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À son service

Summary:

Quand Stone décide de travailler pour Robotnik, les militaires l’en dissuadent

Mais il compte bien mener sa mission à bien

Notes:

Cette histoire fait partie des challenges "Nuit de l'écriture" et « Und histoire par jour » du Discord "Le Petit Salon d'Ecriture", dont les thèmes étaient :

- Je ne vis que pour être une arme
- Intimité non sexuelle

Vous pouvez retrouver le lien du Discord ici : https://discord.gg/xDTAgDhv

(See the end of the work for more notes.)

Work Text:

« Autant vous prévenir, c’est un sacré énergumène. »

Lui avaient dit les militaires quand l’agent Stone est rentré au service du scientifique. Un énergumène, un génie dingue, un excentrique, bref les mots péjoratifs ne manquaient pas pour le décrire. Des mots-là pour le dissuader de rentrer à son service, globalement. Tout était dit pour lui faire comprendre qu’il y avait de bien meilleurs choix de vie que d’être au service de ce savant fou.

« Vous êtes plein de potentiel Stone, vous ne devriez pas le gâcher avec un type pareil.
- Il paraît qu’il traite ses employés comme des robots ! Personne ne veut rester à son service.
- Vous ne tiendrez pas une semaine avec lui, croyez-moi.
- Attendez-vous à être traité comme une arme ! »

Sa politesse et son sens du professionnalisme le poussent à ne faire aucun commentaire au sujet de ces remarques. Mais il trouve ça cocasse comment les militaires sont si attentifs à ses besoins, quand il s’agit de travailler pour le Docteur Robotnik. Stone n’est pas dupe. Il sait ce que c’est, d’être à l’armée. Être un militaire c’est être une arme. Une arme qui exécute l’action commandée par son manieur. Rien de plus. Et en tant que militaire lui-même, il vit pour ça. Et soudainement, on s’inquiète de son bien-être ? Quelle blague. Ils s’inquiètent juste de perdre un bon calibre aux mains d’un scientifique excentrique. C’est tout.

Qu’ils s’inquiètent aussi longtemps qu’ils le peuvent. Stone est déterminé.

Quand il entre dans le bureau du scientifique pour la première fois, il ne veut pas appréhender. Même si les mots de ses collègues résonnent dans sa tête, il ne veut pas avoir à craindre que le savant le fera fuir. Il est militaire. Il a vu des tas de choses dans sa vie. Il a vu des tas de choses violentes que personne ne devrait voir. Qu’est-ce qu’un scientifique un peu bizarre, à côté de ça ? Quoique, ça reste surprenant d’être accueilli par un robot qui scanne l’entièreté de son corps.

« Présence détectée. Identifiez-vous.
- Agent Stone, je suis là pour travailler pour le Docteur. »

Il se tient droit comme un piquet, en plein salut militaire. Le robot le laisse passer et Stone entre. Ce sont des dizaines et des dizaines de projets qui l’observent de haut en bas. Le militaire a l’impression de reconnaître certains designs qui ont servi à l’armée. Il en voit même des prototypes… Tout ce qu’il voit sous ses yeux ont de quoi l’impressionner. Il ne croise aucun assistant… Est-ce qu’il travaille sur tout ça seul ? C’est remarquable. Voir une présence humaine dans cet endroit finit par devenir surprenant tellement il commençait à s’habituer aux nombreux robots.

« Docteur Robotnik ? »

L’appelle-t-il d’une voix hésitante. C’est toujours intimidant de rencontrer un grand homme. En parlant de ce grand homme, il ne le regarde pas du tout. Il est investi dans son travail, quel qu’il soit, et n’accorde aucune importance à l’humain derrière lui.

« Stone, c’est bien ça ? »

Il ne quitte pas son projet des yeux quand il prononce ces mots. Stone est presque surpris que l’homme ait retenu son nom. Vu ce qu’on lui a dit de l’énergumène, c’est presque une marque d’honneur qu’on se souvienne de son nom…

« Apportez-moi un café. »

Ah, son travail commence dès maintenant ! Pas le temps de se familiariser avec les lieux et de les découvrir, Stone doit bosser. À moins que ce soit un test pour savoir s’il supporterait de travailler avec lui avant d’être mis ou non à la porte… Pas le temps de réfléchir ! Il cherche ce qui ressemble à une cuisine dans son bureau et se met aux fourneaux. Bon, la cuisine est remplie de prototypes de robot et il faut faire de la place pour s’occuper du café, mais Stone a déjà travaillé dans des contextes bien plus périlleux que ça ! Il sort quelques affaires maison de sa valise, qui pourraient rajouter un peu de goût à sa préparation. Bien mélanger, bien chauffer, bien servir correctement… Parfait. Le breuvage est prêt.

« Votre café monsieur. »

Il lui fait toujours dos, tendant juste sa main pour qu’on l’y mette son café dedans. Stone se tient droit, prêt à exécuter le prochain ordre qu’on lui donnerait. Sauf qu’il se passe quelque chose.

Robotnik boit sa boisson et se retourne.

C’est là qu’il le découvre. Droit, bien apprêté. Une moustache bien taillée (peut-être un peu de gel au bout ?). Tout de noir vêtu, de la blouse jusqu’aux gants. Mais ce que Stone retient c’est son expression. Il semble surpris. Assez surpris pour quitter son ouvrage des yeux, en tous cas.

« Qu’est-ce que c’est que ça ?
- Votre café monsieur.
Ce n’est pas un café normal. Qu’est-ce que vous avez mis dedans ?
- C’est une recette maison. Le café est mélangé à du lait de chèvre autrichienne. »

Ouch, est-ce qu’il a pris trop de libertés avec sa recette spéciale ? Un grand scientifique comme lui a juste besoin d’un breuvage qui lui redonne de l’énergie pour bosser… Pas d’une recette spéciale sortie d’on ne sait où.

« Stone. »

Ouch. Il a un mauvais pressentiment. Ça ne va pas bien finir. Est-ce qu’il va se faire renvoyer, à peine arrivé ?

« Faites-en un autre. »

Hein ? Ça lui a plu ?

« Vous n’avez pas compris ? Un autre café !! »

Et sans se poser plus de questions, il s’exécute de suite.

______

Alors qu’il est en train de préparer un nouveau latte au lait de chèvre autrichienne, Stone repense à sa première rencontre avec le professeur. Il lui tournait constamment le dos, toujours plus concentré sur ses machines que sur quiconque. Ses avancées scientifiques étaient de la plus haute importance et il n’avait pas de temps à perdre avec des humains : chaque seconde à discuter avec quelqu’un était une seconde perdue sur un nouveau projet !

Des fois, intérieurement bien entendu, Stone remercie Sonic d’être arrivé dans la vie du Docteur, parce que c’est le hérisson bleu qui a permis à leur relation de changer.

Mais le plus souvent il se dit que si Sonic n’avait jamais existé, Robotnik ne serait pas aussi déprimé par ses échecs.

Depuis qu’il l’a sauvé des décombres de la dernière bataille contre Sonic, l’assistant sent que le savant n’est plus que l’ombre de lui-même. Affalé sur son fauteuil au quotidien, se gavant de malbouffe commandée au restaurant paumé du coin, toujours à regarder des programmes pas vraiment biens, il est totalement déchu. Si quelqu’un d’autre que Stone le voyait, il lui rirait au nez. Sauf qu’il y a une chose majeure.

Stone, lui, ne rit pas.

Stone croit à ce qui peut encore exister derrière toute cette déchéance.

Il y croit et veut se battre pour lui. Encore et encore. En attendant, il s’occupe de lui. Il lui commande à manger. Lui change ses vêtements. Regarde la télé avec lui. Lui prépare du guacamole comme dans cette série qu’ils regardent ensemble. Lui prépare toujours et encore son latte au lait de chèvre autrichienne parce que s’il y a une chose qui ne change pas dans ce monde c’est son amour pour cette boisson maison. C’est étrange, comme relation. Il est toujours son employé, mais c’est comme si son métier avait changé. Il pourrait partir. Le laisser et trouver un meilleur métier. Qui sait, peut-être même qu’il parlerait de la déchéance du grand Robotnik au reste de l’armée…

Mais il n’a pas envie de faire ça.

Il a envie de rester à ses côtés, quoi qu’il arrive.

Et c’est étrange, parce qu’il est le seul à avoir accès à cette partie de Robotnik. Comme s’il était plus qu’un simple employé, mais pas non plus un ami. Y a-t-il un mot pour décrire leur relation ? Une relation où une certaine intimité est partagée. L’état de Robotnik est un secret intime qui ne doit pas être partagé et que, s’il le faut, il emportera dans la tombe.

C’est bizarre comment ses joues rougissent quand il pense à l’intimité qu’ils se partagent.

Mais il ne doit pas y penser trop longtemps.

Quelqu’un attend son latte.

Notes:

Un peu de Stobotnik ! Toujours un plaisir d’écrire sur ce ship !