Chapter Text
Chapitre 1 : The time's come to play
Come little children
The time's come to play
Here in my garden of shadows,
Belos
Mr Jenkins n’afficha aucune émotion quand il s’écarta pour leur autoriser l’entrée dans sa maison. Il avait à peine accordé un regard aux badges qu’Emily et Aaron lui avaient présentés et ce dernier sut que l’entrevue s’avérerait pénible. Il pouvait difficilement en être autrement lorsqu’on interrogeait à répétition le père d’un enfant disparu depuis plus d’un mois et que l’enquête ne progressait pas. Certains auraient pu considérer l’intervention du FBI comme une avancée, mais ce n’était visiblement pas le cas de Jenkins.
« Vous êtes ici à cause de Jeremiah Fawlers ?, » leur demanda-t-il après les avoir guidés jusqu’au salon.
Celui-ci contenait entre autre un piano dont le coffre était couvert de fleurs et de portraits d’un petit garçon aux cheveux blonds de ses jeunes années jusqu’à l’aube de son adolescence. D’autres photos de famille ornaient les murs, au milieu de celles présentant une pianiste en concert.
« Nous sommes là pour parler de votre fils, Nicholas, expliqua Emily d’un ton neutre que son supérieur approuva.
- Vous avez trouvé un corps ?
- Non, répondit Aaron en toute honnêteté. Mais à présent que l’affaire est remontée au FBI, nous souhaitions vous interroger nous-mêmes pour aborder la situation d’un œil neuf. »
Mr Jenkins se laissa tomber dans un fauteuil et poussa un soupir exaspéré.
« Donc vous êtes bien venus parce qu’un troisième enfant a disparu. Je suis content que ma femme ne soit pas là pour subir ce nouvel interrogatoire. Cela l’épuise. »
La situation ne semblait pas non plus lui faire de bien. Aaron regrettait ce processus, mais il était indispensable. Vérifier eux-mêmes leurs informations leur permettait souvent de trouver un nouvel angle d’approche à la situation et de débloquer celle-ci. Il comprenait néanmoins que la répétition de la démarche pouvait être éprouvante pour les familles des victimes. Elles considéraient parfois cela comme un aveu d’échec dans l’enquête, en particulier quand cette dernière traînait en longueur et ne les autorisait pas à faire leur deuil convenablement.
« Nous serons brefs, tenta Emily pour désamorcer la tension ambiante. Nous disposons déjà des rapports précédents. De nouveaux détails sur la nuit de la disparition de Nicholas vous seraient-ils revenus en mémoire ? Ou vous souvenez vous avoir reçu une visite inhabituelle dans les semaines la précédant : un livreur, un agent de service, quelqu’un que vous ne connaissiez pas ou qui aurait eu un comportement différent de d’habitude ?
- Nous vous avons déjà tout dit. Je me suis levé à une heure du matin pour aller à la salle de bain et Nicholas était encore dans sa chambre, il chantait pour lui-même. »
Mr Jenkins marqua une courte pause et les agents lui laissèrent le temps dont il avait besoin. Aaron pouvait comprendre la culpabilité que le père ressentait de ne pas avoir poussé la porte pour vérifier si quelque chose clochait, pour avoir manqué cette chance de voir son fils une dernière fois. Lui-même regrettait de ne pas avoir été plus présent pour Jack avant son divorce, avant que l’obstacle de la distance ne s’ajoute au manque de temps.
« Le lendemain, quand ma femme est allée le réveiller parce qu’il tardait à descendre prendre le petit-déjeuner, il n’était plus là, reprit Mr Jenkins d’un air défait. Nous avons cherché partout s’il s’était caché, puis nous n’avons pas tardé à appeler la police. Les Hyde sont des voisins du quartier, nous savions parfaitement que le petit Dustin avait déjà disparu un mois plus tôt. Nous n’avons reçu aucune visite inhabituelle ou d’inconnu ni auparavant, ni depuis, mis à part les agents de l’ordre. Même la presse a respecté notre peine et gardé ses distances de la maison. Nous n’avons aucun ennemi, encore moins en commun avec les autres familles, nous n’avons reçu aucune demande de rançon et Nicholas n’avait aucune raison de fuguer, sans compter qu’il n’a que douze ans.
- Nous sommes désolés de vous faire retraverser cette épreuve, s’excusa Aaron en comprenant que leur visite n’était définitivement pas la bienvenue et que la patience de leur hôte s’étiolait. Nous sommes là dans le but de vous aider. Nous savons que c’est difficile, mais pourrions-nous avoir l’occasion de discuter avec votre épouse également ? »
Mr Jenkins se referma encore plus.
« Elle ne vous répondra plus, la dernière fois a été celle de trop pour elle. Elle passe ses journées à son studio de musique pour préparer une nouvelle tournée, essayer de retrouver quelque chose qu’ils aimaient partager. Nous ne pouvons pas abandonner si Nicholas attend quelque part de nous retrouver, mais c’est effectivement difficile de ne pas se laisser abattre. Je n’aurais jamais dû ramener ma famille ici. Nous voulions juste un endroit inspirant à l’écart de la grande ville.
- Nous ferons notre…
- Non, coupa-t-il Emily. Ne me faites pas de promesse que vous ne pourrez pas tenir. Je ne peux plus le supporter. »
Elle n’en aurait rien fait, Aaron le savait, mais lui assurer qu’il ferait leur possible était peut-être devenu également trop dur à entendre quand aucun résultat ne suivait. Cependant, c’était bien pour cela qu’on avait fait appel à eux, pour ne pas laisser tomber les victimes et leurs familles. L’agent préféra donc conclure là dessus et annoncer leur départ.
« Je comprends sa colère, déclara Emily une fois qu’ils furent remontés dans leur voiture d’emprunt. Nous avons été appelés bien trop tard sur cette affaire. »
Aaron reprit la route de la station du shérif en s’abstenant de donner son avis, même s’il n’en pensait pas moins. Cela faisait trois jours que Jeremiah Fawlers, treize ans et la plus récente des victimes, avait disparu et il s’agissait du troisième cas en un peu plus de deux mois. Leur aide aurait dû être requise bien avant cela, le jour même de la disparition de Nicholas Jenkins, voire dès celle de la première victime, Dustin Hyde qui n’avait que huit ans. Il n’avait pas besoin que Reid lui cite les statistiques sur les enlèvements d’enfants, la durée de leur captivité et les chances de les retrouver en vie pour savoir que dans ce genre d’affaire, le délai d’intervention était primordial et que les heures les plus critiques étaient déjà passées. Il n’avait pas non plus besoin qu’on lui donne les probabilités de retrouver les deux premiers garçons en vie après la disparition du troisième. Un suspect gardait rarement le contrôle sur plus d’une victime à la fois. Cependant, elles n’étaient pas nulles et tant qu’aucun corps ne serait retrouvé, l’équipe considérerait donc les disparus comme toujours en vie.
L’essentiel était que l’équipe d’Aaron était là à présent, dans la petite ville de Madison, Wyoming. Devant l’urgence de la situation, ils avaient été mobilisés en pleine nuit et étaient arrivés aux premières lueurs du jour, profitant de leur vol en jet pour être briefés par JJ. Ce qui avait retenu le shérif de faire appel à eux avant cela n’était pas la priorité et, pour le bien de leur collaboration, son équipe ne ferait pas l’erreur de lui demander ses raisons. L’accueil qu’ils avaient reçu n’avait déjà pas été des plus chaleureux, surtout quand Aaron avait annoncé qu’il souhaitait parler à nouveau avec les familles les plus récemment atteintes. Il semblait que dans le cas des Jenkins, le shérif avait eu raison de douter de l’utilité de la chose. Leur entretien ne les avait pas plus avancés. Mais ils manquaient d’informations sur cette affaire et n’avaient pas eu d’autre choix.
« Espérons que JJ et Rossi tireront plus d’éléments de leur visite chez les Fawlers, » répondit-il simplement.
De retour à la station, Aaron constata que celle-ci s’était bien vidée. Seuls trois officiers travaillaient encore dans l’espace ouvert accueillant les différents bureaux. Ils leur adressèrent des coups d’œil quand ils passèrent devant eux, une salutation polie tout au plus. Emily et lui regagnèrent la salle de réunion qui leur avait été attribuée. Si elle était au calme, Aaron remarquait aussi à présent qu’elle était surtout à l’écart.
Reid et Morgan étaient penchés ensemble sur les maigres dossiers qu’on leur avait fournis et accueillirent avec bienvenue la distraction de leur retour. Derrière eux, sur des panneaux en liège étaient fixés en ordre cartes et photos liées à l’enquête. JJ et David n’étaient pas encore rentrés, mais c’était à prévoir. En plus d’interroger la famille la plus récemment touchée, ils avaient aussi la tâche de refaire le tour de leur maison, dans l’espoir que trois jours n’auraient pas effacé d’indices importants, et, dans le cas de JJ, de préparer les parents à une conférence de presse qu’elle comptait leur faire tenir dans l’espoir de stimuler des témoignages et d’humaniser leur fils aux yeux de son kidnappeur.
« Où sont le shérif et la majorité des officiers ?, demanda Aaron à la partie de son équipe qui était restée sur place.
- Partis organiser une nouvelle battue dans la forêt, répondit factuellement Morgan. Ils nous ont laissé le numéro contact d’une officier si nous avons besoin de les joindre. »
Aaron fronça légèrement les sourcils.
« Le quartier où ont eu lieu les disparitions n’est pas proche de la forêt. Une raison particulière pour avoir mobilisé la majorité de leur forces sur cette tâche ? »
Reid haussa les épaules.
« La forêt est peu fréquentée dans la région, il n’y a pas vraiment de chemins de promenade ou de cabane de plaisance. Ça en ferait un bon site pour dissimuler des corps ou agir à l’écart en toute discrétion. Je ne peux pas compléter le profil géographique du suspect sans savoir ce que deviennent ses victimes. Les enlèvements ont tous eu lieu à leurs domiciles fermés à clé, dans un unique quartier résidentiel, mais si un contact a été établi préalablement avec les enfants, qui fréquentaient deux écoles différentes, sa zone de confort peut s’élargir à toute la portion sud de la ville, qui est au contact de la forêt. Il connaît son environnement.
- Et la victimologie ?
- Trois garçons blancs âgés de 8 à 13 ans, résuma Morgan. Lieu de résidence mis à part, les ressemblances s’arrêtent là. Jeremiah fréquente une école différente de celle de Dustin et Nicholas et aucun d’entre eux n’a d’activité en commun. Pas de trace de lutte dans leurs chambres, pas de signe non plus qu’ils aient été tirés de force de leurs lits : le suspect a utilisé la menace ou avait la confiance des enfants, mais cela n’explique pas comment il a pu entrer et ressortir sans effraction et sans alerter le reste des familles. Le fait qu’il ait emporté leurs chaussures, manteaux et jouets favoris selon ce qui était accessible dans la chambre peut aussi être vu comme une tentative d’obtenir la coopération des victimes en diminuant leur méfiance.
- Ou un signe qu’il compte les garder en vie un moment, ajouta Reid. C’est un planificateur. Il est très organisé, probablement pas à son coup d’essai et le délai entre chaque enlèvement laisse présager qu’il passe du temps à étudier ses victimes avant de passer à l’acte, renforçant l’idée d’un local car il passerait plus facilement inaperçu.
- Il a alors probablement un casier judiciaire pour des affaires moins graves, conclut Emily. Ou une profession exigeant le même niveau de discipline ou un rang de responsabilités élevées. »
Cela confirmait l’ébauche de profil qu’ils avaient dressée dans l’avion : un homme blanc, local, expérimenté, probablement entre 25 et 40 ans. Sans corps, il était difficile d’établir ses méthodes et ses réelles motivations, ce qui était un handicap car ils devaient se reposer alors uniquement sur les statistiques liées à ce genre d’affaire. Leur impression de faire du sur place se renforçait.
Aaron envisagea de demander à son équipe de faire une pause, qu’au moins la moitié d’entre eux aille se reposer après leur nuit écourtée pour revenir avec un esprit plus clair quand JJ et David auraient du nouveau. Ce n’était pas le mauvais café qu’on leur avait servi à leur arrivée qui leur ferait tenir la journée. Mais il fut retenu par la sonnerie du téléphone de Morgan. Celui-ci sourit en avisant le nom de son correspondant, décrocha en mettant le haut parleur et plaça son appareil au milieu de la table.
« Tes doigts de fée nous ont-ils trouvé des suspects, baby girl ?, demanda-t-il du ton badin avec lequel il saluait toujours Garcia.
- Je suis en panne de mana, je le crains, répondit l’analyste. Mes moteurs tournent encore sur le sujet. Pour le moment j’ai pu mettre hors de cause les sociétés de protection et télésurveillance locales ainsi que les services de ménage. Les backgrounds de leurs employés tiennent la route.
- Qu’as-tu trouvé d’autre ?, demanda Aaron en supposant qu’elle ne les aurait pas appelés sans découverte à leur rapporter.
- Vous dites toujours qu’il n’y a pas de coïncidence dans ce genre d’affaire et je suis tombée sur quelque chose d’intéressant en cherchant des liens entre les victimes. Ça pourrait être un type de problème différent du nôtre, mais je préfère vous laisser en juger.
- On t’écoute, l’encouragea Morgan.
- Les frères Samuel et Dean Campbell, huit et douze ans, de la même école que celle fréquentée par Jeremiah Fawlers. L’établissement a signalé à la protection de l’enfance qu’ils n’étaient plus venus en cours depuis trois jours.
- L’école a fait le signalement ?, s’étonna Emily.
- Apparemment, ils avaient déjà eu des raisons de s’inquiéter du bien-être des deux garçons. Dean, le plus âgé, serait venu à l’école avec un coquard deux jours auparavant et ce n’était pas la première fois qu’il portait des traces de blessures physiques.
- Il y a trois jours, releva quand à lui Reid. Au même moment que l’enlèvement de Jeremiah, et les âges correspondraient au profil des disparus. Il est cependant peu probable qu’un ravisseur change de MO en passant d’une à trois victimes simultanées. Rien n’a laissé entendre qu’il pourrait y avoir plus d’un suspect, ce serait possible mais peu fréquent, et il est difficile de contrôler trois enfants à la fois à une seule personne.
- Sans compter le temps que cela prendrait de les enlever au cours de la même nuit, » poursuivit Morgan qui ne semblait pas non plus convaincu.
Aaron, lui, préféra se retenir de porter la moindre conclusion pour le moment. Garcia ne leur aurait pas fait remonter l’information, qui dans le contexte de leur affaire était effectivement inquiétante en soi même si incohérente, sans l’avoir creusée plus que cela.
« Il y a autre chose, ajouta-t-elle justement. Je me suis naturellement penchée sur leur famille et l’ensemble est assez louche. Les frères Campbell, si cela est réellement leur nom, ont été inscrits à l’école par leur père, un certain Frank Campbell âgé de 37 ans, il y a un peu moins de trois semaines, deux après la disparition de Nicholas Jenkins. »
Les quatre agents se tenant autour de la table échangèrent le même regard de suspicion.
« Des signes que cela serait une fausse identité ?, demanda Morgan.
- Pléthore, mon très cher. Ce Frank n’a à son nom qu’une carte de crédit neuve encore jamais utilisée et un permis de conduire émis à Las Vegas, Nevada il y a moins d’un an. Ce permis a déjà été contrôlé dans l’Illinois et l’État de Washington et c’était la première fois qu’il s’en servait pour inscrire ses enfants à l’école. Aucun véhicule rattaché à ce nom, malgré les voyages visiblement liés au personnage. La photo d’identité associée n’a pas été enregistrée dans la base de données et l’adresse n’est bien évidemment pas à jour.
- Quatre États en un an, mais pièce d’identité référencée seulement quatre fois dans l’intervalle ? Émise à Las Vegas ? Ça sent effectivement les faux papiers, confirma Reid.
- Et possiblement de multiples identités, suspecta Emily. La disparition locale la plus ancienne date de près de deux mois, il pourrait y avoir eu d’autres disparitions non élucidées ailleurs ou un casier judiciaire passé sous un autre nom.
- Il serait même possible que les frères aient été inscrits à l’école de Dustin et Nicholas sous un autre alias auparavant, ajouta Morgan. Un père de famille n’inspirerait pas la méfiance et il pourrait utiliser ses propres enfants pour leurrer leurs camarades de classe. Un changement d’établissement pour changement de terrain de chasse, mais au risque de se faire remarquer. »
Cela ne correspondait pas avec l’idée d’un suspect familier des lieux qu’ils s’étaient faite, mais pouvait faire sens également à sa manière.
« Les fils pourraient être des complices forcés, poursuivit Emily en poussant plus loin leur raisonnement, contraints par leur père. Cela expliquerait la suspicion de violence domestique. Peut-être que Dean a commencé à remettre leurs activités en question. Ils ont été retirés de leurs classes au même moment que l’enlèvement de Jeremiah parce qu’il aurait mis en danger leur couverture. »
L’équipe médita l’hypothèse un instant. Un criminel organisé dont les habitudes étaient bousculées avait tendance à réagir de façon imprévisible. Et cette perte de contrôle pouvait conduire à chercher à se débarrasser d’une victime plus tôt que prévu. Si tout cela était avéré, ça n’augurait rien de bon pour le devenir de Jeremiah, ni pour celui des frères Campbell si ceux-ci devenaient un obstacle pour leur père.
« As-tu leur adresse ?, demanda Aaron.
- Celle fournie par l’école lors de leur signalement, répondit Garcia. Il s’agit d’un appartement loué à la semaine dans un complexe situé dans la zone industrielle de la ville. Les services sociaux ont essayé de s’y rendre, mais personne n’a répondu. Je vous l’envoie.
- C’est à l’autre bout de la ville par rapport au quartier où ont eu lieu les enlèvements, releva Reid en se référant à la carte épinglée derrière lui.
- A l’autre bout du quartier où les patrouilles de police ont été renforcées, souligna quant à elle Emily, et un endroit grouillant d’entrepôts désaffectés depuis des années.
- Reste à savoir comment Campbell aurait eu accès aux maisons des victimes, conclut Aaron. Les parents ont tous déclaré ne pas avoir fait de nouvelle rencontre lors des derniers mois et il serait ressorti comme un étranger dans la communauté.
- Peut-être que son accès n’a été qu’indirect, proposa Morgan. S’il utilise ses fils comme appâts, il a pu les faire inviter chez ses victimes potentielles et leur faire effectuer le repérage à sa place. Les familles ne penseraient pas à porter leurs doutes sur un camarade de jeu.
- Ça vaut le coup d’aller se renseigner sur place en tout cas, trancha Reid, ne serait-ce que pour s’assurer de l’état des enfants. »
Aaron acquiesça à la suggestion de son plus jeune agent. La situation des Campbell posait bien assez de questions en soit, mais dans le contexte traversé par la ville ? Il était effectivement difficile de croire à une coïncidence.
« Merci Garcia, bon travail, déclara-t-il en reprenant les rênes. Prentiss, préviens JJ et Rossi que nous nous rendons là-bas et dis leur de passer à l’école après leur visite chez les Fawlers. Elle est dans leur secteur. »
Garcia leur souhaita bonne chance avant de raccrocher pour poursuivre ses précédentes recherches, ainsi qu’avec la consigne d’essayer de trouver les traces des occupations de « Frank Campbell » à ses dernières localisations connues.
Le tuyau était trop circonstanciel pour leur débloquer un mandat, mais si cet homme était le suspect qu’ils recherchaient, le retrait de l’école de ses enfants pouvait aussi signifier qu’il s’apprêtait à quitter la ville, ou l’avait déjà fait. Il n’y avait plus de temps à perdre.
Notes:
J’espère que vous avez apprécié cette mise en bouche, n'hésitez pas à me laisser un commentaire :)
Chapter 2: Awaken from a quiet sleep
Notes:
Erratum: A celleux qui ont lu le premier chapitre en début de semaine, j'y ai modifié mercredi un petit détail dans la première partie qui m'avait échappé pendant ma relecture et que j'ai repéré plus tard en relisant la suite de mon histoire. En effet, celle-ci se déroule bien comme précisé en fin de saison 4 d'Esprits Criminels (et non en début de saison 5) et il y avait donc une petite incohérence par rapport à la situation de Hotch et de son fils. Tout est corrigé à présent :) On est dans le bon fandom pour dire que le Diable est dans les détails, mais je veux vous offrir quelque chose de cohérent et de qualité ;) (j'aurais peut-être été la seule à le remarquer sur ce début d'histoire, mais ça vous aurait fait tiquer plus tard)
Sur ce, merci beaucoup pour les mises en favoris/bookmark et kudos et bonne lecture!
(See the end of the chapter for more notes.)
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Chapitre 2 : Awaken from a quiet sleep
« Les rues sont remarquablement propres pour un quartier laissé à l'abandon, » releva Emily.
Aaron était plus concentré sur la route que sur les bâtiments gris qui défilaient à travers les vitres, mais une rapide vérification confirma chez lui l'impression de son agent. En plus d'être propres, les rues étaient également vides. L'officier assis à côté de lui et qui avait offert de les accompagner se tourna vers Emily.
« Ça n'a pas toujours été le cas, expliqua-t-il. La scierie qui alimentait les industries de ce quartier a fermé il y a des dizaines d'années. Toute la ville en a souffert. Madison aurait pu s'éteindre là, mais elle a trouvé un second souffle il y a douze ans avec l'arrivée du nouveau maire, qui a lancé des programmes de réhabilitation pour la rendre à nouveau attractive. Ce quartier est le dernier à en avoir bénéficié, mais cela fait huit mois maintenant qu'il a été sécurisé et protégé contre les squats. Je crois que le projet à terme est de raser les entrepôts et de construire un parc et de nouveaux logements familiaux. »
Aaron pouvait bien imaginer comment le cadre forestier de la localité pouvait plaire à des citadins en quête de plus de tranquillité, à l'image des Jenkins, tout en restant à moins d'une heure de route d'une ville de bonne envergure. De ce qu'il en avait vu, l'accent avait plus été placé sur la qualité de vie que sur la réindustrialisation.
L'officier lui indiqua un dernier virage et leur destination leur apparut enfin. L'immeuble était tout aussi gris que le reste du quartier et devait dater d'une époque où il fallait loger efficacement les familles d'ouvriers. C'était l'un des rares bâtiments d'habitation surélevés de la ville, mais il se cachait efficacement derrière les entrepôts dont les accès semblaient en effet condamnés. Suivant la tendance municipale, le gérant avait entrepris des efforts de rénovation, mais il était facile de deviner que l'endroit offrait les loyers les moins chers de la ville.
Les appartements donnaient à chaque étage sur des galeries ouvertes aux vents auxquelles on accédait par un escalier extérieur commun. Aaron gara leur voiture au pied du bâtiment, à quelques pas des premières marches. Celle de Morgan et Reid trouva place à leurs côtés. A cette heure matinale, ils étaient les seuls occupants de l'espace servant de parking au complexe.
« Ça n'augure rien de bon, » souffla Emily, faisant écho à la crainte d'Aaron que les Campbell aient déjà mis les voiles.
Les agents et l'officier les accompagnant se regroupèrent aux pieds de l'escalier.
« D'après les informations de Garcia, l'appartement est au premier, déclara Reid en rajustant son gilet pare-balle. Toutes les ouvertures sont sur la même façade, pas de porte arrière ou de fenêtre latérale à surveiller en cas de tentative de fuite.
- Nous monterons ensemble, répondit Aaron. Il aura moins de chance de nous passer et nous pourront agir plus efficacement s'il y a besoin d'extraire des enfants. »
Mieux valait en effet prendre leurs précautions. Ils ne savaient pas à quoi s'attendre. La fausse identité de Frank Campbell était assez suspecte en soi, mais les soupçons de violence domestique laissaient penser que l'homme pourrait facilement avoir recours à la force. S'il était leur coupable et contraignait ses victimes à le suivre sous la menace, il pouvait aussi être armé. Aaron n'avait aucune intention de risquer la vie de son équipe en s'engageant dans cette situation comme si c'était un simple interrogatoire. Ils étaient donc tous équipés en conséquence.
Aaron et Morgan prirent l'avant-garde dans les escaliers et la galerie du premier étage, les autres restant légèrement en retrait pour surveiller à la fois leurs arrières et le voisinage. Les rideaux de l'appartement étaient tirés, obstruant tout aperçu de l'intérieur. Aaron fit signe à son partenaire qu'il était prêt et Morgan frappa à la porte.
« Frank Campbell ?, appela-t-il d'une voix ferme mais calme. Je suis l'agent Derek Morgan, du FBI. Nous avons quelques questions à vous poser. »
Ils ne reçurent aucune réponse. L'agent tenta une nouvelle fois sa chance, sans meilleur résultat.
« Ils sont vraiment absents ou font les morts, conclut-il.
- Comme lors des visites des travailleurs sociaux, » ajouta Aaron qui réfléchissait déjà à la façon d'adapter leur stratégie.
Ils n'avaient pas de mandat, ni de raison valable de forcer leur entrée, mais si leur cible avait quitté les lieux, il possédait peut-être une autre voie d'accès pour jeter un coup d'œil à l'intérieur.
« Prentiss, appela-t-il Emily. Contacte le gérant du complexe pour savoir si les Campbell ont donné congé ou s'ils ont payé le loyer cette semaine, et s'il peut alors nous ouvrir l'appartement. »
Son regard balaya le parking quasiment vide en contrebas et il ajouta :
« Si le taux d'occupation n'est pas très élevé, il devrait aussi être capable de nous donner des informations et une description de Frank. »
Emily acquiesça et fit signe à l'officier de la suivre au calme près des voitures pour qu'il l'assiste dans sa tâche. Ce dernier la suivit avec une nouvelle résolution. Il semblait beaucoup plus investi dans leurs activités qu'au début de la journée, satisfait d'accomplir enfin quelque chose pour faire progresser l'enquête. C'était déjà en soi un résultat positif à la situation et Aaron espérait qu'aucun d'entre eux ne finirait déçu.
De son côté, il s'apprêtait aussi à laisser la surveillance des alentours à ses deux autres agents pour essayer de joindre David ou JJ et savoir où ils en étaient rendus. S'ils en avaient terminé avec les Fawlers, ils étaient peut-être déjà en route pour l'école. Mais avant d'avoir pu se tourner vers Morgan pour donner ses nouvelles directives, Reid émit un bruit de surprise qui le mit aussitôt sur ses gardes.
« Hotch, lui souffla-t-il avec une certaine urgence dans la voix, la fenêtre. »
Aaron s'écarta de quelques pas pour avoir une meilleure visibilité sur la vitre toujours obstruée. Reid ne quittait plus cette dernière des yeux mais quoi qu'il ait aperçu, cela ne l'avait pas alerté suffisamment pour qu'il porte la main à son arme de service.
« Quelqu'un vient d'écarter le rideau, précisa son agent. C'était discret mais j'étais pile dans le bon angle pour le voir.
- Tu as pu identifier de qui il pourrait s'agir ?, demanda Morgan en gardant son poste et en continuant à murmurer.
- Non, mais à la hauteur je dirais un enfant, sauf si Frank s'est baissé.
- Il doit nécessairement avoir un véhicule, réfléchit Aaron. Il pourrait éviter le parking mais on n'a pas non plus passé de voitures garées dans la rue.
- A espérer qu'il soit pris par son travail et pas par autre chose, » ajouta Morgan.
Aaron évitait de porter des conclusions sans preuve, mais si Frank était bien leur suspect, il pouvait bien imaginer ce qui le garderait loin de chez lui. Plutôt que de diaboliser dans son esprit un homme potentiellement innocent, de ce type de crime du moins, l'agent préféra donc s'en tenir aux faits et garder l'esprit clair. Suivant son intuition, il prit son tour pour frapper à la porte.
« Dean Campbell ? Je suis l'agent Aaron Hotchner, du FBI. Nous menons l'enquête sur des disparitions récentes d'enfants en ville. Ton petit frère et toi n'avez plus donné signe de vie depuis trois jours. Est-ce que tu pourrais nous ouvrir la porte pour que nous puissions nous assurer que Samuel et toi allez bien ? Nous t'avons vu à la fenêtre. »
Le juron coloré qui leur parvint de l'intérieur et qui ne leur était heureusement pas directement destiné fit sourire Morgan. Son chef d'équipe trouvait cela moins amusant qu'un garçon de douze ans ait un langage si fleuri, mais l'essentiel était qu'il avait parié sur le bon cheval et que Dean capitulait en abandonnant tout faux-semblant de son absence.
« Allez vous-en !, leur répondit-il à travers la porte. Sam va… Nous allons bien. »
Morgan, sur qui Aaron avait toujours les yeux posés, perdit son sourire et fronça les sourcils. Il n'était pas le seul à avoir remarqué l'hésitation et le timbre de voix fêlé de l'enfant sur la fin. Reid se rapprocha davantage de la fenêtre pour tenter de trouver un nouvel espace entre les rideaux.
« Il y a quelque chose sur le bord des fenêtres, à l'intérieur, releva-t-il. On dirait du sel ou du sucre. »
Aaron rangea l'information dans un coin de sa tête pour plus tard. Il était à peu près certain que son collègue pourrait lui énumérer toutes les superstitions liées à ce genre de pratiques s'il les lui demandait. Lui-même en connaissait quelques-unes, ils n'en étaient pas à leurs premiers morceaux de verres pilés répandus sur les seuils de portes. Mais le moment était mal choisi. Quelque chose clochait et effrayait Dean, et ce n'était pas les agents postés à sa porte.
« Est-ce que tu as besoin d'aide ?, insista-t-il du même ton posé qui se voulait rassurant. Est-ce que votre père est à la maison ? »
Il crut un instant que l'enfant avait décidé de les ignorer à nouveau. Si c'était le cas, il n'y avait malheureusement pas grand-chose qu'ils pourraient y faire. Mais Dean semblait plutôt avoir utilisé ce court répit pour se reprendre.
« Nous allons bien, répéta-t-il ainsi d'une voix bien plus convaincue mais pas assez pour tromper un profileur. Vous n'avez pas besoin de faire venir le gérant. On paie le loyer, l'appartement est bien entretenu et on ne cause pas de problèmes. Il n'a pas le droit d'entrer chez nous sans autorisation. »
Le garçon leur avait donc prêté attention depuis leur arrivée, ce qui signifiait que leur présence avait des raisons de le rendre nerveux. Aaron et son équipe avaient déjà leurs hypothèses sur le sujet.
« Dean, es-tu effrayé parce que tu sais ce qui est arrivé à Jeremiah Fawlers ?, demanda-t-il en optant pour une approche plus franche. Est-ce que tu as peur que quelque chose de similaire arrive à Sam ?
- Qu'est-ce que… ? »
Aaron recula en entendant le verrou se mettre à tourner. Morgan l'imita en se plaçant deux pas derrière lui pour ne pas paraître trop envahissant. Le chef d'équipe s'efforça de paraître le plus calme possible, espérant transmettre l'attitude à son futur interlocuteur, et sortit son badge.
La porte s'ouvrit enfin, dans l'amplitude que lui permettait la chaîne de sécurité toujours en place, et Aaron eut enfin son premier aperçu de Dean Campbell. Celui-ci était grand et avait perdu toute rondeur de visage que ses pairs gardaient encore de l'enfance à son âge. Ses cheveux blonds cendrés étaient coupés courts et il était vêtu correctement. Ce qui sautait aux yeux était le reste de coquard encore jaune-vert qui s'estompait sous son œil gauche. Le garçon le portait cependant avec indifférence.
Il inspecta avec attention et méfiance le badge que lui tendit Aaron, ce qui le frappa d'autant plus par contraste avec la conduite qu'avait eu Mr Jenkins plus tôt. Il se tenait droit, alerte et ne semblait pas tellement impressionné de faire face à des adultes inconnus. Il était après tout celui à avoir crié à des agents du FBI de s'en aller. Aaron n'acheta cependant pas son attitude confiante, le gamin était nerveux. Il savait simplement bien le cacher.
Après lui avoir rendu son badge, Dean jeta un rapide coup d'œil à ceux que Morgan et Reid lui présentèrent également de plus loin, selon la procédure, avant de se reconcentrer sur celui qui s'était avancé en interlocuteur principal.
« Qui est Jeremiah Fawlers ?, » lui demanda-t-il avec aplomb.
Aaron dissimula parfaitement sa surprise. Le ton ne le surprenait pas tant, un élément de plus en faveur de la bravade que tentait de maintenir le garçon, mais il s'était malgré lui attendu à ce qu'il sache de qui il parlait.
« Un garçon de treize ans de votre école, l'informa-t-il donc. Sa disparition a été signalée le même jour que la vôtre. »
Ce fut bref, mais Aaron jura que Dean tiqua comme pour se retenir de lâcher un nouveau juron, avant de reprendre avec un air professionnel qui ne lui allait pas :
« Dans le même quartier que les autres ? »
Aaron put sentir Morgan et Reid échanger un regard derrière son dos. L'information n'était pas cachée du public, mais pas non plus mise en avant ou répandue par les autorités locales et les médias, de façon à éviter la panique ou un relâchement de vigilance dans le reste de la ville. Il était aussi intéressant de constater qu'il n'avait pas eu à préciser que Jeremiah avait disparu de chez lui, et pas de l'école ou d'ailleurs.
« Oui, confirma-t-il sans rien laisser paraître de ses observations, c'est la raison pour laquelle nous avons été appelés en renfort.
- Je suppose qu'il était temps, marmonna Dean plus pour lui-même qu'au bénéfice de ses interlocuteurs. Pourquoi si tôt ? »
Aaron ne saisit les trois derniers mots que parce qu'il avait porté toute son attention à étudier le garçon se tenant à moitié dissimulé devant lui. Ils suffirent à le convaincre définitivement que Dean savait quelque chose, même s'il n'était pas sûr qu'ils fassent référence à leur arrivée ou à l'enlèvement de Jeremiah. Le garçon glissa un coup d'œil quelque part sur sa gauche, mais se reprit bien vite. Sa fausse assurance laissait de plus en plus percer sa nervosité. Inconsciemment, Aaron se tendit. Y avait-il quelqu'un d'autre dans la pièce avec lui, faisant pression sur lui ? S'étaient-ils trompés sur l'absence de son père?
« Dean, souffla-t-il pour s'assurer que seul l'enfant puisse l'entendre, si tu es en dang… »
Un son de verre brisé retentit plus loin dans l'appartement. Aaron et toute son équipe furent immédiatement sur le qui-vive et il lui fallut quelques secondes pour se rappeler que toutes les fenêtres de l'appartement étaient dans leur champ de vision. La réaction de Dean avait été tout aussi instantanée, mais bien différente. Aaron repéra de justesse le flash d'anxiété et de peine qui traversa son visage avant qu'il se retourne pour vérifier ses arrières.
« Dean…, » appela avec difficulté une petite voix plaintive.
Celle-ci ne pouvait appartenir qu'à un enfant, un enfant faible et en état de souffrance. Son cœur s'était brisé quand Jack l'avait appelé ainsi à son retour un soir où il avait travaillé trop tard, ignorant que son fils avait la grippe. Haley n'avait même pas pris la peine de l'appeler pour le prévenir, sachant qu'il serait trop plongé dans son travail et ayant probablement déjà commencé à renoncer à lui.
« Est-ce qu'il s'agit de… ?
- Je reviens tout de suite. »
Aaron aurait tout aussi bien pu imaginer l'éclat de vulnérabilité précédent car le garçon qui venait de l'interrompre était à présent déterminé et ne montrait plus aucune hésitation, comme un soldat rappelé à l'ordre pour qui plus rien d'autre ne comptait que la mission. Il glissa un dernier regard inquisiteur à l'agent avant de s'éclipser en repoussant la porte. Aaron parvint à glisser la main dans son embrasure pour l'empêcher de se refermer complètement et la repoussa jusqu'à la butée de la chaîne de sécurité. Dean ne fit pas demi-tour pour y remédier. Il avait déjà disparu de son champ restreint de vision.
Reid et Morgan se rapprochèrent, ne craignant plus de submerger l'enfant de leurs présences supplémentaires, et le dernier en profita pour glisser prudemment un regard à l'intérieur.
« Personne d'autre en vue, déclara-t-il, il devait regarder le téléphone sur le comptoir quand il a appris pour Jeremiah. »
Ce fut le moment où Aaron réalisa que depuis que Dean leur avait ouvert, il s'était focalisé sur le disparu et avait gardé leur situation à son frère et lui sous silence, alors qu'ils venaient d'avoir un bon indice sur le fait que Sam avait pourtant un problème. L'enfant n'avait peut-être pas eu connaissance de l'enlèvement de Jeremiah, ce qui remettait en cause leur hypothèse de complicité, mais il avait prêté une attention particulière aux autres et ce n'était pas par peur. Le profil de son père s'éloignait peut-être de plus en plus de celui du suspect, mais Aaron avait l'intuition qu'il n'était pas pour autant tout à fait innocent dans l'affaire. Sa présence sous une fausse identité, le fait que son fils de douze ans en sache trop sur une enquête restée relativement contrôlée dans les médias, ce n'étaient pas des coïncidences. Même quand on cherchait à leur cacher des informations, les enfants parvenaient souvent à entendre ou voir plus qu'ils ne l'auraient dû. Aaron était convaincu que Dean avait ainsi été témoin de quelque chose d'important.
« Il y en a aussi sur le seuil, » déclara Reid.
Le chef d'équipe sortit de ses pensées pour reporter son attention sur son plus jeune agent. Celui-ci s'était accroupi pour saisir quelques-uns des grains blancs disposés au sol en une ligne épaisse.
« C'est bien du sel, dit-il en les faisant rouler entre ses doigts.
- Ça fait beaucoup de sel, remarqua Morgan.
- A toutes les voies d'accès, » confirma Reid sans élaborer davantage ce que cela lui évoquait.
Aaron lui-même saisissait mal comment traiter cette information. Ce n'était qu'un mystère de plus entourant les Campbell.
Notes:
N'hésitez pas à me laisser un commentaire pour me dire ce que vous avez pensé de l'histoire jusque là. Les reviews sont ma plus grande récompense pour la publication de ce texte et peuvent m'aider à progresser. A la semaine prochaine!
Chapter 3: Call out and take my hand
Notes:
Merci beaucoup pour les mises en favoris/bookmark et kudos et bonne lecture ! N’hésitez pas à me laisser aussi un commentaire ;)
Chapter Text
Chapitre 3 : Call out and take my hand
L’appartement des Campbell n’était pas si grand et Aaron et son équipe furent parfaitement capables d’entendre la voix de Dean quand celui-ci rejoignit celui qui devait probablement être son frère.
« Est-ce que tu as pu en manger un peu ?
- J’ai essayé, promis, répondit le plus jeune d’une voix faible et laborieuse, mais ça me donne la nausée.
- C’est pas grave, Sammy, reprit Dean avec plus de douceur. Quand tes médicaments commenceront à faire effet, tu verras que ta grippe passera en un clin d'œil.
- Je ne pense pas que…
- Il faut que je nettoie ça, interrompit-il un peu précipitamment.
- Je suis désolé, s’excusa péniblement son frère en retenant un gémissement de douleur, le bol m’a glissé des mains.
- C’est pas ta faute, Sammy, le rassura-t-il. Je vais chercher le sopalin.
- Attends, le retint Sam. Avec qui est-ce que tu parlais ? J’ai entendu frapper, mais ce n’était pas papa.
- C’était le proprio, je m’en occupe.
- Il a encore augmenté le loyer ?
- Non, et je suppose qu’il ne le fera plus maintenant. Ne t’en fais pas et essaie simplement de te reposer, d’accord ? »
Reid et Morgan avaient la mine sombre. Il était à présent clair pour eux, comme pour leur chef d’équipe, que les enfants avaient manqué les cours à cause de l’état du plus jeune, même si cela posait la question de savoir pourquoi Frank n’avait pas prévenu l’école et avait laissé Dean jouer les garde-malade à sa place. Mais la condition de Sam ne correspondait pas exactement à la définition « d’aller bien » que leur avait soutenue son frère, pas quand cela pouvait s’entendre à distance qu’il souffrait.
Dean réapparut dans leur champ de vision et n’eut pas l’air perturbé de les trouver encore là à l’attendre. Son expression était parfaitement neutre, mais c’était le standard d’Aaron alors il pouvait voir qu’elle était construite de toute pièce.
« Écoutez, leur dit-il, je ne connais pas le garçon qui a disparu. Ça ne fait que deux semaines que je fréquente cette école, je ne peux pas connaître tout le monde et je n’y ai rien vu de suspect. Et clairement, ni mon frère ni moi n’avons disparu, donc je ne vais pas vous faire perdre plus de temps. »
Si cela n’était pas une tentative de les congédier, Aaron aurait été incapable d’en reconnaître une. Dean savait quelque chose sur leur enquête mais voulait garder profil bas, tout comme il cherchait à minimiser l’état de son frère. Lui qui semblait tenir à sa vie privée, qui était assez méticuleux pour être parvenu à esquiver les travailleurs sociaux, qui ne leur avait répondu que mis au pied du mur et ne leur avait parlé qu’avec la chaîne de sécurité en place, ne renvoyait pas l’image de quelqu’un qui aurait négligé de refermer correctement la porte pour préserver son intimité. Il aurait pu se contenter de leur fournir un certificat médical pour prouver la grippe de Sam, mais il les avait laissés à dessein suivre son échange avec celui-ci. Probablement parce qu’il ne disposait pas de certificat ou qu’il savait qu’Aaron et son équipe ne s’en seraient pas contentés et auraient insisté pour s’assurer de la présence de son cadet. Ils ne lui avaient pas caché qu’ils s’étaient rendus chez eux suite au signalement fourni par leur école après tout. Peut-être avait-il cru que ce serait le moyen le plus rapide de leur donner satisfaction et de les faire repartir. Mais il ne savait pas sur qui il était tombé, ni les soupçons que les agents avaient déjà sur Frank.
« Est-ce que Sam a vu un médecin ?, demanda Aaron sans esquisser le moindre geste qui aurait pu annoncer qu’il acceptait d’en finir là.
- Il a juste la grippe, » répondit Dean en éludant la question.
Son ton se voulait toujours assuré, mais l’enfant ne put s’empêcher de glisser le regard sur le côté, vers la chambre de son frère, dans une nouvelle démonstration d’anxiété. Dean savait que la condition de Sam était plus sérieuse que cela, il était inquiet, mais ne le montrait ni à son frère, ni aux étrangers. Aaron connaissait parfaitement ce comportement. Il l’avait suffisamment exercé lui-même avec Sean et ses amis pour minimiser son propre état après une « discussion » avec son père.
Lui-même échangea un regard de biais avec Morgan, qui semblait tout aussi motivé que lui de lâcher l’affaire.
« Où est votre père ?, » tenta-t-il une nouvelle approche.
La question attira à nouveau la pleine attention de Dean, dont le langage corporel passa aussitôt sur la défensive.
« Dans les environs, répondit-il vaguement. Il sera de retour plus tard si vous voulez repasser. »
Toujours cette envie de les faire partir, de gagner du temps. Ce n’était pas en le confrontant qu’ils obtiendraient quoi que ce soit de lui, alors Aaron changea d’angle d’attaque.
« J’ai un petit frère, lui avoua-t-il. Je m’inquiétais en permanence pour lui quand nous grandissons, et encore aujourd’hui. C’était ma tâche de veiller sur lui et je sais que c’est un fardeau lourd à porter. »
Dean reconnut sa sincérité et son masque commença à vaciller, laissant apparaître pour la première fois une trace de ses doutes. Reid en profita pour passer lui-même à l’offensive.
« Depuis combien de temps Sam ne mange-t-il pas ?, demanda-t-il mais sans lui laisser le temps de répondre tout de suite. S’il n’avale rien, il va continuer à s’affaiblir et son état va empirer. Nous voulons juste nous assurer de ne pas laisser ton frère dans la détresse et nous ne sommes pas des travailleurs sociaux. »
Reid avait grandi en esquivant lui aussi les services sociaux, dissimulant à tous la détérioration de l’esprit de sa mère. Aaron n’avait eu lui-même connaissance de la situation que trois ans plus tôt et uniquement parce que son agent n’avait pas eu d’autre choix que de la leur avouer. Il avait traversé des moments particulièrement difficiles à cause de cela, mais une séparation forcée aurait été pire. Dean le fixa un instant et Reid soutint son regard avec aplomb, lui faisant petit à petit réaliser qu’il comprenait parfaitement sa situation, qu’il pouvait leur faire confiance.
L’enfant finit par pousser un soupir résigné et referma la porte le temps d’en ôter la chaîne de sécurité. Quand il fit à nouveau face aux trois agents, il se tenait à nouveau bien droit.
« Je resterai avec lui, » annonça-t-il sa condition qu’Aaron était plus qu’enclin d’accepter.
Au moins en partie satisfait, il finit par s’écarter pour les laisser passer, glissant un regard rapide vers la ligne de sel qui longeait de façon continue le seuil de la porte. L’agent et son équipe prirent soin de l’enjamber sans la rompre. Ça ne leur coûtait rien et si l’enfant était superstitieux, ça le rassurerait. Et effectivement, Dean sembla un peu plus détendu une fois qu’il furent tous à l’intérieur.
Le manque de personnalisation de l’appartement fut ce qui frappa en premier l’agent. Les murs étaient nus, il n’y avait ni décoration ni cadre et pas un carton en vue qui pourrait en contenir. On aurait pu croire que l’endroit n’était pas habité du tout si ce n’était pour les journaux soigneusement empilés sur l’unique table ou la brique de soupe ouverte posée à côté du micro-onde de la petite cuisine ouverte.
Dean y fit un détour pour attraper un rouleau de papier absorbant avant de les guider jusqu’à la première des trois portes menant au reste de l’appartement, la seule à être restée entrouverte. Il s’arrêta en hésitant devant. Il s’apprêtait après tout à laisser approcher de parfaits étrangers de celui dont il se sentait responsable au point de lui faire lui-même à manger à douze ans.
« Le Docteur Reid t’accompagnera seul, nous allons rester attendre ici, » proposa Aaron pour éviter de se montrer trop envahissant.
Dean adressa un regard surpris au cadet de leur équipe, qui était le seul à avoir manqué de se présenter jusqu’à maintenant et certainement pas sous un titre autre qu’agent.
« D’accord, mais ne touchez à rien. »
Il poussa enfin la porte et Aaron avisa rapidement les deux lits jumeaux séparés par une table de nuit couverte de boîtes de médicaments. L’un d’eux était occupé par une forme recroquevillée qui s’efforçait visiblement de retenir ses gémissements. Les morceaux d’un bol brisé étaient répandus sur le sol au milieu d’éclaboussures de soupe. Reid referma à moitié seulement la porte après avoir suivi son guide dans la chambre, suffisamment pour leur offrir un peu de discrétion, mais pas assez pour empêcher ses coéquipiers de suivre ce qui se passait à l’intérieur. Morgan commença à faire le tour du reste de l’appartement, ne se risquant pas à ouvrir les autres portes au cas où elles grinceraient. Aaron resta près de l’entrée de la chambre, autant pour surveiller ce qui se passait à l’intérieur que pour faire le guet. Même si son agent prenait soin à effectivement ne rien toucher, Dean n’apprécierait pas de le voir fouiner.
« Sammy, appela celui-ci pour attirer l’attention de son frère. J’ai emmené quelqu’un pour t’examiner.
- Tu as appelé un médecin ?, lui demanda-il sur le ton de la surprise. Papa ne va pas…
- Ça va aller, le coupa Dean. Il voudrait aussi que tu ailles mieux. Je te présente le docteur…
- Je m’appelle Spencer Reid. Je suis docteur, mais pas en médecine, j’ai trois doctorats, mais je connais un ou deux trucs. Je lis beaucoup. »
Un court silence suivit cette déclaration avant que Sam réponde de sa petite voix :
« Au moins, tu as réussi à trouver un docteur cool. »
Morgan échangea un sourire avec Aaron, bien que celui de ce dernier le soit surtout en pensée, peu enclin à afficher autre chose que son sérieux habituel alors qu’un enfant était en train de souffrir. Mais il était vrai que ce n’était pas tous les jours que Reid était celui de leur équipe à être qualifié de “cool” par la jeune génération.
« D’accord, Sam… Je peux t’appeler Sam ? Bien, dis-moi si tu as mal quand j’appuie. »
Un vif couinement de douleur répondit aussitôt, accompagné du bruit des morceaux de vaisselle retombant au sol.
« Qu’est-ce que vous lui faites ?, s’emporta aussitôt Dean.
- Ça va, Dean, chercha à l’apaiser le plus jeune en haletant pour se reprendre. Il m’avait prévenu.
- Tu vas bien ?
- Oui, je te dis, répondit-il d’un ton exaspéré dont l’effet fut ruiné par le nouveau gémissement qui suivit.
- Non, trancha Reid d’un ton définitif. Dean, Sam doit aller à l’hôpital.
- Pas d’hôpital, » répondirent en chœur les frères comme une règle qu’ils récitaient.
Morgan s’arrêta dans son tour et se rapprocha d’Aaron, partageant son inquiétude grandissante. Celui-ci était à deux doigts de lui demander d’appeler aussitôt une ambulance, mais il laisserait pour l’instant la décision entre les mains de Reid qui était celui à savoir ce qui se passait. Il ne voulait pas non plus perturber Sam en s'immisçant dans la discussion sans être annoncé.
« Depuis combien de temps est-ce qu’il est dans cet état ?, demanda son agent sans se laisser impressionner par les protestations des enfants.
- Si mal, seulement depuis cette nuit, répondit Dean, mais il a mal au ventre et ne mange presque pas depuis quatre jours. Il avait déjà de la fièvre hier. Mais je lui ai donné des antibiotiques et des anti-inflammatoires.
- Je peux te parler en privé ?
- Dean ?, s’inquiéta aussitôt le plus jeune.
- C’est bon, Sammy, ça va aller, je reviens tout de suite. »
Reid et Dean sortirent de la chambre et l’agent referma complètement la porte cette fois-ci, et s’en éloigna jusqu’à l’autre bout de l’appartement. « En privé », signifiait apparemment avec le reste de son équipe car il leur fit signe aussi d’approcher, probablement aussi pour qu’ils ne se tiennent pas entre Dean et la chambre de son frère.
« Je suis à peu près certain qu’il s’agit d’une crise d’appendicite aiguë, déclara Reid à voix basse sans préambule. Les médicaments que tu lui as donnés ont permis de retarder l’évolution des symptômes, mais il est déjà en péritonite, peut-être même en début de septicémie. »
Le visage de l’enfant perdit plusieurs nuances de couleurs.
« La situation est très grave, Dean. Je ne te laisse pas le choix. Si Sam ne reçoit pas très vite un traitement adapté, et à ce stade cela passera par une chirurgie, il a près de 10% de risque de ne pas s’en sortir. Si cela évolue en septicémie, ça passera à 30%.
- J’en ai assez entendu, déclara de but en blanc Aaron. Morgan, appelle une ambulance. »
L’agent acquiesça, il avait déjà son téléphone en main, et quitta l’appartement pour passer tranquillement le coup de fil. Dean semblait toujours sous le choc.
« Non, se murmura-t-il à lui-même. Je ne peux pas échouer, pas une nouvelle fois.
- Dean, l’interpella Aaron d’un ton autoritaire qui parvint à le sortir de sa torpeur, tu as fait ce que tu as pu, mais ce n’est pas fini. Sam aura peur et tu devras être là pour lui. Vous ne serez séparés qu’aux moments nécessaires, tu seras à ses côtés dès qu’il quittera le bloc opératoire. Je comprends que les médecins te poseront des questions auxquelles tu ne voudras pas répondre, et tu n’auras pas à le faire. Tu n’auras même pas à leur donner ton nom de famille. Le Docteur Reid restera avec vous, vous serez sous la protection du FBI, personne d’autre ne vous posera de question n’ayant pas rapport à votre santé. »
Dean avait visiblement du mal à intégrer toutes ces informations.
« Je ne comprends pas, dit-il. Pourquoi vous faites tout ça ? Je ne peux pas vous aider. »
Aaron s’accroupit pour se mettre plus au niveau de son interlocuteur, adaptant son timbre de voix à la nouvelle distance les séparant.
« Il s’agit de Sam à présent. Il n’a pas besoin d’avoir disparu pour qu’on doive s'inquiéter pour lui, il est aussi en danger. Maintenant, c’est à toi de voir si tu préfères l’accompagner ou rester ici et attendre le retour de votre père, mais je ne pense pas que la question se pose vraiment, non ?
- Bien sûr que je reste avec Sam, répondit Dean sans hésitation.
- C’est ce que je me disais. Tu es son grand frère après tout. »
Et la famille est tout ce qui compte. Aaron l’avait longtemps pensé avant que sa loyauté ne se diversifie avec l’âge et les rencontres. Il avait aussi le sentiment que Frank n’avait pas fréquenté les parages depuis un moment, au moins depuis la disparition de Jeremiah, et que rester l’attendre serait improductif. A la façon dont Dean leur avait rapporté l’évolution des symptômes de son frère et le traitement mis en place, il était clair qu’il était celui à avoir supervisé toute la situation. Son regard glissa à nouveau sur le reste de coquard sous l'œil gauche de l’enfant. Certains types de vie étaient malheureusement capables de forcer un garçon de douze ans à apprendre l’automédication, pour peu qu’il ait accès au nécessaire, ce qui impliquait des stocks et ne présageait rien de bon.
Ce rappel à son rôle d’aîné et de protecteur fit réagir Dean, mais pas comme s’y était attendu l’agent. Au lieu de retrouver un semblant d’assurance, le garçon jeta un nouveau regard vers le comptoir de la kitchenette, où était posé le téléphone, avec un air perdu. Puis brusquement, il s’en détourna et lâcha une profonde expiration. Aaron y lut une part de résignation, mais aussi de soulagement. Cet abandon brutal eut aussi l’effet de faire se crisper légèrement Dean, comme si le relâchement de ses tensions musculaires réveillait d’anciennes douleurs. L’enfant ne s’y attarda pas cependant. Il se tourna à présent vers la porte de leur chambre et sourit.
« Merci, Monsieur, salua-t-il avec une solennité qui n’allait pas avec son âge.
- Tu pourras laisser un message à ton père pour son retour, lui suggéra l’agent avant de le rassurer une dernière fois. Tu fais ce qu’il faut.
- Oui, Sam va aller mieux. Le reste n’a pas d’importance. »
Malgré cette certitude, la voix du garçon se brisa. Lui-même en parut étonné et il chassa avec embarras des larmes qui se formaient malgré lui aux coins de ses yeux et qu’il chercha aussitôt à dissimuler. Relâcher la pression après un choc pouvait avoir ce genre d’effet. Malheureusement, dans certains environnements, pleurer pouvait être vu comme une faiblesse, et cela se ressentait d‘autant plus quand on cherchait à assumer un rôle de protecteur. Aaron se releva et se recula, faisant à Reid le signe de le suivre pour laisser un peu d’espace à Dean et une chance de se ressaisir à son rythme. Il était heureux d’avoir promis à celui-ci qu’il ne le séparerait pas de son frère et ferait tout son possible pour tenir son engagement. Il n’y avait pas de moyen plus sûr de détruire la psychologie d’un enfant aîné que de l’éloigner du protégé dont il avait pris soin pendant longtemps.
« Reid, garde un œil sur Dean quand vous serez à l’hôpital. Il sait quelque chose.
- C’est aussi mon impression, lui répondit-il en gardant sa voix basse pour assurer la discrétion de leur échange. Il nous a ouvert seulement après que nous ayons mentionné Jeremiah et est trop bien renseigné sur le sujet pour quelqu’un qui prétend être à peine arrivé en ville.
- Je le considère comme un témoin potentiel, peut-être son frère également mais il n’est pas en état d’être interrogé et je doute que Dean le laisse faire une fois qu’il le sera. Notre meilleure chance est probablement de parler seul à seul avec lui. La santé des frères Campbell est importante, tout autant que la vie de Jeremiah et des autres disparus, mais le temps presse, surtout si Frank est impliqué. Il ne va pas prendre la disparition de ses fils à la légère quand il s’en apercevra, il cherchera à les récupérer et cela pourrait avoir des conséquences pour les autres enfants. Dean a aussi besoin d’un examen médical, veille à ce que celui-ci se déroule bien. Nous aurons besoin de gagner sa confiance pour le faire parler des activités de son père.
- Il est plutôt gardé, observa Reid en confirmant les impressions de son chef d’équipe, mais je pense pouvoir établir une connexion avec lui.
- Bien. Je vais prévenir JJ qu’on les a trouvés, et voir avec Garcia si on peut retracer les appels récents de cet appartement. Ne le laisse pas passer de coup de fil. »
Aaron laissa son agent surveiller la situation à l’intérieur et sortit rejoindre Morgan, Emily et l’officier les accompagnant pour passer ses propres appels. Il espérait qu’ils n’étaient pas sur une fausse piste, parce que c’était la seule dont ils disposaient.
Chapter 4: I'll show thee the way
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Chapitre 4 : I’ll show thee the way
La sirène de l’ambulance des pompiers avertit Aaron avant l’arrivée du véhicule sur le parking du complexe. De la galerie du premier étage, il l‘observa se garer à côté de leurs voitures. Il avait laissé Morgan raconter à Emily et l’officier les accompagnant ce qui s’était passé après leur départ. Le gérant se faisait attendre lui aussi. David avait envoyé un simple accusé de réception à son message. JJ et lui devaient déjà avoir commencé à interroger les responsables de l’école de Jeremiah et des frères Campbell.
L’agent se détourna de la vue et frappa à la porte de l’appartement par simple politesse avant de la pousser. Reid était seul dans la pièce principale et la chambre des enfants était fermée. Cela n’étonna pas Aaron que Dean ait préféré s’isoler le temps de se remettre de ses émotions.
« L’ambulance est arrivée, prévint-il son collègue. Est-ce qu’ils ont eu le temps de préparer un sac ?
- Dean m’a dit qu’il pouvait s’en charger, et j’ai tendance à le croire. Je pense qu’il est celui à avoir gardé l’appartement en ordre. »
Celui-ci était bien tenu. Mis à part la brique de soupe récemment abandonnée sur le comptoir de la cuisine, cette dernière était impeccable. Si son intuition que Frank était absent depuis plusieurs jours était correcte, et avec Sam malade, Dean ne pouvait qu’être celui à avoir gardé en l’état un logement habité par deux enfants. Aaron n’avait pas vu le moindre jouet traîner aux alentours.
Reid glissa un coup d'œil vers la porte de la chambre, puis fit signe à Aaron de le suivre à l’extérieur.
« On a vraiment besoin d’un mandat pour fouiller l’appartement, lui souffla-t-il. J’ai prétendu vouloir utiliser les toilettes pour pouvoir me glisser dans la chambre de Frank Campbell. Ses murs sont couverts de morceaux d’articles de journaux et de notes. Je n’ai pas eu le temps de vérifier en détail ce que relatait l’ensemble, c’était assez désorganisé, mais j’ai reconnu les photos de Dustin Hyde et de Nicholas Jenkins, parmi d’autres portraits d’enfants. Il y avait aussi une carte du quartier où ont eu lieu les disparitions, les deux premières maisons ciblées y étaient entourées. »
Aaron avait espéré pouvoir faire avancer leur enquête en se rendant chez les Campbell, mais il ne s’était pas attendu à trouver des preuves aussi flagrantes de l’intérêt de Frank dans leur affaire. Il comprenait mieux comment Dean pouvait en savoir autant. Il lui aurait suffi de jeter un coup d'œil dans la chambre de son père en son absence, au risque de défier celui-ci s’il s’en apercevait.
« On ne peut pas utiliser légalement ta découverte avant d’avoir obtenu un mandat, rappela-t-il sans se frustrer pour autant, et nous n’avons pas assez d’éléments concrets pour qu’un juge nous en délivre un. Des articles ne sont pas des preuves directement incriminantes et pourraient, comme nos suspicions, passer pour de simples coïncidences. Mais si ce qui se trouve dans cette chambre peut nous permettre de localiser les enfants disparus, nous ne pouvons pas l’ignorer. Je demanderai à Morgan de les relever pendant l’évacuation des Campbell. »
L’agent en question arrivait justement à leur rencontre avec les brancardiers. En même temps, une voiture de sport rouge s’engagea sur le parking qui commençait progressivement à bien se remplir. Son conducteur se fit saluer de loin par l’officier.
« Reste avec les Campbell, » ordonna Aaron à Reid avant de venir à la rencontre de l’autre agent.
Il glissa à ce dernier de préparer son appareil photo et de trouver un prétexte pour rester seul dans l’appartement avant que celui-ci ne soit refermé. Morgan acquiesça sans émettre le moindre commentaire, n’ayant pas besoin qu’on lui explique qu’il devait faire cela discrètement et ne s’attarder que le temps strictement nécessaire, et Aaron poursuivit son chemin jusqu’aux escaliers. Il rejoignit Emily et l’officier au moment où le gérant du complexe sortait de sa voiture en s’allumant une cigarette. C’était un homme assez costaud qui portait une montre de luxe. La reprise du complexe devait avoir été plus lucrative qu’Aaron ne l’aurait cru. Ils vinrent ensemble à sa rencontre tandis qu’il posait un regard curieux mais globalement indifférent à l’ambulance.
« Mr Anderson ?, l’interpella-t-il. Nous sommes les agents Aaron Hotchner et Emily Prentiss, du FBI. Merci d’être venu, nous avons des questions à propos de Frank Campbell. »
Le gérant les salua en retour en levant sa cigarette et en ajoutant un signe de tête vers l’officier qu’il semblait déjà connaître.
« Le FBI, hein ? Je ne suis qu’à moitié surpris, répondit-il en s’appuyant contre sa voiture avant de souffler une bouffée de fumée. Il semblait plus décent que les rares junkies qui traînent encore dans le coin : vêtements propres, plutôt soigné, jolie voiture, paiements cash. Mais il y avait un air chez lui, vous savez, comme s’il était son propre genre de paria. Il me loue un appart depuis trois semaines, a toujours été ponctuel pour le loyer, pas de plainte des voisins, mais j’ai entendu dire qu’il avait tabassé son gosse. C’est pour ça l’ambulance ? Les services sociaux m’ont appelé, mais je ne peux pas envahir l’intimité de mes locataires comme ça, surtout s’ils paient comme il faut.
- Est-ce qu’il a payé plus pour votre discrétion ?, demanda Aaron.
- On a un arrangement, on peut dire ça, avoua-t-il sans en sembler inquiet. Mais je ne pensais pas qu’il allait se retrouver mêlé au FBI. »
En ancien substitut de procureur, Aaron trouverait sûrement à redire sur la légalité d’accepter de l’argent pour tenir sous silence de potentielles violences domestiques, mais antagoniser leur témoin n’était pas la meilleure chose à faire en début d’interrogatoire.
« Est-ce que vous l’avez vu récemment ?, poursuivit Emily sans ajouter non plus de commentaire.
- Non. Il me laisse le loyer dans une enveloppe dans la boîte aux lettres. Mais je passe souvent dans le coin, vous savez, pour vérifier que tout se passe bien ou quand un locataire veut que je vérifie un truc dans son appart. Je pense que ça doit bien faire plus d’une semaine que sa voiture n’est plus là. Le dernier paiement a quand même été effectué comme d’habitude, alors je me suis dit qu’il avait des choses à faire ailleurs et avait besoin d‘un pied à terre, ou qu’il était juste au travail, un truc du genre.
- Et vous avez un moyen de le joindre ?
- Je loue à la semaine. Si je ne suis pas payé, je viens en personne vider l’appartement. Mes locataires connaissent les règles. Je n’ai pas besoin d’un numéro. Mais j’ai enregistré son permis de conduire si jamais il y avait une dégradation des lieux. »
Leur attention fut détournée par le retour des ambulanciers. Sam était allongé sur leur brancard, plus pâle que jamais à la lumière extérieure, et Dean et Reid les suivaient à la trace. Celui-ci portait un sac en toile du type utilisé par l’armé, permettant ainsi au plus jeune de se glisser auprès de son frère pour le rassurer dès qu’il en avait l’espace suffisant. Il n’y avait pas trace de Morgan, mais de là où ils étaient, ils pouvaient voir que la porte de l’appartement était restée ouverte.
« Bah ça, alors !, s’exclama le gérant. Je ne savais pas qu’il y avait deux gosses à l’intérieur. Le deuxième a l’air encore plus amoché que le premier. Ce Campbell, il n’avait pas vraiment l’air d’un enfant de cœur quand je l’ai rencontré. Vous savez : costaud, aussi expressif qu’une porte de prison et maintenant que j’y repense, il avait quelques phalanges abîmées. Ouais, pas le genre à qui chercher des ennuis… »
Il laissa sa phrase en suspens, la mine soudain soucieuse, et détourna promptement son regard des deux jeunes frères. Aaron nota ses impressions de Frank dans un coin de sa tête. C’était le genre de détails qui permettaient d‘affiner un profil. Le père de Sam n’était responsable de son état que par négligence, mais Dean était une autre histoire. Cependant, si Mr Anderson avait raison et que cela faisait une semaine que Frank était parti, le timing des blessures de Dean rapportées par l’école dans son signalement ne collait pas vraiment.
« Vous êtes capable de reconnaître sa voiture ?, demanda Aaron pour recentrer l’interrogatoire et vérifier la crédibilité de son témoin.
- Oh que oui, c’est une bien jolie chose. Une Chevrolet Impala noire, d’une quarantaine d’années je dirais, mais aussi rutilante et entretenue que si elle était neuve. Je préfère une lady qui en a un peu plus sous le capot, ajouta-t-il en tapotant celui de son propre véhicule, mais c’est une beauté classique qui sait tout de même se laisser apprécier.
- Vous pourriez nous fournir son numéro d’immatriculation ?, tenta Emily.
- Nan, je n’ai pas fait attention. Mais j’ai la vidéo de surveillance de mon bureau que vous m’avez demandée, celle du jour où il est venu signer les papiers de la location. Je vous l’ai mise sur clé USB. »
Il se retourna, jetant au passage son mégot de cigarette par terre, pour aller chercher l’objet mentionné à l’intérieur de sa voiture. Aaron profita de l’interruption pour vérifier où en était le reste de son équipe. Reid distrayait Dean pendant que les brancardiers finissaient de charger Sam, à présent branché à une perfusion, dans l’ambulance et Morgan était en train de refermer la porte de l’appartement. Le chef d’équipe annonça à Emily qu’il lui laissait le soin de finir l’interrogatoire, à savoir prendre la description précise de Frank Campbell, et d’informer le gérant de ne pas toucher à l’appartement tant que leur enquête n’était pas terminée avant de s’éloigner en direction du plus jeune agent.
« …chimie, mathématiques et ingénierie, énumérait Reid quand il le rejoignit.
- Ils n’embauchent vraiment pas n’importe qui au FBI, répondit Dean d’un air impressionné. Tu as entendu ça, Sammy ? »
Le brancard de ce dernier avait fini d’être fixé pour le transport et un masque à oxygène avait trouvé sa place sur son visage. Dean perdit aussitôt son enthousiasme.
« Dean, voici ta clé, l’interpella Morgan en arrivant à leur niveau avant de tendre l’objet à son propriétaire. J’ai fait ce que j’ai pu mais au moins la moquette ne devrait pas moisir en votre absence.
- Merci, lui répondit l’enfant sans lâcher son cadet du regard ni les deux ambulanciers s’activant encore autour de lui. Je l’aurais nettoyée moi-même mais j’ai préféré écrire le message pour mon père.
- On pourrait le prévenir nous-même, tu sais ?, lui dit Reid.
- Il est occupé en ce moment, » éluda-t-il la requête indirecte et sûrement déjà posée plus tôt d’obtenir son numéro de téléphone.
Aaron se demanda une nouvelle fois si Dean était au courant de la nature exacte des occupations de son père. Il semblait en tout cas rodé à l’exercice de retenir leurs informations personnelles. Il n’avait pas non plus brisé une seule fois leur identité de couverture, ce qui soulevait son propre lot de questions. Couvrait-il son père ? Était-ce une façon de protéger son petit frère ? Avait-il l’habitude de vivre ainsi au point de ne plus le remettre en question ?
« Je vous ai dit que c’était un arrangement mutuel ! »
Aaron se tourna en direction de l’éclat de voix. L’officier du shérif avait placé une main sur la poitrine du gérant pour le retenir. Emily ne se laissait pas impressionner et celui-ci finit donc par se calmer, mais ne semblait toujours pas ravi. L’officier l’entraîna un peu plus loin pour continuer à désamorcer la tension.
« … bien cherché, » entendit-il à peine Dean murmurer avec approbation.
Emily les rejoignit avec un air assez satisfait d’elle-même.
« J’ai tout ce dont nous avons besoin, » déclara-t-elle.
Aaron lui adressa un regard lourd de sens en réponse, mais elle le soutint sans regret. Elle estimait son action justifiée et avait attendu la fin de l’interrogatoire pour faire probablement le même reproche qu’Aaron s’était lui-même abstenu d’émettre.
La réaction du gérant lui semblait cependant exagérée et Aaron réalisa alors que si Mr Anderson pensait Frank Campbell absent depuis plus d’une semaine mais confirmait le paiement du dernier loyer, au même titre que le timing entre l’apparition du coquard de Dean et le départ supposé de son père posait question, « l’arrangement » vis à vis des services sociaux aurait été antérieur aux deux évènements et était encore plus incohérent. Morgan avait raconté à Emily ce qui s’était dit dans l’appartement et Sam avait bien mentionné une « augmentation de loyer ». Le regard de respect de Dean était aussi un indice. Aaron était prêt à parier que « l’arrangement » avait plutôt été une forme de chantage du gérant quand il avait découvert que Campbell avait laissé seul son fils de douze ans et que celui-ci cherchait à esquiver les services sociaux.
Il laissa donc passer la bavure et son agent s’en tirer sans remarque supplémentaire. Il comprenait sa frustration face à ce genre d’individu malhonnête prêt à tirer avantage d’un enfant en détresse et il avait sûrement pris aussi pour son agacement envers le retard d’action des officiers locaux, qu’elle avait eu le professionnalisme d’internaliser jusqu’à présent.
Les ambulanciers annoncèrent alors qu’ils étaient prêts à se mettre en route pour l’hôpital et que Reid et Dean pouvaient monter à bord. Celui-ci ne se le fit pas répéter et retourna aussitôt aux côtés de son frère. Aaron eut juste le temps de le voir attraper la main de Sam avant que les portes ne se referment derrière eux. Aaron récupéra l’adresse de l’hôpital où ils se rendaient, dans la ville voisine de Columbus, et profita d’être enfin seul avec le reste de son équipe.
« Tu as les photos de la chambre de Frank Campbell ?, » demanda-t-il aussitôt.
Morgan sortit le petit appareil numérique de sa poche et fit défiler les clichés qu’il avait pris de l’appartement. Les murs de la chambre étaient tels que Reid les lui avait décrits. Emily, qui n’avait eu aucune préparation sur le sujet, écarquilla les yeux en reconnaissant les portraits des disparus.
« On ne pourra pas les utiliser, leur rappela-t-elle.
- Pas tant que nous n’aurons pas de mandat, lui confirma Aaron, mais nous savons que nous sommes sur une piste.
- Pénélope mérite un bon resto pour ce coup là, ajouta Morgan. Mais ce n’est pas tout ce que j’ai trouvé. »
L’agent passa rapidement les prises de vue de la chambre de Frank et l’image suivante fut celle d’un pistolet qu’Aaron reconnut comme un Colt M1911. Le canon était gravé et la crosse en ivoire. C’était plus qu’une arme utilitaire mais elle semblait en état de marche.
« Je l’ai trouvé sous l’oreiller de Dean pendant que je nettoyais la soupe renversée. Il n’était pas aussi au carré que le reste du lit.
- Tu penses qu’il l’avait sur lui et l’a glissé en dessous à un moment où il était seul dans la chambre avec son frère ? »
Morgan acquiesça. Dean n’avait pas montré le moindre signe qu’il en était équipé, ce qui traduisait une habitude à porter l’arme de la même façon qu’Aaron corrigeait naturellement sa démarche pour ne pas trahir la présence de celle qu’il avait de fixée à la cheville. Le Colt semblait en parfaite condition et la sécurité enclenchée. Ce modèle était plus lourd que ses propres Glock, et avait aussi plus de recul au moment de tirer, mais avait été l’arme de poing standard de l’armée américaine pendant longtemps.
« Je ne serais pas étonné que Frank Campbell ait fait l’armée, déclara Aaron, ni qu’il en ait appliqué la discipline avec ses fils.
- Il aurait donné une arme à son fils de douze ans ?, douta Emily.
- Dean est la personne responsable en son absence, justifia-t-il. Il doit avoir les moyens qui vont avec la fonction. Il maintient l’appartement en état, il a des notions d’automédication, il cuisine pour son frère, tient les travailleurs sociaux à distance, maintient leur couverture… Il est clairement discipliné. Il n’y a qu’un pas à avoir poussé cela jusqu’à l’entraînement au tir. »
Sans compter la façon dont il l’avait remercié après avoir obtenu la garantie de ne pas être séparé de son frère. Il ne l’avait pas appelé Monsieur comme un enfant qualifierait ainsi par politesse un adulte ou un de ses professeurs, mais avec le respect d’un subordonné s’adressant à un supérieur. Si Aaron n’avait pas déjà écarté l’hypothèse d’une pleine complicité de Dean avec son père, il aurait pu dire que l’enfant avait pourtant tout ce qu’il fallait pour tenir le rôle, dont la confiance de Frank.
Le son d’une notification s’échappa de son téléphone, attirant son attention juste au moment où l’officier du shérif revenait vers eux avec le gérant du complexe. Celui-ci s’était complètement calmé mais ne leur adressa pas le plus aimable des regards. Aaron parcourut rapidement le message envoyé par David pour lui signaler la fin de leur propre interrogatoire tandis que Mr Anderson s’excusait à moitié à contrecœur de son emportement.
« Merci Phil, conclut l’officier. Maintenant tu peux partir et évite les ennuis à l’avenir, d’accord ? »
Le gérant marmonna quelque chose et remonta dans sa voiture, s’en allant sans demander son reste. Aaron le laissa faire. Pour le moment, ils devaient choisir leurs batailles. Emily remercia l’officier et s’excusa de l’avoir mis dans cette situation.
« Non, vous avez eu raison, répondit-il. Quel est l’intérêt de nettoyer les rues si la saleté reste à l’intérieur. Mais il sait qu’on l’aura à l'œil maintenant. Au moins les choses avancent. Alors ce Campbell, ce serait notre homme ?
- On ne peut pas l’affirmer, répondit Aaron avec diplomatie et soucieux de ne pas trop briser les espérances de leur partenaire. Mais il a des informations, des tendances possibles à la violence et mérite totalement d’être interrogé. Notre équipe doit se réunir à la station, mais pourriez-vous rester monter la garde ? Nous vous enverrons un partenaire. En attendant, si Campbell rentre chez lui, n’essayez pas de l'interpeller vous-même. Il a un entraînement militaire et est considéré comme armé.
- Vous avez pu deviner ça rien qu’en parlant à ses fils ?, s’étonna l’officier.
- Nous l’avons profilé, précisa Morgan. Ce n’est pas une science exacte, mais pas non plus du hasard. Nous avons de très bons résultats. C’est pour ça que vous nous avez appelés. »
Il y avait toujours des suspects qui passaient entre les mailles du filet ou déjouaient le profil : Hankel, Foyet… D’autres dont il n’avait pas été possible d’établir de profil stable ou suffisant pour faire une arrestation. Mais Morgan avait raison, ils étaient la plupart du temps bons à leur boulot.
« Donc si vous voyez Campbell, vous nous prévenez et vous restez caché, » conclut-il.
L’officier acquiesça, une lueur renouvelée de respect dans le regard et partit à la recherche d’un point de surveillance discret.
Samanta69 on Chapter 1 Mon 22 Sep 2025 03:12AM UTC
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Lalary001 on Chapter 2 Sun 28 Sep 2025 10:02PM UTC
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