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La planète champignon. Robotnik ignore quel est son véritable nom, peut-être qu’elle a un nom savant dérivé du latin, mais à cet instant elle n’est que la planète champignon. Et encore, ce nom n’est pas suffisant. Elle est une planète de malheur sur laquelle Sonic l’a enfermé. Une planète où il n’y a rien. Pas de vie, pas de faune, pas de technologie, pas de laboratoires, juste des champignons. Bon sang, il aurait pu choisir une planète un peu plus accueillante… Mais non, il est coincé dans cet enfer.
Au moins ses connaissances illimités lui permettent de savoir que certains champignons sont comestibles ou non. Il arrive à assurer sa survie, même si les plats qu’il cuisine ont un goût exécrable. Il faut bien qu’il survive, mais même lui ne se serait pas privé du luxe d’un bon repas apporté par Stone. Ses cafés parfait au lait de chèvre autrichienne lui manquent… Il a essayé de reproduire la recette avec ce qu’il trouve mais chaque résultat ne ramène qu’un breuvage plus dégoûtant que le précédent. Décidément son assistant est et restera toujours le meilleur pour les faire…
Il a tenté de l’appeler, de communiquer avec lui sur sa montre connectée. Sans succès. Ce n’est pas comme si on pouvait capter du réseau en étant littéralement sur une autre planète… Même les coins les plus perdus et inconnus de la campagne ont des antennes assez puissantes pour communiquer ! Ce n’est pas faute d’essayer. Peut-être pourrait-il construire une antenne pour lui envoyer un message, lui faire comprendre que, même si jamais il ne va l’admettre, il a besoin de son aide. Ou même un vaisseau spatial pour partir d’ici. Sauf que dans la première option, il faudrait que Stone trouve un vaisseau spatial ou construise un téléporteur pour le faire revenir à la maison. Et la deuxième option, où il construirait lui-même sa porte de sortie, n’est pas envisageable non plus : impossible de construire des merveilles technologiques en étant sur une planète de champignons !
Enfin ça c’est ce que se dirait Robotnik s’il n’était qu’un pauvre petit scientifique de pacotille. Sauf qu’il est un génie, un véritable savant que les esprits les plus simples ne peuvent pas comprendre. Il faut tout faire, tout ! S’il faut construire une fusée faite à base de champignons, il le fera !
C’est ainsi que se construisent ses journées. Exploration de la planète pour trouver de quoi survivre et s’échapper. Expérimentations à son camp pour trouver comment survivre et s’échapper. Nombreuses étaient les journées qui se soldaient par des échecs.
« Stone ! Viens faire ton travail à la fin ! »
Qu’est-ce qu’il se passe dans son esprit pour qu’il dise ces mots à un caillou qu’il a trouvé et qui ressemble étrangement à son assistant ? La roche est une roche, pas un loyal assistant qui pourrait tout faire. Des fois il a envie de balancer ce caillou le plus loin possible de lui. D’autres fois il a envie de le garder tout près de lui, comme un point d’ancrage à la réalité qui lui rappelle qu’il n’est pas seul et que quelqu’un l’attend sur Terre. En tous cas ce quelqu’un a tout intérêt à l’attendre : s’il ose l’avoir abandonné pour servir du café au lait de chèvre autrichienne à d’autres scientifiques, ça va barder !
Il n’arrive pas à savoir ce qu’il lui manque le plus dans tout ça. Son délicieux café quotidien ? Manger un repas digne de ce nom ? Toutes les technologies de son laboratoire ? Tous ses robots, qu’il appelle ses bébés ? Il ne sait pas. Mais ce qu’il sait c’est que s’il faut faire porter le chapeau à quelqu’un, c’est l’unique responsable de ses tourments. Ce satané hérisson bleu. Il le hait. Il le hait tellement. Dès qu’il voit l’épi bleuté qu’il a ramené avec lui, il sent la colère monter en lui mais surtout sa détermination à rentrer à la maison.
« Oh, la ferme Stone. »
Ordonne-t-il à la pierre derrière lui. Pierre qui n’a jamais parlé. Mais il a la certitude de l’entendre. Il le connaît, il sait qu’il lui reprocherait de ne pas assez dormir ou ne pas assez manger. Mais comment dormir quand le seul lit qu’il a est fait d’herbe ? Comment manger correctement quand tout ce qui se trouve ici n’est que champignon ? À force d’explorer la planète il ne trouve même plus de champignons qu’il connaît ! Qui sait si le champignon qu’il va goûter n’est pas entièrement toxique et nocif ?
Et en même temps, n’est-ce pas le principe d’un scientifique que de tenter de nouvelles expériences ?
Tant pis, il faut bien qu’il goûte ! Le voilà donc à manger à pleine dents un champignon qu’il n’a jamais vu auparavant. Hmm, pas mauvais. Ça change de ceux qui lui donne envie de vomir dès qu’il en mange ! Peut-être qu’il peut s’en récolter quelques-uns, ça lui ferait un bon repas. Il est temps de continuer ses explorations et…
Ok, les premiers effets commencent à se faire sentir parce qu’il voit quelque chose. Une présence. Il n’a jamais vu personne avant ça, sur cette planète. Mais surtout, il n’a jamais entendu personne.
Cette voix. Il la connaît par coeur. C’est celle de Stone ! Mais quand il regarde la personne, ou la chose qui est face à lui, il y a quelque chose de différent. C’est la même silhouette que ce petit assistant qui lui amène son café tous les matins. Mais elle semble faite de roches lisses et quelques champignons ont poussé sur son corps. Robotnik sent qu’il devrait se poser des questions, analyser cet étrange spécimen au visage d’assistant en face de lui, qu’il devrait ne serait-ce que se demander ce que cette chose fait ici. Mais son esprit de scientifique semble s’oublier, le temps d’un instant.
Comme si la voix qu’il entend dire « je vais m’occuper de vous » l’hypnotise et le pousse à faire entièrement confiance à cette étrange présence.
On va s’occuper de lui. Il en a bien besoin, qu’on s’occupe de lui. Heureusement que son loyal assistant est là, n’est-ce pas ? Et tant pis s’il a la forme de roches et de champignons, tant qu’il s’occupe de lui c’est le plus important.
Même s’il a une manière quelque peu surprenante de s’occuper de son prochain. Il y fait attention, bien entendu, mais sa manière d’être aux petits soins est… Très tactile. Ses doigts rocheux touchent le scientifique à un endroit où ce n’est pas n’importe qui qui devrait toucher. Mais l’homme savant se laisse faire et gémit. La sensation de roches en bas, à cet endroit, est spéciale, mais il aime. Il aime vraiment, il pousse des petits cris qu’il ne retient pas. De toutes façons si quelqu’un l’entend (comme si quelqu’un l’entendrait sur cette planète…) il a toujours le pouvoir de l’éliminer non ? Et puis de toutes façons ce n’est pas le moment de s’en préoccuper. Non, les doigts rocheux continuent à le toucher et Robotnik sent qu’il a chaud, de plus en plus chaud.
Il commence à se déshabiller et laisse la chaleur l’envahir. C’est une chaleur infamilière, le genre qu’il n’a jamais vu avant, qu’il n’a jamais ressenti, mais qu’il a envie de ressentir. Comme si, encore une fois, il était le sujet test d’une expérience qui n’avait jamais été faite. Il a envie que les doigts rocheux continuent à le toucher, et ils le font, ils explorent son corps et le titille de manière à le mettre bien en difficulté. Ouah… Qu’est-ce qu’il lui arrive ?
Pendant un court moment il regarde la créature en face de lui, celle qui est tant aux petits soins avec lui, et se surprend à apprécier ce qu’il lui arrive. À vouloir qu’à son retour, Stone le touche ainsi aussi. Ses doigts seraient moins rocheux, son corps serait moins rempli de champignons. Mais ce ne serait pas mal non plus.
Quand les effets du champignon consommé finissent par se dissiper, Robotnik réalise que le monstre Stone n’a jamais existé, simple manifestation de son esprit en pleine hallucination.
Il réalise aussi d’autres choses, mais ça pour l’instant il n’est pas sûr de vouloir mettre un mot dessus. Ce ne serait pas assez sérieux de sa part.