement rapide, ou peut-être avait-elle servi de distraction le temps que quelqu’un d’infiltré ne sabote les générateurs. La situation était la même quoi qu’il arrive. Ils étaient bloqués profond sous terre, avec pour seule lumoère dans l’obscurité quelques diodes et lumières fonctionnant sur des circuits séparés et batteries, qui perçaient l’obscurité totale. Rapidement, ils entendirent les cris des autruches qui se jetaient sur la clôture, maintenant sans électricité. Les câbles se tendaient, jusqu’à ce que soudainement, ils ne cèdent. Les autruches sortirent alors en trombe de leur enclos, répandant le chaos dans le grand sous-sol dans un grondement. La Docteure s’énerva :
« J’en ai marre d’avoir toujours raison. »
Ils se mirent alors à courir dans la direction opposée, vers un préfabriqué où ils seraient moins exposés. Peine se transforma en dragon, prenant Lindsay sur son dos pour aller plus vite. Arrivant au préfabriqué, il reprit sa forme humaine, et ils se retournèrent, constatant alors qu’un groupe d’autruche les avait séparés de Boid, Harris et Vanessa. Un autre groupe les repéra et commença à se diriger vers eux, les forçant à se cacher dans le préfabriqué. Parmi ce groupe, plusieurs autruches avaient l’air particulièrement jeunes. Lindsay ferma la porte derrière eux, et ils allèrent se cacher derrière un meuble dans la petite pièce aux murs métalliques. Au vu des équipements présents, il semblait s’agir d’une cuisine utilisée pour les personnes travaillant ici.
Dehors, Harris et la Docteure se tenaient dans le dos de Boid, qui tendait ses mains en avant, paumes ouvertes, genoux fléchis. Les autruches le regardaient, incertaines, donnant des coups de bec énervés dans le vide. Ils se mirent alors à doucement reculer, parvenant à maintenir à distance les volatiles, jusqu’à arriver à un préfabriqué, dans lequel ils entrèrent en vitesse, et dont Vanessa verrouilla la porte à l’aide de son tournevis sonique.
Dans l’autre préfabriqué, Peine et Lindsay étaient toujours assis derrière un placard métallique dans la cuisine, entendant les autruches donner des coups de bec sur la porte. Peine fit remarquer en chuchotant :
« Lindsay, on est d’accord que dans les autruches il y en avait des très jeunes ?
– Oui. Vu ce que nous a dit le commissaire, ça devrait pas être le cas.
– Vous pensez qu’elles se reproduisent ?
– Ça serait logique… Mais comment ? Ce ne sont que des femelles.
– Mais ce sont des autruches de Cox… Pas des autruches normales.
– Et les autruches de Cox sont modifiées par magie…
– Peut-être qu’elles peuvent changer de sexe ?
– Oh putain, Peine, Cox a créé des autruches genderfluid ! »
Alors qu’il allait répondre, leur radio donnée dans l’ascenseur se mit à grésiller, et la voix de Harris s’en éleva, chuchotant :
« Peine, Lindsay, vous êtes là ?
– Lindsay au rapport !
– On a réfléchi, et votre préfabriqué se trouve à une dizaine de mètres du générateur de secours. Il a probablement eu un problème, mais si on pouvait l’activer, il serait possible de fuir par l’ascenseur.
– Harris, vous savez bien que chez moi y a pas vos trucs d’élécitriqué là, je sais pas comment ça fonctionne un générateur.
– On vous guidera par radio, mais vous êtes les seuls assez proches pour nous aider !
– Ok, on va essayer. Il faut sortir par la porte arrière, devant on est bloqués. »
La porte avant qu’elle venait de mentionner s’ouvrit alors dans un grincement, révélant une autruche qui, tout aussi étonnée que les deux personnes dans le préfabriqué, venait visiblement de l’ouvrir en donnant des coups de becs hasardeux sur la poignée. Elle entra alors lentement, et Lindsay, toujours cachée avec Peine, lui montra du doigt la porte arrière. Elle commença à lentement marcher à quatre pattes dans sa direction, restant hors de vue de l’autruche. Cette dernière continuait d’avancer dans la quasi-obscurité. Peine se mit aussi à quasiment ramper, mais l’une de ses cornes se prit dans la poignée d’une casserole qui dépassait, la faisant tomber au sol. Le vacarme fit plonger l’autruche sur Peine, qui se transforma immédiatement et lui donna de violents coups de patte. L’autruche continua d’attaquer, et il recula, tandis que Lindsay se précipitait pour ouvrir la porte de derrière. Peine se tendit, se transforma à nouveau en humain et sortit à son tour, fermant la porte derrière lui juste à temps pour enfermer l’autruche. Ils se mirent à courir vers le générateur, et s’arrêtèrent alors, interdits, devant cette masse de leviers et diodes multicolores reliées au reste de la pièce par des câbles traînant par terre. Lindsay chuchota dans la radio :
« On y est.
– Bien » répondit Boid dans l’appareil « Il y a un panneau avec marqué position de contact. En dessous il y a un bouton. Appuyez dessus.
– D’accord ! » affirma-t-elle en appuyant sur ce qu’on lui avait dit « C’est fait ! »
Sur le générateur, un petit gyrophare s’était mis à tourner. En dessous se trouvaient de nombreux interrupteurs accompagnés de diodes rouges.
– Lindsay, chaque petit interrupteur avec une lumière rouge que vous voyez rallume un système. Activez les tous, pour que la lumière devienne verte. »
Elle posa sa radio, allumant chaque interrupteur, dont la diode devenait alors verte à chaque fois. À chaque nouveau bouton poussé, le grondement d’une machine ou le son d’une lumière se rallumant pouvait se faire entendre. Arrivant à la fin, elle poussa le dernier bouton, et toutes les lumières du sous-sol se rallumèrent alors. Elle s’exclama dans la radio en riant :
« Monsieur Boid, les affaires reprennent !
– On se retrouve à l’ascenseur ! » répondit ce dernier.
Peine se transforma à nouveau en dragon et prit Lindsay sur son dos, s’envolant vers l’ascenseur. De nombreuses autres personnes y attendaient, tenant en respect les autruches à l’aide de matraque électriques, d’armes à feu, et d’autres pouvoirs magiques ou futuristes. Lorsque tout le monde fut présent, ils ouvrirent les portes et se ruèrent dans l’ascenseur. Les autruches se précipitèrent en avant, mais se prirent alors les portes métalliques désormais fermées, tandis que le tout se mettait en branle et remontait à la surface. La Docteure affirma alors à Boid :
« Je crois que votre projet de robots géants était plus prometteur finalement.
– Oui » répondit Boid visiblement particulièrement agacé « Je crois aussi. »
Chapter 22: Blade Bauer
Summary:
TW : alcool, nourriture, sang, mort, mention de mort, violence physique, violence psychologique, arme à feu
Ce chapitre est basé sur Blade Runner, mon film préféré, et c'est aussi le plus long jusqu'à maintenant, j'espère qu'il vous plaira !
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Dans les rues bondées du refuge du LSPD, la pluie torrentielle n’empêchait pas une foule dense d’être de sortie, protégés par des parapluies ou simplement la capuche de leur imperméable. La nuit était déjà bien avancée, et l’éclairage public n’ayant pas été réparé depuis le début de la Coxpocalypse, la foule était éclairée par des projecteurs à la lumière blanche crue et agressive perchés sur les hauteurs des hauts immeubles et de l’imposante silhouette du commissariat se détachant dans le noir. La lumière plus douce des nombreuses échoppes attirait les passant, par des torches et brasiers et, pour les plus chanceux, des panneaux en néon rose et turquoise clignotant. Assis sur un haut tabouret devant l’un de ces petits magasins de fortune, Bauer était protégé de la pluie par un store troué, mangeant un bol de nouilles préparées, dont le stock très important faisait qu’il s’agissait d’un des mets les plus fréquemment vendus dans ces échoppes misérables. Alors qu’il finissait sa portion, Panis vint s’asseoir à côté de lui, trempé, et déclara sans le regarder :
« On a besoin de vous.
– Non, ça fait des mois que j’ai arrêté.
– La police est surchargée, on ne peut pas enquêter. On a besoin de vos services, Bauer.
– Et qu’est-ce que j’y gagne, moi ? Une tape dans le dos, et on me renvoie encore dans une des chambres d’hôtel misérables du refuge ?
– Le commissaire a promis de vous indemniser cette fois. Et de vous trouver un meilleur logement. Un vrai logement.
– Un appartement ?
– Un appartement. »
Bauer s’essuya la bouche et réfléchit un instant, avant de se tourner vers Panis et de demander de sa voix rauque :
« Il y en a combien cette fois ?
– Trois.
– On sait qui ?
– Non. On a uniquement vu leur silhouette. Mais il y en avait bien trois qui ont saboté le générateur. Beaucoup de gens ont failli y passer à cause d’eux.
– Je suis au courant, j’étais là pendant l’attaque. Vous avez une piste ?
– Le nouveau Unicorn. Il se dit que c’est là qu’ils logent. C’est tout ce qu’on a. Bonne chance. »
Panis se leva, posa un petit origami de cygne sur le comptoir, et disparut dans la foule. Le détective resta un instant interdit, puis se leva à son tour. Il secoua la tête, fatigué. Depuis de longues semaines maintenant, il faisait des cauchemars chaque nuit, qui se concluaient toujours par le souvenir traumatique d’une attaque d’autruche qui l’avait laissé presque mort quelques mois plus tôt. Il se réveillait alors en sursaut, et ne parvenait plus à trouver le sommeil, préférant sortir et arpenter les rues bondées du refuge. Alors que les gouttes de pluie roulaient sur son long manteau de cuir, il continua à progresser, marchant dans des flaques d’eau, plissant les yeux lorsqu’il était directement éclairé par la lumière vive des projecteurs, avant de se retrouver une dizaine de minutes plus tard devant la façade d’un bâtiment qui avait été repris à Cox quelques semaines auparavant. Dessus, à la peinture en spray rose, avait été peinte une licorne. Il passa devant un imposant variant de Marius Rotarez qui gardait la porte, et entra. Immédiatement, la chaleur des lieux fit passer un frisson dans son dos. Ces locaux, probablement un ancien garage, était devenu le nouveau Unicorn, avec ses lumières tamisées, sa forte musique dont les basses agressaient les tympans, et son atmosphère brumeuse. Sur une scène improvisée, des individus divers en tenue légère dansaient en aguichant le public, certains utilisant de leurs atouts surnaturels pour y parvenir. Le bar était bondé, et il était difficile de se frayer un chemin entre tout le monde. Parvenant à accéder au bar, Bauer cria alors à la personne en tenue médiévale servant les boissons :
« Je suis ici pour voir Pichon !
– Pourquoi tu viens pas me l’dire en face ? »
La voix venait de derrière Bauer, qui se retourna, faisant alors face à Bernard Pichon, gérant du nouveau Unicorn. Après le chaos initial de l’apocalypse, ce dernier avait su retrouver une place importante dans le monde de la pègre au refuge du LSPD, et lorsqu’un trafic n’impliquait pas Rotarez et sa bande, ou les quelques variants Families pas encore enfermés, on pouvait alors être sûr que Pichon était derrière. Le détective affirma alors :
« On peut aller dans un endroit tranquille ? J’aurais besoin de vous parler.
– Ouais ça pourrait ben s’faire, suis moi. »
Ils traversèrent alors la foule, passant à côté de la scène jusqu’à une petite porte, amenant vers ce qui avait été le bureau du gérant du garage. Pichon indiqua à Bauer de s’asseoir, et s’installa en face de lui avant de demander :
« Bon, dis-moi tout mon Harry, pourquoi donc t’es t’y v’nu dans mon établissement de fête et d’fesse présentement ? J’ai pas l’impression qu’ça soit pour coquiner ?
– Je suis là pour une enquête.
– J’croyais qu’tu bossais plus avec la police ?
– Ça peut tous nous bénéficier. Cox a recommencé.
– Ah ouais ? Il nous r’fait l’coup des réplicateurs ? J’ai jamais trop compris c’te manigance moi.
– C’est Répliquants. Cox utilise la magie pour créer des sortes de variants artificiels, qui s’infiltrent dans les refuges, et les sabotent de l’intérieur. Et on ne peut pas les distinguer des vrais autrement que par une procédure poussée et complexe, ou alors il suffit d’attendre qu’ils meurent tout seul. Ils vivent un mois tout au plus. Mais l’attaque d’il y a quatre jours a été possible parce qu’il y en a trois qui ont infiltré les lieux. Et j’ai besoin de les retrouver. On m’a dit qu’ici il y avait une piste à creuser, est-ce que vous avez une idée ? »
Pichon se mit à réfléchir quelques instants avant d’affirmer :
« J’ai ma p’tite troupe de danseurs là… Globalement elle est stable, mais y a quelque s’maines y a un Traoul qui s’est rajouté, et il a jamais rien dit sur son propre univers. Il est là ce soir, j’te l’présente ?
– Oui, je serais bien intéressé.
– Eh par contre, j’te préviens Bauer hein, on va pas s’mentir, si tu m’l’abîmes et qu’c’était pas lui, va falloir y met’ de ta poche.
– J’y penserais.
– Eh bah c’est tout c’qui compte présentement. Non de dieu, quelle histoire. Bon, j’te guide. »
Bernard se leva et sortit du bureau, Bauer à sa suite. Ils traversèrent à nouveau la foule, sous les pulsations agressives de la musique et le fond rance de l’air rempli de vapeurs d’alcool, avant d’arriver dans une pièce séparée, les loges, où d’autres danseurs et danseuses se préparaient. Parmi eux se trouvait, torse nu, un Traoul avec quelques mèches de cheveux roses. Après une rapide introduction par Bernard, ce dernier retourna dans la salle principale, et Bauer demanda :
« On m’a dit que vous êtes là depuis peu de temps. Qu’est-ce que vous faisiez avant ?
– Comme tout le monde, je faisais de mon mieux.
– Mais encore ?
– Je faisais des petits jobs.
– Et dans votre propre univers ?
– Je bossais dans un café.
– Seul ?
– Rose et Kiddy.
– Quel nom ?
– Le Pink Pies. »
Bauer fronça les sourcils. Il avait appris par cœur la classification des univers, et avait continué de le faire même après avoir cessé de travailler avec la police. Pink Pies existait mais…
« Mais les gérants du Pink Pies sont Rose, Kiddy… Et Némard. »
Le Traoul ne répondit rien. Il fixa le détective en plissant légèrement les yeux, l’air sincèrement confus. Une larme apparut alors au coin de son œil, son regard se durcit, et il se jeta sur Bauer, le projetant au sol, avant de quitter les lieux en courant. L’enquêteur se redressa, sonné, le flashback de son attaque par une autruche apparaissant devant ses yeux, et partit à sa poursuite. Il fendit la foule dans la salle puis sortit en trombe du bar, voyant alors Traoul courir torse nu sous la pluie. Sortant son arme, il visa et pressa plusieurs fois sur la détente. Le répliquant tomba alors par terre sous le coup des balles, du sang vert fluo se projetant sur les alentours. Sans prêter attention à la foule choquée, Bauer sentit un liquide chaud couler sur son visage, et constata qu’il saignait du nez à cause de sa chute. Entendant les sirènes de la seule voiture de police encore en activité approcher suite aux coups de feu, il rangea son arme et se fondit dans la foule.
Une fois rentré dans sa chambre d’hôtel, il suspendit son manteau détrempé et se laissa tomber sur son lit sans nettoyer son visage. Le regard confus et triste du Traoul tournait dans son esprit. Ce dernier avait semblé réellement croire qu’il avait travaillé dans ce café, avant de douloureusement se rappeler que cela était faux. Les répliquants les plus récents étaient-ils infusés avec des souvenirs ne leur appartenant pas, afin de les rendre plus crédible ? Les voyaient-ils comme leur passé réel, même avec la connaissance de leur facticité ? Existait-il, dans les refuges, des répliquants persuadés d’être de réels réfugiés, jusqu’à ce qu’ils soient activés d’une façon ou d’une autre ? La fatigue rattrapa Bauer, qui s’endormit alors. Ses rêves désagréables apparurent immédiatement, gagnant en intensité, jusqu’à ce que le souvenir de l’autruche ne l’attaquant ne le fasse se réveiller en sursaut à nouveau. Il était très tôt le matin, et la faible lumière du soleil était cachée par d’épais nuages noirs, tandis qu’une épaisse brume avait envahi les rues du refuge. Harry se redressa, et vit alors qu’un papier avait été glissé sous sa porte. Il s’agissait d’un origami de dragon, sur lequel quelque chose était écrit. Bauer alla le saisir, et le déplia, voyant ainsi le message de Panis : « Faites un rapport de la nuit dernière. Puis, bruits étranges signalés par les voisins dans l’appartement 15 de Sinner Street ». Le détective secoua la tête, l’autruche persistant dans sa mémoire, puis sortit sa machine à écrire, produisant un rapport sur la veille, l’élimination du Répliquant, et ses soupçons quant au fait que certains puissent posséder des souvenirs semblant réels jusqu’à leur activation. Il sortit ensuite de chez lui, traversant les rues bien plus vides à cette heure, avant d’aller déposer son rapport dans la boîte aux lettres du commissariat. Il marcha alors lentement dans la brume que les projecteurs perçaient avec peine, se rendant jusqu’à l’immeuble qu’on lui avait indiqué. Il poussa la porte du hall et se dirigea vers la cage d’escalier. Levant la tête, il regarda les marches s’élever vers l’obscurité bien plus haut, dans une atmosphère froide et humide. Montant les étages jusqu’à arriver devant l’appartement 15, il frappa à la porte. Quelques dizaines de secondes plus tard, elle s’entrouvrit, laissant apercevoir une Rose Dwight qui l’observait d’un air suspicieux :
« Qu’est-ce que vous faites ici à six heures du matin ?
– J’aurais besoin de vous poser quelques questions.
– Pourquoi ?
– Des voisins disent avoir entendu des bruits étranges dans cet appartement. Je viens m’assurer que tout va bien.
– Tout va bien.
– Il n’y a que vous ici ?
– Oui.
– Vous avez reçu des invités ?
– Non, je vis seule.
– Entendu, merci de votre aide.
– Bonne journée monsieur. »
Elle referma alors la porte, et le claquement résonna dans le reste de l’immeuble. Bauer descendit les escaliers, sentant bien que la jeune femme n’avait pas été honnête, mais il ne pouvait pas tirer sur quelqu’un sur un simple sentiment. Alors qu’il allait sortir, il vit alors que la porte des locaux de l’accueil était ouverte. Fronçant les sourcils, il entra, et vit alors que les lieux avaient été fouillés. Le double des clefs de l’appartement 15 manquait, sur le tableau en liège où les doubles étaient suspendus. Cependant, cela pouvait aussi vouloir dire qu’un voleur était en fuite, pas que cette Rose était la voleuse. Regardant autour de lui, il trouva alors ce qu’il voulait : le registre des habitants. Il les décompta un à un avant d’arriver à l’appartement 15. Peu surpris, il constata alors que ce dernier avait été assigné à un variant de Kenneth Manbrock doté de pouvoirs magiques. Sortant son arme, il remonta alors en vitesse les escaliers, ayant désormais la preuve que cette Rose n’était pas la résidente assignée de l’appartement, et que ce Kenneth Manbrock en avait probablement été victime. Arrivant devant la porte, il prit un instant pour reprendre son souffle, perdu après avoir monté si vite tant d’étages. Dehors, le tonnerre commençait à gronder. Bauer prit une grande inspiration, puis se jeta avec son épaule contre la porte. Cette dernière céda et s’ouvrit dans un claquement, donnant sur un appartement obscur. Un filet de sang dessinait un chemin par terre, et l’enquêteur le suivit, arme en main, vigilant. Cela le mena au corps d’un Kenneth Manbrock en longue robe bleue de magicien, dont les yeux avaient été crevés. La voix de Kiddy s’éleva alors autour de lui, sans qu’il ne parvienne à en déterminer l’origine :
« Vous êtes venu nous tuer, non ?
– Si vous vous rendez, je peux essayer de négocier pour qu’on vous mette juste en prison !
– Non, ça ne serait pas la peine. Vous voyez ce Kenneth ?
– Oui ? »
Tout en discutant, Bauer s’était mis en mouvement, avançant lentement, rasant les murs, le doigt sur la détente. La voix désincarnée de Kiddy continua :
« C’était notre dernier espoir. Nous sommes des doubles magiques. Il y a encore cinq jours, nous pensions être de réelles personnes. Et la minute suivante, sans comprendre pourquoi, nous nous retrouvions à fuir le LSPD. De nouveaux souvenir en tête. Nos réels souvenirs, pas ceux qui nous ont été magiquement implémentés.
– Je peux vous aider, Kiddy et Rose. Rendez vous et je vous aiderais.
– Vous savez combien de temps vit un répliquant, Bauer ? Un mois. Et vous savez depuis quand nous sommes nés ?
– Un mois ?
– Exactement, Harry » renchérit la voix toute aussi désincarnée de Rose « Et ce magicien se vantait de pouvoir tout faire par magie. Alors on lui a rendu une petite visite. Mais visiblement, nous permettre de vivre davantage n’était pas dans ses compétences.
– Alors pourquoi l’avoir tué ?
– Il voulait nous dénoncer. Et nous avions de la colère à faire sortir. Et nous n’avions plus rien à perdre.
– Et vous Bauer » demanda Kiddy « Qu’est-ce que vous feriez s’il ne vous restait que quelques heures à vivre ? »
Alors que le détective passait une porte, il reçut un violent coup dans le creux du dos, qui le fit tomber par terre, expulsant tout l’air de ses poumons. Il se retourna sur le dos et vit alors Rose se précipiter sur lui. D’un geste rapide, il visa avec son arme et tira à trois reprises. La jeune femme s’effondra alors sur le sol dans un bruit sourd, du sang vert fluo s’écoulant de son torse et imbibant ses vêtements. Se relevant, essoufflé, Bauer vérifia son chargeur et constata qu’il ne lui restait que trois balles. Dehors, la pluie avait recommencé à tomber, accompagnée de tonnère. La voix de Kiddy résonna à nouveau dans l’air humide de l’appartement presque sans lumière :
« Plus beaucoup de munitions ? Il va falloir viser avec précision. »
Bauer vit alors le jeune homme dans l’entrebaillement d’une porte et tira dans sa direction. Kiddy sauta sur le côté, et la balle fit un trou dans le mur derrière lui. Avec un rire, il affirma :
« Avec précision ça n’a pas l’air d’être suffisant ! »
Alors que Harry se précipitait dans sa direction, le jeune homme le prit par surprise depuis le côté. Il lui donna un coup dans le poignet, qui fit tomber l’arme, puis asséna un coup au visage du détective, qui cracha du sang :
« Ça c’est pour Traoul. »
Il lui donna un second coup au visage, qui le fit cette fois saigner du nez :
« Et ça pour Rose. »
Il laissa alors tomber Bauer, qui glissa au sol, sonné, l’image de l’autruche dansant devant ses yeux, et prit son arme avant de la jeter par la fenêtre. Le verre se brisa et elle tomba dans la rue, une quinzaine de mètres plus bas. En riant, Kiddy brisa le reste du verre et se prépara à sortir. Il s’interrompit cependant un instant, alors que sa main était soudainement prise de rigidité et qu’une vague lueur verte se dégageait de ses yeux. Frappant dans le mur pour retrouver ses sensations, il la maudit :
« Non, pas maintenant ! »
Il la secoua, parvenant à peine à bouger ses doigts, avant de sortir par la fenêtre et de grimper le mur jusqu’au toit, qui se trouvait deux mètres au dessus. Bauer secoua la tête et s’essuya le nez avant d’aller à son tour à la fenêtre, voyant que Kiddy était presque arrivé au toit et s’apprêtait à fuir. Le détective sortit à son tour et se mit à grimper, plissant ses yeux alors que les grosses gouttes de pluie tombaient dedans. La façade était parfois illuminée brièvement par des éclairs suivis d’un coup de tonnerre. Il arriva finalement sur le toit, et vit Kiddy en train de courir vers le toit suivant. Il passa un coup sur ses yeux pleins d’eau et laissa tomber son manteau détrempé bien trop lourd avant de se mettre à sa poursuite. Kiddy fit alors un long saut, atterrissant sur le toit suivant après avoir sauté par-dessus une ruelle. Bauer prit son courage à deux mains et s’élança à sa suite, mais n’arriva pas sur le toit. De justesse, ses mains agrippèrent le rebord, et il tenta de se hisser, sentant ses doigts lentement glisser sur le béton humide. Kiddy s’approcha alors et le regarda avec un sourire, avant de déclarer après un coup d’œil aux quinze mètres de chute qui attendaient le détective :
« C’est une sacrée expérience de vivre dans la peur, hein ? »
Il s’agenouilla alors, et, alors que les mains de Bauer lâchaient enfin le rebord, le saisit par le poignet. Suspendu au-dessus du vide, le détective regardait Kiddy avec une terreur profonde dans les yeux. Le jeune homme le tira alors vers lui, avant de le hisser sur le toit. Harry s’effondra alors, les mains tremblantes, le nez et la bouche en sang. Le répliquant, lui, s’était agenouillé et le regardait. Ses mains étaient désormais rigides, et une faible lueur verte brillait dans ses yeux. Ses cheveux roses étaient trempés par l’orage. Après de longues secondes à observer Bauer, qui était à sa merci, il finit par parler, doucement, d’une voix calme et résolue, presque sereine :
« J’ai vu des choses que vous ne croiriez pas. Des êtres magiques créés à la chaîne dans une nébuleuse lugubre. Des choses maléfiques planifiant la ruine de cette ville dans un brasier sans fin. Mille vies possibles, mais une seule qui me fut donnée. Tous ces instants seront perdus dans le temps, comme des larmes sous la pluie. Il est l’heure de mourir. »
La lueur verte dans ses yeux gagna en intensité, couvrant l’entièreté de son iris, puis disparut. Ses paupières se fermèrent, et il resta immobile, à genoux, la tête basse, sous le déluge.
Près d’une heure plus tard, Bauer rentra chez lui, trempé, l’image de ce Kiddy qui l’avait épargné dans ses derniers instants persistant dans son esprit, bloquant les flashback de son propre souvenir traumatique avec cette autruche. Montant les escaliers jusqu’à sa chambre d’hôtel, il se demanda ce qu’avaient pu éprouver ces répliquants en comprenant qu’ils n’avaient plus que quelques jours, que tous leurs souvenirs étaient un mensonge. Il se rappela de la tristesse dans le regard du Traoul, et de cette étrange dernière volonté du Kiddy, qui l’avait laissé vivre. Il pensa au désespoir de cette Rose, qui avait été jusqu’à tuer pour vivre un instant de plus. Arrivé devant sa porte, les cheveux dégoulinants, tous ses membres douloureux, Bauer la déverrouilla et entra. Sur la moquette grise, à un mètre de lui, trônait un origami. Une autruche.
Notes:
Attention spoilers pour le chapitre, voici les scènes desquelles je me suis inspiré, ou que j'ai repris partiellement ou plus fidèlement pour cette histoire ! Si vous avez vu le film ça vous semblera évident mais sinon ça peut vous donner une idée plus précise de l'atmosphère que je voulais reproduire.
L'introduction de Bauer :
https://youtu.be/ePbK0tiVWKY?si=3rFiSk1lPa13HNSzhttps://youtu.be/uwb2t7iLatk?si=FBgP0YyIgtUfOssd
La confrontation avec le Traoul :
https://youtu.be/sBM8guGUoOQ?si=-RPRYInFb2snXIOx
https://youtu.be/pGzl5Voev6w?si=xr2ptBi2Ikt2uJdjL'arrivée dans l'immeuble :
https://youtu.be/XADqfe_hSY4?si=LXgh6xieafjDPLeWBauer et Rose :
https://youtu.be/e9t5ikxjAQ4?si=lXyYBHwesFGY3HXrBauer et Kiddy :
https://youtu.be/fOSuCsgJ26M?si=5G5DpYVkGptnjfBthttps://youtu.be/5dA3DePirsE?si=t6rv_ij4fEQ0xg0P
https://youtu.be/HU7Ga7qTLDU?si=53YfDKhFhMv405Lb
Fin de la fic :
https://youtu.be/5lPsmFSNWc4?si=gzIYC_gIsKuwCsOm
Chapter 23: Anatomie d'une possible chute
Summary:
TW : mention de mort
Chapter Text
À la création de Los Santos en 1801, la ville, qui n’était alors qu’un village côtier de quelques dizaines de familles, avait alors mis en place une organisation communale. Rassemblant les différents chefs de familles, ce conseil permettait la bonne gestion des affaires publique. Au fil des ans et de l’établissement de l’administration municipale sous la juridiction fédérale de l’État de San Andreas, ce conseil s’était réduit, et ses séances s’étaient espacées. Pour autant, les grands personnages de l’île se rassemblaient toujours de temps en temps, lorsque le besoin s’en faisait sentir. La fondation d’autres petites communes, telles que Sandy Shores, Grapeseed, ou encore Paleto tout au nord, toutes possédant leur propre petite administration municipale, donna alors une seconde vie à ce conseil de notables, liant les communautés de l’île entre elles. Avec l’arrivée des moyens de communication rapide à longue distance, cependant, il perdit à nouveau son utilité. Il continua pourtant de se rassembler en cas de crise majeure, dans les mêmes locaux secrets qu’il habitait depuis près de deux siècles, influençant discrètement la politique de l’île. Lors de l’arrivée de l’apocalypse, avec la destruction des réseaux non-magiques de communication, il fut alors à nouveau rassemblé afin d’établir les nouvelles dynamiques en place et l’organisation à suivre. Il avait alors connu deux séances : la première, qui avait posé les fondations des différents refuges en place, et la seconde, qui avait commencé à organiser la contre-attaque, et avait entre autres, permis la création du VROUM, et le partage des informations sur le multivers. Alors qu’il était désormais évident qu’une grande bataille approchait, pouvant possiblement porter le coup final aux refuges, une troisième séance avait été décidée.
Dans une grande crypte souterraine, aux murs de pierre grise poussiéreuse et aux imposantes arches culminant à une dizaine de mètres au-dessus du sol par une clef de voûte sculptée, des brasiers illuminaient les lieux de leur feu magique, tandis qu’une table ronde de bois massif mais usée par les siècles se trouvait en son centre. Diverses portes parsemaient les murs autour de la salle, certaines menant à des tunnels effondrés et inutilisables, mais d’autres toujours praticables. Liam Dunne, délégué de la Commune, fut le premier à entrer et prendre place. Il fut rapidement suivi par Donatien de Montazac, sortant d’une porte affublée d’une vieille inscription affichant « Domaine viticole de Pastac », qui s’installa à son tour. Se succédèrent alors Bill Boid, le iench et Marius Rotarez, arrivant de la même galerie, le pasteur Morgan, accompagné d’une variante de Lorenza à l’air fatiguée, et Grégoire Maison, accompagné d’une personne n’étant pas un variant de quiconque connu en ville. Le docteur observa autour de lui avec un petit sourire, pui marmonna :
« Je n'étais pas revenu ici depuis la séance de 37... Que Dieu nous garde, j'en serait presque nostalgique »
Ils prirent alors tous place, les deux variants multiversels restant en retrait derrière ceux qu’ils accompagnaient. Après quelques salutations, le iench aboya et le silence se fit. Ce fut Donatien de Montazac qui prit la parole en premier :
« On m’a averti de cette séance il n’y a que quelques minutes, quel est donc son sujet ?
- Peut-être que vous avez pas remarqué, Donatien » rétorqua Marius « Mais ça fait quelques semaines que les attaques sont de pire en pire.
- Oui en effet, je l’ai bien vu. Ces variants magiques de Cox, ces répliquants, ou simplement les assauts d’autruches menés par un de ses lieutenants. Ça n’arrête pas, il y en a presque un par jour en ce moment.
- Les pouvoirs que nous tirons de nos prières commencent à ne plus suffire » continua Morgan « Tout le monde est épuisé à l’église.
- J’confirme mon pote » renchérit Liam « On tient bon mais les dernières assemblées ont été tendues, autant les autruches on peut gérer, autant sans ces alliés du multivers là, on aurait été battus depuis longtemps. On est tous crevés, pas un jour sans d’voir repousser un chauve qui s’la joue Mary Poppins.
- Cox teste nos forces » expliqua alors calmement Maison, dont le regard sérieux trahissait son inquiétude réelle « Cette arrivée d’alliés du multivers n’était pas dans ses plans, et sa grande attaque prévue au départ n’a pas pu avoir lieu. Mais maintenant, il nous connaît. Il comprend à nouveau nos forces et faiblesses, ainsi que les siennes. Ses attaques de sape s’intensifient, et lorsque nous serons le plus affaibli, alors il lancera son attaque.
- Si je puis me permettre » intervint Morgan « J’ai avec moi une Lorenza venant d’un monde que l’on pourrait qualifier d’en avance sur nous. Chez elle, Cox n’a pas déchaîné le multivers, mais a simplement continué sa stratégie telle que nous étions familiers avec. Est-ce que vous pouvez nous en parler, ma fille ? »
La Lorenza hocha la tête, observant le conseil de ses yeux tristes bordés de cernes, avant de prendre la parole d’une voix faible :
« Chez moi, Cox a attendu pendant un an. Il a continué ses attaques, il a repoussé un assaut de l’armée fédérale, il a complètement isolé l’île du reste du monde. Quand il a été sûr que chaque refuge était au bord du gouffre, il a rassemblé toute son armée dans le Grand Senora Desert, et il a lancé une vague contre toute l’île. L’oasis de white est tombée, puis la Commune, l’hôpital, le LSPD, l’église, et le vignoble. Tous ceux qui ne sont pas morts sont dispersés dans la nature, en survivant au jour le jour, ou son réduits en esclavage. Il n’y a que les Vagos qui s’en sortent un peu, en se déplaçant en permanence et en pillant ce qui reste de ressources dans les refuges. Cox a pris l’hôpital et en a fait sa nouvelle forteresse. Je suis la dernière en liberté du Domaine. Tout le monde est mort, sauf les cousins, qui sont prisonniers. Ça fait trois semaines, je crois, que je me cachais dans les montagnes avec quelques autres, quand je suis apparue ici. »
Un silence de mort tomba sur la salle, tandis que Lorenza se taisait, les larmes aux yeux. Boid affirma, secoué :
« Même si les circonstances sont différentes, Cox utilisera sûrement la même stratégie, non ? Il rassemblera son armée dans le désert, puis fera une sorte de spirale sur le reste de l’île, en détruisant refuge après refuge. »
Le iench aboya avec approbation, tandis que Liam affirmait :
« La Commune est juste à côté. Si on voit que toute son armée est là, on peut vous prévenir. Un à un il peut pt’être nous avoir, mais tous ensemble, on peut l’faire reculer.
- Et votre sorte de task force » demanda Maison à Liam « La Dream Team de votre commune, avec ces variants aux compétences particulières. Est-ce qu’ils ne pourraient pas être utiles dans cette lutte ?
- Je saurais pas t’dire ça, mon pote, j’avoue que leurs pouvoirs m’dépassent, surtout le variant de Antoine là, Alex, un jour il aurait pu pulvériser Cox, depuis plus rien.
- Oui, c’est une histoire compliquée » approuva Maison « Chaque refuge semble avoir ce genre de troubles, tant les histoires des variants sont différentes, et leurs pouvoirs imprévisibles. Et cela ne s’arrange pas avec tous ces répliquants que Cox envoie nous infiltrer. En parlant de variants, d’ailleurs… »
Maison se tourna vers la personne qui l’accompagnait. D’une vingtaine d’années, la peau relativement pâle de stress, des cheveux châtains mi-longs avec deux mèches blanches à l’avant, et une chemise à carreau rouge, elle semblait particulièrement timide, possiblement encore moins à sa place que Lorenza dans cet environnement. Marius affirma :
« Ah mais je l’ai déjà vu lui, il est passé au LSPD une fois, c’est un variant comme l’autre là, Alex, qui a quelqu’un d’autre dans sa tête ?
- Non, c’est légèrement différent » expliqua Maison « Comme vous le savez, il existe un univers où nous ne sommes que des histoires, des personnages de jeux vidéos. Il y a à la Commune plusieurs individus venant de cet univers, l’un d’entre eux ayant joué le docteur White, et deux autres étant comptés comme variants car, en plus d’avoir dans leur esprit une version d’un habitant de l’île comme Alex avec Antoine Croute, ils ont écrit des histoires, nous ont incarné sur le papier. Cette personne s’appelle Kohol, entre autres, et a un rapport particulier à notre monde. »
Il cessa de parler et fit un signe de tête à Kohol, pour lui indiquer que c’était à lui. Kohol haussa les sourcils de surprise, puis bégaya :
« Euh, bonjour… »
Le conseil des notables lui rendit sa salutation, et il avala sa salive avant de dire d’une voix légèrement tremblante :
« Eh bah, euh… Chez moi, enfin dans l’univers que monsieur Maison a dit, c’est moi qui écrit l’histoire dans laquelle on est en fait. »
Donatien se leva et demanda, l’air outré :
« Attendez, vous voulez dire que c’est à cause de lui que nous sommes dans cette galère ?
- Du calme, cher ami » l’interrompit Maison « Nous n’en avons en réalité aucune idée. Il est possible que son écriture n’influence notre monde, mais rien ne nous le prouve. Le fait qu’il existe de nombreux variants qui ne viennent d’aucune histoire dans son monde semble ainsi indiquer que le multivers est bien indépendant de leur réalité, et que par je ne sais quel coup du destin, leur monde connaît une grande partie des nôtres par la fiction.
- C’est tout simplement par l’opération du Saint Esprit » affirma Morgan « C’est évident. Il inspire à la création, Il donne l’inspiration.
- J’avoue que y a encore six mois j’aurais douté » répliqua Boid « Mais maintenant je me dit que c’est pas si con en fait.
- Mais du coup, mon pote » renchérit Liam « Si t’as écris notre histoire, tu sais ce qui se passe ensuite, non ?
- Euh, en fait non » répondit Kohol, qui semblait vouloir disparaître dans le sol « Je suis apparu ici en même temps que tout le monde, donc j’en sais pas plus que vous. Et j’écrivais mes chapitres semaine sur semaine sans vrai plan… Le coup des répliquants j’y avais jamais pensé par exemple. Même le coup du multivers c’était pas prévu au début, c’est venu ensuite.
- Pardonnez-moi mais dans ce cas » l’interrogea Donatien « Quel intérêt avez-vous pour nous ? Avez-vous des pouvoirs peut-être ?
- Non, j’ai pas de pouvoirs. Désolé monsieur.
- Mais alors que faites vous ici, que diable ?
- Mais j’en sais rien moi, enfin, euh, le docteur Maison se disait que c’était quand même important que vous le sachiez ? »
Maison reprit la parole, constatant que Kohol était encore plus pâle qu’au départ :
« Tout d’abord, Kohol m’a bien dit que son plan pour l’histoire était, au minimum, que cette confrontation multiverselle se conclue bien par une grande bataille dans laquelle tous les variants seraient renvoyés chez eux. Jusqu’à maintenant, on a pas encore vu un univers être différent de la façon dont il est dépeint dans les histoires de cette réalité. Si ce qu’elle m’a dit est vrai, nous avons donc toutes nos chances contre Cox, au moins pour cette confrontation particulière. Ensuite, bien que nous ne savons pas si son écriture peut effectivement influencer notre monde, il est possible qu’elle le fasse. Par conséquent, si nous parvenons à la renvoyer dans son univers, son aide pourrait nous être précieuse.
- D’accord » répondit Boid « Mais ça implique de le renvoyer chez lui. Et pour ça il faut gagner cette bataille. Et dans l’état actuel des choses, on peut pas. On est pas assez puissants, trop fatigués, pas assez entraînés. On a besoin de plus de monde, et d’un peu plus de temps.
- Pour ce qui est du monde en plus » intervint Morgan en portant son regard vers une chaise vide « Je pense que nous devrions demander de l’aide à monsieur Johnson. Il a recruté un grand nombre de variants très puissants, il a du matériel, il connaît bien le potentiel futur champ de bataille…
- Ok mais je dois rappeler que les Vagos c’est pas l’amour fou avec certains d’entre nous ? » demanda Marius « Enfin, j’veux pas dire n’importe quoi, mais avec la Commune et le refuge du LSPD, c’est pas joyeux.
- Nous pouvons aussi voir le verre à moitié plein » répondit Donatien « Avec mon Domaine, la LSMS ou encore l’église, les Vagos sont en relativement bons termes. Il faudrait jouer là-dessus.
- Nous avons donc besoin de rallier les Vagos à notre cause. » affirma Maison « Il est nécessaire d’envoyer une délégation leur parler le plus vite possible.
- Et on envoie qui alors ? » demanda Boid.
Voyant le regard que les autres lui portaient dessus, il fronça les sourcils, avant de sursauter :
« Non, je vous préviens, je n’irais pas voir les Vagos.
- Il est nécessaire que le geste vienne de vous » répondit Morgan « Sans quoi ils suspecteront une mauvaise volonté de votre part.
- Allez mon pote » plaisanta Liam « Je sais que t’en rêves. »
Voyant que tout le monde le regardait à son tour, il eut alors un instant de réalisation :
« Alors non par contre ça va pas l’faire là, non, j’irais pas voir les Jaunes non. »
Le silence se fit, et Maison affirma alors calmement, un petit sourire malicieux sur le visage :
« Alors c’est décidé. Monsieur Boid et Monsieur Dunne, vous êtes chargés de rallier les Vagos. »
Chapter 24: Liam al gaib
Summary:
TW : mention de mort
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Le Grand Sen̄ora Desert, territoire des vautours, des lézards, et surtout de la poussière. Des hectares de sable, de plantes sèches, et d’amas rocheux de couleur ocre. Ses routes au bitume gris à moitié fondu déjà peu empruntées en temps normal étaient désormais couvertes de poussière, à peine distinguable du reste du paysage. Les nombreux entrepôts qui le parsemaient avaient depuis longtemps été pillés pour leurs ressources et leurs matériaux par des raids Wargos et de la Commune. Déjà mortel sans préparation avant même l’apocalypse, il était désormais le lieu des embuscades, des hordes d’autruches, et de l’odeur de kérosène et de gomme brûlée. Et, au milieu de ce désert, alors que le soleil allait bientôt se coucher, Boid et Dunne marchaient avec difficulté. Ils étaient partis en fin d’après-midi de la Commune, suivant la piste du dernier convois Wargos afin de trouver leur repaire. La moitié de leurs réserves d’eau avait déjà été consommée, mais la fraîcheur de la nuit allait bientôt les soulager. Après plusieurs heures de silence concentré, ce fut Boid qui commença à parler :
« Bon, et sinon, ça fonctionne votre truc communiste là ?
– Ça fonctionne très bien mon pote. J’dois dire que j’suis surpris, j’m’attendais pas à c’que Peine soit si enthousiaste. Et vous, vot’ régime autoritaire ?
– On va peut-être pas commencer à s’engueuler direct, si ?
– Bah je sais pas mon pote, j’ai jamais d’mandé à être casé avec vous, et un endroit où y a pas de distinction entre pouvoir judiciaire, législatif et exécutif, c’est pas un exemple de démocratie.
– Putain vous êtes vraiment pas obligé hein, avec le mauvais esprit.
– C’est pas moi qu’a engagé la conversation m’sieur l’commissaire.
– Ouais ouais c’est bon, j’ai compris. »
Ils se turent à nouveau, continuant à marcher en silence tandis que le soleil touchait l’horizon, enveloppant le paysage d’une lumière dorée puis rouge, avant de disparaître. Une légère brise se leva, apportant un peu de fraîcheur. Voyant la silhouette d’imposants rochers se découper à quelques centaines de mètres, les deux hommes s’y dirigèrent, espérant y trouver des traces d’un campement. Alors qu’ils avaient parcourus quelques dizaines de mètres, un grondement commença à apparaître en fond sonore. Au loin, une horde d’autruches parcourait le désert,, soulevant un nuage de poussière impressionnant. Liam fit alors signe à Boid se marcher doucement, lui indiquant comment placer ses pieds sur le sol pour causer le moins de vibrations possible et ne pas attirer l’attention sur eux tant qu’ils étaient à découvert. Ils continuèrent ainsi à avancer, la horde d’autruches à une distance trop faible pour être serein mais pas encore dangereuse. Ils arrivèrent finalement sur les rochers, mais presque immédiatement, alors qu’ils se hissaient sur la paroi, un morceau de roche se détacha et tomba au sol, le choc se répercutant dans les airs durant bien trop longtemps. Presque immédiatement, le grondement de la horde d’autruches devint plus intense, et les volatiles se mirent à se rapprocher à toute vitesse. Liam cria alors :
« Allez, grimpez ! »
Ils cessèrent de chercher le chemin le plus commode, gravissant la paroi rocheuse de plus en plus raide afin de pouvoir arriver en haut, hors de portée. Les muscles douloureux face à cet exercice auquel ils n’avaient pas l’habitude, les doigts en feu, ils montèrent du mieux qu’ils pouvaient, alors que les autruches n’étaient plus qu’à quelques dizaines de secondes de les atteindre. Liam parvint à arriver en haut du rocher, mais Boid avait davantage de difficultés. Les oiseaux arrivèrent à la base de la roche, grimpant comme ils pouvaient, et donnant des coups de becs en direction du commissaire. Ce dernier vit ses mains trembler, avant de glisser et de tomber dans le vide, en direction des autruches. Dans un choc qui lui fit parcourir une intense douleur dans le bras, il s’arrêta cependant dans sa chute, retenu par Liam :
« Bah alors mon pote, on est plus aussi dynamique qu’avant ? »
Il l’aida à monter, observant alors la mer de plumes en bas du rocher. Boid demanda, rageur et se frottant le bras, le souffle court :
« Bordel mais on va faire comment maintenant, on est bloqués !
– On peut toujours attendre, elles vont pas rester ici éternellement.
– Bah j’espère bien, sinon on va mourir de soif.
– J’sais pas c’que j’préfère entre ça et m’faire défoncer par des grosses dindes, j’tavouerais… »
Alors qu’ils s’asseyaient, une vibration lointaine parvint à leurs oreilles, et les autruches changèrent immédiatement de cible, s’enfonçant dans le désert. Fronçant les sourcils, les deux hommes les regardèrent partir, sans comprendre ce changement si soudain ni la raison de cette vibration. Boid affirma alors, incertain :
« C’est peut-être un moteur Wargos ?
– On a dû attirer leur attention avec ce bordel, ça c’est certain mon pote. »
Sans prévenir, la voix de Miguel s’éleva de derrière eux :
« On vous avait vu bien avant, vous êtes pas super discrets les gars. »
Le Wargos se tenait sur le rocher, dans sa tenue en cuir d’autruche parcourue de pics en métal. Il n’avait pas fait un bruit en arrivant. Liam demanda :
« C’est vous qu’avez fait décarrer les autruches ?
– Sì. Le jefe s’est dit que vous deviez pas être là pour rien.
– Effectivement » affirma Boid « On peut le voir ?
– Ça peut s’faire. Pourquoi vous êtes là ?
– C’est l’Conseil des Notables qui nous envoie » répondit Liam « On a b’soin de voir Lenny. »
Miguel les observa avec des sourcils froncés, puis leur fit un signe de main pour les inviter à le suivre. Ils descendirent du rocher, et suivirent alors Miguel sur quelques centaines de mètres dans le désert, entre les roches. Du coin de l’œil, Liam remarqua qu’ils étaient observés, par un mouvement rapide derrière un rocher, un éclat métallique au loin, de vagues vibrations. Finalement, approchant une imposante masse rocheuse d’une vingtaine de mètres de haut et s’étendant sur des dizaines de mètres de chaque côté, Miguel frappa son pied à deux reprises par terre. Immédiatement, une portion de la paroi se mit à gronder et lentement glisser, révélant une ouverture dans laquelle ils s’enfoncèrent. Derrière, après un long couloir au sol marqué de traces d’imposants pneus, se trouvait une grande salle taillée dans la roche, où étaient garés les divers véhicules des Wargos. Des dizaines de personnes circulaient, avec des petits groupes faisant la cuisine, réparant les voitures et camions, dormant dans des hamacs improvisés, ou simplement discutaient. Tous tournèrent leur regard vers les deux nouveaux arrivant, qui tentèrent de ne pas se montrer déstabilisés et continuèrent de suivre Miguel, qui les amena à une petite salle séparée, éclairée à la lanterne, où Lenny Johnson était assis sur un trône de métal, entouré de divers membres des Wargos et de quelques variants. Lorsqu’il vit Liam et Boid, il se leva et parla d’un ton éloquent :
« On m’a averti que vous étiez dans le désert sans aucune escorte. Pourquoi ?
– On vous cherchait » répondit le policier « Le Conseil des Notables nous envoie.
– Et pourquoi est-ce que vous cherchez les grands guerriers du désert Wargos, les prophètes de l’apocalypse ?
– Pour faire simple » expliqua Liam « Cox va pas tarder à attaquer, et on a besoin d’votre aide. Sans vous, il va gagner quoi qu’il arrive. »
Lenny les regarda, un sourcil haussé. Il se mit à marcher en rond, les mains dans le dos, puis demanda après quelques instants :
« Et pourquoi est-ce que je viendrais vous aider ? Nous sommes bien protégés ici, Cox ne nous atteindra pas.
– On pourrait s’allier ? » proposa Boid « Je libère les Vagos encore prisonniers au LSPD, je vous laisse vous fournir en carburant chez moi, on ouvre le commerce avec vous…
– Tout pareil mec ! » renchérit Liam « On a des fruits et légumes, du cuir, de la viande… »
Lenny leva la main, les faisant taire d’un air sceptique, puis d’un petit geste, ordonna de les faire sortir, tandis qu’il se tournait vers les autres Vagos. Boid et Liam furent sortis de la pièce en attendant. Liam s’agaça :
« Bon, coco, on est d’accord que ça mène à rien là ?
– Ouais, ils vont pas accepter. Il faut changer de stratégie.
– Leur truc de Wargos là… Le folklore autour, les guerriers du désert et tout… On peut peut-être jouer là-d’sus ?
– Euh… Peut-être ? Qu’est-ce que vous avez derrière la tête ?
– Quand on sera ramenés dans la pièce, suis le mouvement, ok mon pote ? »
Boid acquiesça, visiblement incertain mais sans meilleure proposition. Après quelques minutes, Miguel revint les chercher et les amena à nouveau devant Lenny et son conseil. Le chef de guerre se leva à nouveau, et affirma :
« Nous refusons votre proposition d’alliance. Trop longtemps les Families et le LSPD se sont joués de nous, il est temps qu’ils payent la monnaie de leur pièce ! »
Liam tomba alors à genoux et leva les mains au ciel, avant de pleurer d’un air dramatique :
« Oh Lenny Johnson ! El jefe del fuego ! Grand chef du désert, commandant des sables et des roches, dompteur du pétrole et du métal ! Pardonne-nous, nous ne voulions pas te faire perdre ton temps ! »
Constatant que Boid le regardait d’un air perdu, l’ancien Families lui donna alors un coup dans le ventre de son poing, et continua son manège tandis que le policier, plié en deux de douleur, semblait s’incliner devant le Wargos :
« Nous ne sommes venus ici que pour offrir nos humbles services à la cause Wargos, les fiers guerriers de la poussière, némésis des autruches ! Les terres brûlées de l’apocalypse sont sous votre entier commandement, et nous ne faisons que soumettre nos insignifiantes personnes à ce règne ! »
Boid, comprenant enfin où Liam voulait en venir, s’agenouilla à son tour, continuant sur un ton moins convainquant encore :
« Oh prophète du moteur, nous ne faisons que te demander, humblement, ton aide pour défendre tes sujets face à la destruction qui déferlera bientôt ! Sans toi nous ne sommes rien, les Wargos sont tout ! Nous ne sommes que de simples émissaires du Conseil des Notables cherchant la protection des princes de la nitro ! »
Lenny les avait observés tout du long, un sourire s’étendant progressivement sur son visage. Voyant cela, mais ayant déjà percé à jour le jeu des deux invités, Kim Dwight sortit des rangs des conseillers et affirma :
« Lenny, j’espère que tu vas pas les écouter quand même ? Tu vois pas qu’ils se foutent de ta gueule ?
– Je vois surtout qu’ils ont enfin appris à reconnaître la seule autorité dans ce monde détruit ! » rétorqua le jefe « Ils ont compris eux, mieux que beaucoup d’entre vous !
– Mais… » s’indigna Kim « T’as pas capté qu’ils essayent de te caresser l’égo dans l’sens du poil histoire que tu leur donnes ce qu’ils veulent ?
– Allez, j’en peux plus là » répondit Lenny « Vous vous taisez ! Ils voient que les Wargos sont les messies de la route, et qu’on a la domination totale sur le désert ! Ils demandent de la protection, et on va leur en donner. Maintenant notre domination sur l’île est totale. »
Il monta debout sur son trône, levant les bras vers le ciel avec un rire maléfique :
« Mon désert. Mon commissaire. Mon Dunne ! Ahahahaaa ! »
Il descendit en sautant et leur ordonna à tous de le suivre dans la salle principale. Passant à côté de Liam et Boid, Kim leur chuchota d’un air rageur :
« Bien joué à vous les deux p’tits bâtards là. »
Dans la grande salle, tous les Wargos furent rassemblés devant un rocher, où Lenny monta avec Liam et Boid. Lorsque le silence fut fait, il déclara d’une voix forte :
« Wargos ! Notre temps est venu ! Le commissaire Boid et Liam Dunne sont venus se soumettre, reconnaissant la supériorité motorisée que nous représentons ! Ils nous demandent de les rejoindre, de s’allier au reste de l’île pour combattre Cox. Cette alliance, je l’accepte ! Lorsque le moment sera venu, les Wargos seront aux côtés des guerriers de Los Santos face à la grande déferlante volatile ! Wargos wargos wargos ! »
Il leva les bras au ciel, et la foule se mit alors à scander le nom du groupe de plus en plus fort, des dizaines de voix résonnant dans la grotte, des dizaines d’individus aux compétences exceptionnelles qui rejoignaient désormais les forces de lutte contre Cox. Liam et Boid se regardèrent alors. L’ancien Families fit un clin d’œil au commissaire, qui lui répondit par un sourire victorieux.
Chapter 25: Le psy contre-attaque
Summary:
TW : mention de mort, mention de sang
Chapter Text
Dans la pénombre du grand hall de son repaire maléfique, éclairé uniquement de bougies éparses, Cox patientait sur son trône de fer. Des enceintes cachées diffusaient en fond des chœurs graves et menaçants, garantissant une ambiance machiavélique. Cox, sortant de ses pensées, regarda sa montre et souffla d’agacement, voyant qu’il lui restait encore une trentaine de minutes à patienter sur son trône. Ces séances d’une heure et demie à rester immobile d’un air menaçant sur son trône semblaient être une bonne idée au départ et en jetaient au niveau de l’image, mais après des mois et des mois, elles commençaient à l’profondément l’ennuyer, là où elles lui permettaient au départ de se reposer tout en conservant son air maléfique. Il jeta un coup d’œil à Sale Merde, qui picorait des graines dans sa gamelle entre les bougies, reprenant doucement les forces qu’il avait perdu lors de sa défaite au LSMS. Après l’avoir regardé quelques secondes, Cox demanda sur un ton attendri :
« Ça va toi ? »
Il laissa une pause, comme si Sale Merde allait lui répondre, et continua :
« Tu te remets bien ? C’est bientôt la grosse bataille, faut que tu sois en forme. »
Il se pencha vers le volatile et poursuivit :
« C’est qui le p’tit poussin à sa maman ? C’est qui ? Mais c’est toi ! Bah oui ! Baaah oui c’est toi ! »
Au même moment, les lumières du plafond s’allumèrent, rendant les bougies inutiles, et un Juan en gilet fluo et casque jaune sortit d’une pièce attenante, une clef à molette dans la main :
« C’est bon professeur, c’est réparé ! Il fallait juste remplacer un fusible, c’est les lumières de la soirée karaoké d’hier qui ont tout fait disjoncter.
– Aah, merci Juan ! On peut s’y mettre du coup, tu peux dire aux autres de rentrer.
– Sí, je fais ça tout de suite ! »
L’ouvrier sortit de la pièce, et cinq Antoine et deux Daniel entrèrent alors, tenant chacun des objets métalliques. Ils se mirent à genoux devant le trône – ou plutôt tentèrent de le faire, deux trébuchant sur le tapis avant d’y arriver, et un faisant tomber ce qu’il tenait et devant les ramasser – et montrèrent à Cox ce qu’ils apportaient. Il sourit et prit la parole :
« Bravo les garçons, ça a l’air très beau, c’est très bien ! »
Les Croute s’auto-congratulèrent en riant, d’un air fier d’eux. Le docteur se saisit de ce qu’ils lui tendaient, des pièces d’armure au métal noir. Il les enfila sur son costume, avec des protections pour les tibias, les cuisses, les biceps, les avant-bras. Finalement, il enfila un plastron et ses épaulettes. Il garda le casque sur son accoudoir. Après avoir vérifié que tout lui allait bien, il s’accroupit, gardant en tête les stages de pédagogie qu’il avait pris avec Hayley et Béa, et énonça clairement :
« Je suis très fier de vous les cousins, c’est très bien, vous avez très bien réussi, bravo. »
Les Croute affichèrent tous un grand sourire, et deux d’entre eux se retinrent de pleurer. Après quelques secondes, ils quittèrent la salle, et ce fut cette fois des variants de Béa et Gérard qui entrèrent, portant une impressionnante cape noire aux reflets rouges. Cox la prit et l’enfila, avant de se regarder :
« C’est quand même la classe hein, olalah, là je fais vraiment maître du mal. C’est Béa qui a fait la couture ?
– Nan » répondirent plusieurs Gérard en même temps, laissant ensuite un seul d’entre eux prendre la parole « C’est nous, on tricote sur notre temps libre. C’est Bernard qui nous a appris. Les Béa se sont chargées de la teinture de la cape, avec leurs stocks de sang, vu qu’elles font plein de saignées.
– Les saignées là… C’était sur qui ?
– Ben sur vous m’sieur ! » répondit une Béa « Pour être sûr que vos variants ils sont en bonne santé et bien vifs pour la grosse bataille !
– Donc j’ai une cape teintée avec mon propre sang, slash, le sang de mes troupes ?
– Bah oui m’sieur ! »
Cox les regarda, visiblement à mi-chemin entre choc et horreur, sa paupière droite tremblant légèrement, avant d’affirmer d’une voix faussement assurée et enthousiaste, dont le léger tremblement trahissait la peur :
« Euh… Bah bravo du coup, faut admettre que c’est vraiment métal, c’est super tout le monde, bravo, euh, voilà, euh… Merci. »
Il resta immobile avec un sourire légèrement crispé, tandis que les Béa et Gérard sortaient de la pièce. Finalement, une Hayley et un Juan en tenue de pirate entrèrent, portant un long sceptre. Ils approchèrent du trône et lui tendirent. Le sceptre était en métal noir, dont l’extrémité était faite de longs pics tordus et tournoyant, avec au milieu une orbe verte dégageant une faible lumière. Le bas de ce sceptre de près de deux mètres était pointu et tranchant. Cox s’en saisit, l’orbe augmentant immédiatement sa lumière. Le Juan et la Hayley sortirent alors de la pièce. Cox prit alors le casque qui se trouvait sur son accoudoir et le posa sur sa tête. Ce dernier entourait la tête, des protections descendant jusque sur l’arrière des mâchoires, mais son visage restait visible. Des pics montaient tels une couronne, le plus grand, sur le devant, décoré d’une gemme verte. Dans cette couronne, aucune plaque métallique ne se trouvait sur le crâne, le laissant exposé du dessus afin de rester visible par les autruches. Prenant Sale Merde dans sa main, il le souleva et le déposa sur l’un des pics de son sceptre, en forme de perchoir, puis appuya sur un bouton sur son trône. Une corne de brume retentit dans tout le repaire, résonnant longuement dans l’air.
Cox sortit alors de la salle, traversant quelques couloirs éclairés à la torche, arrivant jusqu’à un escalier en colimaçon. Il le monta doucement, durant près de trois minutes. De la sueur se mit à couler de son front, et sa respiration devint difficile, mais il finit par arriver en haut de la tour. Là l’y attendaient déjà l’équipe de son univers : Juan, Hayley, MT, Yann, Gérard et Béa. Juan lui donna une bouteille d’eau, dont il se versa une partie sur la tête avant d’en boire le reste. Hayley lui mit un petit coup de fond de teint et un épais liner noir. Béa lui fit une rapide prise de sang, pour la forme. Une balustrade donnait sur l’extérieur, et Cox la regarda. Il fit un petit jogging sur place de quelques secondes, quelques étirements, puis apparut sur le balcon. Immédiatement, cinquante mètres plus bas, la foule des variants se mit à l’applaudir, tandis qu’une fanfare se lançait dans une interprétation enragée du thème de Giorno dans Jojo’s Bizarre Adventure. Yann se prit alors une claque à l’arrière du crâne par MT après s’être exclamé qu’il s’agissait de la musique de Naruto. Derrière la foule déjà impressionnante se trouvait une mer d’autruches grouillant sur plusieurs centaines de mètres. Cox leva les bras vers le ciel, et les applaudissements redoublèrent, avant de se taire. La fanfare diminua également, avant de cesser de jouer. Béa s’approcha de lui et lui donna un micro, et le docteur la remercia, avant de tapoter dessus puis d’y parler, sa voix amplifiée résonnant alors dans la plaine devant son repaire :
« Test, un deux, un deux. Poum… Poum… Check, check, c’est bon, on m’entend bien dans le fond ? »
Une clameur s’éleva de la foule, et Cox plissa les yeux en essayant de comprendre ce qui se disait :
« Pas tout le monde en même temps s’il vous plaît, je peux pas comprendre ! On m’entend dans le fond ou pas ? »
Il se tourna vers Juan, qui était assis devant une table de mixage, un casque sur une oreille. Ce dernier changea quelques paramètres puis demanda :
« Essayez maintenant professeur ?
– Poum check, poum check… Test, test… On m’entend ou pas ? »
Juan lui fit un pouce en l’air, et Cox se tourna à nouveau vers la foule, le micro en main. Alors qu’il allait parler, un retour micro fit retentir un son strident, faisant se précipiter Juan sur le volume pour le diminuer. Il affirma ensuite :
« Docteur, mettez pas trop ce micro de mes couilles vers les enceintes là, sinon ça va recommencer. »
Cox hocha la tête, puis commença enfin à parler, s’exclamant :
« Chers amis ! Le moment est venu ! »
La foule se remit à applaudir, et il continua :
« Pendant trop longtemps maintenant, les refuges se sont moqués de nous ! Mais c’est désormais à nous de rire ! Ahahahah, vous voyez, je ris ! Ils pensaient pouvoir nous résister, mais ils sont incapables d’avoir une alliance convenable, incapable de s’entendre ! Nous, en revanche, nous avons la solidarité, la coopération, et surtout le même objectif ! Nous, nous sommes tous tournés vers le même avenir ! Bientôt, nous aurons l’île à notre botte, et vous pourrez retourner chez vous avec à l’esprit le souvenir galvanisant de la défaite écrasante qu’auront subit vos ennemis de votre propre main ! Et avec cela, vous pourrez diffuser cette victoire des Cox dans tous les univers, et nous débarrasser de ces insolentes petites vermines qui ont dédié leur vie à pourrir la nôtre à une échelle cosmique ! Oui, nous n’avons pas encore conquis l’île. En effet, une dure bataille reste à mener, contre des êtres aux capacités parfois exceptionnelles. Mais si vous restez soudés, alors nous écraserons ceux qui se mettent en travers de notre chemin depuis bien trop longtemps maintenant. Et nous réserverons un traitement particulièrement cruel à ces trois traîtres qui ont quitté nos rangs, ces deux Cox et cette Hayley qui aujourd’hui dorment paisiblement chez l’ennemi ! »
Sous les acclamations de la foule, il conclut :
« Une nouvelle aube se lève, et la victoire est proche ! Aujourd’hui, la terre sera tâchée du sang de nos ennemis ! Nous allons marcher sur la Commune ! Vers la guerre ! Que leurs os se brisent, et que leurs têtes soient dressées sur des piques ! Que notre suprématie soit éternellement reconnue ! »
Il leva son sceptre vers le ciel, projetant une lumière verte éblouissante vers les nuages noirs qui surmontaient toujours son repaire. La foule explosa en ovations, et Cox retourna dans la tour. Là, il but une nouvelle bouteille d’eau, et tous redescendirent, Gérard sur un fauteuil monte-escalier. Lorsqu’ils arrivèrent en bas, ils sortirent du repaire, arrivant face à la foule, qui continua ses acclamations. Cox leur sourit, puis leva les bras vers le ciel, avant d’avancer et de s’enfoncer dans la foule, Sale Merde sur son sceptre. Les lieutenants de son univers le suivirent, et l’armée se mit en marche, la fanfare jouant cette fois-ci le thème de NFL on Fox. Le docteur continua de progresser, et bientôt, une immense armée descendait la colline et entrait dans le désert, en direction de la Commune.
Chapter 26: C'est la lutte finale
Summary:
TW : armes à feu, arme blanche, mention de mort
Chapter Text
Liam, perché sur l’une des tours de la Commune, observait avec ses jumelles l’imposant nuage de poussière dégagé par l’avancée de l’armée de Cox. Une expression inquiète sur le visage, il descendit alors, rejoignant le reste des habitants de l’ancienne prison, qui avaient tous leur regard posé sur lui. Liam inspira profondément :
« Camarades, on dirait que le moment qu’on attendait est arrivé. Déclenchez l’alerte, tenez-vous prêts. Je vais aller gagner quelques minutes. Ne m’accompagnez pas, ça ne vaut pas le coup. Faites comme on avait décidé dans l’assemblée générale : ceux qui ne peuvent pas combattre, vous restez ici, sous la protection des volontaires. Les autres, restez prêts dans l’enceinte de la Commune, et ne sortez que si des renforts arrivent et permettent une offensive. Pour la Commune ! »
La foule répéta son cri, poing levé, avant de s’organiser. Liam se prépara à son tour, saisissant une arme qu’il mit dans son dos. Son variant travailleur minier lui donna un imposant drapeau rouge, qui s’élevait à trois mètres du sol, et la Hayley du même monde lui tendit un drapeau noir. L’Irlandais les remercia. Il passa devant Marcello et s’arrêta, lui donnant un sourire faussement assuré. L’Italien s’approcha alors rapidement, et le serra contre lui. Liam lui rendit son étreinte. Quelques instants plus tard, ils se séparèrent, et Liam sortit de la Commune, drapeaux au vent. Derrière lui, l’alarme commença à sonner, tandis qu’un ballon d’air chaud s’élevait dans les airs, relié à la prison par une très longue corde. Il marcha de longues minutes dans le désert, le soleil couchant illuminant les environs d’une lumière dorée. Plantant les drapeaux dans le sol, il vit l’armée de Cox approcher, avant de s’arrêter à une centaine de mètres, interrompant le grondement des pas et les cornes de brume. Après quelques instants, Cox se détacha de la foule, dans son armure noire, sa cape rouge sang flottant dans le vent. Il pointa son sceptre de métal sur lequel était perché Sale Merde vers Liam, et la sphère verte à l’intérieur s’illumina. Sa voix s’éleva alors dans l’espace qui les séparait :
« Bonjour Liam ! Sache que nous allons détruire ta Commune, y a rien de personnel hein ! »
Derrière Liam, haut dans le ciel, le ballon d’air chaud tira soudainement des fusées de détresse encore plus haut dans le ciel. Bien loin, à plusieurs kilomètres de là, Spider-Antoine les remarqua, perché tout en haut de la plus haute tour de la LSMS. Immédiatement, il lança sa toile et voltigea, descendant rapidement et rejoignant le docteur Maison qui l’attendait en bas. Le jeune homme affirma, d’une voix à la fois excitée et agitée :
« Les feux d’alarme sont allumés, la Commune appelle à l’aide ! »
Maison se redressa et saisit son bâton, avant d’annoncer :
« Et la LSMS répondra ! »
Il se dirigea immédiatement vers l’intérieur, descendant dans le laboratoire, et les autres Maison arrivèrent devant un magnifique cristal bleu. Ils le lui donnèrent, et Maison l’incrusta alors sur son bâton. Il remonta, et tous le suivirent, vidant le laboratoire, quittant les lieux avec toutes les inventions qu’ils avaient élaborées. Maison, une fois dehors, fit lentement tourner son bâton dans l’air devant lui. Il ne se passa rien durant quelques instants, mais des étincelles bleues apparurent soudainement.
Dans le désert, Liam et Cox s’échangeaient des insultes depuis quelques instants déjà. Alors que Liam allait lancer une réplique particulièrement bien sentie sur la mère du psychiatre, un son étrange le fit se tourner vers sa gauche. Il fronça les sourcils et regarda les étranges étincelles bleues sortant de nulle part. Il s’en approcha doucement, et les étincelles augmentèrent alors en intensité, ouvrant un vortex bleuté, puis un autre, et enfin des dizaines. En sortirent alors les magiciens du LSMS : Vanessa, Titouan, Holloway, Lucie, Riley, Bazil et Maison, les poings serrés. Derrière eux arrivèrent spider-Antoine, le Maison dragon, et les variants scientifiques, ainsi que les deux professeurs Müller. Enfin, une foule d’une centaine de personnes les suivit, variants ou simples citoyens, dotés de pouvoirs ou non. Maison fit un signe de tête à Liam, qui se mit à rire :
« Je croyais qu’tu m’avais lâché mon pote !
– Jamais, cher ami, jamais ! »
Titouan se transforma alors en magical girl, tandis que Vanessa s’élevait dans les airs. Holloway alluma son sabre laser, Bazil fit apparaître une boule de feu dans sa main, Riley enfila de très très imposants gants métalliques semblant alimentés par de petites sphères lumineuses bleues, et Lucie compléta sa panoplie d’armure en diamant parcourus d’une lumière iridescente mouvante en posant un casque sur sa tête, puis sortit une épée faite du même diamant lumineux, une fiole de potion rouge dans la main gauche. D’un autre portail bleu sortit alors Bill Boid, en costume noir et nœud papillon, sa ceinture bondée de gadgets. Le iench se trouvait à ses pieds, et aboya en voyant la foule déjà présente. Le reste du commissariat arriva alors, avec des dizaines de variants, de policiers armés, des dragons, des chevaliers, ou encore la Docteure Vanessa tous parés. Liam demanda à Boid :
« Tout le monde est pas là, si ? Je vois pas Kuck, Monier…
– Ils arriveront plus tard, t’inquiète pas ! » répondit le policier « En attendant, il s’agirait de gagner du temps ! »
Quelques secondes plus tard seulement, d’un autre portail, sortirent des dizaines de personnes en uniforme militaire, menés par un Titouan Martino au mulet orné d’un béret rouge. Ils marchaient en rang, en rythme, au son d’une trompette jouée par une Rose Dwight. Martino cria :
« Unités du VROUM au rapport, commissaire ! Gaaarde à vous ! »
Les soldats en uniforme se mirent en ligne, arme en main, droits et en faisant un salut militaire. Marcello et Angelo, côte à côte, se jetèrent un regard d’appréhension. Maison et Boid adressèrent au VROUM leur propre salut militaire, tandis que Martino leur faisait un signe de tête de remerciement. Un nouveau portail s’ouvrit, cette fois au son d’un chœur de chorale, illuminant les environs d’une lumière blanche. En sortirent des dizaines de personnes en robe noires de moine, menées par le père Morgan, Bible en main. À leur suite se trouvaient de nombreuses personnes, réfugiés et variants, prêts à en découdre. Tim, fusil en main et gilet pare-balle sur le dos, marchait aux côtés du véhicule de Devon, qui était rempli de munitions, explosifs et vivres ainsi que de matériel médical. Joséphine et Johnny marchaient l’un à côté de l’autre, fusil dans une main, lampe à encens dans l’autre. Morgan retira sa capuche et s’exclama :
« In nomine Patris et filii et spiritus sancti, Amen ! Que mon Dieu et tous les autres nous mènent vers la victoire ! Ordre de Los Santos, aux armes ! »
Les dizaines de moines retirèrent alors leur capuche et ouvrirent leur coule, révélant l’uniforme de templier qui se trouvait en dessous. Ils tirèrent leur épée et la pointèrent vers le ciel, avant de hurler à travers leur haume « Deus Vult ! ». Un grondement commença lentement à s’élever dans l’air, mais ne semblait pas provenir de l’armée de Cox. Un nuage de poussière à leur gauche commença à monter dans les airs, et approcha à grande vitesse. Lorsqu’il fut suffisamment prêt, l’armée du Domaine qui en était la cause devint visible. Ils se mirent en place sur le front, des centaines et centaines de sangliers chevauchés par d’innombrables soldats en armure de cuivre, menés par un Donatien de Montazac en impressionnante armure dorée, cape rouge et chapeau haut de forme toujours surmonté d’une couronne, lui-même chevauchant un sanglier d’une taille impressionnante. À ses côtés se trouvaient les cousins Croute, Fab, Lara et Lorenza ainsi que Roy, des fantômes, et le Cox en long manteau noir. Montazac s’écria alors :
« N’ayez crainte, le Domaine a répondu à votre appel ! Nous sommes des centaines, dites-le aux informations ! »
Face à ces renforts, les habitants retranchés dans la Commune sortirent à leur tour, certains au son de l’Internationale, d’autres plus minoritaires au son de Anarchia Mama. Kiddy et Traoul se tenaient la main, arme dans le dos, Peine aux côtés de Marcello et Harris, et, menant l’armée, Michael, portant un drapeau rouge et la pancarte « Pour le capitalisme solidaire », la dernière invention de la Commune pour lui faire croire qu’il ne défendait pas le communisme. White les suivait , trainant des pieds, portant un kimono blanc. Ils se mirent à leur tour en place, non loin de Liam. L’armée qui se dressait désormais dans la plaine était forte de plus d’un millier de personnes, sans compter les sangliers. Divers chants résonnaient dans chaque groupe, afin de renforcer le moral : chants communistes et anarchistes, hymnes chrétiens, marches militaires, et autres musiques diffusées sur des enceintes. De nombreux drapeaux flottaient dans les airs, rouges, noirs, bannières blanches, bleues, ornés du sigle du LSPD, du sanglier du Domaine, de la croix rouge des Templiers. Au sein même des armées, des sous-groupes se créaient selon les affinités, de petits groupes d’amis se rassemblant en unités, comme les dragons qui se rassemblaient, Angelo, Marcello et Rose dans les VROUM, ou encore la Dream Team menée par Alex. Kohol était aussi présent, téléphone prêt à filmer, carnet de notes en main. Loin devant eux, dans le désert, Cox se mit à rire :
« C’est bien beau tout ça mais c’est tout ce que vous avez ? Je dis pas, le combat sera beau, mais vous n’avez aucune chance ! »
Maison jeta un regard interrogatif vers Liam et Boid, qui haussèrent les épaules d’un air incertain. Alors qu’ils allaient s’interroger mutuellement, un klaxon retentit dans la distance, puis un autre, et enfin le rugissement de nombreux moteurs s’éleva. Les dizaines de véhicules modifiés et couverts de pics des Wargos ainsi que leurs trois camions arrivaient en trombe. L’entièreté de leur arsenal avait été mobilisée, amenant des dizaines et dizaines de variants de Vagos, pour une grande partie particulièrement puissants. Ils s’arrêtèrent une fois à côté de l’armée, criant « Wargos Wargos Wargos » sans fin. Liam et Boid se sourirent alors, et Maison sembla rassuré. L’armée venait de gagner des renforts précieux. Maison cria alors, pour présenter le plan :
« Chers amis, il s’agit de notre seule chance, et nous nous devons de la saisir. Si vaincre cette armée est le plus important, l’objectif est de me permettre d’accéder au site du rituel dans le repaire de Cox. Lorsque j’y serais, j’inverserais sa magie, et chacun des variants pourra rentrer chez lui, affaiblissant Cox à son tour. Il s’agit probablement de la dernière fois que vous vous voyez, que cela signifie une victoire ou une défaite. Alors faites vos adieux, ce soir, vous serez dans un monde meilleur. Aujourd’hui, vous rentrez chez vous et nous reprenons cette île ! »
Il se tourna à nouveau en direction de Cox, puis leva doucement son bâton dans les airs, l’illuminant d’un éclat bleu :
« Chers amis… »
Le silence se fit, tandis que le soleil s’apprêtait à toucher l’horizon, les entourant d’une lumière semblable à un brasier. Maison reposa son bâton sur le sol.
« Pour Los Santos ! »
Ils se mirent alors à charger, immédiatement imités par Cox. Le désert se couvrit d’un impressionnant nuage de poussière, l’atmosphère remplie des cris des deux armées alors qu’elles allaient à la rencontre l’une de l’autre. Les variants déclenchaient leurs pouvoirs, les Wargos démarrèrent en trombe, les sangliers et autruches s’élancèrent en avant. Enfin, les deux camps rentrèrent en contact.
Chapter 27: Apocalypse soon
Summary:
TW : mort, cadavre, sang, blessures, arme blanche, arme à feu, violence physique, violence sur animal, violence verbale
Chapter Text
Dans un immense fracas, les armes s’entrechoquèrent, sous les cris des milliers d’individus présent, partiellement couverts par les coups de feu et les explosions. La marée d’autruche s’était précipitée en avant, formant la première ligne qui se heurta à l’armée de Los Santos. Cox, lui, restait en arrière, supervisant son armée, surplombant le champ de bataille. Le petit bataillon du VROUM de Marcello, Angelo et Rose était à l’avant de l’armée, les trois, fusil en main, tirant dans la masse de volatiles, faisant voler les plumes. Autour d’eux s’amassait progressivement une barricade de corps d’oiseaux, les aidant à se protéger. À d’autres endroits, suivant leur exemple, des duos, trios et autres petits groupes du VROUM s’étaient formés, coopérant et s’entraidant pour éviter de se faire submerger. Pour autant, les volatiles ne cessaient pas d’approcher, et le Matrino militaire ne cessait pas de hurler des ordres qui, certes aidaient, mais ne faisaient qu’ajouter au vacarme un flot d’insultes.
Les véhicules des Wargos roulaient le plus vite possible, rapidement cabossés à force de foncer dans une mer d’autruches de deux cents kilos magiquement renforcés. Sur leur toit, des dizaines de variants étaient debout, tirant sur les volatiles avec leurs armes et leurs pouvoirs. Ceux qui pouvaient voler le faisaient, surveillant le chaos pour tenter de trouver des personnes en danger à secourir. Le Domaine lui-même était parti à la charge, contrant les autruches avec la masse de leurs centaines de porcs, tranchant les oiseaux de leurs épées de cuivre. Donatien était lui-même en permanence entouré de ses employés, traversant la bataille en allant vers Cox, tandis que Roy hurlait dans un haut parleur sa chanson « Dans le Domaine de Dona ». Antoine et Daniel, eux, avaient des cornes de brume dans lesquelles ils soufflaient de toutes leurs forces.
Les dragons, dans leur globalité, s’envolaient et fonçaient dans les autruches, les propulsant dans tous les sens. Alors que le dragon Franck Peine volait, il remarqua sur un camion Wargos le Franck qui avait trahis le LSPD, et atterrit brusquement à côté de lui, reprenant sa forme humaine :
« Ça va, tout se passe bien Franck ?
– Je sais pas si tu as vu mais il y a une bataille à gagner.
– Tu te sens pas trop con d’avoir trahi juste pour revenir te battre à nos côtés ?
– Y avait rien de personnel, ok ? Je l’ai déjà dit. Si tu te réveillais chez tes ennemis, dans ton monde, tu chercherais pas une occasion d’aider tes alliés, y compris si ça passe par infiltrer les ennemis ? »
Le dragon resta silencieux, légèrement déstabilisé, puis rétorqua :
« Tu as mis Sarah en danger.
– C’est pas ma Sarah. Ni la tienne, d’ailleurs. On a tous nos problèmes, et le mien c’était pas de protéger une Sarah que je ne connais pas. »
Ils ne discutèrent pas durant quelques secondes, reprenant conscience du vacarme de la bataille autour d’eux, et le Wargos soupira :
« Allez, retourne te battre. Tu veux protéger Sarah, ou revoir celle de chez toi ? C’est la meilleure façon de le faire. »
Le dragon le jaugea du regard un instant, avant de se transformer et de s’envoler à nouveau. Le gangster leva un peu les yeux au ciel avec un petit sourire, puis se concentra à nouveau sur le combat. Non loin du camion où il se tenait, les templiers de l’Église fonçaient, traversant les autruches en criant des prières. Ils étaient menés par Morgan, qui lisait des psaumes, foudroyant les autruches qui tentaient de l’attaquer. Alors qu’ils rencontraient une résistance importante, il leva la main au ciel, sa Bible contre lui, et la mer d’autruches s’ouvrit en deux devant lui, leur permettant de reprendre leur progression. Les autruches continuèrent de les entourer, sans parvenir à les atteindre. Ils réussirent cependant à les séparer du reste des membres de l’Église, et ces derniers se retrouvèrent à se battre de façon plus individuelle. Johnny et Joséphine furent coupés des autres, se collant alors dos à dos, agitant leurs lampes à encens face aux autruches qui les entouraient. La bourgeoise demanda, tout en tirant un coup de feu dans l’un des volatiles qui avait tenté de lui sauter soudainement dessus :
« Vous avez une idée pour nous sortir de là, mon cher ?
– J’avoue qu’là on est un peu dans la panade, j’ai d’jà vu mieux !
– Les templiers sont trop loin pour les appeler ! Et ils ne nous entendraient pas même si on essayait. »
Johnny parvint à assommer une autre autruche, et en frappa une autre avec la crosse de son fusil, mais une troisième parvint à lui griffer profondément le bras de ses impressionnantes griffes. Joséphine inspira profondément, fracassa un oiseau de sa lampe à encens, puis affirma d’une voix légèrement tremblante :
« Si jamais nous ne sortons pas vivants de cette situation…
– Dites pas ça, Joséphine ! On va s’en sortir !
– Écoutez-moi Johnny ! Si nous ne sortons pas vivants de cette situation, sachez que vous avez été un compagnon de route très appréciable ! »
Toujours dos à dos, ils changèrent de direction, contrant simultanément l’attaque de deux autruches qui tombèrent au sol suite à un coup de fusil, et Johnny répondit :
« Très heureux d’l’apprendre, j’dois dire que c’est réciproque !
– Vous êtes sincère ?
– Absolument, j’regrette pas du tout d’être resté, heureusement qu’vous m’avez convaincu !
– Oh Johnny, ça me fait si plaisir !
– Tout l’plaisir est pour moi madame ! Dites, on pourrait p’t’être essayer de d’mander un peu d’aide à nos amis du ciel ? Ça peut qu’aider !
– Vous avez raison ! On fait ça à trois !
– Un… deux…
– Trois ! »
Ils fermèrent les yeux et cessèrent de se battre, se tournant l’un vers l’autre et joignant leurs mains, se plongeant immédiatement dans une prière à des divinités différentes. Le silence sembla se faire autour d’eux, et leur prière sembla durer de longues minutes. Pourtant, moins d’une seconde s’était passée lorsqu’ils rouvrirent les yeux. Une lumière blanche les entourait, tenant les oiseaux à distance. Des chœurs chrétiens résonnaient dans l’air, de plus en plus fort, tandis qu’un aboiement prodigieusement puissant s’élevait autour d’eux. Une explosion divine repoussa alors les autruches à des dizaines de mètres, sans pour autant les égratigner eux-mêmes. Alors que la détonation retentissait, Johnny et Joséphine se regardèrent dans les yeux, les mains toujours jointes, et se sourirent. Euphorique, elle s’avança et l’embrassa rapidement, avant de se reculer, les yeux grands ouverts, surprise elle-même par ce qu’elle venait de faire. Elle balbutia, sans oser le regarder dans les yeux :
« Désolée, je ne sais pas ce qui m’a pris… »
Cependant, Johnny ne répondit pas, et l’embrassa à son tour. Ils restèrent enlacés de longues secondes avant de finalement se séparer. Ils s’éloignèrent d’un pas, se regardant en souriant, puis Joséphine tendit sa main à Johnny. Il la prit, et ils s’élancèrent à nouveau dans la bataille. Pendant ce temps, Cox avait bien remarqué que sa mer d’autruches, bien qu’impressionnante, n’allait pas suffire. Il leva son sceptre dans les airs, et les autruches se divisèrent, se rassemblant sur les flancs pour harceler l’armée de Los Santos, tandis que toute son armée de variants et répliquants se lançait enfin dans la bataille. Dès cet instant, ce qui ressemblait à un début de victoire pour les adversaires du psychiatre se retourna, et ils furent forcés de reculer face à la déferlante magique et technologique qui s’abattit sur eux. Sale Merde s’envola du sceptre de Cox, grandissant jusqu’à devenir une imposante créature de près de quatre mètres de haut qui poussa un rugissement si assourdissant qu’il couvrit le vacarme des armes s’entrechoquant durant un instant. Bazil le vit au loin et se mit à sourire, faisant apparaître une boule de feu dans sa main. Les magiciens de la LSMS se rassemblèrent immédiatement afin de combattre ce même objectif, s’élançant en avant, Vanessa leur ouvrant le chemin en s’envolant et pulvérisant les adversaires qui les attendaient. On la voyait à peine dans le nuage de poussière qui avait enveloppé le champ de bataille, désormais uniquement éclairé par le feu, les explosions et les divers sortilèges et lasers multicolores. Poussant en avant, ils se retrouvèrent finalement face au Goliath, qu’ils harcelèrent de sortilèges, de coups magiquement amplifiés, de maléfiques et enchantements. Pour autant, Sale Merde ne tressaillit qu’à peine, rugissant à nouveau avant de faire apparaître des tentacules de ténèbres autour de lui, harcelant les magiciens qui tenaient tant bien que mal, une odeur de sang dans la bouche, face à ses assauts répétés qu’ils ne parvenaient déjà plus à entièrement contrer. Bazil prit son courage à deux mains, lança une boule de feu au visage de la créature pour la distraire, avant de se jeter à ses pieds et de les mordre, l’infectant de la même rage qu’il avait utilisé au LSMS. Malheureusement, la blessure se referma immédiatement, tandis qu’au loin, Cox riait. Maison secoua la tête. Quelle stupidité, quelle naïveté de penser que Cox n’aurait pas enchanté Sale Merde avec une immunité au Racoon après sa précédente défaite.
Les camarades de la Commune s’étaient également lancés dans la bataille, massacrant avec succès les autruches, dont le sang faisait ton sur ton sur leurs drapeaux rouges, mais la contre-attaque des variants et répliquants leur avait soudainement compliqué la tâche. Ils étaient désormais entourés, usant de leurs pouvoirs comme ils le pouvaient pour éviter d’être submergés. Déjà, plusieurs d’entre eux étaient tombés, et leurs corps étaient lentement enterrés dans le terrain accidenté, le sable s’agglomérant à l’hémoglobine. À quelques mètres de là, la Dream Team semblait également en difficulté, un Donatien mousquetaire maîtrisant tant bien que mal son cheval blanc qui henissait de terreur. Peine vit alors Juan, perché sur son tapis volant, qui les surveillait. Il lui cria :
« Juan, descend immédiatement ! »
L’acolyte de Cox descendit et cria à ses soldats qui entouraient les troupes de la Commune :
« Laissez le moi ! »
Les troupes s’écartèrent, laissant passer Peine, et créèrent un cercle autour des deux hommes, séparés du reste de la bataille. Le communiste cria alors :
« Donc c’est tout ce que ça vaut pour toi ? Tout ce qu’on a vécu, ça s’effondre quand ton boss te dit d’attaquer ?
– J’ai pas le choix, hermano. Y a rien de personnel.
– On s’est rapprochés parce que nos chefs nous sous-estimaient, parce qu’on a quitté un groupe oppressif pour nous épanouir, parce qu’on recherche la vraie justice. Et toi tu finis par participer au massacre des habitants de l’île !
– Ça me fait pas plus plaisir qu’à toi, hermano.
– Alors rejoins-nous ! Rejoins la Commune, laisse Cox.
– Je peux pas. Hayley est avec lui et ne le quittera jamais. Et moi je quitterais jamais Hayley. Tu comprends ça, hermano ?
– Arrête de m’appeler hermano, Juan ! C’est Franck ! Franck ! »
Peine sentit des larmes de rage lui monter aux yeux, tandis que Juan secouait la tête, visiblement aussi torturé que lui. Le communiste rangea son arme et serra les poings.
« Tu veux pas nous rejoindre ? Alors assume le. Montre moi que notre histoire ne compte pas pour toi. Approche, et bas toi ! »
Juan regarda autour de lui, cherchant une solution, et Peine hurla alors :
« Lâche ! »
Il se jeta alors sur lui, le propulsant au sol. Il ne parvint cependant pas à le frapper, Juan répliquant immédiatement par un coup de pied qui l’écarta, et parvint à se relever. Les deux hommes se firent face, les vêtements couverts de sable. Après un dernier regard empli de regret, de frustration et de colère, ils se jetèrent l’un sur l’autre, frappant, parant, grimaçant de douleur lorsqu’un coup atteignait sa cible. Peine serra ses dents couvertes de sang, tandis qu’il saisissait le col du t-shirt déchiré de Juan, et lui asséna un uppercut dans le visage. Juan cria et lui donna un coup de genoux dans le ventre, qui fit s’effondrer Franck. Sans attendre qu’il ne se relève, il courut vers son tapis volant et décolla, mais Peine parvint à l’y rejoindre. Ils se battirent alors en fonçant à toute vitesse au-dessus du champ de bataille, slalomant entre les explosions et les jets de lumière. Peine saisit Juan par les cheveux et lui asséna un coup de tête, qui lui fit perdre le contrôle du tapis, et ils se crashèrent dans le chaos de la mêlée, roulant sur plusieurs mètres. Non-loin, les templiers s’étaient alliés au VROUM pour riposter contre les assauts des armées surhumaines de Cox, avec grande peine, chantant des prières, Morgan continuant de foudroyer ses ennemis d’éclairs divins. Juan se releva, crachant du sang, et se dirigea vers Franck, qui était toujours au sol, sonné, un goût métallique dans la bouche, du sable dans ses vêtements et toutes ses articulations en feu. Peine le prit alors par surprise, enroulant ses jambes autour de sa taille, et le faisant tomber. Les deux hommes se roulèrent dans le sable, tentant de prendre la domination l’un sur l’autre, apercevant brièvement des éclairs de ce qui se passait autour d’eux. Sale Merde, harcelant les magiciens qui ne parvenaient plus à faire face. Les véhicules des Wargos, pour beaucoup à l’arrêt et submergés, certains en feu. Corps contre corps, Juan et Franck continuaient de se battre au milieu des corps et rochers. Non loin, une épée en cuivre gisait au sol, dans la main d’un variant de Kiddy. Ils tentèrent de s’en saisir simultanément, et posèrent la main sur sa poignée au même moment, luttant pour en prendre possession. Peine pensa à plusieurs reprises à se saisir de sa propre arme à feu, qu’il avait rangé en début de combat, mais ne parvenait pas à se résoudre à tirer sur Juan. Juan parvint finalement à saisir l’épée, et la posa sur la gorge de Peine, qui s’immobilisa. Il posa son genou sur son torse, afin de l’empêcher de se relever, du sang perlant du cou du communiste. L’acolyte de Cox ne poursuivit cependant pas son mouvement. Menaçant toujours son adversaire de la lame, il se pencha lentement et l’embrassa doucement, avant de se relever, le menaçant toujours. Criant pour couvrir le vacarme environnant, il s’étouffa d’une voix tremblante :
« Je te jure que ne t’en veut pas, Franck. Garde ça à l’esprit s’il te plaît. Te quiero. »
Il monta à nouveau sur son tapis volant et s’enfuit, épargnant Peine, qui se releva doucement, avec difficulté. Toujours à moitié sonné, il regarda autour de lui une scène qu’il ne comprenait qu’à peine. De toute part, les forces de Los Santos étaient inférieures, encerclées, désorganisées, leurs membres tombant un à un. La docteure Vanessa, quelques mètres plus loin, s’effondra, touchée par une rafale de mitrailleuse. Ses mains et son visage se mirent à briller, et dans une explosion d’énergie dorée, son apparence changea, tandis qu’elle prenait le visage de Angelo Grimaldi. Les dragons, pour beaucoup, avaient été immobilisés au sol, tentant de se dégager dans des rugissements déchirants. Les troupes du domaine, dont les brillantes armures de cuivre étaient désormais tâchées de rouge et d’ocre, avançaient à nombre réduits, certaines à pied sans sangliers, et certains sangliers sans cavalier. À leur tête, pour autant, Donatien continuait de mener la charge en hurlant des maximes encourageantes. Une charge héroïque. Une charge qui, dans l’état actuel de la bataille, était vouée à l’échec.
Chapter 28: La 7eme Coxpagnie
Summary:
TW : violence physique, violence sur animal, sang, mort, arme blanche, arme à feu, violence verbale
Chapter Text
Maison, autant en difficulté que les autres face à Sale Merde, sous les rires de Cox qui les observait de loin, cria :
« N’oubliez pas notre objectif, chers amis ! Je dois inverser le rituel du multivers, nous devons nous sortir de cette situation conçue pour nous ralentir ! »
Pour autant, les autres magiciens ne parvenaient qu’à peine à tenir sous les assauts de la créature, Bazil s’étant résolu à ne lancer que des sortilèges de feu face à l’inutilité de sa rage. Maison fronça alors les sourcils, et cria à Bazil de le rejoindre. Les deux se mirent alors à combattre côte à côte, et le vieux mage demanda, repoussant les attaques sombre par son bâton magique :
« Bazil, cher ami, pourquoi vous limiter autant !
– Mais j’ai tout raté, docteur ! Si je peux plus lui donner la rage, maintenant c’est moi qui a la rage. Et c’est rageant !
– Vous n’avez plus la rage comme arme, mais vous n’avez pas que ça ! Qu’est-il arrivé à votre potentiel ? Celui que vous aviez lorsque vous êtes arrivé ? »
Bazil ne répondit pas, créant une barrière de feu devant lui pour contrer une nouvelle ombre. Maison insista :
« Vous n’utilisez qu’une partie de votre potentiel, cher enfant. Déchaînez-vous !
– Mais… J’ai peur d’encore tout rater !
– Vous n’allez rien rater. » répliqua le magicien en esquivant un sortilège sombre « Envoyez tout, docteur Lombrik.
– Non, je ne vais pas y arriver.
– Vous savez qui sera impressionné de vous voir tout réussir ?
– Qui ça ?
– Vanessa. Peut-être même qu’elle vous fera un bisous sur la babine !
– Vous pensez qu’elle voudra bien m’humidifier la langue ?
– Vous ne pourrez pas savoir avant de nous avoir sorti de là ! »
Bazil fixa alors le poussin maléfique, une nouvelle lueur de détermination dans les yeux. Alors que tous les autres magiciens étaient plaqués au sol par des tentacules de fumée noire à l’exception de Lucie, qui parvenait tant bien que mal à contrer les attaques par son armure en diamant enchantée, et Vanessa, qui esquivait toujours au dernier instant, le Raton fronça les sourcils. Il serra les dents, ses babines remplies de mousse causées par la rage, et se mit à grogner. Il fit apparaître une nouvelle boule de feu dans une main, mais une boule d’eau dans une autre. Une tornade se forma lentement autour de lui, tandis que la terre tremblait. Il laissa alors éclater sa colère, et envoya alors un mélange de pics de glace, de rocs et de feu, en s’envolant. Sale Merde, surpris, se mit à riposter, mais Bazil continua. La flèche bleue sur son masque s’illumina, comme ses yeux, et il redoubla de puissance dans son attaque. Bientôt, le poussin dût arrêter ses attaques sur les autres magiciens pour ne se défendre que contre le raton, et, désormais libres, les membres de la LSMS purent alors recommencer à attaquer. Sale Merde commença alors à reculer, pas après pas, dans un rugissement de colère. Au loin, Cox avait perdu son sourire, et ordonnait à ses troupes d’attaquer les magiciens. Des variants et autruches les entourèrent alors, commençant à les harceler de tous les côtés. Titouan serra son fer 9 dans sa main, et, après avoir marmonné « It’s Martin’ time’, se mit à martiner tous ces types.
Dans la charge du Domaine, le Cox au long manteau noir avançait comme il pouvait, tirant dans ses ennemis, tenant de ne pas se laisser désarçonner. Alors qu’il continuait de chevaucher, il entendit le cris de Daniel, qui hurlait alors que son cousin avait été propulsé hors de son sanglier et était entouré d’autruches prêtes à le déchiqueter. Cox secoua alors la tête et détourna sa monture, fonçant dans sa direction. Il sortit une mitraillette et tira en rafales sur les volatiles, qui s’effondrèrent, accordant un peu de temps au jeune garçon avant une nouvelle vague d’attaque. Cox lui tendit la main, et Antoine la saisit, montant derrière lui en le remerciant. Un petit groupe de six Cox arriva alors à dos d’autruches, pointant leurs armes hétéroclites sur lui, et crièrent :
« Traître ! Tu aurais dû rester planqué chez Donatien !
– Une honte » renchérit un autre « Une véritable honte pour les Cox !
– Vous croyez que j’ai honte ? » demanda leur adversaire « Vous êtes ceux qui se laissent gouverner par celui qui parle le plus fort, qui laissez le multivers définir qui vous êtes ! Je me fiche que la totalité des Cox soient maléfiques, je ne laisserais personne d’autre que moi-même définir qui je suis et ce que je pense. Et là, je suis celui qui va vous botter le cul, et je suis celui qui pense que vous êtes des petites merdes ! Alors allez-y, venez ! Osez attaquer, on verra qui aura honte dans trente secondes ! »
Les six Cox se regardèrent et hochèrent la tête, approchant sur leurs autruches, épées et lances en main. Le Cox en manteau noir se mit alors debout sur le sanglier, lui donnant un coup sur le derrière pour qu’il se sauve, emportant Antoine avec lui, et sauta sur le premier Cox venu, lui assénant un coup au visage, puis saisissant son épée. Il l’assomma avec le pommeau, le laissant tomber au sol et prenant le contrôle de l’autruche. Il para le coup de lance d’un autre, et en trancha le manche, avant de donner un coup d’épée à l’autruche d’un troisième, qui s’enfuit en caquetant, faisant tomber son cavalier par surprise, qui se fit alors piétiner par les volatiles. Il fonça ensuite sur le Cox avec une lance, qui tenta de répliquer avec son manche en bois brisé mais se retrouva bien vite au sol, du sang coulant du front. Il se mit ensuite debout sur son autruche et sauta sur un quatrième Cox, lui donnant un high-kick qui le fit tomber de sa monture sans avoir eu le temps de réagir. Le cinquième Cox parvint à l’atteindre, le faisant tomber au sol, et l’attaqua immédiatement. Cox esquiva et lui tint la jambe, le faisant tomber de son autruche, et l’embrocha immédiatement de son épée. Le dernier Cox, un sourire maléfique sur le visage, le chargea alors, épée en main, en hurlant. Cox ressortit alors sa mitraillette et tira une courte rafale sur son adversaire, le faisant s’effondrer. Avec un sourire, il monta sur un nouveau sanglier, repartant à la charge avec le reste du Domaine, et s’écria :
« Je suis le seul qui sais ce que je suis, et voilà ce que je suis : meilleur que vous ! »
Morgan, désormais entouré de ses templiers qui tombaient un à un, continuait de crier des prières et de faire tomber la foudre, de la sueur coulant de son front, sa voix cassée à force de parler. Progressivement, ceux qui l’entouraient se faisaient emporter dans la foule autour de lui. Alors que presque plus personne ne restait, il sortit une grenade divine de sous sa robe et la contempla, prêt à se sacrifier en emportant le plus possible d’ennemis avec lui. Alors qu’il allait tirer la goupille, des portails bleus s’ouvrirent alors partout sur le champ de bataille. Après un court moment de suspens, de véritables Goliath en sortirent. Dans des armures robotiques de plus de deux mètres de haut, au blindage rutilant peint en bleu foncé, symbole du LSPD sur le torse, se trouvaient les membres de la police qui n’avaient pas répondu présents à l’appel au début de la bataille, leur tête sortant de l’armure. Dans un grondement mécanique impressionnant, ils se mirent alors à courir vers les ennemis. Kuck, Monier, Julien et bien d’autres, saisissaient les autruches par les pattes comme si elles ne pesaient rien et les fracassaient contre le reste des ennemis, essuyant des salves de balles et des explosions magiques multicolores sans broncher. Le programme robotique du LSPD, abandonné en faveur de l’élevage d’autruches, avait repris après l’échec de l’opération, et avait été fini juste à temps.
Avec ces renforts inattendus, l’armée de Los Santos retrouva un second souffle. Les dragons coincés au sol se débattirent de toutes leurs forces, parvenant à s’envoler à nouveau en rugissant. Les Wargos saturèrent leurs moteurs de nitro, les faisant bondir en avant et foncer à nouveau, carbonisant de leurs lance-flammes et lances explosives ceux qui leur faisaient face, illuminant leurs véhicules d’une lumière orange, détruisant les tympans de tous ceux qui s’approchaient par le rugissement de leurs voitures et camions. Morgan cria alors des versets sur la guerre, motivant ses troupes, et ferma les yeux pour prier. Lorsqu’il les rouvrit, une sulfateuse dorée était apparue devant lui, marquée d’une croix. Avec un rire délirant, le prêtre se mit à ses commandes, et ouvrit le feu sur les armées qui l’entouraient tout en criant des prières couvertes par le vacarme de l’arme. Dans le même temps, Spider-antoine voltigeait au-dessus du champ de bataille, s’attachant aux divers variants capables de voler, tirant sa toile en-dessous pour immobiliser ou sauver. Sentant progressivement le vent changer, un sourire grandissait lentement sur son visage, avant qu’il ne se mette à rire, constatant qu’il n’avait presque plus personne à sauver désormais, mais que l’armée de Los Santos repartait à l’offensive. Son masque ne lui était, lui semblait-il, jamais aussi bien allé.
Avec le retournement de la bataille, Maison, Donatien, Boid, Liam, White et Morgan avaient pu se rassembler, escortés par Traoul et Kiddy, Joséphine et Johnny, les deux duos se tenant la main, ou encore le trio du VROUM, Angelo, Rose et Marcello. Ils arrivèrent alors face à Cox, qui, une profonde haine sur le visage, pointa immédiatement son sceptre dans leur direction et tira des maléfices de couleur verte. Donatien, dans son armure dorée, s’attaqua à lui, parant certains sortilèges, et engageant un combat au corps à corps avec Cox, qui se servait de son sceptre de métal comme d’une arme. Cox, cependant, parvenait aisément à le maintenir à bonne distance, et affirma en riant :
« Tu sais quoi Donatien ? Tu es très dur à sous-estimer ! »
De son côté, White avait commencé à sentir chaque petit élément frustrant autour de lui. La poussière sur son beau kimono blanc, le sable dans ses chaussures, le vent désagréable, le vacarme de la bataille, canalisant son aigreur intérieure. À ses côtés, Didier et Kiddy faisaient de même. Tandis que Morgan avait engagé le combat avec Cox, qui parvenait à le maîtriser également en plus de Donatien, malgré l’aide des prières de Joséphine et Johnny, White s’exclama alors :
« Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. Eh bah on va s’assurer que ça ne t’arrive pas, bâtard ! »
Les trois spécialistes d’aïgrido se donnèrent alors la main, fermèrent les yeux, et chuchotèrent alors « Ratio », propulsant une vague de pouvoir vers le psychiatre, qui recula pour la première fois. Boid se mit à utiliser tous les gadgets à sa ceinture, provoquant explosions, flashs, flaques de liquides lumineux, lançant des boomerangs et shurikens vers Cox, tandis que les trois unités du VROUM tiraient des rafales de balles. Liam, une pioche en main, se mit également à frapper le docteur, sans traverser son armure noire. Harcelé de toutes parts, le psychiatre reculait pas par pas, dans une frustration visible. Il appela Hayley et Juan, mais ces derniers étaient aussi occupés de leur côté, tout comme le reste de l’équipe maléfique de Cox, tentant de ralentir l’avancée de l’armée de Los Santos. Explosant de colère, il planta son sceptre dans le sol, et une vague d’énergie s’en diffusa, propulsant tous ses adversaires au sol. Il se mit alors à hurler :
« Est-ce que vous avez une quelconque idée de qui je suis ?! De quels sont mes pouvoirs ? Vous n’avez aucune chance contre moi, aucune ! Je suis le maître d’une armée maléfique, le seigneur des ténèbres, je suis la vengeance, je suis la justice, je suis la mort, je suis la loi du Talion personnifiée, incarnée ! Vos attaques pathétiques ne serviront à rien, aucun d’entre vous ne pourra jamais me vaincre en combat singulier, pas même vos plus puissants soldats, pas même en vous alliant à mille contre un ! Tout ce que vous arrivez à accomplir c’est de me ralentir dans mon inévitable conquête de l’île ! Vous n’êtes pas un danger pour moi, vous êtes des insectes, de misérables vermines qui tout au mieux sont une pitoyable distraction, une… »
Il fronça alors les sourcils, tandis que son regard s’agitait et que des tout s’alignait dans son esprit. Il bégaya un instant, et répéta :
« Une pitoyable distraction. Une distraction. Où est Maison ?! Où est le vieillard ?! »
Devant le sourire narquois qui grandissait sur le visage de ses adversaires, il hurla de rage avant de reprendre son sceptre et d’appeler son tapis volant à lui, montant dessus et fonçant vers son repaire maléfique. Là, comme il le craignait, le docteur Maison se tenait au milieu de son cercle rituel, illuminé d’une lueur rouge, criant des incantations. Cox descendit de son tapis et cria à s’en casser les cordes vocales :
« Sale petite vermine ! T’as aucune chance ! »
Maison se tourna vers lui, son bâton magique en main, et répondit calmement :
« J’aurais bien été d’accord avec vous, cher ami. Mais le problème c’est que vous avez tort. »
Leurs sortilèges s’entrechoquèrent alors, et un duel de magie s’engagea, les deux sorciers échangeant maléfices après maléfices, un combat de titans dont la puissance était inégalée par quiconque d’autre sur l’île. Les boules de feu volaient, avant d’être déviées et d’exploser sur le sol, projetant une lumière d’apocalypse sur la façade du repaire maléfique. Des flammes multicolores couvraient les environs, de la magie élémentaire réduisait le bois en cendre, et ces cendres en boue, tandis que des rochers étaient projetés par l’un sur l’autre, pulvérisés en vol par un contre-sort. Cox ouvrit ses bras en grand, faisant tournoyer autour de lui des briques venant des parties de son repaire détruites par le duel, puis les envoya sur Maison, qui les fit s’arrêter, lentement se reformer, créant un énorme golem de pierre, qui fonça sur Cox. Ce dernier le pulvérisa, utilisant la poussière en résultant pour créer une énorme chauve souris de fumée aux yeux verts. Elle hurla, projetant une attaque sonique sur Maison, qui la contra, reprenant toute la puissance des ondes sonores et la diffusant autour de lui sous forme de chœurs grégoriens. Il enferma ensuite la chauve-souris dans une boule de feu magique qu’il enchaîna avant de progressivement réduire sa taille. Le démon à l’intérieur finit par exploser, des dizaines de véritables chauve-souris de taille normale s’échappant dans tous les sens. Durant tout ce temps, il continuait de crier des incantations pour poursuivre le rituel multiversel qu’il avait commencé, et traçait au sol des runes avec son bâton. Cox fit apparaître d’énormes ronces, qu’il envoya sur le magicien. Ce dernier parvint à en faire brûler une partie, mais suffisamment l’atteignirent, lui faisant lâcher son bâton, et le forçant à s’agenouiller, grognant de douleur à cause des épines lui rentrant dans la peau. Cox se mit à rire, et Maison le regarda dans les yeux, les dents serrées, puis baissa la tête. Face à sa victoire, le psychiatre approcha lentement. Du nez de Maison, une seule goutte de sang coula doucement, tombant ensuite au centre du cercle rituel. Elle s’infiltra dans le sol, et tous les symboles l’illuminèrent immédiatement d’une lumière bleue exactement semblable à celle de la magie de Maison. Ce dernier releva la tête avec un sourire victorieux. Comprenant son erreur, Cox s’élança en avant, lançant un sortilège mortel vers un Maison désarmé, mais n’eut pas le temps d’agir. Tout le cercle rituel fut pris d’une pulsion magique, et une lumière éblouissante s’en dégagea, s’élançant en l’air et trouant les nuages, dans un laser bleuté visible depuis des kilomètres à la ronde. Cox fut propulsé en arrière par la puissance de la magie, tandis que Maison tombait inconscient, entouré d’une lumière blanche lui empêchant de voir quoi que ce soit, et d’un vacarme déchirant ses tympans.
Chapter 29: La fiction sans fin
Summary:
TW : mention de mort, mention de sang, mention de meurtre, mention de violence
Notes:
Je suis heureux que cette lettre d'amour à RPZ mais aussi à son fandom s'achève enfin. Merci pour tout ce que vous m'avez apporté. En ce qui me concerne, toute fanfiction que vous voudriez écrire sur ce qui se passe ensuite est canon. Et si deux se contredisent, pas grave, on y verra deux temporalités différentes.
Chapter Text
Aveuglé par la lumière blanche, ballotté dans un sens puis dans l’autre par de violentes bourrasques, le docteur Maison se sentait tomber dans un vide infini. À ses oreilles résonnaient des dizaines de voix assourdissantes, semblables à celles qu’il avait déjà entendues lors de son premier voyage multiversel. L’immense toile d’araignée verte apparut lentement sous lui, tandis qu’il tombait dans sa direction, et lorsqu’il la percuta, il ne la traversa pas. Elle se brisa comme du verre, le faisant sombrer dans des abysses noirs, les voix à ses oreilles devenant encore plus fortes. Puis vint le choc. Se réveillant sans savoir combien de temps était passé, Maison ouvrit doucement les yeux, encore sonné. Les voix avaient cessé de le harceler. Il se releva avec peine, seul dans une immensité d’un noir de jais, sans aucune structure discernable, pas même le sol. Pour autant, il était lui-même éclairé comme s’il se tenait dehors en plein jour. S’agrippant à son sceptre, il marcha durant quelques minutes, le son de ses pas se réverbérant dans l’infinité. La voix de Earl Bailey retentit alors derrière lui :
« Vous revoilà. On s’y attendait. »
Maison se retourna immédiatement, faisant alors face à Earl Bailey, Tom Harris, Alfred Delaroche, Arthur Holloway et le iench. Tous faisaient près de trois fois leur taille normale, et se tenaient face au docteur, l’observant avec des expressions neutres et indéchiffrables. Maison s’exclama :
« Qu’est-ce que… Chers amis, que faites-vous ici ? Quel est cet endroit ? »
Le iench aboya, et Holloway répondit :
« Nous ne sommes pas vos amis. Nous avons pris ces formes car notre réelle apparence vous rendrait fou sur l’instant.
– Qui êtes-vous réellement ?
– Nous sommes tout » répondit Harris. « Nous sommes ceux qui savent, ceux qui font. Ceux qui voient.
– Ceux qui punissent » continua Delaroche « Et ceux qui récompensent.
– Êtes-vous… les dieux ? » demanda Maison.
Les cinq entités se mirent à rire, et Bailey expliqua :
« Nous sommes DES dieux, mais nous sommes loin d’être les seuls. Vous pouvez être sûr que les prières du père Morgan n’auraient pas été exhaussées si son Dieu n’existait pas. Nous ne rendons pas de services pour les autres. Non, nous sommes les dieux de votre bulle du multivers. Cette bulle où vous existez, et ses innombrables variations. Des variations dans lesquelles votre temporalité précise a mis un immense désordre.
– J’ai fait de mon mieux pour le résoudre ! » répliqua Maison « Si je suis ici, c’est même parce que j’ai voulu inverser le processus.
– Mais les règles du multivers ne sont pas vôtres » répliqua Holloway « Nous vous avons permis de faire vos petites escapades, nous avons tolérés vos caprices. Si vous avez pu voyager entre les univers, c’est car nous l’avons permis, et pour aucune autre raison. Mais aujourd’hui, vous arrivez devant nous avec un bilan. »
Le iench aboya, et Delaroche continua :
« Et ce bilan n’est pas très glorieux. Et pourtant, vous vous attendez à ce que, dans notre bonté, nous résolvions tous vos problèmes ? Que, simplement parce que vous avez réussi ce médiocre rituel, tous vos soucis s’évaporent, que chacun rentre chez lui ? Que votre temporalité ne soit sauvée ? »
Maison baissa légèrement les yeux, avant de fixer Bailey, et de répondre :
« C’est en effet ce que je souhaite. »
Les dieux se mirent à rire à nouveau, d’un rire bien plus sinistre, et le iench se mit à grogner. Lorsqu’ils s’interrompirent, Harris prit la parole :
« Et pourquoi devrions-nous nous plier à vos exigences, vieil homme ? Vous êtes des enfants, vous venez à peine de faire votre premier pas dans le monde des adultes, faisant face à des choses que vous ne comprenez pas. Et la meilleure éducation, c’est de laisser les enfants se rendre compte des conséquences de leurs bêtises. Pourquoi votre ligne temporelle devrait-elle être sauvée, et non laissée à s’auto-détruire. Pourquoi le continuum LS, pour une majorité influencé par les deux semaines convergentes de la Réalité Principale Zygote, devrait-il être sauvé ?
– Nous vous avons observé » continua Holloway « Nous avons observé toutes ces temporalités, tous ces variants. Et nous n’y avons vu que corruption, violence, et destruction. Alors, expliquez nous, Maison. Expliquez nous pourquoi nous devrions vous sauver ?
– Un monde où les innocents sont martyrisés » poursuivit Delaroche sur le même ton accusateur « où les cousins ont été exclus de toute part malgré leur innocence. Où vous avez abandonné votre propre fille, avant de la laisser rejoindre un homme dangereux dont vous avez vous-même causé la libération dans les rues. Un homme qui, aujourd’hui, fait régner le chaos dans le multivers. Un monde où Vanessa, pure, dédiée, travailleuse, loyale, a choisi de suivre un malfrat et de braquer une banque pour le simple plaisir. Un monde où vos forces de police assassinent des assaillants dans leur jeunesse, plutôt que les neutraliser, un monde où la réponse à l’assassinat par noyade, on répond à un assassinat en duel, lui-même terminé en trahison. Un monde où l’amour est forcé, les destinées liées après l’inconscience d’un choc, ou par la confusion d'une barrière de la langue. Un monde où Rose fut manipulée et exclue par sa propre sœur pour la seule raison de sa maladie. Un monde de corruption profonde, où ceux qui ne sont pas corrompus sont plus violents encore que leurs ennemis. Un monde où la majorité de ceux se rendant dans un lieu de culte ne le font que pour l’apparence, et non par une réelle dévotion.
– Alors ? » conclut Bailey, accompagné d’un aboiement approbateur du iench « Pourquoi devrions nous vous sauver ? »
Maison les fixa, dissimulant ses mains tremblantes dans les longues manches de sa robe. Il savait qu’il n’avait pas le droit à l’erreur, qu’il devait répondre juste. Il savait que le mensonge serait inutile. Le destin de l’île reposait sur ses épaules. Organisant ses idées dans sa tête, il inspira profondément, et parla :
« Notre monde est imparfait. Vous avez raison. Les innocents sont martyrisés, les cousins ont vécu l’enfer à la main d’un homme dont je suis responsable de la liberté, qui a à ses côtés une fille dont j’ai été indigne. Oui, même les plus purs se font entraîner dans la débauche et le crime. Et pourtant, malgré tout cela, nous avons continué, et persévéré, dans l’amour. Les cousins, exclus de partout, ont finalement trouvé une maison, et sont adorés par les citoyens de la ville. Ma fille, après tous ses traumatismes, a tout de même trouvé l’amour sincère d’un père, quand bien même il est discutable dans ses actions, il est impossible de remettre ses sentiments en doute. Vanessa, entraînée par Traoul, que j’ai renvoyé pour ses actions, a choisi de se livrer, tout comme lui. Elle s’est livrée par loyauté et amour, et lui l’a suivie par respect et solidarité. Cet assassinat auquel répondit un duel a été motivé par la loyauté, le respect du code, de la famille, et la trahison a été motivée par un amour profond. Chez les Vagos, ce mariage aurait pu être arrêté à n’importe quel moment, mais c’est elle qui l’a souhaité, donnant à voir une impressionnante démonstration d’un couple soudé. Et Rose a finalement été intégrée, après que Vanessa l'ait poussée à se battre. Oui la corruption existe, la méchanceté, la violence. Et pourtant, tous sont guidés par un respect profond, par des alliances loyales que personne ne brise. Et face à l’adversité, la ville est soudée, malgré les différences, malgré les alliances, tous se battent pour protéger leurs amis, leur famille. Même Cox, le centre de ce problème, est dévoué à ses acolytes, et se bat pour une justice qu’il juge n’avoir pas reçue, et souhaite se venger de cet affront non seulement sur lui mais sur ses amis. Voyez comment, malgré les querelles, cette ville s’est rassemblée, le moment venu. Los Santos mérite d’être sauvée, ce rituel mérite d’être poursuivi. Et si je dois rester avec vous, comme otage ou sacrifice, si cela peut les sauver, alors je l’accepte sans rechigner. »
Les dieux se regardèrent longuement, semblant converser dans leur tête, laissant Maison dans le flou. Le iench aboya, et les entités se mirent à regarder le docteur. Bailey parla alors :
« Nous avons discuté. Notre décision est prise. Grégoire Maison, vous avez conscience que même si ce rituel s’achève, cette guerre n’est pas terminée, et votre île sera toujours en danger ? »
Maison hocha la tête, et Holloway parla :
« Je savais que votre réponse serait la bonne. La plupart d’entre nous ici, souhaitions déjà vous sauver. D’autres non. Alors nous nous sommes mis d’accord pour vous demander pourquoi vous devriez l’être. Votre réponse nous a convaincu.
– Nous allons permettre la poursuite du rituel » continua Harris.
– Que le destin vous soit favorable » affirma Delaroche.
Le iench aboya à plusieurs reprises, et les dieux levèrent la main. Maison tomba à nouveau dans le vide, tandis que les entités divines reprenaient, au loin, leur véritable forme, l’un d’entre eux devenant ainsi une sorte d’immense serpent lumineux. Le docteur poursuivit sa chute, et réapparut alors sur le champ de bataille. Là, tous s’étaient arrêtés de combattre, et les deux armées fixaient le ciel, où une immense toile d’araignée verte était apparue. Lentement, elle commença à tomber, s’écrasant finalement sur le sol sans un bruit, sans que personne ne la sente, avant de se transformer en poussière verte. Durant de longues secondes, rien ne se passa, et seul le vent se faisait entendre. Quelques secondes de plus, et un cri se fit entendre. Un Cox regardait ses mains lentement se transformer en poussière verte lumineuse, qui se diffusait dans le vent, avant d’entièrement le consumer. Il disparut en quelques secondes, et fut lentement suivi par d’autres variants. Comprenant ce qui se passait, la bataille cessa entièrement. Les groupes d’amis qui s’étaient créés entre variants se rassemblèrent, s’échangeant leurs adieux. Dans les troupes de la Commune, les originaux levaient leur poing au ciel avec les variants, se fixant dans les yeux. Certains s’étreignaient, d’autres s’embrassaient, et d’autres se serraient simplement la main. Un mélange de joie et de profonde tristesse régnait sur les lieux, la liesse de la victoire face à Cox étant contrebalancée par le départ de centaines d’amis chers. Au LSPD, Boid et Kuck faisaient un salut militaire à leurs homologues. Autour du docteur Maison, ses innombrables variants se serraient la main, au son des « adieu, cher ami ». Au Domaine, les fantômes disparaissaient, et le Cox au manteau noir fixait ses mains, les voyant doucement réduites en poussière. Face à cela, les cousins se précipitèrent vers lui et lui firent un câlin, les larmes aux yeux. Inspirant profondément, il leur rendit cette étreinte, son corps se changeant doucement en poussière verte, qui se dissipa dans le vent, laissant les cousins seuls, qui, en pleurant, coururent faire un dernier câlin au maximum de leurs amis, tels que la Lorenza Succube. Les membres du VROUM, en majorité des variants, se faisaient un salut militaire, Angelo, Marcello et Rose se tenant les mains, les larmes aux yeux. Du côté de l’armée de Cox, les variants disparaissaient également, serrant la main de leurs alliés. Le rythme des disparitions s’accéléra, et le champ de bataille fut envahis par la poussière lumineuse, éclairant le terrain désolé d’une lueur magique contrastant avec les évènements qui venaient de s’y tenir.
Maison félicitait tous ceux qu’il croisait et leur adressait des saluts militaires. Il arriva en vue de Kohol, qui trébuchait et peinait à rester debout tandis que de la poussière se dégageait de ses vêtements. En voyant Maison, il lui sourit timidement en agitant un petit carnet de notes visiblement rempli suite à la bataille :
« J’ai tout pris, docteur. Dès que je serais rentré, j’écrirais tout.
– Bravo cher ami. J’espère que votre récit sera aussi épique que ce qui est arrivé.
– Je ferais de mon mieux, cher ami.
– Heureux de l’entendre, cher enfant. Vous, et tous vos camarades variants, allez nous manquer.
– Vous savez, tant que mon histoire existera, alors nous seront toujours ici, avec vous. On vivra tant que l’histoire vivra. Mais elle vivra longtemps, et nous avec elle. »
Il tendit sa main à Maison, qui la serra, et disparut à son tour du désert ravagé. Sur le sol, le sang des variants disparaissait, et ceux qui étaient morts semblaient retrouver un semblant de vie tandis que leur monde les rappelait, avant de les emmener. Durant de longues minutes encore, le champ de bataille fut éclairé de cette poussière lumineuse, avant qu’elle ne se dissipe enfin, un silence étrange tombant sur la plaine. L’armée de Cox battit alors en retraite, tandis que le psychiatre, son armure partiellement détruite, sa cape déchirée et son sceptre tordu, les sommait de retourner vers son repaire, criant qu’il n’avait pas encore pris sa revanche. Pourtant, les heures passèrent, puis les jours et les semaines, sans que cette revanche ne vienne. Bien sûr, il avait tenté d’attaquer à nouveau, mais les forces de Los Santos étaient cette fois préparées. Le sud de l’île était maintenant libre, séparé de la zone occupée par le maléfique docteur par un front en permanence en conflit. Des postes avancés furent construits, des tranchées creusées, tandis qu’un nouveau statu quo émergeait. La ville, désormais sûre, se réorganisait. La vie reprenait. La guerre était bien loin d’être gagnée, le jour de la victoire était encore lointain, et il ne faisait aucun doute que le machiavélique docteur Cox avait encore de nombreux plans en tête. Mais, et il le savait, pour chacun de ces plans, les habitants de Los Santos seraient au rendez-vous pour le contrer. La lutte serait longue et difficile, le spectre de la défaite continuait de planer, menaçant, dans l’esprit de chacun. Mais, bien plus puissante, la flamme de l’espoir animait toujours plus brillamment chaque individu. Et un jour prochain, Cox serait finalement battu, son règne de terreur achevé. Un jour prochain, cette histoire serait terminée.
"Fin"
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