Chapter 1: La question à 150 £
Chapter Text
💰 150 £ 💰
Comment se nomme le gardien de l’équipe de foot d’Angleterre ?
A. Palmier Dussable
B. Chêne Deleau
C. Olivier Dubois
D. Pommier Ducaillou
Draco souriait, la tête penchée de douze degrés sur le côté. Un angle savamment étudié pour indiquer la détente et simuler la connivence. Le sourire était celui qu’il affichait toujours en début d’émission, celui qui faisait chavirer les cœurs des ménagères, complice, avec le zygomatique gauche à peine contracté.
— C’est une question facile pour commencer, indiqua-t-il puisque le silence durait depuis plus de quatre secondes.
Le candidat étouffa un ricanement nasal :
— Oui, j’hésite à répondre faux, rien que pour emmerder un ami.
Éclat de rire général dans le public. Draco lui-même simula l’amusement avant de se ré-enfoncer dans son fauteuil. Il croisa les bras et toisa l’inconnu en face de lui. Ou en tout cas, l’espèce de crinière brune qui dissimulait son visage penché en avant. Depuis l’instant où il avait pris place dans son fauteuil, il n’avait pas détaché ses yeux du pupitre qui les séparait et du petit écran qui ornait ce dernier.
— Ce serait bien la première fois qu’un candidat renonce volontairement au million pour embêter quelqu’un.
— J’imagine. Mais ce serait drôle.
— Je crois que ce serait l’émission la plus courte et la plus regardée en replay de l’histoire de la chaîne.
Enfin, le participant releva son visage vers Draco et soutint son regard. Ses yeux pétillaient de malice.
— Mais je vais quand-même choisir la réponse C, Draco.
— Vous êtes sûr de vous ?
— Oui.
— C’est votre dernier mot, Harry ?
- 1 000 000 £
- 300 000 £
- 150 000 £
- 100 000 £
- 72 000 £
- 48 000 £
- 24 000 £
- 12 500 £
- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Chapter Text
Les lumières des projecteurs clignotèrent rapidement et leurs faisceaux se plantèrent sur le candidat tandis que l’écran confirmait que la réponse était correcte et que l’habituelle mélodie de la victoire retentissait.. Le public applaudit et Draco adressa un clin d'œil à la caméra avant de s’intéresser de nouveau au participant.
Allez savoir ce qui était passé par la tête des costumiers. “Harry” semblait avoir extrait du métro après une journée de travail et immédiatement projeté sur le plateau sans passer par les loges. Ce n’était pas un souci que ses vêtements soient larges et chiffonnés, parce que l’audience aimait reconnaître la banalité de leur quotidien chez ceux qui passaient à la télé, mais… Mais d’habitude, ils étaient au moins correctement coiffés, rasés, maquillés.
Ce candidat-ci semblait n’avoir jamais vu un coiffeur de sa vie. Ses lunettes rondes lui donnaient l’air crétin.
Il adressa un sourire joyeux à Draco et l’impression se renforça.
💰 300 £ 💰
Combien font quatre quarts ?
A. Un
B. Deux
C. Trois
D. Quatre
— Êtes-vous doué en pâtisserie, Harry ?
— Je fais des pancakes délicieux. Je serais ravi de vous y faire goûter, d’ailleurs.
— Je ne dis jamais non à une petite douceur.
— C’est bon à savoir.
Il le dévisageait en souriant, heureux d’être là, et avait répliqué avec une voix douce et grondante pour souligner le sous-entendu salace. Draco afficha un air affable, mais décida de ne pas l’encourager.
— Une idée de la réponse ?
— Je dirais que quatre quarts font un, Draco. Je vais choisir la réponse A.
— C’est votre dernier mot, Harry ?
— C’est mon dernier mot, Draco.
- 1 000 000 £
- 300 000 £
- 150 000 £
- 100 000 £
- 72 000 £
- 48 000 £
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- 12 500 £
- 6 000 £
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- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Notes:
En fait, je voulais que l'échelle des recompenses reste fixe malgré le scroll.... j'ai pas réussi (encore)
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💰 500 £ 💰
Dans quelle ville peut-on visiter la Statue de la Liberté ?
A. Paris
B. New-York
C. Washington
D. Saint-Aubin-du-Villier
— Avez-vous déjà vu la Statue de Liberté, Harry ?
— Jamais. J’ai très peu voyagé.
— Et bien avec un million, vous pourriez vous offrir un beau voyage autour du monde.
— Avec un million, je pourrais même me permettre de vous inviter.
Nouveau rire dans le public. Ce petit con lui faisait de la gringue. Draco fit une grimace de surprise et de dégoût en direction de la caméra 3 et des téléspectateurs.
— Un million ? Vous oubliez que je suis Draco Malfoy et que j’ai des goûts de luxe. Un million, ce serait à peine suffisant pour payer la salle de bain.
— Ça me va, je dormirai sur le tapis. Je vous laisse la baignoire.
Le public applaudit et Draco sentit un frisson de colère lui parcourir l’échine. Il n’aimait pas que les candidats lui volent la vedette. Il était le présentateur phare de l’émission depuis ses tous débuts sur scène. Il avait travaillé dur pour prouver au monde que ce n’était pas uniquement grâce à ses parents et à son nom qu’il s’était fait sa place dans le monde du show business.
— Vous mettez la charrue avant les bœufs, Harry. Dans quelle ville pensez-vous que se trouve la statue de la Liberté ?
— Procédons par élimination. Je suis presque sûr que c’est aux États-Unis. Il me reste donc deux possibilités, marmonna Harry en observant de nouveau son écran.
Il fronça ses sourcils épais et gratta la courte barbe de son menton, sans cesser de ruminer.
— Ce qui me laisserait donc le choix entre New-York et…
Le léger crissement de ses ongles sur le poil rêche était inaudible pour les spectateurs, mais Draco, lui, l’entendait très bien.
— … et Saint-Aubin-du-Villier, termina Harry.
— Pardon ?
— Pardon quoi ?
Harry redressa la tête et Harry cligna des yeux en mimant l’étonnement.
— Ohlala, reprit-il avec le ton d’un parent qui constate la bêtise de son enfant. Votre surprise me fait réaliser que Saint-Aubin-du-Villier ne se trouve pas aux États-Unis. Bon, c’est un peu de la triche, mais je vais donc choisir la réponse B, Draco : New-York.
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- 72 000 £
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- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Notes:
J'ai réussi..... À condition de lire sur pc ou en mode paysage XD
Peut mieux faire, mais je suis contente de progresser.
À venir : des jokers XD
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La musique retentit, les lumières s’agitèrent, le public applaudit, la bonne réponse clignota.
— Bien, s’exclama Harry une fois le public calmé et avant que Draco ait pu prononcer un mot. Je sens la victoire qui approche. Vous prendrez du sirop d’érable sur vos pancakes ?
Draco força un rire complice, mais l’arrogance de ce petit crâneur commençait à lui porter sur le système. Malgré lui, ses doigts pianotèrent nerveusement sur le lin délicat de sa manche de costume. Quand il s’en aperçut, il décroisa les bras et, pour justifier son mouvement, s’accouda au pupitre et se pencha vers le candidat :
— Si un pancake est réussi, alors il n’a pas besoin d'assaisonnement. M’auriez-vous menti, Harry ? Seriez-vous un piètre pâtissier ?
Ses yeux pétillaient de joie derrière la monture ridicule. De jolis yeux verts, il fallait le lui accorder, mais aussi bien mis en valeur qu’une bague au doigt d’un homme tronc. Il devait vraiment être myope comme une taupe pour que les maquilleuses l’aient laissé conserver ses lunettes pendant le tournage.
— En effet, admit Harry sans cligner des paupières. Je vous ai menti.
Draco attendit quelques secondes une suite à la réponse. Harry se rapprocha à son tour et Draco sentit son souffle chaud sur sa peau quand il ajouta dans un chuchotement audible :
— Je ne resterai pas sur le tapis.
Le public applaudit à tout rompre. La plaisanterie était pourtant pauvre et vulgaire au possible. Une répartie condescendante lui brûlait les lèvres, mais Draco se retint de répliquer. Les annonceurs adoraient ce genre d’énergumènes. Il pouvait voir d’ici les titres des vidéos des meilleurs moments à revisionner.
Il se repositionna confortablement dans son fauteuil, croisa les jambes avec élégance et réafficha son sourire en coin et charmeur. Puisque cette séquence tournerait, autant paraître à son avantage. Il remarqua le regard de Harry s'attarder sur ses longues cuisses fuselées, descendre le long des mollets galbés et échouer sur sa cheville drapée de coton blanc.
— Nous n’avons pas beaucoup parlé de vous, Harry. Que faites-vous dans la vie, à part des pancakes ?
Une ombre de gêne passa sur le visage du candidat, et lui aussi se ré-adossa à son fauteuil avant de répondre.
— Pas grand-chose, avoua-t-il avec un haussement d’épaules. Je suis actuellement sans-emploi.
— Oh ? s’étonna faussement Draco. Nous avons des centaines de patrons à la recherche de travailleurs compétents qui regardent l’émission. Dans quel domaine travailliez-vous ?
Il haussa de nouveau les épaules.
— Je suis en reconversion professionnelle. Je me cherche un peu.
— Pâtissier ?
— Si c’était le cas, j’aurais participé à une autre émission sur une chaîne concurrente, ricana Harry en retrouvant son air canaille.
— Aucune autre émission ne vous propose de gagner un million. Avec une telle somme, vous pourrez acheter une dizaine de boulangeries-pâtisseries.
— Je préfère n’en posséder qu’une seule, mais avoir une chance de vous y croiser.
— Décidément, vous me flattez.
Draco baissa les yeux vers l’écran pour lire la nouvelle question. Il pria en silence pour qu’elle soit difficile et qu’elle parvienne à faire taire ce petit effronté. Raté.
💰 800 £ 💰
Qui a découvert la gravité en voyant une pomme tomber (selon la légende) ?
A. Isaac Newton
B. Albert Einstein
C. Jean-Claude Van Damme
D. Draco Malfoy
- 1 000 000 £
- 300 000 £
- 150 000 £
- 100 000 £
- 72 000 £
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- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Notes:
Le truc chiant, c'est que plus je complète mon code, et plus j'oublie à quoi sert chaque truc XD
MAIS IL EST PAS BEAU MON SCROLL ?!
Chapter 5: La question à 1 500 £
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— Nous arrivons bientôt au premier palier, Harry. Toujours confiant ?
— Honnêtement, je m’attendais à plus difficile, vu la somme en jeu.
— Les questions sont de plus en plus pointues, prévint Draco en fronçant le nez.
— C’est ce qu’on m’a dit.
Ce n’était pas lui qui rédigeait les questions, mais la remarque piquait tout de même Draco dans son orgueil. Il plissa les paupières pour le toiser. La jambe qu’il avait glissée sur l’autre s’agita tandis qu’il tentait de se calmer.
Il ignorait pourquoi cet individu le mettait à ce point sur les nerfs. Il avait côtoyé centaines de crétins, de fiers à bras, de mesquins et d’hypocrites au fil des émissions… Presque toujours, il était parvenu à jouer la carte de l’animateur amical.
— Quand vous jouez seul devant votre télé, vous gagnez parfois le million ?
— J’ai jamais joué seul devant ma télé. Je connaissais même pas votre émission avant que mon meilleur ami m’inscrive.
Les yeux de Draco s’arrondirent de stupéfaction et les ailes de son nez frémirent d’indignation.
— Vous n’avez jamais regardé l’émission ?
— Non, avoua Harry avec un insupportable sourire contrit.
Draco ouvrit la bouche mais aucun son ne franchit ses lèvres. Il était outré qu’une telle chose soit possible. Il faisait des chiffres d’audience exceptionnels ! Tout le monde connaissait son nom et celui de son émission !
— Mais maintenant que je sais à quoi vous ressemblez, je regarderai sûrement un peu plus, tempéra Harry avec un clin d'œil.
— Un peu plus que rien du tout, ce n’est pas grand-chose, grinça Draco.
— Je regarderai chaque jour, si ça peut me mettre dans vos bonnes graces.
💰 1 500 £ 💰
Qui a peint ”La Nuit étoilée” ?
A. Leonard de Vinci
B. Vassily Kandinsky
C. Pablo Picasso
D. Vincent van Gogh.
En plus, il fallait que ce genre de question apparaisse ! Les producteurs fournissaient clairement le bâton pour aider à le battre ! La Nuit étoilée ?! Draco sentait venir d’ici les suggestions de passer la nuit ensemble, d’aller regarder les étoiles ou de…
— Réponse D : Vincent van Gogh, annonça placidement Harry.
Draco se retrouva – de nouveau – interloqué. Cette sobriété l’étonnait.
— Vous aimez la peinture ? demanda-t-il tandis que la réponse du candidat était sélectionnée sur l’écran.
— Pas spécialement. Mais j’ai un copain fan de Van Gogh. Je vois très bien de quel tableau on parle.
— L’ami qui vous a inscrit ?
— L’un de ses frères. George, si tu me regardes, termina Harry avec un signe de main et un sourire vers la caméra dans son dos.
Un message de la production grésilla dans l’oreillette de Draco.
— Vous êtes donc sûr de vous ?
— Oui, plutôt.
— C’est votre dernier mot, Harry ?
— C’est mon dernier mot, Draco.
— Harry, la bonne réponse à cette question… après la pub !
- 1 000 000 £
- 300 000 £
- 150 000 £
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- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
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Harry éclata de rire au moment où la musique retentissait. Après quelques secondes, les lumières blanches qui signalaient la coupure pub s’allumèrent, et le plateau se retrouva envahi de maquilleuses, de techniciens et d’envoyés des régisseurs.
Millicent, la maquilleuse attitrée de Draco, se précipita vers lui et déplia dans un mouvement aussi rapide qu’efficace la valisette qui comportait ses produits et accessoires.
— Bon sang, marmonna-t-elle d’une voix précipitée. Tu n’arrêtes pas de froncer les sourcils, aujourd’hui. Un truc te tracasse ? Si j’avais su, je…
Draco ne lui laissa pas le temps de finir son monologue, ni même de le toucher.
— Je vais aux toilettes.
Chapter 6: La publicité
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Draco referma sa braguette, tira la chasse d’eau, et compta mentalement jusqu’à cinq avant de se retourner et de quitter la cabine. Il se rendit devant un lavabo et entreprit de se laver les mains.
Un coup d'œil dans le miroir l’informa qu’il n’était pas seul : dans son dos, une silhouette trapue était occupée devant un urinoir. Des épaules larges et des cheveux hirsutes que l’on aurait dit coiffés avec un pétard.
Il se força à fixer son propre reflet dans les yeux, mais la constatation qu’un pli était visible entre ses sourcils le fit grogner malgré lui. Le pli se creusa et Draco ferma les yeux pour compter de nouveau.
— Oh, Draco !
Harry venait de prendre place à ses côtés. Un bruit de robinet retentit, puis deux fois celui de la pompe à savon.
— Monsieur Malfoy, grinça Draco qui sentait ses muscles se contracter.
— Quoi ?
Il tourna la tête vers son interlocuteur et le toisant avec l’air le plus intimidant et hautain qu’il avait en réserve.
— En dehors du plateau, je préfèrerais que vous m’appeliez Monsieur Malfoy. Nous ne sommes pas amis, Harry. Tout ça, c’est pour les caméras !
— Oh ?
Les yeux verts clignèrent plusieurs fois derrière les affreuses lunettes rondes. Le type était véritablement étonné.
— Pardon. Oui, c’est vrai, excusez-moi : je connais pas trop le monde des médias, et…
Il secoua la tête et se remit à se frotter les mains. Draco grimaça en constatant qu’il avait des ongles courts et rongés. Les maquilleuses n’avaient même pas pris le temps de lui offrir une petite manucure. Des cuticules épais et rougeâtres saillaient, ça et là, contre la kératine. Elles le lui avaient forcément proposé : c’était toujours le cas. Mais Harry avait refusé. Sans doute se pensait-il au-dessus de tout ça, fier de ne pas être narcissique.
Ses excuses penaudes avaient attendrit Draco pendant un instant, mais cette pensée l’agaça de nouveau. Il arracha deux serviettes de papier du distributeur, s’essuya rageusement les mains, et jeta la boulette moite obtenue dans la poubelle en se dirigeant vers la sortie.
— Il vous reste douze minutes avant que l’émission reprenne, prévint-il. Ne soyez pas en retard, Harry.
— Monsieur Potter.
Il s’immobilisa et tourna doucement la tête pour le dévisager par-dessus son épaule.
— Pardon ?
Il était de retour, le petit sourire horripilant et fier. L’homme le regardait d’un œil moqueur. Il secoua ses mains pour les sécher puis les passa dans ses cheveux pour tirer un peu ceux-ci en arrière et les coiffer. Les doigts s’emmêlèrent dans la masse et des épis rebelles pointèrent de partout.
— Puisque je vous fais la politesse de vous appeler par votre nom, je vais vous demander de me rendre la pareille. Appelez-moi Monsieur Potter.
— Le sarcasme ne vous mènera pas loin, Monsieur Potter.
— Vous avez l’air de maîtriser le domaine sur le bout des ongles, Monsieur Malfoy. Je vous crois volontiers.
Draco secoua la tête, puis décida que son temps précieux ne valait pas d’être passé gaspillé aux côtés de cet individu. Il relâcha un petit souffle arrogant par le nez, se détourna, puis sortit.
Une fois de retour sur le plateau, il laissa Millicent lui tapoter le front et le reste du visage avec ses fonds de teint et ses sprays matifiants. Pendant ce temps, il pianota sur son écran pour parcourir la fiche d’inscription de Harry Potter. Habituellement, il ne lisait que les premières lignes : prénom, profession, passions, origine géographique… Il était de son devoir de faire la discussion, de faire semblant de partager l’intérêt de ses invités pour les puzzles, la pêche en eau douce ou le pliage de parachutes et, pour finir, de vanter la beauté de chaque micro territoire de leur beau pays. Cette fois, il parcourut chaque rubrique, du curriculum vitae aux numéros à appeler en cas de problème de santé.
Le parcours scolaire d’un idiot : l’homme avait quitté les bancs de l’école à seize ans, avec un simple brevet sans mention en poche. Il avait presque aussitôt rejoint les rangs de l’armée et son âge – la trentaine tout juste passée – laissait entendre qu’il avait passé plus de temps à porter le treillis militaire que toute autre tenue.
Il était rentré en Angleterre neuf mois plus tôt et la fiche comportait la mention “ne souhaite pas aborder le sujet”. Draco se mordit les lèvres en se sentant un peu coupable de l’avoir interrogé sur son travail, plus tôt dans la soirée. Son animosité envers le personnage ne méritait pas de surpasser son professionnalisme.
Quand Harry revint s’asseoir en face de lui, une maquilleuse gémit et tenta de lui passer une brosse dans les cheveux. Après quelques secondes, elle demanda de l’aide à Millicent et les deux femmes s’activèrent autour de lui.
— Peut-être avec du gel ?
— J’ai déjà essayé, mais non, on ne peut pas les lui coiffer en arrière !
Draco leva un œil curieux : la maquilleuse retenait entre ses doigts habiles une masse brune indisciplinée. Sous celle-ci, un front large et bronzé orné d’une affreuse cicatrice luisante en forme d’éclair.
— Bon sang. Okay, on garde l’effet décoiffé.
Harry ricana, et les deux femmes s’appliquèrent à dompter l’indomptable.
Au bout d’un moment, les chauffeurs de salle invitèrent les personnes du public à reprendre place et les lumières d’ambiance du plateau se rallumèrent. Un compte à rebours de deux minutes s’enclencha sur l’un des écrans de rediffusion. Millicent et sa collègue s’échinèrent encore un peu, mais furent bien forcées de battre en retraite quand il ne resta plus qu’une minute. Presque aussitôt, Harry réduisit leur travail à néant en se frottant le nez et en éternuant.
— Pardon.
Il s’essuya le visage dans la manche grise de son sweatshirt et sourit bravement. Draco entendit le cœur de Millicent s’arrêter et la pauvre femme mourir de désespoir.
Entre les mèches noires, le fond de teint avait bavé dans les creux de cette monstruosité répugnante et soulignait chaque relief.
Dix secondes.
Bouche bée, il se retourna vers ses équipes, attendant un miracle ou un conseil. Personne ne semblait intéressé par ses malheurs.
Cinq secondes.
Draco se leva d’un bond, ébouriffa de ses doigts les cheveux de Harry qui sursauta et le regarda d’un air surpris, puis se rassit dans son fauteuil. Il sortit de sa poche un petit mouchoir en soie et s’essuya nerveusement.
Une seconde.
— Vous êtes sur le plateau de “Question pour un champion”, et j’ai le plaisir d’accueillir Harry avec moi. Avant la pub, nous nous étions arrêtés sur la question à 1500£…
Chapter 7: La question à 3 000 £
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— Et bien bravo, Harry : Vous avez atteint le premier palier du jeu ! Ce qui signifie que vous repartirez au moins avec 1500£. Est-ce que vous êtes rassuré ?
— Euh…
Harry secoua la tête de droite à gauche en gardant le nez baissé vers l’écran.
— Oui, oui… Enfin, oui, c’est déjà… Oui.
Depuis que Draco l’avait touché, ses oreilles avaient pris une couleur de tomate assez étonnante et il avait évité son regard. La constatation était gênante. Ainsi donc, ses avances n’étaient pas le fait d’un petit clown qui souhaitait amuser les téléspectateurs, mais celles d’un véritable soupirant ? Draco retint un soupir.
— Vous débloquez également les trois jokers de l’émission : Le cinquante-cinquante, l’appel à un ami, et le vote du public.
Ses doigts le démangeaient. Il était probable que les maquilleuses aient aspergé sa tignasse de produits gras ou épais, parce qu’il avait la sensation que quelque chose s’attardait sur ses ongles et altérait son sens du toucher.
Il sourit bravement et fit comme si de rien n’était.
— Oh ! Nous restons dans le domaine artistique pour la prochaine question !
💰 3 000 £ 💰
Combien de cordes possède généralement une guitare classique ?
A. 6
B. 7
C. 8
D. 9
Harry s’immobilisa et sa lèvre inférieure disparut sous ses dents blanches. Draco se sentit pâlir : Pitié, faites en sorte qu’elles ne lui aient pas maquillé la bouche… Heureusement, le Dieu des intermittents l’entendit et, quand l'homme cessa de se machouiller les muqueuses, celles-ci réapparurent dans une teinte soutenue assortie à ses oreilles, mais sans que l’émail ne soit orné de quelque tâche beige ou caramel.
— La musique vous inspire moins que la peinture ?
Harry étouffa un petit rire :
— Je suis nul en musique, avoua-t-il d’une voix déçue.
— Avez-vous déjà étudié la pratique d’un instrument ?
— Jamais. Et vous ?
La question amusa Draco. Il éclata d’un rire poli et offrit à la caméra un sourire mystérieux et un clin d'œil mutin.
Harry releva finalement les yeux pour l’observer en souriant. Ses oreilles et ses lèvres roses lui donnaient dix ans de moins, et son air penaud achevait de lui conférer l’apparence d’un collégien puni.
— Ma réponse ne vous aidera pas à trouver la votre, fit gentiment observer Draco.
— Non, mais elle m’intéresse. Et je suis sûr qu’elle intéresse aussi les spectateurs : c’est vous qu’il viennent voir chaque jour. Moi, ils m’auront oublié d’ici une heure.
— Je fais du piano, reconnut Draco en haussant les épaules avec élégance.
— Je m’en doutais, ricana Harry, les yeux brillants.
Il regarda de nouveau son écran et déclara d’un air distrait :
— Vous avez les mains pour ça.
Avec un temps de retard, Draco agita ses longs doigts à l’adresse d’une caméra. À nouveau, ceux-ci le démangèrent, comme si de l’électricité statique courrait sur ses phalanges. Il croisa doucement ses bras pour se donner une contenance et se tût en comptant les secondes de silence. Harry se remit à marmonner au bout de la quatrième, alors que Draco s'apprêtait à reprendre la parole :
— Je sais qu’il y a…
Il ferma les yeux et articula quelques syllabes silencieuses en comptant sur ses doigts avant de reprendre :
— … sept notes de musique, mais je crois pas qu’il y ait une corde par note. C’est plus compliqué que ça… Après tout, il y a plus de sept touches sur un piano.
Draco hocha la tête :
— On ne m’accusera pas de tricher si je confirme cette affirmation-là.
Harry secoua la tête, soupira, puis abdiqua :
— J’en ai absolument aucune idée. Le cinquante-cinquante m’aidera pas… Je connais bien un gars qui joue de la musique, mais j’ai pas pensé à le mettre sur la liste des gens du joker de l’appel à un ami…
Un seul nom figurait sur cette liste.
— Je vais prendre le joker du public, termina Harry avec un air résigné et déçu.
Draco hocha la tête et la mélodie habituelle retentit.Il récita son laïus pendant que dans le public, on votait sur les petits boitiers consacrés.
Harry se morfondait, conscient qu’utiliser un joker à ce stade de l’émission représentait un terrible aveu de faiblesse, si bien qu’à l’instant où les lumières bleutées se rallumèrent, Draco s’empressa de réaliser le bref signe de l’index qui signalait aux monteurs de ne pas afficher immédiatement les réponses du sondage.
— Vous vous en voulez d’avoir utilisé ce joker, Harry ?
— Un peu, ricana-t-il tristement. J’ai pas l’habitude de compter sur les autres pour m’aider.
Harry hocha la tête :
— Bon, j’ai bien fait de prendre sur moi.
50/50
appel
public
- 1 000 000 £
- 300 000 £
- 150 000 £
- 100 000 £
- 72 000 £
- 48 000 £
- 24 000 £
- 12 500 £
- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Chapter 8: La question à 6 000 £
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Le public applaudit la révélation de la bonne réponse, mais Harry gardait un air abattu. Draco pouvait comprendre pourquoi : utiliser un joker à ce stade de l’émission ne présageait pas grand-chose de bon pour la suite. Ce qui n’était pas pour lui déplaire, à lui : s’il avait été un chat, il en aurait ronronné de satisfaction. Harry Potter allait quitter son émission avec un smic ou deux, et Basta !
— Ne culpabilisez pas trop, minauda-t-il avec un sourire hypocrite. Les jokers sont là pour être utilisés, et il aurait été dommage d’être éliminé si tôt. Vous avez été admirablement stratégique.
— C’est gentil, mais je pense que vous êtes admirablement sarcastique, répliqua Harry d’un air toujours aussi bougon.
— Je…
Draco faillit bafouiller. Leur précédent échange sur le sarcasme avait eu lieu hors antenne, et il ne savait donc plus trop bien sur quel pied danser. Par habitude, il exhiba son sourire charmeur et réfugia son regard vers l’objectif de la caméra 3.
— Qu’est-ce qui vous fait croire cela ? demanda-t-il d’une voix légèrement plus aiguë qu’à l'accoutumée.
Un œil vert parvint à le toiser, entre la touffe brune et le métal argenté. Une babine se redressa légèrement et, de chat, Draco se sentit passer à petite souris.
— On pourrait croire que je n’aime pas mon métier ! se justifia-t-il avec un rire forcé. Plus longtemps vous jouez, mieux je me porte ! Je suis payé à l’heure !
Le public rit et les lumières s’abaissèrent pour signaler la nouvelle question.
💰 6 000 £ 💰
Quel est le nombre premier qui suit immédiatement 97 ?
A. 98
B. 100
C. 101
D. 103
— Putain, mais fait chier !
Draco sursauta et poussa même un petit cri effrayé. Harry fulminait. Il lâcha un nouveau juron et se frappa le front avant de se réenfoncer dans son fauteuil, et de croiser les bras et les chevilles en fusillant l’écran du regard.
— Allons, marmonna Draco d’une voix hésitante. Il ne faut pas…
— Je sais, mais je suis dég ! Je joue pour gagner, moi !
Draco laissa échapper un petit rire nerveux.
— Si je comprends bien, les mathématiques ne sont pas non-plus votre fort ?
— Non, clairement pas. Je sais compter, mais dès que ça devient théorique, je me perds. C’est quoi, ça, déjà, un nombre premier ? demanda-t-il en considérant de nouveau Draco.
— J’ai bien peur que ce soit là toute la question.
Harry ricana et se gratta la nuque. Après une hésitation et un geste vague devant son visage, il déchaussa ses lunettes et essuya celles-ci dans un ourlet de son sweatshirt avant de les repositionner sur le bout de son nez. Pendant quelques secondes, il eut un semblant de charme.
— Bon, je vais pas faire durer le suspense, là aussi, je vais devoir utiliser un joker.
— Lequel ?
— C’est bien le problème… Le cinquante-cinquante ne m’aidera pas…
— Et l’appel à un ami ?
Harry poussa un gémissement long, modulé et douloureux.
— Je n’ai pas compris, avoua Draco.
— J’ai dit : elle va se foutre de ma gueule. Mais ouais, pas le choix, on va devoir appeler Hermione.
Il termina sa tirade par un soupir à fendre l’âme. Après quoi son regard se perdit vers les projecteurs du plafond et il adopta une attitude de héros tragique.
Dans les haut-parleurs du plateau, la mélodie du numéro composé retentit, suivi de deux sonneries, puis d’une voix féminine déformée par le téléphone :
— Allo ?
— Bonjour Hermione, ici Draco Malfoy, est-ce que vous me reconnaissez ?
— Oh mon… Oui. Oui, je sais pourquoi vous m’appelez. Harry participe à votre émission, là, en ce moment ?
— Exactement, et il bloque sur une question à 6 000 £. Pensez-vous pouvoir l’aider ?
— Oui, oui, attendez… Je pose ça là et je vous écoute.
Heureusement, cette mascarade allait bientôt prendre fin. “Hermione” ne lui inspirait pas plus confiance que “Harry”. Tous deux étaient impertinents au possible.
— Harry, annonça Draco. Vous avez trente secondes pour poser votre question.
Il claqua des doigts et le compte à rebours s’enclencha.
— Ouais, allo, Hermione, tu m’entends bien ?
Draco roula des yeux.
— Je t’entends bien, et Ron arrive. Il était au grenier.
— Oh merde. Le réparateur est pas encore passé ?
— M’en parle pas : on avait rendez-vous à seize heures, commença-t-elle d’une insupportable voix précipitée. À dix-sept heures, premier appel : On va avoir un peu de retard. Non, sans blague ? Bon. Dix-neuf heures, second appel : notre GPS trouve pas votre adresse. Ah bon ? Vous avez essayé de taper le complément d’adresse comme je l’avais indiqué lors de…
Draco réalisa que sa bouche béait. Il observa Harry qui hochait vigoureusement la tête et jeta un coup d'œil vers le chronomètre : quinze secondes.
La voix féminine se retrouva soudain interrompue par une autre, masculine cette fois :
— Harry, c’est toi ? T’es sur le plateau, là ?
— Hey, Ron ! Oui, j’y suis !
— Et alors, il est comment ?
Harry jeta un regard amusé et heureux vers Draco. Il remarqua son expression et se tourna à son tour vers le compte à rebours qui n’indiquait plus que neuf secondes. Il se mordit la lèvre.
— Ron, je peux pas te répondre, il me reste que dix secondes. Demande à Hermione c’est quoi un nombre premier, s’te plait.
— Un nombre… ? commença le dénommé Ron avant de se faire couper la parole par sa compagne :
— Un nombre premier est seulement divisible par un ou par lui-même, Harry ! On apprend ça en…
La tonalité retentit quand le zéro s’afficha sur l’écran noir.
— Divisible par… Oh, c’est cent-un, du coup.
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- 12 500 £
- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
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- 500 £
- 300 £
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Chapter 9: La question à 12 500 £
Chapter Text
Le public applaudit à tout rompre et Draco sut, là encore, que la séquence tournerait. Elle aurait fonctionné même si la réponse avait été incorrecte : le simple fait qu’un candidat perde autant de temps lors d’un appel de trente seconde était aberrant ; mais que, malgré cela, il remporte tout de même la mise, c’était la cerise sur le gâteau pour la ménagère. Il ferma les yeux et profita du jeu des lumières pour se repasser le moment, à partir de la question jusqu’à la mélodie de la victoire, et dressa la liste de ses reproches envers lui-même :
Il l’avait laissé être impoli en direct.
Il était resté bouche bée comme un idiot.
Il en était sûr, désormais : sous l’ongle parfaitement manucuré de son annulaire droit, il y avait un résidu de cire, de gel ou du fond de teint. Il fallait espérer qu’aucune caméra n’ait zoomé là dessus.
Un véritable désastre.
Là dessus, Harry était d’accord avec lui : il avait perdu son attitude sûre de lui et détestable pour revêtir celle du martyr tout aussi détestable.
— Bien ! grinça Draco quand les lumières s’immobilisèrent. Six-mille Livres, c’est une belle somme. Je me dois de vous demander ce que vous comptez faire avec l’argent que vous allez emporter.
— Je suis de moins en moins sûr de pouvoir vous inviter dans une salle de bain à New-York, plaisanta Harry en se grattant la barbe. Peut-être une cave à Saint-Aubin-du-Villier, mais il me restera à peine assez pour cuisiner les pancakes.
Draco se força à rire. Harry reprit :
— Excusez-moi, c’est un peu de mauvais goût. Pas les pancakes, ma blague.
Puis, d’un ton plus sérieux, il expliqua :
— Hermione, la copine que j’ai appelé tout à l’heure, elle a une asso de… Je sais pas si je peux en faire la pub à la tv ? Mais j’imagine que ces six-milles livres lui reviennent, puisque j’en serais pas là sans elle.
Draco fronça les sourcils et tenta de mettre un peu de logique dans cette réponse. Il échoua :
— Vous voulez dire que vous voulez tout lui remettre ?
— Hum, sûrement. Je pense qu’elle en fera meilleur usage que moi.
L’éclaircissement ne suffisait pas à rendre le discours cohérent.
— Vous ne voulez rien garder ?
Harry haussa les épaules.
— Une petite somme changera pas grand-chose à ma vie. Et une grosse somme changerait trop de choses. Donner à une asso, c’est bien.
Et il lui adressa ce brave sourire confiant et stupide.
Draco se demanda vaguement s’il était en train de vivre un AVC. Ceci expliquerait peut-être pourquoi il ne comprenait rien à ce qui se passait. Il se rassura en se rappelant qu’il était bien entouré et que ses équipes sauraient réagir s’il lui arrivait malheur. Et puis ce serait extraordinaire pour les audiences.
Il baissa les yeux sur son écran et posa la question qui y figurait en essayant d’ignorer le bourdonnement alarmant dans son oreillette :
💰 12 500 £ 💰
Quelle mer intérieure borde le Kazakhstan et l’Ouzbékistan ?
A. la mer Caspienne
B. la mer d’Aral
C. la mer Morte
D. la mer Noire
Harry ne répondait pas. Il fixait, lui aussi, le cadran en silence.
Cinq secondes passèrent. Six. Sept. Personne ne réagissait. Draco n’était pas victime d’un AVC. Il comprit soudain ce que le régisseur lui hurlait dans les oreilles et répéta sa question sur un ton poli :
— C’est une association de quoi ?
— Hum ?
Sa question tira le candidat de ses pensées.
— Oh. Un truc égalitariste et pacifiste, mais je comprends pas tout. J’ai le droit de dire le nom à la télé ? D’en faire la pub ?
C’était toujours positif d’associer l’émission à des valeurs d’égalité et de pacifisme. Draco acquiesça avec un sourire.
— C’est la SALE, annonça Harry avant d’épeler. Et quand on fait un don, c’est défiscalisé. On paye pas d'impôts dessus.
Comme toutes les associations.
Un crétin et un ignare. Il s’était cru malin dans la première partie du programme, mais désormais, il réalisait probablement l’étendue de son inculture.
— Je crois savoir, mais je suis pas sûr de moi… gémit Harry en se machouillant la lèvre inférieure. Je sais que c’est pas la mer Morte ni la mer Noire : ça, c’est des régions que je connais bien. Je sais que les deux autres bordent le Kazakhstan, mais j’essaye de visualiser la frontière Ouest de l'Ouzbékistan et je galère. Je ne sais plus si ça a bougé en 1991.
Draco hocha la tête comme s’il savait de quoi Harry parlait. La Géopolitique internationale ne l’intéressait qu’à partir d’un certain PIB qu’aucun de ces deux pays n'atteignait. Harry, de par son ancien métier, avait peut-être été envoyé guerroyer par là-bas pour une raison aussi obscure que l’or qu’on y trouvait. Pour donner un peu plus de crédibilité à son semblant d’intérêt, il confirma :
— Des tas de choses ont bougé en 1991.
Harry soupira et se prit la tête dans les mains.
— La mer Caspienne est plus grande. Statistiquement, je devrais choisir celle-là, mais je suis presque sûr que c’est la mer d’Aral.
— Je ne peux pas vous révéler si l’une est plus étendue que l’autre.
— Je vais prendre mon dernier joker.
💰 12 500 £ 💰
Quelle mer intérieure borde le Kazakhstan et l’Ouzbékistan ?
A. la mer Caspienne
B. la mer d’Aral
C. la mer Morte
D. la mer Noire
— Bon. Je vais choisir la réponse B, Draco.
— C’est votre dernier mot, Harry ?
— C’est mon dernier mot.
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appel
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- 1 000 000 £
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- 12 500 £
- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Chapter 10: La question à 24 000 £
Summary:
Un chapitre avec un unique projecteur rose...
(Faites pas attention à moi : j'ai jamais rempli cette case et je m'interroge donc sur ce qu'elle permet)
Notes:
Un chapitre avec un unique projecteur rose...
(Faites pas attention à moi : j'ai déjà rempli cette case, mais je m'interroge sur l'ordre dans lequel ao3 organise les choses)
(See the end of the chapter for more notes.)
Chapter Text
Bien ! Draco inspira profondément et sentit, avec délectation, un air frais, pur et plein de certitudes lui emplir les poumons. Plus qu’une question à laquelle Harry Potter ne parviendrait pas à répondre, et il serait débarrassé de lui. Il accueillerait le prochain candidat et oublierait cet imbécile. Il reverrait peut-être son visage lors de deux ou trois bêtisiers, mais son nom disparaîtrait définitivement de chaque neurone qu’il avait eu l’audace de maltraiter.
— Bien ! s’exclama-t-il avec un peu trop d’entrain. Vous avez plus de douze-mille Livres ! Une jolie somme qui fera plaisir à votre amie Simone ! Nous allons tout de suite voir si vous parvenez à doubler cette mise !
Il entendit vaguement Harry corriger sa prononciation mais il l’ignora, focalisé sur l’écran. Celui-ci s’alluma.
💰 24 000 £ 💰
Depuis la terre, quelle étoile est la plus brillante après le soleil ?
A. Betelgeuse
B. W Cephei
C. Polaris
D. Sirius
C’était parfait ! Une question astronomique. Aucune chance que cet empafé y connaisse quoi que ce soit.
La satisfaction lui donna des ailes et Draco se permit une petite boutade :
— Ah ! Encore une question sur la nuit étoilée. Un domaine sur lequel vous nous aviez impressionné lors de la question qui concernait Van Gogh ! Je parie que vous connaissez la réponse !
— Oui, c’est Sirius. Réponse D, Draco.
— Pardon ?
— Réponse D, répéta Harry en articulant exagérément la prononciation de la lettre, puis il précisa : Sirius
La réponse se sélectionna sur l’écran. Draco hésita.
— Si vous n’êtes pas sûr de vous, vous pouvez repartir avec douze-mille-cinq-cent Livres.
— Je préfère jouer, je suis sûr de moi. Réponse D.
— Je veux que ce soit clair entre nous : s’il ne s’agit pas de la bonne réponse, vous redescendiriez à mille-cinq-cent Livres.
— Réponse D. C’est mon dernier mot, Draco.
Draco arrondit ses lèvres autour d’une nouvelle protestation, mais parvint finalement à refermer la bouche. Il fronça les sourcils, décontenancé, en observant l’écran. Les projecteurs se teintèrent de bleu et la musique de la victoire retentit. La réponse D se para d’or et le chiffre clignota avant de se valider.
Draco profita de ce moment pour reprendre ses esprits.
— Vous… commença-t-il nerveusement. Vous avez une passion pour l’astronomie ?
Rien sur sa fiche n’indiquait cela.
— Pas du tout. J’ai juste eu de la chance.
— Ça ne ressemblait pas à de la chance, accusa Draco. Vous étiez très sûr de vous.
— Oh, pas sur la réponse, mais sur la question. Si vous m’aviez questionné sur n’importe quelle autre étoile, j’aurais botté en touche. Mais Sirius, c’est le prénom de mon père, alors ça fait partie des trucs sur lesquels on s’est un peu renseigné. Je connais juste cette étoile-là et la constellation qui va avec. On a passé des nuits complètes à apprendre et à oublier les autres.
Draco cligna des yeux et réfléchit à la probabilité que cette histoire soit vraie.
Faible.
Mais pas nulle.
Quand on s’appelle Draco, on évite de critiquer la rareté d’un sobriquet. Lui-même était affublé d’un oncle lointain qui portait ce prénom. Une tradition familiale. Peut-être le même genre de superstition que celle qui avait décidé sa mère à le nommer Draco Cygnus Abraxas Malfoy courait dans la famille Potter.
Pendant un instant, l’éventualité que cet inconnu soit un cousin éloigné le figea d’horreur, puis il se reprit : Sirius Black était un vieux célibataire endurci qui avait passé vingt ans derrière les barreaux. Il n’avait pas d’enfant. Et le nom de famille ne correspondait pas.
— Et bien, le hasard fait bien les choses.
— Je vous montrerai, si vous voulez.
— Pardon ?
— Sirius. On laisse tomber la cave et la salle de bain. Je vous invite une nuit, à l’air libre, pour observer les étoiles. Ce sera plus romantique et moins cher. Et je dormirai pas sur un tapis.
Un sourire immense lui mangeait les joues et ses cheveux partaient dans tous les sens. Il était difficile de savoir s’il était sérieux ou pas, et Draco hésitait à jouer la comédie. Dans le public, quelques soupirs enamourés retentirent. Draco ouvrit la bouche pour répondre, mais à cet instant, une affreuse musique au saxophone, romantique et kitchissime à souhait, résonna à travers les hauts-parleurs. Après quelques secondes, leur unique projecteur rose s’alluma et tous les autres s'éteignent.
Il allait tuer le réalisateur. Il allait tous les tuer. Les tuer, les renvoyer puis leur pourrir la vie. Non, d’abord leur pourrir la vie, puis…
Il se força à sourire tandis que le public se levait pour onduler de droite à gauche ou mimer quelques embrassades. Harry riait en observant le plateau. Un caméraman leva le pouce vers eux et leur adressa un sourire aussi large que celui du candidat. Draco aurait été incapable de dire à qui il était destiné. Cet homme serait le premier à mourir (ou à voir sa vie pourrie).
— La nuit, il fait froid ! tenta Draco avec une attitude faussement effrayée.
— Je vous réchaufferai !
— Il y a des animaux sauvages, dehors !
— Je les chasserai !
— J’aurais des cernes le lendemain !
— Je… Je vous achèterai des lunettes de soleil à vingt-quatre-mille Livres. Moins le prix des pancakes.
— Non, je dois refuser. Les téléspectateurs méritent de voir mes yeux.
Un “Oooh” déçu retentit depuis le public.
— Vous savez, les anciens égyptiens avaient basé tout leur calendrier sur cette étoile ! On pourrait dire que ce serait le premier janvier, et ce serait un jour férié !
— De toute façon, je ne peux pas accepter de me laisser soudoyer. Arrêtez cette musique.
La mélodie stoppa dans un scratch de vinyle. Le public rit et tous se rassirent. Les lumières bleues habituelles revinrent.
Draco baissa le nez vers son écran. Ses oreilles, à lui aussi, avaient changé de couleur.
(Sous le coup de la colère, bien sûr.)
50/50
appel
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- 1 000 000 £
- 300 000 £
- 150 000 £
- 100 000 £
- 72 000 £
- 48 000 £
- 24 000 £
- 12 500 £
- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Notes:
Ohlala, à croire que lae scenariste est du côté de Harry...
Chapter 11: La question à 48 000 £
Chapter Text
Un simple contretemps. Ça arrivait. On pouvait avoir de la chance une fois – le hasard faisait parfois ainsi les choses – mais pas deux.
Harry partirait après cette question. Avec vingt-quatre-mille Livres, ou bien avec mille-cinq-cent, s'il faisait une erreur.
Même pas besoin de croiser les doigts.
Draco les croisa tout de même.
Il sentait encore sa présence sous son ongle.
— Nous arrivons au second palier, Harry. Ce qui signifie que si vous répondez correctement à cette question, vous serez non seulement assuré de repartir avec au minimum quarante-huit-mille Livres, mais également avec un cadeau extraordinaire de notre partenaire. L'enjeu est colossal.
Mais cela n'arriverait pas.
— En effet.
— Je vous rappelle que vous n'avez plus aucun joker.
— Yep.
— Vous vous appelez Harry, vous avez trente-deux ans, vous êtes actuellement sans emploi et vous nous venez de Little Whinging, Surrey.
— En fait, je…
— Et vous jouez pour la somme de quarante-huit-mille Livres !
Les lumières baissèrent sur eux et la question apparut sur l'écran de Draco.
💰 48 000 £ 💰
Dans quelle œuvre de Platon se trouve le mythe de la caverne ?
A. Les Lois
B. Le Banquet
C. La République
D. Les Sophistes
Une angoisse froide dressa le fin duvet de la nuque de Draco. Ses doigts croisés de toutes ses forces lui faisaient mal. Il releva les yeux par petits à-coups craintifs, en espérant rencontrer les sourcils agacés ou la mine penaude, mais pas le sourire arrogant.
Bingo.
La lèvre machouillée.
Harry n'avait aucune idée de la bonne réponse.
— Ah, s'exclama Draco d'un ton enchanté en claquant dans ses mains. La philosophie. Probablement ma science préférée ! Je pourrais passer des heures à échanger sur le sujet. Faîtes-moi rêver, Harry : dîtes-moi que vous maîtrisez le domaine !
En échange de sa pique, il reçut un regard amusé sous une paire de sourcils broussailleux, froncés et vexés. La lèvre tomate fut relâchée, et une langue rose et vive vint frotter le long d’une rangée de dents blanches. Une grimace ricanante apparut, puis Harry se trémoussa nerveusement sur son siège.
— Non ? insista Draco. Je refuse d’y croire ! Jusqu’ici vous aviez tout pour me plaire, et… Quel dommage. J’aurais volontiers affronté la nuit, le froid et les bêtes pour discuter philosophie.
— Je peux me contenter d’écouter, tenta Harry.
— Ohlala. En effet, vous n’y connaissez rien. Le propre de cet art est d’échanger sur un sujet.
Draco redevint chat. Il prenait plaisir à jouer avec sa proie et de la voir souffrir. Chaque coup de patte envoyait une décharge de dopamine dans l’ensemble de son corps, du haut de son museau à l’extrémité de sa queue. Ses pupilles se contractèrent alors qu’il attaquait de nouveau :
— Tout de même : Platon, c’est la base. Vous devez bien avoir une petite idée de la réponse ?
— Pas vraiment.
— Même pas une toute, toute, toute petite ?
— Je connais vaguement le mythe de la caverne ? supposa Harry en se grattant la barbe. Il y a une histoire d’ombres chinoises, non ?
Il croisa vaguement les mains et agita ses doigts pour illustrer son propos et mimer un oiseau probablement agonisant.
— Les gars sont dans une caverne, et ils croient que les ombres chinoises sont des vrais trucs qui se passent hors de la caverne ?
Le monde entier voyait à quel point il était stupide et quasi illettré. Draco jubilait.
— C’est un peu plus profond que cela. On y aborde les sujets de l’acquisition de la connaissance, de la résistance au changement, de ce qu’est la réalité, le bien… Au sens métaphysique du terme, bien sûr.
Harry secoua la tête en souriant aimablement.
— Ça a l’air vachement chouette, résuma-t-il d’une voix douce. Mais non. J’ai bien peur de pas avoir étudié ça…
— τὴν εἰς τὸν νοητὸν τόπον τῆς ψυχῆς ἄνοδον ? récita Draco en guise de coup final. La montée de l'âme dans le monde intelligible ? Ça ne vous dit vraiment rien ?
— Non. Ceci-dit, c’est très sexy de vous entendre parler dans une autre langue. C’est du latin ?
— Du grec ancien.
— C’est joli.
Au moins pouvait-on lui accorder qu’il prenait plutôt bien l’humiliation. Le pauvre avait de toute façon fini par comprendre où était sa place quand il avait été contraint d’utiliser ses trois jokers dès la disponibilité de ceux-ci. Sur le coup, il s’était fâché, mais il avait finalement accepté son sort. À présent, il ne quittait plus Draco des yeux, certainement conscient qu’il s’agissait là de sa dernière occasion de se rincer l'œil en live.
Draco poussa un soupir théâtral et adressa un sourire faussement compatissant à son interlocuteur.
— Et bien je suppose que l’aventure s’arrête ici pour vous, Harry. Vous ne repartez pas les mains vides puisque…
— Non, non, je continue, affirma Harry en lui coupant la parole.
— Pardon ?
— Une chance sur quatre, je le tente. Voyons : Am, Stram, Gram, Pic et Pic et Colégram…
— Harry…
— Bourre et bourre et Ratatam…
— Monsieur Potter…
— Am. Stram. Et Gram. Je vais choisir la réponse C.
— Harry. Vous risquez de tout perdre.
— C’est si j’abandonne que je suis sûr de perdre. La République, Draco.
— Non, vous repartiriez avec vingt-quatre-mille Livres, et…
— Mais seul. Je préfère tenter le tout pour le tout et gagner une chance de passer encore un peu de temps avec vous. Je voudrais valider la réponse C, s’il vous plaît. Et c’est mon dernier mot, Draco.
Impossible. C’était un cauchemar.
La réponse C se sélectionna sur l’écran.
— Je vois vraiment aucun rapport entre tout ça et la république, en plus, tergiversa Harry sans le regarder. J’aurais peut-être dû réfléchir et choisir les Sophistes, en fait. Genre Sophiste, ça veut pas dire intelligent, ou un truc du genre ?
Draco allait peut-être mourir.
— Merde. Et je suppose que c’est trop tard pour changer. J’ai dit que c’était mon dernier mot, et tout…
Il lui adressa un regard interrogateur.
La musique de la victoire retentit.
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Chapter 12: La question à 72 000 £
Chapter Text
— Vous venez d’atteindre le second palier de l’émission. Quoi qu’il arrive, vous êtes assuré de rentrer chez vous avec, au minimum, quarante-huit-mille Livres, ainsi qu’une croisière de luxe pour deux personnes de la part de notre partenaire, les Croisières Aspic. Quinze jours de détente et de plaisir sur l’un des plus beaux bateaux au monde. Cinq restaurants, douze escales, un spa panoramique. Tout de suite, une vidéo.
Draco récita son texte comme un automate. Dès que le diode rouge de la caméra lui signala qu’il n’était plus visible à l’écran, il se prit la tête dans les mains et se plia en deux en gémissant. Cette émission lui semblait la plus longue qu’il ait jamais eu à animer.
— Hey, ça va ? interrogea une voix précipitée et inquiète. Dra… Monsieur Malfoy ?
Une paume chaude se referma sur son genou.
À travers ses doigts écartés, il aperçut les ongles rongés et carrés. Des poils noirs couraient sur les phalanges. Une cicatrice blanche et boursouflée habillait le dos de sa main large. Il était horrible et grossier. Et laisserait probablement une trace de transpiration sur le lin.
— Ne me touchez pas, prévint Draco d’une voix épuisée.
Harry se crispa un peu et le mouvement de ses muscles envoya une violente décharge électrique, depuis sur tendon rotulien jusqu’à son nerf fémoral. Puis il recula sa main. Il se tenait accroupi devant lui et parlait à voix basse, comme s’il craignait de couvrir le son du spot publicitaire.
Draco tira sur les traits de son visage et, depuis les coulisses, Millicent mourut une seconde fois.
— Retournez à votre place, ordonna Draco.
Harry fit la moue et chercha dans les visages des techniciens une indication sur la marche à suivre. Draco essaya d’être plus clair :
— Je vais bien, Monsieur Potter. Retournez à votre place avant que le direct ne reprenne et que votre position agenouillée à mes pieds puisse être interprétée de travers.
L’homme consentit à obéir. Il ricana joyeusement, puis frotta ses mains contre le jean délavé de son pantalon. Une odeur musquée de cervidé en rut frappa Draco de plein fouet.
— C’était vraiment de la chance et du hasard ? grinça-t-il alors que l’autre se rasseyait dans son fauteuil.
— Hum ? Oh. Ouais. Comme dit Ron, s’il y a une chance sur un million que ça arrive, alors il y a neuf chances sur dix que ça m’arrive à moi.
Sous chaque pupitre se trouvait une petite bouteille d’eau minérale et une dizaine de gobelets en plastique. Harry entreprit de remplir l’un des récipients de liquide avant de le lui tendre. Draco s’en saisit mais le déposa hors champ sans y avoir posé ses lèvres. Harry recommença et sirota le sien.
— Votre cicatrice ? supposa Draco en désignant le front grotesque de son homologue. J’imagine qu’il s’agit de la raison qui vous a fait quitter l’armée ? Une bombe ? Une attaque terroriste ?
Harry porta par réflexe sa main à son crâne et frotta un peu.
— Ma… ? Ah, non. Celle-ci date de quand j’étais tout petit. Un accident.
Draco tenta d’imaginer un joli petit mioche avec de grands yeux verts et une croûte de chairs sanguinolentes en guise de frange. Il grimaça.
— Qu’est-ce qui vous a fait partir, alors ? cracha Draco sans chercher à le ménager.
Le regard de Harry se fit pensif et il but en silence.
Quelques secondes avant que les caméras ne se rallument, il souffla :
— J’ai pris conscience que j’avais le choix.
💰 72 000 £ 💰
Quelle est la seule lettre qui ne figurait pas dans le tableau périodique des éléments en 2011 ?
A. la lettre J
B. la lettre K
C. la lettre Q
D. la lettre W
La question était ardue. Draco n’avait aucune idée de ce que pouvait être la réponse, mais cette constatation ne suffisait pas à le réjouir.
Il avait l’impression d’avoir perdu la partie en permettant à ce candidat-ci d’aller aussi loin. Il était trop tard, le mal avait été fait. Harry Potter était comme un moustique que l’on ne parvient à écraser qu’une fois le soleil de nouveau levé. Voir son sang sur le mur ne soulageait pas le sentiment d’avoir perdu sa nuit et d’avoir été piqué.
— Une question scientifique, fit mollement observer Draco. Un domaine qui vous intéresse ?
— Pas vraiment…
À tous les coups, une histoire rocambolesque justifierait qu’il connaisse la réponse. Soit ça, soit il trouverait une nouvelle petite comptine ridicule pour prendre sa décision et celle-ci serait la bonne. Jamais Draco Malfoy ne parviendrait à chasser cet insecte-là.
Il faisait tourner son gobelet en plastique entre ses gros doigts.
— Est-ce que vous pensez encore une fois répondre au hasard ? Vous n’avez rien à perdre : vous vous situez sur un palier et…
— Non, je réfléchis…
Draco haussa un sourcil.
— Je vous en prie, exposez-nous votre façon de réfléchir au problème.
Il ne pouvait pas laisser le silence s’installer et il avait la flemme de meubler.
— En fait, la précision de la date m'interpelle.
— Ah oui ?
— Oui, je me demande si c’est un piège…
Draco cligna des yeux.
— Un piège ? répéta-t-il.
— Ben… Soit aujourd’hui, il manque plus aucune lettre, soit il en manque plus d’une, soit avant 2011 il n’en manquait aucune, soit il en manquait plusieurs. C’est ce que sous-entend la question, non ?
Draco ouvrit la bouche et la referma pendant que son compte à rebours mental s’enchenchait. Harry reprit la parole à la quatrième seconde :
— Ça voudrait dire qu’un élément a été découvert en 2011. Ou bien qu’il a changé de nom. On est d’accord ?
— Je… Je n’ai pas le droit de vous influencer, prétendit Draco pour éviter d’avoir à se prononcer.
— Donc, je dirais J.
La réponse se sélectionna sur l’écran.
— Pourquoi J ?
— Parce que quitte à décider d’un nouveau nom, autant en prendre un facile à prononcer. Et la lettre qui me paraît la plus simple, c’est le J. Donc, je dirais que depuis 2011, toutes les lettres sont présentes parce qu’un nouvel élément à été découvert par un type qui a décidé d’appeler ça le Jamesium, en hommage à son père décédé, ou un truc de ce genre.
Draco cligna des yeux.
— C’est mon dernier mot.
Draco referma la bouche. Elle s’était encore ouverte toute seule.
Une voix résonna dans son oreillette :
— Va falloir que tu fasses un démenti tellement il a raconté de la merde, Draco. Mais ce gros cocu a la bonne réponse.
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Chapter 13: La question à 100 000 £
Chapter Text
Un texte s’afficha sur son écran tandis que la musique de la victoire retentissait et que les lumières s’agitaient ou clignotaient. Draco le parcourut rapidement des yeux et attendit le retour du calme pour préciser :
— Depuis 2011, le J et le Q manquent au tableau périodique. Avant cette date ne manquait que le J.
— Oh ? s’exclama Harry. Rien à voir avec ma théorie, du coup ?
— L’ununquadium a été renommé Flévorium, et son symbole chimique est passé de Uuq à Fl.
— Donc, un peu à voir quand même.
— Non, décréta Draco.
— Un petit peu.
— Non, rien à voir. Un coup de chance. Encore.
— Boh, vous savez ce qu’on dit : une fois, c’est de la chance, deux fois, c’est du talent.
— Une fois, c’est une coïncidence, corrigea Draco à travers ses dents serrées. Deux fois, c’est du hasard. Et trois fois, c’est l’action de l’ennemi. Ian Fleming.
— D’accord. Mais c’est facile de prétendre être cultivé quand on a toutes les réponses sur son petit écran.
— Je n’ai accès aux réponses qu’une fois celles-ci validées, s’emporta Draco. La citation de Fleming est une connaissance personnelle. Tout le monde connaît le nom du créateur de James Bond !
— C’est pas Sean Connery ?
Draco s’étouffa.
— Je rigole ! prétendit Harry en éclatant de rire. J’aurais pas eu la citation, mais je connais l’auteur des bouquins.
Il s’empara d’un nouveau gobelet vide qu’il emplit d’eau et qu’il proposa à Draco pour l’aider à faire passer sa toux. Devant les caméras. Une main sur la gorge, Draco sentit ses yeux sortir de leurs orbites. D’un mouvement sévère du menton, il lui ordonna de renoncer à son geste. Harry hésita un moment avant de poser le récipient sur le pupitre, bien en vue. Un nouveau regard menaçant de la part de Draco n’aida pas à rendre son message plus explicite et celui-ci renonça à se faire comprendre ou obéir.
De toute façon, la fin de l’émission approchait.
💰 100 000 £ 💰
Quelle est la vitesse de la lumière dans le vide, arrondie au mètre près ?
A. 299 458 792 m/s
B. 299 792 458 m/s
C. 299 785 492 m/s
D. 299 492 785 m/s
Harry siffla entre ses dents.
— Encore une question de physique, marmonna Draco.
— Pas facile pour les dyslexiques. Laissez-moi relire plusieurs fois chaque réponse, je voudrais pas faire une erreur d'inattention.
— Vous connaissez la réponse ? geignit Draco qui n’en pouvait plus.
— Oui, oui, mais attendez : il faut vraiment que je me concentre.
Draco garda le silence. Quatre secondes.
— Vous pensez que…
— Attendez…
Puis, comme si Draco n’existait pas, Harry marmonna, les yeux fixés sur l’écran :
— Quatre… Vingt… Douze… Mille…
Quatre secondes. On entendait le grésillement des projecteurs et les frottements des pieds sur le sol, dans le public.
— Il va fall…
— Chut ! Quatre-cent… Non, Cinq…
— Je…
— Silence !
Draco inspira si brutalement que ses narines se plaquèrent contre son nez pourtant trop fin et que l’air lui manqua.
— Sept… cent…
Quatre secondes.
Il se racla la gorge.
Cinq. Six. Sept secondes. Pour s’aider à tenir, Draco imagina ses ongles s’enfoncer dans la gorge de Harry Potter et l’étrangler tout doucement. Un centimètre par seconde.
Nouveau raclement de gorge.
— Ooookay, supposa Harry. Je vais choisir la réponse B. C’est mon der… Attendez…
Draco haussa les sourcils si haut qu’il en eut mal au front. Il pouvait sentir ses vertèbres cervicales craquer sous ses doigts. Il allait serrer si fort que la tête lui tomberait.
— Sept-cent… Quatre… Vingt ? Attendez…
Alors, dressé au-dessus du corps sans vie de son ennemi, il éclatait d’un rire sinistre et proclamerait vers les cieux :
— Si. C’est ça. Réponse B, Draco. C’est mon dernier mot.
— Vous êtes sûr de vous, Harry ? demanda-t-il avec un sourire doucereux.
— Oui.
— Vous avez peut-être un moyen mnémotechnique à partager avec nous, hum ? Qu’avez-vous marmonné dans votre barbe pendant tout ce temps ?
— Non, pas de moyen mnémotechnique, c'est du par cœur : deux-cent-quatre-vingt-dix-neuf-millions-sept-cent-quatre-vingt-douze-mille-quatre-cent-cinquante-huit mètres par seconde. Ça fait un-milliard-soixante-dix-neuf-millions-deux-cent-cinquante-deux-mille-huit-cent-quarante-huit kilomètres heure. Seulement deux-cent-vingt-cinq-millions de mètres seconde dans l'eau. Et huit-cent-dix-millions de kilomètres heures. Environ.
Il récita tout cela sans quitter les yeux de Draco du regard et sans cesser d'exhiber ses parfaites dents blanches à qui désirait être ébloui.
Draco referma la bouche pour la troisième fois et nota, dans un recoin de son cerveau, qu'il faudrait qu'il évoque ce sujet de perte de tonus dans la mâchoire avec son orthodontiste.
— Ça vous en bouche un coin, hein ? se pavana Harry. J'ai une grosse passion pour la vitesse. Petit, je voulais piloter des fusées. Et après, des avions de chasse.
Son regard malicieux se teinta d'un soupçon de nostalgie.
— J'ai jamais pu. Rapport à mes yeux. J'adore quand-même voler. Du parachute, de l'ULM, du deltaplane… Tous les trucs où on monte dans le ciel et où on a du vent dans les cheveux.
C'était… étonnamment adorable. Ça lui allait bien. Ça lui ressemblait.
Mais Harry Potter crut bon d'illustrer son propos en mimant un avion avec son bras et d'agrémenter la démonstration d'un “viooooum” au cas où celle-ci manquait de clarté.
Et Draco se rappela qu'il était un crétin, qu'il lui arrachait la tête en pensée et qu'il était laid et irrespectueux.
Il ne se força pas à rire et le fixa en silence afin que Harry se rende compte par lui-même de son immaturité et du ridicule de son comportement. Quatre secondes. Puis, toujours en prenant soin de ne pas commenter la situation, il baissa les yeux vers son écran et cliqua sur le bouton de révélation de la bonne réponse.
— Et bien voyons cela. Bravo, Harry, déclara-t-il d'un ton détaché pendant que la mélodie de la victoire retentissait. Nous allons tenter la question des…
— Attendez, attendez, attendez…
Draco ferma les yeux et compta jusqu'à quatre. En fait, il n'arriva qu'à “un”.
— Je suis désolé, je me rends compte que j'ai été impoli tout à l'heure. Je…
Draco ouvrit les yeux.
— Y-a les caméras, la somme en jeu… Et vous. En vrai, je suis un peu intimidé. Je vous ai coupé la parole et tout. J'ai été un peu cassant. Je vous demande pardon.
Dangereusement adorable.
Un homme aussi gaillard n'avait pas le droit de s'excuser d'une façon aussi adorable. Un homme aussi mal apprêté n'avait pas le droit d'avoir autant de charme. Un homme aussi stupide n'avait le droit de gagner le million. Un homme aussi… Harry Potter n'avait pas le droit d'exister dans le monde de Draco Malfoy.
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Chapter 14: La question à 150 000 £ (partie1)
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
C'était avant tout cela, avant de choisir sa voie et la célébrité. Draco avait toujours été petit, fluet, coquet, précieux… impressionnable. Sur les bancs de l'école, on l'avait traité de pédé et d’enculé bien avant qu'il ne comprenne le sens de ces mots et réalise qu'ils lui étaient plutôt bien adaptés. Durant ses études de journalisme, on avait dit de lui – le plus souvent dans son dos, mais parfois aussi bien en face – qu'il était adepte de diplômes-canapés là où sa famille préférait les pots-de-vin. Quoiqu'il fasse, on le lui aurait reproché.
Et bien soit : Draco avait embrassé son rôle. Il s’était donné en spectacle et avait fait parler de lui. Il avait assorti les costumes hors de prix, les souliers dernier cri et les cocktails trop fruités qu’il savourait le petit doigt en l’air et avec une paille autour de laquelle il arrondissait ses lèvres maquillées. Il avait surjoué le damoiseau effarouché à chaque reportage puis lors de chaque interview qu’on lui avait confiée. Puis, quand il était devenu évident pour tout le monde qu’il était l’homosexuel le plus connu et bankable du paysage télévisuel public, il était débarqué un beau matin dans le bureau de Tom Jedusor, le propriétaire richissime – et ouvertement homophobe – de la plus grande chaine du Royaume Uni et avait exigé une émission en prime-time.
— Pourquoi accepterais-je ?
— Vous savez comme moi que vous ne pouvez pas vous permettre de refuser.
Ils avaient bénéficié d’une couverture médiatique exceptionnelle, même chez les concurrents. Tout le monde voulait savoir comment la petite tapette des plateaux télé serait traitée chez le vieux réac du service public.
Tom Jedusor était richissime avant d’être homophobe. Il tenait à sa fortune plus qu’à ses convictions. Il avait flairé le filon et saisi l’occasion de redorer son image. Draco correspondait au cliché parfait qui ne bousculait pas trop ses préjugés, et il était un très joli petit drapeau à agiter pour prouver sa modernité et son ouverture d'esprit.
Et Draco, pour la première fois, n’avait été accusé ni d’avoir couché pour décrocher le jackpot, ni d’avoir soudoyé le milliardaire.
Gagnant-gagnant.
— Draco.
La voix dans son oreillette le ramena à l'instant présent et, par un réflexe Pavlovien qu'il n'avait jamais cherché à combattre, plaqua sur ses lèvres son sourire spécial ménagères.
— On rend l'antenne dans dix minutes. On peut pas se permettre de clôturer sans lui, gagne du temps. Évite le sujet de son asso : ils sont hyper clivants, en fait.
Ses yeux le piquaient, ses mains le démangeaient et son lit l’appelait.
— Vous habitez le Surrey, je crois ?
— Hein ? Ah oui, mais non. Comme je vous disais, j’ai dû m'emmêler les pinceaux et mettre mon lieu de naissance à la place du lieu d’habitation dans le questionnaire, je pense.
Bien sûr, là, il était parvenu à se tromper.
— J’adore cette région, prétendit tout de même Draco qui connaissait son discours par cœur. Les jardins de Wisley, Hampton Court… Quel dépaysement à quelques kilomètres à peine de la capitale !
— Erf. Je vous crois, mais je déteste cette région. J’en ai que des mauvais souvenirs.
— Les Surrey Hills doivent être magnifiques vues du ciel, poursuivit tout de même Draco.
— J’ai surtout volé au niveau de l’Écosse : j’adore les terres de là-bas. Les couleurs, les montagnes, les lacs…
— Une école de pilotage, alors ?
— De quoi ?
— Pour votre reconversion professionnelle. Vous pourriez ouvrir une école de pilotage. Proposer des baptêmes de l’air.
— Vous viendriez ?
— Non.
Le public rit, Potter les imita, et Draco lut la question suivante :
💰 150 000 £ 💰
Lequel de ces événements s'est produit en premier ?
A. la sortie de l'album Dark Side of the Moon
B. la mort de Janis Joplin
C. le premier homme sur la Lune
D. l’assassinat de Martin Luther King
— Vous viendriez ?
Potter le fixait, un sourire doux aux lèvres, et l’air de n’en avoir absolument rien à faire de là où il se trouvait et de qui l’écoutait.
— Non, répéta calmement Draco. Le vent dans les cheveux, très peu pour moi.
— Mais là haut, il n’y a personne pour vous regarder.
— Non.
— Personne pour vous juger.
— Non.
— Juste moi.
— Voulez-vous que je répète la question, Harry ?
Le même genre d’émotion nostalgique que lorsqu’il évoquait son passé dans les forces armées passa dans son regard.
— Je crois que je vais devoir m’arrêter là, Draco.
— Pardon ?
La voix dans son oreillette se fit angoissée et exigeante :
— Non, non, non ! Garde-le ! Il faut qu’on ait une réponse pour que le public revienne demain ! Influence-le ! La bonne réponse est la…
Draco arracha son oreillette d’un mouvement vif et habitué. Il camoufla son geste derrière une main choquée sur ses lèvres.
— Harry, non ? Vous voulez abandonner ?
— Je pense que j’ai déjà pris trop de risques. Je peux pas toujours espérer que la chance sera de mon côté.
— Je ne peux pas vous empêcher de quitter l’émission, Harry, mais je suis surpris… Vous sembliez si sûr de vous. Vous disiez que vous étiez là pour gagner.
— J’ai aucune idée de la bonne réponse. Il faut connaître quatre dates et à tous les coups, y-a un piège.
— Harry… Réfléchissons ensemble, voulez-vous ? L’émission est bientôt finie et parler ne vous engage à rien. Vers quelles décennies situez-vous chaque évènement ?
— Tout le monde sait que le premier pas sur la Lune, c’est soixante-neuf.
Draco hocha la tête.
— Tous les autres me semblent à peu près dans ces années-là aussi.
— Prenons les réponses une par une. Vous m’aviez dit que vous n’y connaissiez pas grand-chose en musique, mais voyez-vous de quel album nous parlons ?
— Les Pink Floyd, oui. Pour le coup, je…
— Pensez-vous que les Pink Floyd aient choisi de donner ce nom à leur album avant ou après l’alunissage de Neil Armstrong ?
— Bah, après, ça me semble plus logique, en effet, mais…
— Est-ce que vous visualisez la pochette de l’album ?
— Oui, je crois ? C’est celui avec le prisme lumineux et l’arc-en-ciel ?
— Il me semble, oui. Voyons…
Draco se rapprocha de son écran et fit semblant de réfléchir en se tapotant les lèvres.
Potter reprit la parole :
— Martin Luther King et Janis Joplin, je… Je crois que j’ai jamais vu d’image en couleur d’eux. Donc ça daterait d’avant l’album ?
— Intéressant, oui. C’est une théorie…
— Ça m’aide pas beaucoup, ça élimine qu’une seule réponse. Quoi que… Attendez, Joplin, elle fait pas partie du club des vingt-sept, par hasard ? Si. C’était même la seule femme du lot, non ?
Draco ne répondit pas.
— Si c’est le cas, ce serait entre soixante-neuf et soixante-et-onze. Donc je peux l'éliminer aussi. Il me resterait à trouver entre le premier pas de l’homme sur la Lune et la mort de Martin Luther King…
La lèvre de Potter disparut entre ses dents. Il fixa l’écran avec un air hyper concentré et le sang commença de nouveau à lui rosir la bouche.
Sous le crâne de Draco, les secondes s’égrenaient : une, deux, trois quatre…
— Harry.
Potter releva vers lui un visage interrogatif et surpris.
Draco lui adressa un sourire poli.
— Quatre, marmonna Potter. Puis à voix plus haute, il affirma : Je vais prendre la quatrième réponse. La réponse D.
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Notes:
Petit hommage à Fouloscopie, qui a sorti une vidéo sur "Qui veut gagner un million" et l'intelligence collective alors que j'étais en pleine rédaction de cette fic.
Cette question provient de sa vidéo.
Sa vidéo est plus intéressante que la fic.
Il a des cheveux en bataille, une mâchoire excessivement carrée et des lunettes.
https://www.youtube.com/watch?v=peDhGtFuQ_s
Chapter 15: Les loges
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
Draco arracha son micro cravate et le balança sur la table basse au milieu de la pièce. Il laissa tomber sa veste sur le sol, tira sur les boutons de sa chemise, desserra son col, et s’affala dans son canapé de cuir blanc. Il posa son bras sur ses yeux et poussa un profond soupir. De ses talons, il libéra ses pieds de ses souliers vernis.
Il avait la flemme de prendre un taxi pour rentrer chez lui.
Il ne pouvait pas passer sa soirée complète dans sa loge, mais rien ne lui interdisait d’y faire un petit somme. Quand il se réveillerait, il aurait amassé assez de force pour se commander un plateau de sushis et une bouteille de Corton-Charlemagne. Après quoi, il pourrait appeler Pansy ou Theo et voir dans quel club de la capitale il était de bon ton de finir la nuit. Avec un peu de chance, un ou deux gigolos seraient de la partie.
Finalement, Harry Potter avait choisi de poursuivre l’aventure. Il avait sélectionné la quatrième réponse, avait annoncé qu’il s’agissait là de son dernier mot, et avait fixé Draco avec la bouche à demi-ouverte, dans l’expectative, fébrile. Draco avait pu annoncer la fin de l’émission et inviter les téléspectateurs à ne surtout pas rater le lancement de celle du lendemain.
Potter se doutait probablement qu’il avait la bonne réponse : entamer une émission par l’élimination d’un personnage aussi charismatique aurait été décevant.
Il avait de toute façon la soirée et la nuit devant lui pour vérifier tout cela sur internet, pour appeler ses amis idiots, et pour compter son butin.
Cent-cinquante-mille Livres. Draco visualisait mal ce que la somme représentait pour une personne lambda. Pas suffisante pour acheter une maison, mais peut-être un appartement ? Quoi que, en Écosse, la terre ne valait pas grand-chose. Peut-être pouvait-on acquérir un terrain raisonnable pour un prix modique, là-bas ?
Il hissa ses hanches vers le ciel, tâtonna contre ses fesses et trouva son smartphone dans une poche arrière. Il grogna en se laissant retomber sur le cuir et tapa quelques mots-clefs sur un site immobilier, par curiosité. Plusieurs manoirs éveillèrent son intérêt, et les paysages qui bordaient ceux-ci lui firent hocher la tête.
Quelques coups secs à la porte le tirèrent de ses réflexions.
— Tu peux rentrer chez toi, Millicent, cria-t-il sans se lever. Je vais me débrouiller.
Après un silence, les coups se répétèrent et Draco lâcha une bordée de jurons en s’extirpant de sa couche. Il n’avait envie de voir personne.
Et celui-là encore moins que les autres, réalisa-t-il dès qu’il eut ouvert le battant.
— Monsieur Potter… salua-t-il froidement.
— Monsieur Malfoy. J'espère que je vous dérange pas ?
— Si.
Potter ne se laissa pas rabrouer :
— Ah. Ben, je serai rapide alors. Je peux entrer ?
— Non.
— Comme vous préférez. Bon, déjà je voulais vous remercier pour tout à l’heure, Mais surtout, vous m'avez pas répondu, la dernière fois, et je suis un peu inquiet… J'ai pas l'habitude de tout ça : les médias, la télé, les…
Draco n'écouta pas la suite du monologue. Il ne savait qu'une chose : chaque mot prononcé par Harry Potter ôtait des heures à son espérance de vie. Il s’adossa au chambranle de la porte, croisa les bras et prit la parole :
— Monsieur Potter, ma réponse est claire et évidente pour quiconque capable de remporter la question des deux-cent Livres : non, je ne suis pas intéressé.
— Non, mais ça, je me doute, je suis pas demeuré, affirma Potter dans un grand éclat de rire. Je voulais dire, par rapport au fait que j'ai été cassant pendant que je réfléchissais sur la question de la vitesse de la lumière. Je suis vraiment désolé : c'est un vieux réflexe de l'armée. Je parlais mal à mes hommes.
Draco haussa le sourcil et ajouta mentalement deux ou trois galons militaires à son uniforme imaginaire.
— Bref, je voulais m'assurer de pas vous avoir blessé.
— Rassurez-vous, Monsieur Potter : contrairement à ce que mon apparence laisse suggérer, je ne suis pas de ceux que l'on blesse aussi facilement.
— Oh. Super ! Tant mieux.
L'homme se dandina un peu, visiblement mal à l'aise, et frotta le dos de son mollet avec le dessus de sa basket sale. Soudain, ses yeux s’écarquillèrent, comme s’il était victime d’une affreuse révélation :
— Enfin, je… Qu’on se comprenne : j’étais pas en train de dire que vous aviez l’air d’être du genre à vous vexer facilement, hein ! Je… Disons que je vous ai un peu taquiné aujourd’hui, mais je voulais pas vous effrayer.
— M’effrayer ? Vous pensez être capable de m’effrayer ?
— Ben…
Draco avait l’impression d’être un adolescent à nouveau. Un adolescent stupide et qui ne savait pas ce qu’il voulait, si ce n’était provoquer chez l’autre un sentiment d’agacement au moins aussi prodigieux que celui qui l’habitait. Rien de ce que pouvait dire ou faire Harry Potter ne parviendrait à calmer sa contrariété et il le savait.
Et Harry Potter ne semblait même pas avoir envie d’essayer de calmer les choses :
— Bah… Je sais que je peux être un peu intense, parfois.
Draco serra les mâchoires à s'en faire mal aux dents.
Intense ?! Ce moins que rien pensait que sa vie était plus intense que la sienne ?! Tout ça parce qu’il avait un peu bourlingué ici et là, et récolté quelques cicatrices ?!
Draco sentit d’un coup la raison le quitter. Il reçut la remarque comme une gifle, un camouflet, un gant jeté au visage !
Il empoigna Harry Potter par le col distendu de son sweatshirt informe, l’attira vers lui d’un geste brusque, et plaqua sa bouche contre ses lèvres entrouvertes pour l’étouffer d’un baiser vorace. Potter perdit l’équilibre et se rattrapa de justesse à sa hanche et à son épaule. Il tira sur le tissu de sa chemise au point que Draco sentit un bouton sur sa poitrine sauter.
Rapidement, toutefois, Potter décida de lui rendre son embrassade : ses mains crispées se repositionnèrent d’un coup de façon plus affirmée, et une langue brûlante et habile jaillit de sa bouche pour envahir celle de Draco.
Aussitôt, il le repoussa.
Il fit face à un visage rouge et hagard, des yeux noirs cerclés d’un mince trait vert, des lèvres gonflées et haletantes. Potter ne l’avait pas lâché. La distance entre leurs bassins était suffisamment modeste pour apprendre à Draco que l’homme qui lui faisait face était du genre à démarrer au quart de tour.
— Ah ! railla Draco. Assez intense pour vous ?!
Potter ne le lâcha pas du regard, et ses yeux ressemblaient à ceux d’un animal affamé. De nouveau sa langue pointa pour s’humecter les lèvres, comme s’il cherchait à compenser l’absence de contact. Potter avança l’une de ses jambes entre celles de Draco qui sursauta, surpris de réaliser que lui aussi bandait. Et qu’il ne pouvait pas le cacher.
Il ne pouvait pas non plus reculer ni remonter le temps.
De toute évidence, il aurait du mal à faire passer ça pour une taquinerie.
Une voix grondante retentit entre eux et Draco couina en réalisant qu’il s’agissait de celle de Potter :
— C’est qu’un teaser si vous m’invitez pas à entrer.
Draco fronça les sourcils, puis s’étonna de considérer sérieusement la proposition.
Potter n’était clairement pas son genre. Trop… Enfin, pas assez… Disons qu’il n’avait pas ce qui faisait le… Et puis vraiment, ses vêtements ! Ses ongles !
Il n’avait pour lui que ses yeux. Et sa voix. Et son humour. Et son…
Les doigts de Draco relacherent le tissu du sweatshirt et sa main descendit le long d'un torse épais pour finir sur un renflement qui menaçait de faire sauter la braguette de son jean. La chose qui se cachait là-dessous n’était certainement pas un élément à négliger. Le souffle de Potter se fit plus profond et rapide. Ses pupilles, si c’était possible, se dilatèrent encore un peu plus et son visage s’approcha au point que leurs nez se touchent.
Draco compta ses respirations comme des secondes. C'était dangereux.
— Écartez-vous, ordonna-t-il finalement d’une voix faible.
À sa grande surprise, Potter obéit. Il recula d’un pas, et l’air sembla soudain un peu plus respirable à Draco. À sa grande surprise et, s’il fallait être honnête, un peu aussi à son… petit regret.
Draco se détacha du mur et redressa sa chemise. Il détailla la tenue débraillée de son homologue et se fit la réflexion que celle-ci ne serait plus aussi horrible en tas sur le sol de sa loge.
— Très bien ! siffla-t-il entre ses dents. J’espère pour vous que vous êtes au moins aussi vigoureux que vous êtes beau-parleur, car je ne me satisferai pas de moins !
Draco se détourna et pénétra de nouveau sa loge.
— Je vais vous demander de prendre une douche avant de me toucher. Vous pouvez emprunter ma…
— Vous voulez qu’on s’envoie en l’air ?
Draco sursauta et frissonna. La voix dans son dos était du genre à lui faire serrer les cuisses et à l’empêcher de marcher droit. Il regarda par-dessus son épaule.
Potter se tenait dans l’encadrement de la porte mais n’en avait pas franchi le seuil. Il prenait toute la place, les bras écartés, les mains refermées sur l’épaisseur des murs, assez larges pour les englober entièrement.
Draco sentit sa bouche se dessécher.
Il savait comment la réhydrater, et il fallait être (au moins) deux pour ça.
— J’espère que vous n’imaginiez pas une déclaration d’amour, Monsieur Potter. Oui, il s’agit uniquement de sexe.
Le silence se fit.
Quatre secondes.
À sa grande surprise, Potter fit un pas en arrière et s’éloigna d’une démarche rapide. La porte se referma toute seule.
Notes:
¯\_(•ᴗ•)_/¯
Chapter 16: L'hôtel
Chapter Text
Draco sentit sa bouche s’ouvrir toute grande et ses bras tomber.
Est-ce qu’on venait de l’éconduire ? Ce n’était jamais arrivé ! Il était celui qui disposait quand les autres proposaient ! Il choisissait ! Et par tous les Saints, il avait choisi Harry Potter pour réchauffer son dos cette soirée-là !
Il n’était pas vexé, bien sûr, mais… Et non, certainement pas blessé, ou… ou choqué, ou déçu, ou frustré ou… Il était hors de lui !
Il retourna d’un pas rageur vers le canapé, s’empara de son téléphone, et se dépêcha d’envoyer un message à Pansy. Après quoi, il se rendit dans sa petite salle de bain et entreprit de se déshabiller.
Ce sale petit roquet avait abîmé sa chemise !
Draco allait lui faire payer ! Au propre comme au figuré ! Il allait d'abord passer une excellente nuit avec une compagnie mille fois plus agréable et séduisante que la sienne, et ensuite, il… Il…
La porte de la salle de bain claqua dans son dos et il poussa un cri effrayé.
La silhouette essoufflée de Potter était de retour.
Et le retour du sourire idiot :
— Ah, ouf, j’ai cru que vous étiez parti.
Draco gémit d’incompréhension. Potter agita une main victorieuse dans laquelle trois boîtes de carton plastifié dansaient. Les préservatifs du distributeur des toilettes.
— Je savais pas quelle taille vous faisiez, j’ai pris un peu de tout.
Draco ouvrit la bouche et réalisa que ses bras lui étaient revenus. Ils étaient serrés autour de son corps nu, le premier sur sa poitrine et le second sur son pubis. Un rempart bien dérisoire face à un danger imaginaire. Potter suivit son regard :
— Putain, vous êtes vraiment…
Son attitude victorieuse retomba et son sourire s’évanouit. Ses yeux parcoururent son corps et laissèrent une trace brûlante sur leur passage. Il était étonnant qu’ils n’aient pas fait fondre le verre de ses lunettes.
— Putain, vous êtes vraiment canon.
Il referma la porte derrière lui et s’approcha.
— Et bordel, je regrette de pas vous avoir déshabillé moi-même. S’il vous plaît, refaites plus jamais ça.
Il leva sa main libre vers le visage de Draco et caressa sa joue du dos de ses doigts. Le contact envoya une décharge électrique violente dans tout son corps. Draco fit mine de l’ignorer, car cette référence à une autre fois méritait une mise au point :
— Désolé de vous décevoir, Monsieur Potter, tenta Draco en choisissant d’adopter une attitude crâne et en faisant traîner sa voix. Je ne vous ai pas invité pour que vous réalisiez tous vos fantasmes mais pour satisfaire les miens. Vous pensez pouvoir faire ça ?
Il avait planté ses poings sur sa taille, creusé ses reins, et il se tenait ainsi arrogant, superbe et supérieur, même dans le plus simple appareil.
— Grave.
Potter se laissa tomber à genoux devant lui et Draco se retint de piailler de nouveau et de reculer. D’un coup d'œil expert, Potter choisit la taille de préservatifs la plus adaptée, éventra la boite et en sortit un petit emballage argenté qu’il ouvrit d’un coup de dents. Il s’empara du sexe de Draco et l’habilla de latex comme s’il s’agissait du sien et qu’il n’y avait là absolument rien d’intime ou de gênant.
Après quoi, il fit glisser le membre contre sa joue, soupira comme un bienheureux et plaqua un baiser rapide à sa base. Il releva des yeux malicieux et gourmands vers Draco.
— Juste… Ça te va si on se tutoie où tu veux garder le délire politesse tout du long ?
Draco n’aimait pas du tout cette impression de ne pas avoir le dessus.
— La ferme, Potter. Suce-moi.
Potter ne se fit pas prier.
Cela faisait des années que Draco avait renoncé aux relations non-professionnelles. Et d’ailleurs, pendant quelques minutes, le départ de Potter l’avait conforté dans cette décision. Séduire des hommes l’ennuyait. Il ne savait jamais s’ils étaient attirés par son attitude maniérée de présentateur télé, par sa renommée, par son physique, ou par sa personne.
Les inférieurs attendaient quelque chose de lui.
Les supérieurs exigeaient quelque chose de lui.
Les “amis” de Pansy avaient ceci de pratique qu’ils annonçaient d’entrée de jeu la couleur du billet qu’ils désiraient empocher. En outre, ils étaient toujours sculptés à la perfection, propres, aimables, endurants et disparus le matin venu.
Le cul en l’air et la tête enfoncée dans les coussins de son canapé blanc, Draco se fit la réflexion que le matin arriverait forcément trop tôt.
Potter n’avait rien à envier à ses amants habituels au niveau du physique et, grâce à Dieu, sa manie de blablater était largement compensée par son enthousiasme et sa détermination à exaucer chacun des désirs de Draco. Rien ne semblait pouvoir le fatiguer ou le ralentir. Une machine. Une joyeuse machine destinée au plaisir. Trempés de sueur et emmêlés par les doigts de Draco, ses cheveux tendaient à la perfection. Ses ongles courts étaient un délice pour son intimité sensible. Sa barbe rapeuse un aphrodisiaque sur sa peau lisse. Et ses dents blanches…
Au comble de l'excitation, à la limite de ses facultés, au bord de la folie, Draco supplia en hurlant qu’il lui imprime la marque de ses parfaites dents blanches dans la nuque.
Quand le soleil se leva sur Londres, la loge de Draco puait le stupre. Pour la troisième fois, il émergea du sommeil sur torse solide et luisant. Pour la troisième fois, il tenta de s’enfuir avec autant de discrétion que de classe, mais pour la troisième fois, son mouvement réveilla Potter qui, comme un automate, plaqua ses mains sur ses fesses, ses lèvres contre sa gorge, et le força à se recoucher sans même ouvrir les yeux. Il était si musclé et Draco était si alangui qu’il réussissait sans effort à le tourner ou le retourner comme une crêpe. Cette fois, il l’allongea sur le dos et l’enjamba pour venir lui mordiller le cou. Par réflexe, Draco tendit son visage vers l’arrière pour lui offrir un maximum de peau à parcourir.
Pour la – Difficile d’être sûr dans ces conditions. Cinquième ? Ou Sixième ? – fois, Potter décida plutôt de se diriger vers le sud et de balader son nez le long des abdominaux de Draco.
— Potter… protesta Draco à qui il semblait n’avoir jamais eu à produire un effort aussi colossal. Je n’en peux plus.
Un grognement sourd lui répondit, puis :
— Cette fois je serai doux…
— C’est non.
Draco parvint à planter ses ongles dans ses épaules musclées – ce n’était par ailleurs ni un exploit ni un exercice nouveau – et à pousser un gémissement suffisamment pitoyable pour que Potter consente à cesser ses attouchements. Le menton enfoncé dans sa toison blonde, il maugréa :
— Tu m’invites chez toi ? La production m’avait réservé une chambre d'hôtel, mais je sais pas où c'est.
Le mouvement de ses mâchoires provoqua quelques réactions tout à fait disproportionnées du côté de l’entre-jambe de Draco.
— Certainement pas. Et c’est à deux pas d’ici. On peut t’appeler un taxi.
— On déjeune ensemble ?
— Sainte Marie Mère de Dieu…
Draco poussa de toutes ses maigres forces et Potter se laissa gentiment écarter. Draco se redressa et parcourut les lieux du regard. Pour la – là, il était facile de compter – première fois depuis la veille au soir, il eu l’impression de pouvoir respirer un air pur qui n’avait pas l’odeur d’un animal sauvage.
Potter le dévorait des yeux, un sourire carnassier sur les lèvres.
— Non, Potter, nous ne déjeunons pas ensemble. Il s’agissait de sexe. Uniquement de ça. Nous ne sommes pas amis !
— Je vois pas de problème à offrir le déjeuner à mes plans cul, prétendit Potter en haussant les épaules et en se grattant paresseusement le ventre.
Malgré lui, les yeux de Draco s’aimantèrent au mouvement de ses doigts et ses oreilles refusèrent d’écouter autre-chose que les poils et les ongles qui crissaient. Des flash tactiles de ce qu’ils avaient fait pendant la nuit firent flageoler ses jambes.
Le mouvement cessa.
— Mais ça me va aussi si on saute l’étape du petit déjeuner et qu’on passe directement à ce qui t’intéresse.
Draco poussa un nouveau juron, ramassa un vêtement roulé en boule sur le sol et le lui jeta au visage.
— Rhabille-toi.
À l’arrière du taxi qui les emmenait tous deux vers l'hôtel que la production réservait toujours pour les candidats, Draco profita du silence de Potter pour se demander pourquoi il avait accepté de le suivre.
Arrivés à la réception, il avait élaboré plusieurs hypothèses. Pour les tester, il allait avoir besoin d’une paire de menottes en fourrure rose, d’un costume Hugo Boss élargi au niveau des épaules et d’une huile de massage.
Dans le couloir qui les menait à la suite du sixième étage, il réalisa que ces accessoires ne seraient pas disponibles sur place et qu’il faisait une erreur en suivant cette route. Malheureusement, le couloir était parfaitement linéaire et il était impossible de bifurquer.
Une fois la porte franchie, il supposa que rien ne lui interdisait de tester le confort du lit, par curiosité pour ce qu’il infligeait depuis des années à ses candidats.
Potter s’agenouilla à ses pieds et, avec des gestes quasi religieux, décida de dénouer ses lacets et de lui ôter ses souliers avec délicatesse. Cette déférence réchauffa l’air qui pénétrait les poumons de Draco, et recommença à lui faire tourner la tête. Une révélation ardente le frappa : il était juste et logique que Draco s’occupe un peu de satisfaire cet homme qui s’était donné tant de mal pour le combler cette nuit. Alors que Potter avait commencé à ouvrir sa braguette et à se lécher les lèvres, il le repoussa. Comme toujours, Potter obtempéra et accepta joyeusement d’attendre les directives qui ne tarderaient pas à arriver.
— Va prendre une douche, éructa Draco. Et rase-toi.
Après une hésitation, il précisa :
— En bas.
C’était un tel fouillis de ce côté-là qu’il avait refusé d’en approcher le nez malgré un intérêt soutenu. N’importe quoi risquait de surgir de cette jungle trop hospitalière.
Les yeux de Potter s'enflammèrent et son souffle se fit bruyant et rapide. Il se leva et se dirigea aussitôt vers la salle d’eau.
Draco se laissa tomber sur le dos, les bras en croix, et dévisagea le plafond sculpté. Air frais, de nouveau. Respirable. Très rapidement, il entendit un bruit de canalisation et d’eau qui indiquait que Potter s’activait.
Le plafond ne prononça pas un mot, mais son silence était éloquent.
Draco se releva, referma sa braguette, récupéra ses souliers et sortit de la chambre. Il se rechaussa dans l’ascenseur en se faisant la réflexion qu’il prenait la bonne décision : après tout, il n’avait absolument rien promis à Monsieur Potter.
Chapter 17: La question à 150 000 £ (partie2)
Notes:
Il y a moins de fautes qu'avant ? C'est normal, la délicieuse Arca a fait la beta a partir d'ici !
(il en reste parce que je les aime bien)
(je sais qu'il faut pas mettre de tiret entre chaque chiffre quand on écrit un nombre en toutes lettres)
(tbh, j'ai même pas fait l'effort d'aller relire la règle)
Chapter Text
Draco passa sa journée à flemmarder dans son jacuzzi et à traîner sur les réseaux sociaux. Sans surprise, il apprit que l’émission de la veille avait eu un succès retentissant en termes de replay. Les meilleures séquences tournaient déjà et les internautes spécialistes des photo-montages gênants s’en donnaient à cœur joie. Un meme “c’est pas Sean Connery ?” suivi de son expression outrée avait commencé à se répandre.
Draco zooma sur la photo pixellisée et détailla le sourire en coin qui avait accompagné la boutade. À présent qu’il savait que l’homme pouvait garder le même regard chenapan avec un sexe enfoncé jusqu'à la glotte, l’expression lui semblait un peu moins ridicule et indubitablement plus séduisante.
Il balança son téléphone à l’autre bout de la pièce et plongea son visage sous la mousse.
En début d’après-midi, il reçut un appel de Pansy qui s’étonnait de ne pas l’avoir vu la veille au soir et qui prit grand soin de lui raconter en détail tout ce qu’il avait raté lors de cette nuit incroyable.
Quand elle commença à vanter le physique des Apollons qu’elle avait invités, un corps épais, bronzé et trop poilu, couvert de cicatrices, s’imposa à son esprit. Il aurait été impoli de jeter son téléphone alors qu’il était en plein appel, aussi se contenta-t-il de poser l’appareil puis de mordre dans un coussin pour s’empêcher de hurler.
À dix-huit heures, il hésita à prétendre un décès dans sa famille ou une attaque nucléaire pour éviter d’avoir à se rendre au travail. Une pochette de vinyle de Freddy Mercury lui rappela que the show must go on, et son reflet dans le miroir de l’entrée confirma la sentence.
Un hasard malencontreux le fit tout de même arriver aux studios d’enregistrement avec une demi-heure de retard sur son horaire habituel, l’empêcha de rejoindre sa loge, et força Millicent à le maquiller dans les toilettes des filles du deuxième étage. Elle hocha la tête et fit mine de le croire. Par chance, ils étaient tous des professionnels et, à dix-neuf heures trente précises, Draco se trouvait devant la caméra 8 pour entamer son speech de présentation.
— Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, bonsoir et bienvenue à notre rendez-vous quotidien, sur ce plateau où la culture et la bonne humeur sont reines. Je suis Draco Malfoy, et vous regardez… Question pour un Champion.
Le public se leva, applaudit à tout rompre, et Draco entama sa marche vers le centre du plateau et les deux pupitres. Les lumières des projecteurs le suivirent tandis que le sol s'illuminait sous ses pas pour illustrer son discours :
— Quinze questions dans des domaines aussi variés que les arts, les sciences ou la culture générale. Quinze questions qui, si elles trouvent leurs réponses, permettent à des candidats – comme vous ! – de devenir millionnaire.
À quelques mètres de son objectif, il s’arrêta et sourit à la caméra.
— En parlant de candidat, celui que nous accueillons ce soir nous a régalé hier. Il nous a éblouis par son intelligence et sa détermination. Et, je dois bien l’avouer … par sa personnalité hors du commun.
Il adressa à la ménagère son fameux clin d’œil complice et conclut :
— Nous nous étions arrêtés sur la question à cent-cinquante-mille Livres. Nous jouons à Question pour un Champion avec… Harry !
Le générique de début d'émission s'enclencha et le public applaudit le candidat avec au moins autant d’entrain qu’il en avait eu pour le présentateur vedette. Certains tapèrent des pieds sur le plateau ou hurlèrent le prénom du Champion.
Draco se laissa tomber avec élégance à sa place attitrée, sourit une dernière fois au caméraman qui l’avait suivi, et fit tourner son fauteuil pour faire face au candidat.
Il s’était assis, mais il faillit tout de même trébucher.
Harry Potter comptait se venger.
Il avait les bras croisés, les mâchoires contractées, un sourire forcé et narquois. Il s’était changé : il avait troqué le sweat gris et informe pour un t-shirt noir beaucoup trop serré. Ses biceps saillants n’avaient pas été enduits de fond de teint matifiant. Peut-être même l’inverse. Ses pectoraux contractés tiraient sur le tissu au point que l’on pouvait deviner le relief de la toison brune qui habillait son torse.
Draco étouffa une quinte de toux et chercha une protection du côté de l’objectif de la caméra 2 et des textes appris par cœur. Hors de question d’affronter son regard.
— Hier, Harry a joué avec habileté : en utilisant judicieusement ses trois jokers, il a atteint les deux paliers de l’émission. Il aurait pu nous quitter avec cent-cinquante-mille Livres et une croisière de rêve de la part de notre partenaire, mais il a choisi de rester parmi nous. Pour notre plus grand plaisir.
Le public applaudit de nouveau, et Draco attendit le retour du calme pour poursuivre :
— Bonsoir, Harry ! Je suis heureux de vous revoir !
Un silence…
De quatre secondes. Cinq. Six.
Ses yeux le piquaient. Draco adressa une prière muette au Seigneur et se força à quitter le confort rassurant de l’objectif pour affronter le regard vert et moqueur.
— Bonsoir, Draco. Moi aussi, je suis content de vous revoir.
La voix grave et grondante le força à serrer les cuisses.
— Formidable ! Ne faisons pas durer le suspense plus longtemps, Harry : j’imagine que tous nos spectateurs ont déjà vérifié quelle était la réponse à la question qui nous a séparés hier soir !
— Je me pose des tas de questions sur ce qui nous a sép…
— Rappel de la question !
💰 150 000 £ 💰
Lequel de ces événements s'est produit en premier ?
A. la sortie de l'album Dark Side of the Moon
B. la mort de Janis Joplin
C. le premier homme sur la Lune
D. l’assassinat de Martin Luther King
La réponse D était sélectionnée et Draco savait qu’elle était la bonne. Tout le monde le savait. Inutile de s’attarder là-dessus. Il cliqua sur le bouton de révélation mais l’écran resta inerte.
La voix dans son oreillette retentit, menaçante :
— Fais-le parler.
— J’imagine, Harry, que la potentialité de devenir millionnaire vous a travaillé toute la nuit !
Il adressa un sourire suppliant à Potter, mais celui-ci n’avait pas l’intention de se laisser apitoyer. Il secoua doucement la tête sans cesser de le transpercer du regard.
— Pas vraiment, en fait. J’avais mieux à l'esprit.
— Mieux que l'argent ?! J’ignorais qu'une telle chose existait ! Il permet d’acheter tout le reste !
Les chauffeurs de salle encouragèrent le public à rire et Draco épousseta une poussière imaginaire sur l’épaule de son gilet de flanelle. En outre, le geste lui offrit l’avantage de pouvoir regarder ailleurs. Après son épaule, il s’intéressa de nouveau à son écran.
— Vraiment ? susurra Potter. Vous pensez que tout a un prix ?
Draco chercha désespérément une pirouette que son interlocuteur ne pourrait pas retourner contre lui.
— Et bien il paraît que certaines qualités ne s’achètent pas, mais je ne sais pas trop : je n’ai jamais eu besoin de me renseigner, je les possède déjà toutes.
— Il est effectivement difficile de vous trouver des défauts, mais je suis sûr qu’en fouillant profondément...
Le public était hilare. Draco ricana. Il cliqua de nouveau sur son écran, sans résultat.
— Voyons, Harry, je n’ai pas l’intention de me laisser faire. Je suis un homme très secret.
— Ça pourrait être considéré comme un défaut dans certaines situations…
Draco avait la sensation que son visage était figé dans un masque de joyeuse terreur. Ses joues tiraient, ses yeux piquaient, ses tempes le lançaient à force de contracter des muscles faciaux qui n’avaient pas l’habitude de servir.
Et il avait beau pianoter comme un forcené sur le bouton de la bonne réponse, le réalisateur ne semblait pas décidé à lui venir en aide. C'était souvent le cas quand il enlevait son oreillette sans sommation.
En désespoir de cause, il se rappela qu’ils lui avaient déconseillé d'évoquer un sujet.
Draco utilisa donc son seul et unique joker :
— Parlez-nous plus, s’il vous plaît, de l’association de votre amie Simone ! Vous vouliez la financer, je crois ? Cent-cinquante-mille Livres, ce serait une sacrée somme !
— Her-mione corrigea Potter avec un ricanement. C’est une asso militante qui intervient notamment en cas de conflit armé. C’est comme ça qu’on s’est rencontrés, et en fait, c’est un peu à cause d’elle que je me suis retrouvé au chômage : elle m’a convaincu que…
La voix dans son oreillette se superposa à celle de Potter :
— Okay, t’as gagné, fais-le taire.
— … n’était pas vraiment fait pour moi. Du coup, j’ai…
— Harry, intervint Draco. C’est très beau de se consacrer ainsi aux autres. Je vous admire beaucoup.
Il reporta son attention sur la caméra, et poursuivit :
— Mais nous rappelons tout de même à nos téléspectateurs qu’il existe des centaines d’associations qui défendent chacune de nobles causes. À chacun de donner selon ses convictions et ses moyens à ceux qui en ont le plus besoin. Je vous rappelle que vendredi soir, sur notre chaîne, sera organisée la grande soirée caritative du Mangouston, présentée par Theodore Nott. Nous espérons que vous serez nombreux à nous soutenir.
Draco laissa passer quelques secondes pendant lesquelles il atténua l’angle de son sourire pour le rendre plus doux et moins charmeur.
— Et tout de suite, la réponse à notre question !
50/50
appel
public
- 1 000 000 £
- 300 000 £
- 150 000 £
- 100 000 £
- 72 000 £
- 48 000 £
- 24 000 £
- 12 500 £
- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Chapter 18: La question à 300 000 £
Notes:
(See the end of the chapter for notes.)
Chapter Text
La musique de la victoire retentit, les projecteurs effectuèrent leur danse habituelle, et le public applaudit à tout rompre. Draco lui-même se permit de claquer le bout de ses longs doigts ensemble, un peu pour accompagner la foule, mais surtout pour remercier la régie de ne pas l’avoir complètement abandonné.
— Formidable, formidable, prétendit-il. Quel suspense. Il s’agit d’être stratège, à présent, Harry. Cent. Cinquante. Mille. Livres. Si vous échouez à la question suivante, vous retombez à quarante-huit-mille. Vous n’avez plus aucun joker, vous ne pouvez plus vous permettre de prendre le moindre risque.
— C’est bien mal me connaître.
Draco força un rire poli, toujours sans le regarder, toujours les yeux fixés sur l’objectif noir et rassurant :
— Je suis sûr que vous êtes aussi impatient que moi de connaître la prochaine question. J’aimerais faire durer le suspense, mais j’en suis incapable ! Question suivante !
Il frappa son index sur l’écran, et celui-ci réagit immédiatement.
💰 300 000 £ 💰
En 1953, qui devient le premier secrétaire du Parti Communiste en URSS ?
A. Nikita Khroutchev
B. Nikita Khrouchtchev
C. Nikita Kroutchev
D. Nikita Krouthchev
Il n’était pas totalement impossible qu’il s’agisse d’un hasard, mais Draco en doutait. La question avait été écrite spécialement pour ce candidat-là, parce que la façon dont il s’est donné en spectacle lors de celle sur la vitesse de la lumière avait été mémorable.
Personne n’était dupe : des éclats de rire moqueurs ou surpris s’élevèrent du public quand il devint évident que la question reposait de nouveau sur une difficulté à remettre les lettres dans le bon ordre.
— Olala, plaisanta Draco. Je me souviens que vous aviez avoué être quelque peu dyslexique ! Je ne voudrais pas vous déconcentrer, alors je me tais.
Il mima une fermeture éclair le long de ses lèvres et afficha le sourire subtil et délicat qu’il pouvait conserver des heures durant presque sans effort.
Au bout de six secondes, il n’en pouvait déjà plus. Il changea de position pour une nouvelle, plus confortable, et dressa même son poing fermé devant sa bouche, comme s’il avait besoin de cela pour réfléchir. Il plissa légèrement les yeux pour avoir l’air pensif.
Cinq nouvelles secondes passèrent et de nouveaux rires, gênés ou incrédules, commencèrent à éclater côté public.
Draco sentit la chair de poule hérisser les cheveux de sa nuque. Il possédait, cachée sous son col, une trace de dents qui lui sembla crépiter désagréablement.
Il tint quatre secondes de plus, puis tourna la tête par à-coups successifs vers son invité.
Potter n’avait pas bougé d’un iota, avachi dans son fauteuil dans une attitude provocante et amusée. Il n’avait pas cessé de le dévisager avec son sourire moqueur et son air canaille.
— Harry ?
— Je réfléchis.
— Ah.
Draco se tourna vers la caméra, mais il sentait quelque chose couler contre sa gorge et peser sur ses épaules. Quelque chose de brûlant, de vert et de très, très lourd.
— Putain, il nous fait quoi, là ? maugréa la voix dans son oreillette. Draco ?
— Je peux peut-être vous aider à réfléchir, suggéra Draco.
— Certainement, prétendit Potter d’une voix dangereusement lente. Pouvez-vous me rappeler exactement ce qu’on reproche à ce bon vieux Nikita ? Je suis un peu perdu.
— Oh, vous savez… Moi et la politique…
— Est-ce que c’est lui que son parti et son pays ont abandonné après lui avoir fait miroiter des rêves de partage et de solidarité, sans classes sociales ni a-priori ?
— Je…
— Draco ! intervint la voix dans son oreillette. Empêche le de parler politique. Je plaisante pas, sa copine est une foldingue vegano-bolchevique ! On. Ne. Veut. Pas. En entendre parler.
— Je l’imagine seul et désemparé dans ce grand pays glacial et mystérieux…
— Draco !
— Avez-vous une idée de la réponse, Harry ?! s’exclama Draco d’une voix forte et aiguë.
— Est-ce que ça vous embête que je parle de la guerre, Draco ?
— Non, bien sûr !
— Je me rends compte que c’est une chance pour moi, de pouvoir m’adresser comme ça à une large audience. De pouvoir partager mes idées, et de…
La régie, également, possédait un seul et unique joker, et elle s’empressa de l’activer :
— Fais-le taire et annonce le sponsor !
— Une chose est sûre ! s’exclama Draco. Le cours de l’histoire aurait certainement été très différent si tous les politiciens du monde avaient eu l’occasion de se détendre un peu avec notre partenaire : les croisières Aspic !
La séquence vidéo promotionnelle se lança alors que Draco n’avait même pas encore refermé la bouche. Il resserra son poing sur son micro cravate pour empêcher l’enregistrement :
— Potter, je t’en supplie, débita-t-il. Arrête ça. Je suis désolé, d’accord ? Je te présente mes plus plates excuses ! Je n’aurais pas dû partir comme ça.
— Hum.
Ce petit con semblait s’amuser follement. Ses yeux pétillaient de joie et sa moue moqueuse aurait été à croquer si elle n’avait pas été aussi inquiétante.
— Je t’en supplie, répéta Draco alors qu’un stagiaire de la régie débarquait en vitesse et en toute discrétion sur le plateau. Ma carrière est en jeu. Ma vie.
Potter siffla entre ses dents, mais le coup porta finalement et un relâchement dans sa mâchoire carrée indiqua à Draco qu’il avait visé juste.
— T’as de la chance que je suis sympa.
— Tu es extraordinairement sympathique, prétendit Draco. Merveilleux. Ne me fais pas regretter de l’avoir remarqué.
Le régisseur arriva entre eux à ce moment-là. Il s’accroupit devant Harry et chuchota d’une voix précipitée :
— Monsieur Potter, vous pouvez pas parler de vos opinions politiques sur le plateau. On est une émission de divertissement, vous comprenez ? On vous a laissé parler de votre association, mais nos producteurs ne veulent pas qu’on…
Blablabla. Potter étouffa un ricanement et s’excusa vaguement à l’attention de l’homme et de la chaîne.
— Désolé, je savais pas. Je vais faire attention.
Le spot publicitaire ne durait que quarante-deux secondes, et le régisseur dût filer ventre à terre pour ne pas risquer d’apparaître à l’écran. Draco desserra un peu sa cravate et écarta le col de sa chemise. Il étouffait.
— Il va quand même falloir qu’on parle, susurra Potter alors que le logo apparaissait sur l’écran.
— Il n’y a rien d’autre à dire, gémit Draco. Je t’avais prévenu que c’était une affaire d’une nuit.
— Oui, mais j’ai quand même l’impression d’avoir été abandonné comme…
— Incroyable ! fanfaronna Draco alors que le direct reprenait. Le luxe et la volupté à portée de n’importe qui. Vous savez que je ne me satisfais que du meilleur, et je vous assure que ces croisières-là, elles valent le coup !
La voix ronronnante de Potter s’éleva à sa droite.
— Ça a l’air génial, ouais. C’est pour deux, c’est ça ?
Draco ferma les yeux et hocha la tête. Il sentait venir le coup bas, mais il l’avait après tout bien mérité.
— J’espère que la personne que je veux inviter acceptera de venir avec moi.
— Il suffit de le lui proposer.
— Vous pensez qu’il acceptera d’en discuter ?
Draco hocha plusieurs fois la tête, soupira, puis admit :
— Il – ou elle – acceptera évidemment d’en discuter.
— Bon.
Potter changea de position et Draco eut l’impression que l’air s'allégeait. Un poids s’envola de son dos et lui permit de se redresser. Du coin de l'œil, il vit Potter approcher son visage du pupitre pour relire la question.
— En effet, vous me gâtez avec les questions “Si tu louches, t’es mort”. C’est à cause de mes lunettes ?
Il plissait les yeux en fusillant l’écran du regard. Au bout d’un moment, il se mit à articuler silencieusement en suivant les syllabes de son doigt. Un doigt épais et calleux avec des articulations à peine perceptibles. Un doigt bien plus long et agile qu’il n’en donnait l’impression. Un doigt à l’ongle si court qu’il pouvait griffer un sexe rendu hypersensible par l’orgasme sans le blesser ou le…
— Je vais avoir besoin de votre aide.
— Pardon ?
— Je vais avoir besoin que vous lisiez les lettres une par une et lentement, reprit Potter. Je connais la réponse mais j’arrive pas à la repérer avec ma dyslexie.
Potter plaqua ses mains sur ses paupières pour se plonger dans le noir.
— Je ne peux pas faire cela, protesta Draco.
— Pourquoi pas ?
— Vous savez lire, enfin !
Une éclat vert apparut entre ses doigts épais.
— Lisez, gronda-t-il. Et lentement.
Pour la première fois de sa vie, Draco se demanda si “lire” pouvait être considéré comme un verbe à connotation sexuelle. Prononcé d’une certaine façon, c’était à n’en pas douter. Étonnant, donc, qu’il ne s’en rende compte qu’aujourd’hui.
Il se racla la gorge :
— Hum. Réponse A : K. H. R…
— Doucement.
En fait, il y avait probablement un projecteur défectueux pour qu’une telle chaleur règne sur le plateau. Draco ne pouvait pas y faire grand-chose : lui-même avait son lot de soucis. Durant leur nuit passée ensemble, il ne s’était pas gêné pour donner à son amant tout un tas d’ordres qui s’étaient trouvés exécutés avec diligence. Il n’était que justice que la roue tourne et que Draco lui rende la pareille.
Il recommença sa lecture, lentement, lettre après lettre, en se faisant l’impression d’être un véritable acteur porno en plein tournage. À l’issue de ce qui s’avèrerait probablement être la séquence la plus longue et la plus gênante de sa carrière, Potter était sûr de lui :
— Réponse B : Khrouchtchev avec les deux “ch”. C’est mon dernier mot, Draco.
50/50
appel
public
- 1 000 000 £
- 300 000 £
- 150 000 £
- 100 000 £
- 72 000 £
- 48 000 £
- 24 000 £
- 12 500 £
- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Notes:
Toujours une question de Fouloscopie
Chapter 19: La question à 1 000 000 £
Notes:
Et pour la dernière, il s'agit d'une question tout spécialement rédigée par la charmante Maelstrom que l'on remercie
Chapter Text
Le public était déchaîné. Ce n’était pas la première fois qu’un candidat atteignait la question à un million, mais jamais encore en ayant aussi mal utilisé ses jokers, et certainement pas avec autant de flegme et de chance que Harry Putain de Potter.
À ce stade de l’émission, il n’y avait plus de hasard. Ils n’auraient pas pu se le permettre, pas pour la question finale. Toujours, le candidat était analysé et étudié afin de lui proposer une épreuve adaptée. Il était hors de question qu’ils puissent être accusés de tricher, alors il fallait fouiller le passé du candidat, vérifier sa présence sur les réseaux sociaux, ses liens familiaux, son métier… Il fallait une question suffisamment éloignée de ses centres d’intérêt pour que que le favoritisme ne soit pas envisagé, mais sans pour autant partir dans l'excès inverse et rendre impossible une victoire.
Après tout, le public avait le droit de rêver.
Il était de coutume, pour Draco, de divertir les spectateurs en discutant avec son invité, de plaisanter, de vanter son intelligence ou sa stratégie, de renforcer l’attachement et le sentiment de proximité pour et envers cet individu qui allait disparaître, plus riche d’un million ou pas.
Draco n’avait aucune envie de discuter ou de se rapprocher de Potter. Il était déjà allé un peu trop loin la veille. Un rapprochement plus important que celui déjà effectué relevait de la fusion des particules.
Impossible toutefois de prendre la fuite comme il l’avait fait le matin même.
— Et bien, Harry, nous atteignons la question finale. Tout se joue ici. Est-ce que vous pensiez vraiment y arriver ?
— Hm… Au début, oui, supposa Potter.
Il se gratta la barbe et Draco se récita l’alphabet allemand à l’envers pour échapper au bruit tentateur.
— Mais après, les questions ont commencé à sacrément se corser, et j’ai un peu laissé tomber… Et puis finalement, qui ne tente rien n’a rien, hein ?
— Une mauvaise réponse peut vous faire perdre tout jusqu'au palier précédent.
— Boarf, me faire perdre de l'argent que j'ai pas encore. Ça change pas grand-chose.
Difficile d'argumenter avec un individu pour qui la Bourse n’était certainement qu’un autre mot pour parler de qui pendait derrière son sexe. (Qui pendait admirablement, ceci dit.)
— Vous n’aviez vraiment jamais regardé aucune de nos émissions ?
— Non, comme je vous disais, c’est mon pote Ron qui m’a inscrit.
— Et pourquoi vous a-t-il inscrit ?
— Bah, il aurait pas le temps lui-même, ricana Potter. Ils viennent de se marier avec Hermione, et ils sont toujours partis aux quatre coins du monde avec son asso. Moi, je venais de quitter mon job, alors j’étais dispo.
— … Pour gagner un million.
— Pas seulement.
Potter éclata de rire et passa sa langue le long de ses jolies dents. Il baissa les yeux, l’air gêné, et sa main glissa vers sa bouche pour lui permettre de mâchonner l’ongle de son pouce. La cicatrice blanche, sur la peau veinée et bronzée, attrapa la lumière, et Draco se prit à rêver à comment elle était arrivée là.
— En fait, je pense pas qu’il s’attendait non plus à ce que j’aille aussi loin. Il voulait juste que je m’amuse un peu et que je découvre tout ça…
Potter désigna vaguement le plateau autour de lui.
— Le glamour, les paillettes, le divertissement. Je veux pas être tire-larme, mais…
Le poing de Potter redescendit entre ses cuisses. Il en gratouilla nerveusement la cicatrice en cherchant ses mots.
— En fait, j'ai pas eu une enfance facile. J'étais maltraité par mes parents.
Le cœur de Draco stoppa. Quelque-chose ne collait pas.
— Rien de trop grave, j'étais pas vraiment battu, mais… Bah, je dormais dans un placard et je mangeais pas tous les jours. Je…
Potter se replia sur lui-même, rentra les épaules, se machouilla les lèvres…
De la comédie.
— Je sais pas si c'est possible d'afficher un numéro de téléphone vert à l'écran ? Pour les gosses ? Fin, je… Je connais pas ce genre de trucs par cœur. Comme je vous disais, j'avais pas réalisé la tribune et le…
Draco hocha la tête. Il ne pouvait pas encore desserrer les dents.
— Bref, pour résumer, dès que j’ai pu, je me suis engagé dans l’armée. N’importe quoi tant que ça me permettait de m’éloigner de là où j’avais grandi.
Potter n'était pas un enfant battu. Potter lui avait parlé de son père, Sirius avec qui il avait passé des nuits complètes à regarder les étoiles. Avec le sourire. On ne parlait pas ainsi d'un homme maltraitant.
— Et franchement, je vais pas me plaindre : j’étais nourri, logé, blanchi, j’étais entouré… Nan, je veux pas jeter la pierre à mes anciens collègues ou à ma hiérarchie, vraiment pas, mais… Mais je suis un peu passé à côté de ma vie…
Un ricanement honteux secoua ses épaules.
— J’ai trente-deux ans, et j’ai jamais eu une relation stable.
Draco ferma les yeux et compta ses respirations pour se calmer.
— Y’a deux semaines, j’étais chez Ron et Hermione, et vous étiez en couverture du programme télé.
Deux… Trois…
— On peut dire que j’ai eu un petit coup de cœur.
Un concert de “Oh” enamourés s’éleva du public. Draco sentit venir le retour de la musique romantique et du projecteur rose. Il prit la parole avant que l’humiliation ne démarre et bien qu’il se savait loin d’être suffisamment flegmatique.
— La plupart des gens se contentent de s'inscrire sur Tinder, répliqua-t-il en cliquant sur son écran. Ça évite de venir déranger des gens qui n’ont rien demandé.
Il adressa un large sourire hypocrite à la caméra et l’agrémenta d’un clin d'œil.
💰 1 000 000 £ 💰
En 1792, deux astronomes furent envoyés mesurer le méridien entre Dunkerque et Barcelone. Qui étaient-ils ?
A. Condorcet et Delambre
B. Delambre et Méchain
C. Méchain et Lavoisier
D. Lavoisier et Condorcet
— Tiens donc ! Une nouvelle question astronomie ! À croire qu’il s’agit de votre spécialité !
— Hein ? Ah oui…
Draco serrait si fort les dents qu’il en avait mal aux mâchoires. Il déplaça sa main devant sa bouche et entreprit de se tapoter le menton afin de dissimuler sa crispation involontaire et donner l’impression de la réflexion.
Des informations s’affichaient sur son écran. On l’invitait à parler d’unités de mesure, de la place de Dieu dans le monde des mathématiques et de révolution Française. Des sujets qui pouvaient potentiellement aider Potter, mais surtout augmenter la durée de son temps d'antenne. Or, Draco n’avait qu’une hâte : que tout ça se termine au plus vite.
— L’un de ces noms vous dit-il quelque chose ?
— Oui : Lavoisier, par exemple. Y’a des citations célèbres de Lavoisier…
Draco haussa les épaules :
— Probablement aussi des autres. Une idée de la réponse ?
— Hein ?! Non, attendez, j’ai pas encore réfléchi…
Draco le laissa faire. Quatre secondes.
— Vous n’êtes pas obligé de répondre, Harry, vous pouvez quitter l’émission avec trois-cent-mille Livres. Je vous rappelle que si vous vous trompez, vous redescendriez à quarante-huit-mille.
Potter releva vers lui un visage surpris et le dévisagea, les yeux plissés et la bouche entrouverte. Au bout d’un moment, il marmonna d’une voix peu assurée :
— J’ai dit quelque chose de mal ?
— Voyons, qu’est-ce qui vous fait croire ça ?
— Je sais pas, prétendit-il avec un petit sourire timide et contrit qui ne lui allait pas du tout. J’ai l'impression que vous voulez vous débarrasser de moi…
— Je vous ai déjà dit que j’étais payé à l’heure, répliqua Draco d’un air hautain. Que je passe ce temps avec vous ou un autre candidat m’importe peu.
Le public rit, mais quelques huées amusées s’élevèrent également. Draco se tourna vers la caméra :
— Ou une autre candidate, précisa-t-il avec un nouveau clin d'œil.
— Vous savez, reprit Potter, je me rends compte que mon discours pouvait prêter à confusion. En effet, mon coup de cœur était purement physique au départ, mais depuis, j’ai appris à connaître votre personnalité, et j’ai découvert à quel point elle pouvait être charmante.
— Ce qu’il m’intéresserait de connaître, Harry, c’est votre réponse à la question.
— J’ai plus aucun joker…
— Non.
— Et vous allez pas m’aider.
— Non.
Ceci dit, il était tentant de le faire. Il était tentant de le pousser vers la mauvaise réponse, de le voir perdre.
Ça allait contre sa déontologie, mais pas tout à fait contre celle des producteurs. Ils jouaient avec leurs statistiques, ils exigeaient un certain pourcentage de victoires, ils aimaient certains candidats charismatiques plus que d’autres.
La veille, ce n’était pas la première fois qu’on avait voulu pousser Draco à la faute. Toujours, Draco avait ôté son oreillette suffisamment tôt pour ne pas se laisser influencer. C’était plus fort que lui, il tenait à faire ça bien. Sa réputation lui tenait à cœur. Il craignait chaque jour qu’on trouve une raison de le mettre à la porte.
Et pourtant…
Dès le départ, il l’avait senti, que ce Harry avait quelque chose de louche et de détestable…
Draco hésita puis, puisque le silence durait depuis plus de quatre secondes :
— Croyez-moi, Harry, j’aimerais beaucoup vous aider.
Il faisait la moue, mâchouillait sa lèvre, se grattait le crâne et la barbe, mais ça ne faisait plus rien à Draco.
Le silence s’installa jusqu’à ce que la voix dans son oreillette retentisse :
— En fait, leur but était d’inventer une nouvelle unité de mesure qui faisait un dix-millionième d’un demi-méridien. Ça a donné l’invention du mètre.
Draco ne prononça pas un mot.
— Tu peux lui demander si il sait où sont Dunkerque et Barcelone, suggéra la voix. Ça donne un indice sur la nationalité des gars.
Draco ne réagit pas davantage.
— Bon, Draco, on veut qu’il gagne, celui-là. Deuxième réponse.
— Harry…
Potter releva la tête.
Draco tapota sa lèvre. Trois fois.
Vous avez une idée de la réponse ?
50/50
appel
public
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- 100 000 £
- 72 000 £
- 48 000 £
- 24 000 £
- 12 500 £
- 6 000 £
- 3 000 £
- 1 500 £
- 800 £
- 500 £
- 300 £
- 150 £
Chapter 20: Les coulisses
Chapter Text
— Quant à moi, j'aurai le plaisir de vous retrouver demain, avec Juliette, pour la suite de Question pour un Champion !
Draco salua sa nouvelle candidate, se leva et applaudit avec le reste du public jusqu'à ce que l'antenne soit rendue.
Le brouhaha apaisant qui suivait les directs s'éleva tout doucement et les techniciens entamèrent leur ballet habituel. Les chauffeurs de salles invitèrent joyeusement les spectateurs du public à les suivre vers la sortie.
Draco resta encore immobile quelques secondes, un sourire plaqué sur les lèvres et le regard planté dans l’objectif de la caméra.
Puis il arracha son micro-cravate et s'emmêla les pieds dans les câbles quand il tenta de s’enfuir. Il parvint de justesse à retrouver son équilibre.
— MALFOY !
Il regretta finalement de ne pas être tombé la tête la première sur un objet contondant. Ce n’était pas la voix de Potter qui avait résonné. Il jeta un regard paniqué vers les coulisses pour y distinguer la haute silhouette de Tom Jedusor, son employeur et cauchemar personnel. L’homme s’avançait vers lui, et tous, sur le plateau, s’éloignaient de son chemin.
Tom était toujours un bel homme malgré son âge avancé, et la preuve vivante que le botox et les rhinoplasties pouvaient seoir à certains. S'il n'avait pas été un tel trou du cul, Draco aurait pu lui demander le nom de son chirurgien. À ses côtés, Harry Potter faisait figure de sauvage hirsute et brutal. Ses sourcils épais et broussailleux étaient froncés de colère et, sur ses bras luisants, des veines pulsaient entre les muscles contractés.
— Tom ! salua maladroitement Draco en tentant de se désemmêler les jambes. Quel plaisir de…
— Draco. Je viens de recevoir un message tout à fait préoccupant de la part de Yaxley.
— Ah ?
La voix dans son oreillette. Draco détestait qu’on lui rappelle qu’elle possédait un nom et une personnalité.
— Et je viens de m’entretenir longuement avec Monsieur Potter qui a confirmé mes soupçons.
— Ah.
— Suivez-moi.
Tom fit demi-tour et, à nouveau, la foule s’ouvrit devant lui telle la mer Rouge devant Moïse. Draco voulut obéir, mais une épaule solide cogna tout d'abord contre la sienne :
— Tu m'échapperas pas, cette fois, lâcha Potter à voix basse.
Il l'avait mérité.
Tom chassa d’un claquement de doigts les employés agglomérés dans la salle de pause. Il attendit que le dernier soit sorti avant de refermer la porte et d’ordonner à Draco de s’asseoir en désignant une chaise bancale derrière une table encore encombrée de journaux, de magazines et de boîtes de pizzas. Lui-même prit place de l'autre côté. Potter, qui ignorait probablement l'existence ou l’utilité de ce genre de mobilier, décida pour sa part d'appuyer l'une de ses fesses contre la table. Celle-ci grinça. Draco faillit l'imiter.
— Draco, vous devinez ce qui m'amène ?
Yaxley haïssait Draco depuis son premier jour. Il n'aimait pas ses manières et ne le supportait – à l'image de leur patron commun – que grâce à ses excellents résultats. Ils ne s'entendaient jamais sur le ton que devait prendre l'émission, et la façon dont Draco ignorait ses directives lui tapait sur le système.
— J'avais mes raisons pour désobéir ! intervint aussitôt Draco. Il n’a pas été… !
Il s’interrompit quand Tom leva une main autoritaire.
— Heureusement pour vous, Draco, Monsieur Potter a d’ores et déjà accepté de signer un contrat de confidentialité taisant vos relations.
— Quelles relations ?! s’inquiéta aussitôt Draco.
— Putain, mais t’as quel âge ? s’exclama Potter. Assume, bordel !
— Je ne… !
— Messieurs ! Si vous vouliez le cacher, il ne fallait pas en parler à l’antenne. Désormais, tout ce qui m’importe, c’est de mettre un terme à cette histoire, et ce, de la façon la plus discrète qui soit.
Draco n’était soudain plus très sûr de la raison de cette convocation. Leur relation ? Potter n’avait pas l’air plus éclairé que lui. Le regard de Tom alterna entre les deux hommes et, pour la première fois de sa vie, Draco vit une lueur de doute le traverser.
— Nous souhaitons tous mettre un terme à cette histoire. N’est-ce pas ?
Draco acquiesça prudemment, mais Potter secoua la tête. Il reprit la parole d’un ton incertain :
— Attendez. Quand vous parliez de relation, vous pensiez à quoi, vous ?
— À vos liens familiaux, articula Tom.
Aucune réaction ne suivit ces propos, aussi précisa-t-il :
— Au fait que vous ayez été élevé par son oncle.
— Hein ? Non, vous m'avez mal compris : j’ai été élevé par mon oncle.
— Ah ?! intervint Draco avec une ironie mordante. Finalement, vos parents ne vous battaient pas ?
— Mes parents sont morts, pauvre crétin, cracha Potter avec une voix plus rauque qu’à l'accoutumée.
Draco échangea un regard perdu avec Tom.
— Mais alors… Sirius a vraiment existé ?
Tom plissa les yeux, réfléchit un instant, puis il sortit de la poche intérieure de sa veste un document de trois ou quatre pages qu’il se mit à compulser.
— Sirius est mon tuteur légal, expliqua Potter en se décollant de la table et en s'éloignant dans la pièce. C’est mon parrain, mais je le considère comme mon père. Jusqu’à mes seize ans, c’était mon oncle et ma tante qui me servaient de parents parce que lui ne pouvait pas. C’est eux qui me maltraitaient. Mes parents biologiques, mes véritables parents, sont morts quand j’étais bébé.
Draco sentit ses yeux s’écarquiller et sa gorge s’assécher. Il avait fait une connerie.
— Potter, croassa-t-il. Je suis déso…
— Vous l’ignoriez ? intervint Tom sans lever le nez de ses documents.
— Bien sûr. Jamais je n’aurais… Potter, je suis vraiment désolé !
L’homme haussa les épaules, là aussi sans lui accorder un regard. Il s’était immobilisé devant la machine à café. Comme s’il était chez lui, il s’empara d’un mug posé sur l'égouttoir à vaisselle et entreprit de le remplir.
— Vous êtes bien le neveu de Sirius Black ? questionna Tom.
Draco et Potter répondirent en même temps :
— Non, c’est mon oncle germ…
— Non, c’est mon parr…
Et s’interrompirent en même temps. Potter s’était retourné. Il dévisageait Draco avec horreur.
— Vous ignoriez tous les deux vos liens respectifs avec le terroriste Sirius Black, répéta Tom qui cherchait toujours à clarifier la situation.
— Mon père n’est pas un terroriste ! cracha Potter. C’est un activiste engagé !
— Je ne comprends pas, marmonna Tom. Pourquoi avez-vous signé ce document, alors ? Que pensiez-vous que je vous demandais de cacher à la presse ?
— Ben, ma relation avec lui, gronda Potter avant de boire bruyamment.
— Pardon ? se défendit Draco. Nous n’avons aucune relation !
— Non ? J’ai une demi-douzaine de capotes bien remplies qui prouvent le contraire !
— Vous avez couché ensemble ?! vociféra Tom.
Draco lut, sans l’ombre d’un doute, la répulsion dans le regard de son patron. Sous le botox et les liftings, sa paupière droite tressaillait et sa lèvre supérieure se redressa d’un côté pour révéler une canine aussi blanche qu'un glacier.
— Je savais qu’il assumait pas ! se défendit Potter qui, dans son dos, ne le voyait pas grimacer. Moi, je m'en fous qu’on garde tout ça secret, tant qu'on peut en discuter.
Tom ignora l'explication, les yeux toujours fixés sur Draco. Finalement, il souffla par le nez et rangea ses papiers dans sa veste avant de se lever et de reboutonner celle-ci.
— Je veux votre lettre de démission sur mon bureau demain matin à huit heures, prévint-il d'un ton sans réplique.
Draco répliqua tout de même :
— Non, je vous en prie. Je n'étais pas dans mon état normal, je…
De son côté, Potter crut également bon d'intervenir :
— Attendez. Pourquoi ? Ça vous regarde pas ce qu'on fait en dehors du plateau… !
Tom, comme à son habitude, leva la main pour obtenir le silence.
— Monsieur Potter, tonna-t-il. Si vos… frasques ne m'intéressent effectivement pas, elles me concernent tout de même quand elles entachent l'intégrité de mon programme. Vous avez triché.
— Et ça vous dérangeait pas plus que ça quand vous croyiez que c’était parce qu’on était vaguement de la même famille ! Ça change quoi que c'est parce qu’on s’est envoyé en l’air ?!
— Ce que ça change, Monsieur Potter, c’est que Monsieur Malfoy possède moins de cousins et d’oncles cachés que de michetons !
— Que de quoi ?!
— Et que ma chaîne n’a pas vocation à financer sa lubricité !
— Hey ! Je vous permets pas de me traiter de michto ! s’exclama Potter en l’approchant.
Tom ignora Potter et se dirigea vers la sortie. Alors qu’il abaissait la poignée, il tourna la tête pour fusiller une dernière fois Draco du regard :
— Un million, siffla-t-il comme s’il s’agissait là du coup de grâce.
— Vous vous trompez ! gémit Draco. Justement, je voulais qu’il perde ! J’ai triché pour qu’il perde !
Pour ce qui était la première et semblait bien parti pour être dernière fois de sa vie.
La porte s’ouvrit, s’immobilisa, trembla un peu puis, après des secondes qui parurent des saisons, se referma. Draco vit Tom baisser les paupières et compter mentalement ses respirations. Une attitude intelligente et raisonnable d’homme raisonnable et intelligent. On apprenait des meilleurs.
— Je sens que je vais regretter d'avoir demandé, souffla-t-il, mais… Pourquoi ?
Il ne savait même plus trop pourquoi. Il voulait simplement se débarrasser de lui. Il avait agi comme un crétin et avait poussé Potter à la faute en espérant bêtement qu'ainsi, l'émission se terminerait plus vite.
Draco ne discernait même plus la sclère de l’iris des yeux de Tom, tant ses paupières étaient plissées. Il savait cependant que son regard était braqué sur lui et que tout son avenir dépendait de sa réponse à cette question.
Potter, qui ne comprenait jamais rien à rien, intervint et renchérit :
— Ouais, pourquoi ?
— Je…
Draco chercha soigneusement ses mots et les prononça avec autant de lenteur et de précautions qu’il pouvait se le permettre :
— Parce que je n'avais pas envie qu'il puisse croire que je l'aimais bien ?
Le regard de Tom oscilla une seconde vers Potter, puis :
— C'est vrai ?
— C'est vrai, intervint Potter à sa place. Sur la dernière question, il m'a indiqué la mauvaise réponse. Vous pouvez demander à votre Yaxley et vérifier les images.
Tom digéra l'information à son rythme de reptile. Puis la certitude, le doute et la curiosité morbide entamèrent un combat sanguinaire sous son crâne. Comme à son habitude, Harry Potter gagna la bataille, même s'il n'y avait pas été convié.
Tout portait à croire qu'il gagnerait toujours.
— Comment avez-vous trouvé la bonne réponse, alors ? questionna Tom.
Harry Potter, le millionnaire.
Potter arrondit ses lèvres autour d'une moue hautaine :
— Je savais qu'il voulait se débarrasser de moi, alors je me doutais que c'était pas la réponse qu'il m'avait indiquée. J'en ai dit une autre au hasard, et vu qu'il s'est mis à paniquer, j'ai su que j'avais visé juste. S'il m'avait tout de suite demandé si c'était mon dernier mot, j'aurais changé.
La mâchoire de Draco se décrocha.
— Connard ! parvint-il à lâcher, une fois celle-ci remise à sa place.
— Je t’emmerde, répliqua Potter. Tu m'avais cherché.
— Bref, conclut Tom.
La porte se réouvrit, puis reclaqua. Tom baissa les yeux sur la main de Potter, qui interdisait silencieusement tout départ.
— Je veux des excuses, ordonna Potter.
— De ma part ? ricana Tom. Vous pouvez toujours espérer.
— Pour moi, pour mon parrain, et pour lui aussi. J'aime pas beaucoup ce que vous avez sous-entendu à notre propos
Il ne savait visiblement pas quand s'arrêter.
— Et qu'est-ce qui vous fait croire que vous pouvez exiger cela de moi ?
— J'ai un document, ici, précisa Potter en tapotant la poche de son jean, qui prouve que vous êtes prêt à supporter la triche dans certaines conditions. Je pense que votre réputation pourrait en pâtir si je décidais de le publier.
Un crétin.
— Un document que vous avez signé, Monsieur Potter. Vous ne toucheriez pas un centime de notre part si vous décidiez de divulguer son contenu.
— Et qu'est-ce qui vous fait croire, répéta doucement Potter, que j'accorde plus d'intérêt à l'argent que vous en accordez à votre réputation ?
Quelque part, tout là-haut, quelqu’un ferma les yeux et compta ses respirations. Pas Draco. Draco, lui, écarquilla les paupières et retint son souffle en ayant l’impression d’assister au combat titanesque de deux immortels.
— Vous bluffez… prétendit Tom.
— Vous pensez ça ?
— Personne ne renonce à un million pour…
Potter répondit lentement, et d'une voix pleine d'horribles promesses :
— Je suis le fils de Sirius Black. J'ai pas besoin d'un million et je suis beaucoup moins raisonnable et plus impulsif que lui.
Draco vit Tom avaler nerveusement sa salive. Quelques nouvelles secondes, silencieuses et glaciales, passèrent. Tom se racla la gorge et redressa la tête.
— Hum. Je… J'admets que mes mots ont dépassé ma pensée.
La main de Potter ne se décolla pas du bois de la porte.
— Je vous présente mes excuses, prétendit Tom après un nouveau renaclement.
Potter croisa ses bras musculeux, mais ne bougea pas d'un pas.
— Hum. Ainsi qu'à votre parrain, et à… Hum.
Tom jeta un coup d'œil hésitant vers Draco. Celui-ci réagit immédiatement et prit la parole pour faire cesser l'humiliation :
— Pas besoin d'excuses ! s'écria-t-il aussitôt. Permettez-moi juste de garder mon poste. Vous savez que cette situation ne se reproduira pas.
Le regard de Tom sauta sur Potter, comme s'il cherchait une autorisation chez lui, mais le soldat était aussi immobile qu'une figurine de plomb. Tom dévisagea de nouveau Draco, puis consentit à lui offrir un bref hochement de tête.
Le cœur de Draco explosa de soulagement.
Potter se décala d'un pas.
Tom déglutit de nouveau, sembla hésiter à revenir sur sa parole, puis décida finalement de prendre courageusement la fuite.
Ils avaient gagné.
Draco croisa le regard de Potter.
Il avait gagné.
Et il était à sa merci.
— Hum.
Après tout, ce qui avait fonctionné pour Tom Jedusor devait pouvoir fonctionner pour Draco Malfoy ?
— Hum. Désolé, Potter. Pour ce qui s'est passé ce matin et… Hum. Pour le reste.
Non ?
L'homme s'adossa à la porte close et le toisa avec un sourire moqueur.
— On sort ensemble, ce soir ? proposa-t-il d'un ton canaille.
— Hors de question ! s'insurgea Draco.
— Tu préfères discuter ?
— Non.
— On baise, alors.
Draco plissa les yeux. Quelque chose clochait dans le raisonnement, mais il n'arrivait pas bien à savoir quoi. Potter tapotait son biceps avec ses horribles doigts trop larges aux ongles trop courts, et cette vision le déconcentrait.
— Très bien. Mais cette fois, on mange d'abord !
Chapter 21: L'épilogue (partie1)
Chapter Text
— Je te préviens, Potter : il est hors de question que tu salisses mon merisier avec tes… groles. Chez moi, on enlève ses chaussures.
— Genre, tu vas me faire croire que c’est toi qui passe le balai ?
— Non, mais je… Je… Attends.
Draco tâta le mur désespérément, à la recherche de l'interrupteur. Celui-ci prenait toujours un malin plaisir à changer de place. Enfin, sa main trouva un relief et la lumière fut.
— Ah ! éclata-t-il fièrement.
Il enfonça son index dans la poitrine imposante qui le suivait, et toisa son propriétaire d’un sourire arrogant. Potter ne semblait pas impressionné par son exploit. Les gens qui ne buvaient pas n’étaient jamais drôles. Et Draco souffrait terriblement.
— Aide-moi… chouina-t-il en s’appuyant sur le mur qui tanguait.
Un éclat de rire nasal lui répondit, puis Potter s’accroupit devant lui et commença à dénouer ses lacets. Draco ferma les yeux de contentement.
— Tu bois autant chaque soir ?
— Non. Seulement quand j’ai envie de prendre une mauvaise décision.
— C’est moi, ta mauvaise décision de ce soir ?
— Hum. Je crois.
Ses pieds se retrouvèrent rapidement à l’air libre, et Draco connut son premier orgasme de la nuit. Potter continua ses mouvements et ses bruits un moment, et le son de deux rangers qui heurtent le sol suivit. Pendant ce temps, Draco jubilait :
— Je t’avais prévenu, ricana-t-il sans bouger, que ma vie était plus intense que la t… Par tous les Saints !
Draco hurla quand deux bras vigoureux le firent décoller du sol. Il se cramponna de toutes ses forces aux épaules qui le surplombaient puis, une fois rassuré par la solidité de ses prises, considéra la paire de yeux rieurs derrière les lunettes rondes. Potter le tenait dans ses bras comme une princesse de contes de fées.
— C'est par où ? demanda-t-il d'une voix amusée.
— À droite, et encore à droite.
Draco se laissa transporter à travers son appartement sans prêter attention à rien d'autre qu'à l'homme sous ses mains. Ils avaient passé la soirée à danser et à boire (enfin, uniquement à danser en ce qui concernait Potter) et son odeur d'animal sauvage était plus suffocante que jamais. Répugnant. Draco avait décrété qu'il le lécherait partout pour le nettoyer, mais il n'était pas trop sûr de l'endroit par lequel commencer. Puisque son cou était à sa portée et qu'ils n'avaient pas toute la vie devant eux, il y planta diligemment les dents.
Potter étouffa un ricanement grave et Draco gémit en sentant la peau sous ses lèvres vibrer.
— T'es pas possible, hein…
Draco tenta d'aspirer un maximum de peau entre ses dents pour l'immobiliser. Sa chair avait le goût acide et salé de la transpiration. Les poils ras de sa barbe piquaient sa langue comme un bonbon acidulé. Il pouvait sentir son cœur battre à travers sa jugulaire.
— Et hop.
Potter balança Draco sur son lit où il rebondit puis s’enfonça dans le matelas douillet. Une délicieuse odeur de petitgrain bigarade s'éleva des draps propres. À travers ses yeux mi-clos, il observa Potter vider ses poches sur la table de chevet. Cette fois, il avait pris ses précautions en termes de préservatifs avant d'affrioler sa proie. Un téléphone, un portefeuille et un ticket de carte bleue gentiment offert par leur chauffeur Uber suivirent.
Potter ôta ensuite son t-shirt et la pièce se réchauffa d'un coup. Le musc se mêla aux agrumes. Draco sentit sa bouche s’assécher. Potter passa à sa ceinture.
Il faisait ça comme les ados qui se déshabillent en salle de sport : sans prendre son temps, sans savourer le glissement du tissu sur sa peau, sans vérifier, dans l'œil de l'autre, que le spectacle était apprécié à sa juste valeur. Non, il tirait sur l'arrière du col de son t-shirt sans croiser les bras devant, et se débarrassa de son pantalon avant d'enlever ses chaussettes. Un rustre.
Et Draco avait l'impression que ses propres sous-vêtements allaient exploser sous la pression.
Potter grimpa sur le lit et s'occupa, avec un peu plus de délicatesse, de défaire les boutons de la chemise de Draco et de dégrafer sa braguette. Il sourit méchamment en constatant le renflement du boxer, mais eut la courtoisie de ne faire aucune remarque à ce propos, aussi Draco accepta de lever les fesses pour l'aider à le déshabiller.
Puis Potter ôta ses lunettes qu'il posa sur la table de chevet, s'allongea aux côtés de Draco, posa son bras sur ses yeux, et lâcha un long soupir de contentement.
Le silence se fit.
— Euh…
Ah, oui. La veille, Draco l'avait laissé en plan après lui avoir fait miroiter une fellation. Ce n'était pas la façon la plus séduisante de lui rappeler ses responsabilités, mais Draco commençait à apprécier le naturel désarmant avec lequel Potter exigeait ce qu'il méritait. Il se redressa et tâtonna sur les cuisses épaisses et velues, jusqu'à trouver le rebord d'un caleçon gris qu'il avait déjà vu la veille. À nouveau, une exclamation victorieuse lui échappa.
Une main autoritaire lui attrapa le poignet. Draco leva la tête. Potter cachait toujours ses yeux de son bras et, même dans le noir, on pouvait distinguer l'ombre sombre de son aisselle. Là aussi, il faudrait que Draco pense à passer sa langue.
— Dors, Malfoy.
— Pardon ?
Potter ricana.
— T'es complètement torché, Malfoy. Dors.
Draco analysa la sentence et, une fois certain d'avoir bien compris, offrit tout de même à son interlocuteur la possibilité de la rectifier :
— Pardon ?!
— Je suis fatigué et t’es complètement torché, se corrigea Potter. Donc, dors.
— Potter, je ne t’ai pas ramené chez moi pour qu’on y dorme. Enlève-moi cette… chose, ordonna-t-il en tirant sur le coton gris, et baise-moi !
Potter rit de nouveau, mais il lâcha son poignet. D’un doigt paresseux, il traça de petites arabesques sur la cuisse nue de Draco. Un contact bien trop léger pour le satisfaire.
— Malfoy. Hier t’as regretté ce qu’il s’est passé alors que t’étais en pleine capacité de tes moyens. Ce soir, t’es torché, et j’ai pas envie de me faire encore dégager comme un malpropre demain matin. Pas avant d'avoir parlé.
Draco s’immobilisa.
— Et pis en plus, c’est moi qui t’ai ramené chez toi.
Draco hésita un moment. Il se sentait effectivement un peu coupable de la façon dont il avait traité son amant jusque là, mais… Il ne pouvait pas y faire grand-chose.
— Potter… marmonna Draco en se rasseyant sur ses talons. Je… La seule chose que je regrette, concernant ce qu'il s'est passé entre nous, c’est la façon dont moi, je me suis comporté.
Le bras sur les yeux de Potter se décala un peu et un éclat vert et moqueur apparut.
— Je… Je ne suis pas aussi ivre que je semble l’être.
— Si. Tu l’es.
— Bon, oui, je le suis ! Mais je… Je suis désolé, je… Tu me fais perdre mes moyens. J’avais besoin de ça pour me donner du courage.
— Le courage de m’affronter.
— Le courage de… d'admettre, que, bon… que… Bon. Que tu me plais un peu plus que… que je… que ce je veux bien admettre.
Le bras était complètement parti, à présent. Pas l’éclat moqueur.
— Potter, je t’en prie. Je suis trop ivre pour discuter.
— Mais pas pour baiser ?
Draco ne trouva pas, sur le moment, de répartie susceptible de lui donner gain de cause sans le faire passer pour une traînée. À tout hasard, il reposa sa main sur l'élastique du boxer gris et demanda :
— Tu es vraiment si fatigué que ça ?
Potter ricana doucement, puis souleva les hanches. Draco s'empressa, avant qu'il ne change d'avis, de faire glisser le tissu le long de ses jambes.
— Est-ce-que c'est le même qu'hier ? demanda-t-il alors qu'une bouffée d'air chaud et parfumé lui sautait au visage.
— Non. Aussi étonnant que ça puisse paraître, j'ai plusieurs slips, et j'en change tous les jours.
— Bon sang, tu n'as jamais rien dit d'aussi sexy.
Draco se laissa tomber sur le sexe de Potter et eut enfin la satisfaction de l'entendre, lui, pousser une exclamation surprise. Il n'était pas encore complètement bandé, mais Draco n'eut qu'à le parcourir une seule fois du bout de sa langue pour retrouver le solide braquemart de la veille.
Potter siffla entre ses dents.
— Attends, je vais… commença-t-il en tendant le bras vers la table de chevet et les préservatifs, mais Draco l'interrompit d'une tape sur la main.
— Je veux te goûter, affirma-t-il d'un air décidé.
Il allait lui montrer qu'il tenait bien mieux l'alcool qu'il n'en avait l'air ! Potter poussa un grondement appréciateur dont le volume augmenta d'un coup quand Draco l'avala d'une traite.
Si son cou avait eu exactement la saveur dont il avait rêvé, rien n'aurait pu le préparer au goût de son sexe. À cet endroit, sa peau était si douce qu'on aurait dit du velours, plus chaude qu'un thé brûlant, et assez fine pour qu'il puisse sentir pulser le sang le long de ses veines.
Un juron retentissant vint le récompenser.
Il resta ainsi, immobile et satisfait, un long moment, et se fit la réflexion qu'il était si comblé qu'il pourrait s'endormir comme ça, la bouche pleine, et passer une excellente nuit.
Une nouvelle inspiration emplit cependant ses poumons de l'odeur de Harry Potter, et lui rappela que, comblé, il pouvait l'être davantage.
Il prit appui sur ses bras et releva la tête avec lenteur pour savourer le glissement contre sa gorge. Le sexe de Potter s'échappa de sa bouche avec un petit bruit mouillé et vint frapper contre son nombril comme un ressort. De nouveau libre, Draco se lécha paresseusement les babines avant d'assurer sa position et de replonger.
Cette fois, il ne s'autorisa pas le lambinage. Il lécha, suça et grignota tout ce qui passait à sa portée. Potter grognait, grondait, jurait, et remuait les hanches de façon erratique. Ses mains caressaient gentiment les cheveux de Draco, puis se crispaient et tiraient quand il sortait les dents. Au bout d'un moment à la fois bien trop long et bien trop court, son corps se mit à tressaillir significativement.
— C'est maintenant ou jamais pour la capote… gémit-il entre ses dents.
Draco relâcha sa prise avec une once de regret. Il escalada le corps de Potter et tendit la main vers la table de chevet sur laquelle il attrapa un préservatif. Il en profita pour allumer la lampe, car ce n'était pas le genre d'opération dont il était capable à l'aveuglette.
Un nouveau hoquet échappa à Potter et sa main fusa en direction de son visage. Avec des gestes étonnamment doux, il lui caressa la joue et les lèvres tout en mâchouillant les siennes. Ses pupilles étaient dilatées et incandescentes.
— Putain, t'es tellement sexy, je pourrais jouir juste en te regardant, je crois.
Draco éclata d'un rire orgueilleux :
— Essaye de tenir encore un peu. Moi aussi, j’ai envie d’en profiter.
Il s'amusa à prendre tout son temps et à pincer avec un peu trop d'entrain le réservoir du préservatif quand il déroula celui-ci jusqu'à la base du pénis de Potter. Il sentait son regard sur lui, d'une façon différente de celle dont il avait l'habitude. Ce n'était pas son corps ou son visage que Potter admirait, mais autre chose. Quelque chose dont Draco n'avait pas trop conscience mais qu'il désirait lui montrer.
Il s'éternisa un peu sur sa tâche, vérifia avec des gestes espiègles que le latex était bien installé, que la peau de ses testicules n'avait pas été pincée… Il caressa les bourses pleines et lisses et se lécha une nouvelle fois les lèvres.
Une voix le tira de ses pensées :
— On peut faire ça à ma façon, cette fois ?
Potter s’était redressé sur ses coudes et il souriait crânement en l’observant faire.
— C'est-à-dire ? demanda Draco avec un rien de suspicion.
— J'ai envie de tendresse.
Draco hésita.
— C'est une blague ? supposa-t-il.
— Non. Et vu l'état dans lequel tu viens de me mettre, je tiendrai de toute façon pas une minute si tu recommences à pousser le même genre de cris qu'hier.
Draco afficha une moue boudeuse.
— On peut commencer tendrement, se résigna-t-il. Mais ensuite, tu me démontes.
— C'est demandé avec tellement de classe, se moqua Potter. Comment refuser ?
Il contracta ses abdominaux, se redressa encore un peu, et parvint à poser le plat de sa main dans la nuque de Draco qui frissonna.
— Viens là…
Puis il se laissa retomber en arrière avec tant de douceur que Draco se demanda vaguement s’il pesait quelque chose. Il fut forcé de suivre le mouvement, comme l’eau d’une rivière, et se coula sur le torse de Potter qui l’embrassa doucement.
Un baiser sans la langue, qui aurait pu être chaste s’il n’avait pas été aussi languide et teinté du goût de son liquide pré-séminal.
Potter quitta ses lèvres pour embrasser sa mâchoire, sa gorge, puis le lobe de son oreille.
Draco poussa un gémissement inarticulé dans lequel son amant crut reconnaître son nom.
Une voix grave et chaude retentit contre son oreille et le fit frissonner :
— Appelle-moi Harry.
Draco se mordilla les lèvres, puis secoua la tête :
— N’exagère pas.
Un vilain pincement sur sa fesse gauche lui fit pousser un glapissement. Il tendit les bras et releva la tête pour dévisager Potter, une expression outrée sur le visage.
— Appelle-moi par mon prénom, répéta celui-ci d’une voix amusée. Tu repasseras à Potter quand t’en auras marre de la tendresse.
Draco voulut répliquer, mais les doigts épais de Potter massaient et malaxaient à présent la chair qu’ils avaient martyrisée et la discussion ne semblait plus aussi nécessaire.
— Si tu veux, tu pourras même me vouvoyer, promit Potter tandis que sa main s’égarait plus loin.
— On verra, supposa Draco en réfugiant de nouveau son visage dans le cou de Potter pour y mordiller la peau et vérifier que la saveur n’avait pas changé.
Son index épais atteint son intimité au moment où Potter ordonna :
— Dis mon nom.
Et Draco obéit quand il le pénétra :
— Harry.
La tendresse de Potter était un outil de torture. Il passa tant de temps à simplement le doigter que Draco aurait pu jouir comme ça, sans même qu’il ne touche à son sexe. Potter y toucha tout de même, et se fia à ses soupirs et à ses gémissements pour ne jamais le laisser s’abandonner totalement. Un monstre.
Et Draco murmurait “Harry, Harry, Harry”, pour l’encourager à poursuivre.
Et Draco s’agitait de haut en bas et d’avant en arrière, désespérément, pour compenser la douceur.
Et Draco, quand il parvint enfin à repousser dans un cri plaintif les mains qui l’agaçaient pour s’empaler d’un coup sur son sexe, explosa immédiatement autour de lui.
Le ventre brun de Harry se retrouva maculé de blanc et Draco se laissa tomber sur lui en continuant de murmurer “Harry… Harry… Harry…”
Et la tendresse de Harry se révéla tout à fait supportable pour prolonger un orgasme bien au-delà du raisonnable. Pour la deuxième fois, Draco songea qu’il aurait bien aimé s’endormir ainsi, bercé par ses mains sur sa peau, par le mouvement doux et régulier de son sexe qui coulissait en lui, et par la mélodie de ses mots contre son oreille.
Car Harry également répétait le prénom de Draco et que c’était une expérience tout à fait charmante.
Au point que Draco en oublia de prononcer “Potter”.
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