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Chapter 19: Le héros et le sauveur

Chapter Text

Deux heures passèrent. Le hacker aux cheveux d’ivoireavait reprit connaissance au moment où Ryo contactait un médecin pour un examen plus approfondi de son corps. Un drone médical s'était dépêché sur place, sous les yeux ahuris, mais curieux de Joshua.

La machine scanna Kei, qui restait allongé sur le lit durant toute l'opération. L'analyse ne révéla rien de grave côté blessures ou fractures, au grand soulagement de tous. Mais l’alité avait besoin d'au moins deux semaines de repos pour totalement s'en remettre. Le médecin, pilotant l'appareil à distance, assura qu'il se chargerait de transmettre cette information à Data Knights, pour que l’informaticien soit arrêté de travail durant sa convalescence. Il promit également à Kei de lui livrer les médicaments nécessaires à son traitement, directement à son domicile.

Une fois l’automate volant parti, une autre heure passa pendant laquelle Ryo, Natsu et Joshua restaient dans la chambre pour veiller sur l'alité. Celui-ci, en position assise sur le matelas, n'hésita pas à demander aux trois autres ce qu'il s'était passé avec Takumi et sa bande.

« Kaze est arrivé entre temps, l'informa Natsu, assise sur le bord du lit. Et il nous a dit qu'il les emmènerait au QG des Shuriken pour les interroger sur leurs véritables intentions, et éventuellement leur faire avouer des infos sensibles sur la Kai-Riu. Pour l'instant, on n'a pas de nouvelles. Peut-être demain ?

— C'est même pas sûr que les Masamune crachent le morceau à ce sujet, contredit Ryo, debout près de la vitre en croisant les bras. Bornés comme ils sont, et hypers loyaux avec la Kai-Riu, ils préféreraient mourir sous la torture, plutôt que d'avouer quoi que ce soit. Surtout qu'ils n'ont rien à gagner en révélant la vérité.

— Ne sous-estimez pas le pouvoir de persuasion de Kaze, conseilla Kei d’un léger rictus. Pour avoir déjà assisté à l'un de ses interrogatoires, il est capable de tout quand il s'agit de faire parler des gens. Il en est presque effrayant !

— Tu ne m'apprends rien à ce sujet, Kei, répliqua la rousse en le regardant. Kaze peut se montrer très sadique envers des criminels comme la Kai-Riu. Je ne doute pas que Takumi et ses sbires souffriront de sa main. Mais j'ignore si ça va suffire. Quoi qu'il en soit, est-ce que tu te sens en état de te relever et de conduire pour rentrer chez toi ? Si ce n'est pas le cas, je vous ramène, toi et Joshua avec ton vaisseau. Et je rentrerai en monorail.

— Te casse pas la tête, assura le concerné en se levant sur ses deux jambes. J'ai encore quelques courbatures, mais ça va. Je me sens capable de piloter. Et puis, chez moi n'est pas si loin ! »

Son regard se tourna vers Joshua, silencieux jusque-là, qui contemplait le petit autel dédié aux cendres d'Hayate.

« Hé. » l'appela doucement son aîné en posant sa main sur son épaule. L’autre homme se retourna, l'air grave, avant de lui sourire légèrement :

« Si tu as besoin de quelqu'un pour te soutenir pendant que tu marches, tu peux compter sur moi.

— Je pense pouvoir me débrouiller de ce côté-là, mais merci. » affima Kei en faisant de même, avant de se tourner vers les filles.

« Nous allons y aller. Merci pour ce que vous avez fait pour moi.

— Arrête ! rit Natsu en lui offrant un clin d'œil. Tu nous as sauvé la mise, et c'est un peu à cause de nous si tu t'es retrouvé dans cet état. La moindre des choses était de te soigner un minimum !

— Elle a raison, enrichit Ryo. Je n'ose pas imaginer ce qui nous serait arrivé si Joshua et toi n'étiez pas venus ! Vous avez bien géré la situation et on vous doit la vie. En plus, les Shuriken ont su défendre le Cyber Ladies. Donc on s'en tire mieux qu'on ne l'aurait espéré, même si des réparations sont à prévoir... »

Les garçons leur adressèrent un sourire et souhaitèrent bon courage à la rousse pour son entreprise, pendant que la concernée et son amie leur conseillèrent de rester chez eux durant les prochains jours.

 

*

 

Le vaisseau de Kei vola parmi la circulation en direction du district Amaterasu. À son bord, un étrange silence régnait entre les deux hommes. De temps en temps, Joshua jeta de discrets coups d'œil au pilote. Il hésita à lui adresser la parole car il souhaitait aborder avec lui un sujet épineux. Mais d'un autre côté, il craignait d'aggraver son traumatisme de l'assaut perpétré à son encontre. Le programmeur remarqua son agitation, et afficha un léger sourire sans lâcher la voie balisée du regard.

« Si tu as quelque chose à me dire ou à me demander, n'hésite pas, Josh !

— Même si ça peut te rappeler de mauvais souvenirs ? »

Kei ne répondit pas et ses lèvres se resserrèrent. Il se doutait de la question de son compagnon, et n'avait pas vraiment envie de reparler de sa rixe avec Takumi et ses sbires. Mais à en juger par la mine anxieuse de Joshua, le hacker comprit qu'il s'inquiétait pour lui. Si répondre à son interrogation permettait au brun d'être fixé et d'enfin se détendre, autant en parler une bonne fois pour toutes !

« Dis juste ce que tu as à dire. »

Surpris sur le coup, le primitif saisit néanmoins l'occasion, les yeux rivés sur le paysage extérieur.

« À en juger par ton état et à la disposition de ces enfoirés autour de toi, j'ai imaginé le pire. Mais j'ignore si c'est à tort ou à raison. Kei, tu n'es pas obligé de répondre si tu ne veux pas, mais... »

Il serra ses poings avant de regarder son interlocuteur.

« Est-ce que ces sales types ont... Est-ce qu'ils t'ont...

— Non, répondit l'argenté qui s'y attendait. Ils prévoyaient de le faire, mais vous ne leur avez pas laissé le temps. »

En découvrant que les Masamune n'avaient pas abusé de Kei, Joshua expira avec apaisement.

« Le ciel soit loué... murmura-t-il d'un petit sourire rassuré.

— Tu t'inquiétais à ce point ?

— On dirait que ça te surprend ! »

Étant donné leur rapprochement progressif, il était normal de voir l'un se faire du soucis pour l'autre, lorsque ce dernier allait mal. Mais le niveau élevé d'inquiétude de Joshua le surprenait autant qu'elle le touchait.

« S'il t'était arrivé quelque chose de grave avant mon retour avec Ryo et Natsu, reprit le brun en observant le trafic à l'avant du véhicule, je ne me le serais jamais pardonné.

— Josh...

— Tu vas peut-être me trouver dur avec moi-même, mais c'est vraiment ce que je pense, tu sais ? »

Le sourire de Kei s'agrandit alors qu'il décolla sa main droite du volant pour saisir celle de Joshua la plus proche de lui.

« Tu es effectivement dur avec toi-même. Mais j'apprécie ton attention à mon égard. Et je te remercie de m'avoir sauvé, mon héros. »

Il avait prononcé ces deux derniers mots en lui offrant un clin d'œil charmeur. Joshua réprima un petit rire tandis que ses joues chauffèrent d'embarras.

« Ça fait bizarre de t'entendre m'appeler comme ça.

— T'aimes pas ce surnom, mon héros ?

— Arrête, Kei ! »

Il savait pertinemment que l'argenté le taquinait. D'ailleurs, celui-ci s'esclaffa devant sa réaction, avant de lâcher sa main pour reprendre le volant. L'ambiance froide s'était finalement réchauffée à l'intérieur du vaisseau, qui venait d'entrer au district Amaterasu.

 

*

 

De retour à l'appartement, le duo fut accueilli par Neeko. L'Ai-pet fut surprise des bandages et des pansements recouvrant certaines parties du corps de son maître. Mais ce dernier assura qu'il se portait bien. Il l'informa ensuite que Ryo et Natsu étaient saines et sauves et que le Cyber Ladies était sécurisé, malgré plusieurs dégâts subis.

« Pauvre Ryo, fit le robot-chat avec une émoticône attristée. Les réparations de son garage risquent de lui coûter cher à cause des Masamune.

— D'autant plus qu'ils risquent de revenir à la charge à tout moment, déplora Kei en s'écroulant sur le canapé du salon. Grâce aux Shuriken, l'entreprise de Ryo a gagné un peu de répit, mais ça ne durera pas.

— Il n'y a vraiment aucun moyen de dissuader définitivement les Masamune de s'en prendre encore à cet établissement, ou à Natsu et à Ryo ? demanda Joshua en s'installant à côté de son homologue.

— La seule solution que je vois est de provoquer la disparition de ce gang. »

Cette réponse du hacker entraîna un silence complet. Autant dire que c'était mission impossible, sachant que cette bande de voyous était supervisée par la Kai-Riu elle-même. Pour dissoudre complètement les Masamune, ils devaient d’abord faire tomber cette entreprise. Après avoir fait enfermer Chikara, ils devaient en faire de même avec Isao et Tama. Mais comment ?

Soudain, le cellulaire de Kei sonna : un appel de Kaze. Il décrocha et activa les hauts-parleurs.

« Salut, mec !

— Kei ! Je suis soulagé que tu ailles mieux après ce que la bande à Takumi t'ont fait.

— Ton inquiétude pour moi me fait plaisir ! sourit son interlocuteur. Comment ça se passe, de ton côté ? À ce qu'il paraît, t'as prévu un interrogatoire musclé avec les enfoirés que vous avez capturés.

— L'interrogatoire en question est en cours depuis plusieurs heures. Malheureusement pour nous, ces Masamune sont têtus et refusent de parler malgré la torture. Évidemment, je ne peux pas me permettre de les tuer ! Mais c'est plus compliqué que prévu, de leur faire avouer ce qu'ils cachent. Après, certains sont peut-être ignorants concernant la Kai-Riu.

— T’as déjà interrogé Takumi ?

— Je le garde en dernier, pour qu'il puisse entendre la souffrance de ses potes, et pour lui faire comprendre qu'il subira un sort encore pire s'il refuse de parler.

— J'ai presque envie de dire : pauvre Takumi. Presque !

— Je ne peux pas avoir de pitié pour cet homme. Encore moins après ce qu'il vous a fait, à toi, à Ryo et à Natsu. Quoi qu'il en soit, je te tiendrai au courant de ce que j'arrive à en tirer. D'ici là, faites vous discrets et ne tentez rien à l'encontre de la Kai-Riu ou des Masamune. »

Kei assura qu'il suivrait ces conseils et le remercia pour son aide. Après avoir raccroché, le hacker entendit un grognement provenant de son ventre.

« Après tout ce qui s'est passé, pas étonnant que t’aies faim ! rit gentiment Joshua.

— Je vais vous préparer quelque chose. » proposa Neeko. Mais Kei la freina pour lui demander de commander une pizza, ainsi que des sushis.

« Tu veux manger à la fois une pizza et des sushis ? s'étonna l'automate félin en affichant un point d'interrogation. Ça fait beaucoup pour un repas, non ?

— Les sushis, c'est pour plus tard. Dans l'immédiat, seule une belle pizza me fera du bien ! Commande la même que la dernière fois, d'accord ? »

Neeko acquiesça avant de s'exécuter, sous les yeux souriant de Joshua. Ce dernier fut ravi et soulagé de voir que l'appétit de son hôte n'avait pas disparu, malgré ce qu'il avait subi en ce jour.

 

*

 

Le reste de l’après-midi se passa dans le calme et dans la détente. Les deux hommes et l'Ai-pet avaient passé quelques heures à jouer à un jeu vidéo via le cellulaire de Kei, que celui-ci avait connecté au téléviseur. Joshua n'avait jamais expérimenté ce genre de loisir interactif. Mais à l'instar de la partie d'Element's Clash, il trouvait une telle activité amusante, même s'il n'était pas spécialement doué à ce jeu-là. Kei lui assura toutefois qu'avec le temps et la pratique, il parviendrait à le maîtriser et à réaliser de beaux scores. La soirée arriva bien vite. Après le dîner, les deux hommes se douchèrent à tour de rôle, pendant que Neeko faisait du ménage dans le salon avant de se mettre en veille.

Une heure plus tard, Kei et Joshua se retrouvèrent allongés sur le lit de la chambre, la tête du premier posé sur le bras ouvert du second. Tous deux fixèrent le plafond assombri, alors que les lumières de la ville animée traversaient les petits espaces du store partiellement fermé de la fenêtre circulaire.

À un moment, Kei tourna sa tête vers Joshua, avant de se rapprocher pour déposer un doux baiser sur sa joue. Le garçon aux cheveux de terre haussa un sourcil d'étonnement, mais sourit également.

« Que me vaut l'honneur de ce bisou surprise ?

— Je n'ai pas eu l'occasion de te remercier correctement, pour m'avoir aidé contre les Masamune. J'ignore si tu te rends compte de la torture dont tu m'as épargné. J'ai pas envie d'imaginer ce qui se serait passé, si toi, Nat' et Ryo n'étiez pas venus à temps. »

Un sentiment de tendresse submergea son interlocuteur, qui relevait son avant-bras pour saisir avec douceur quelques mèches argentées entre ses doigts. Les deux hommes se regardèrent droit dans les yeux, bercés par un paisible silence.

« Je ne pouvais pas les laisser te faire une chose pareille. D'ailleurs, je ne leur pardonne pas ce qu'ils t'ont fait ! Crois-moi, si on m'offrait la possibilité de les tabasser, je l'aurais fait sans la moindre hésitation pour le leur faire payer. Et j'aurais éventuellement foutu le feu dans chaque bâtiment appartenant à la Kai-Riu, dans la foulée ! »

Kei éclata de rire.

« Carrément ?

— Après tout ce qu'ils ont fait, aussi bien à moi, qu'à toi, Hayate et d'autres, j'estime que ce n'est pas encore assez cher payé. »

Le plus jeune marquait un point. Même s'ils parvenaient à détruire la Kai-Riu et son gang complice, cela ne ramènerait pas les vies prises ou détruites. Et cela ne réparerait pas les dégâts subis à certains endroits comme le garage des Cyber Ladies, ou l'ancien village de Joshua, désormais rayé de la carte Calréenne.

« Même si leur punition ne sera jamais à la hauteur de leurs crimes, parla le hacker en déviant légèrement son regard, ce sera toujours une forme de justice rendue. Et ça ne pourra que faire du bien aux proches des victimes et à Neo-Tokyo en général. Peut-être même que ça préservera Calreon d'un potentiel désastre sur le long terme.

— Je l'espère sincèrement.»

Ils s'échangèrent un nouveau regard, peiné, mais également empli d'espoir et d'affection mutuelle.

« J'ai vraiment hâte d'en finir avec ces conneries pour que tu m'emmènes visiter l'extérieur de cette ville, confia Kei en arrangeant quelques mèches marrons tombant sur le front de son compagnon.

— Et moi, j'ai hâte de voir ta réaction lorsque ce moment arrivera. »

En guise de réponse, l'argenté se rapprocha pour coller ses lèvres aux siennes, lui volant un doux baiser auquel l'autre répondit instantanément. Tous deux retinrent leur souffle lorsque cet échange s'approfondit. Joshua colla un peu plus Kei contre lui pour mieux savourer ce moment. Son aîné en fut d'ailleurs si surpris qu’il se recula légèrement, un rictus taquin aux lèvres.

« Quand je pense que tu prétendais ne pas pouvoir imaginer deux hommes ensemble, alors que tu étais à peine arrivé ici !

— Je n'arrivais pas à imaginer deux hommes mariés. Nuance ! se défendit l'autre en lui pinçant gentiment la joue. Ça ne voulait pas dire pour autant que je ne concevais pas la possibilité d'une relation amoureuse entre deux garçons. Sinon, on n'en serait pas là !

— T’as déjà eu d'autres relations avant moi ?

— Une seule. Avec une fille. Mais ça n'a pas duré longtemps. »

Kei allait de surprise en surprise. Sa curiosité désormais piquée, il lui demanda lequel des deux avait délaissé l'autre.

« Ça a été mutuel. Au fil du temps, en se rendant compte qu'on ne s'aimait pas autant qu'on le croyait, on a préféré lâcher l'affaire, côté romantique. On est quand même restés amis. Du moins, jusqu'à ce que... ce qui est arrivé à mon village. »

Merde.

C'était le seul mot venu à l'esprit du hacker face à cette révélation. Lui qui pensait que l'ex-petite amie du chasseur était originaire d'un autre village et qu'elle était peut-être encore en vie, il s'était trompé sur toute la ligne.

« Je suis désolé. Je n'aurais pas dû aborder ce sujet.

— Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas pour ça. Et puis je pense avoir digéré la disparition de mon entourage, à la longue. Certes, mon deuil ne pourra être total que lorsque la Kai-Riu n'existera plus. Mais j'arrive à supporter la perte de mes proches, même si leur souvenir me revient parfois et que ça reste douloureux, au fond.

— Sur ce point, je te comprends complètement. »

L'ambiance s'était légèrement alourdie. Mais souhaitant détendre l'atmosphère en cette soirée qui commençait si bien à ses yeux, Joshua adressa un sourire à Kei :

« Et toi ? Combien de relations as-tu eu, si on exclut Kaze ? »

Il récolta une tape à la cuisse en guise de réponse, alors que son aîné affichait un air blasé.

« Pour la je-ne-sais-plus-combien-de fois, il ne s'est rien passé entre Kaze et moi ! Et pour répondre à ta première question, j'ai arrêté de compter à quatre ou cinq.

— Attends, quoi ? fit Joshua en écarquillant les yeux.

— Mais rien de sérieux, en vérité. Soit c'était des coups d'un soir sans aller plus loin, soit des petites amourettes de quelques jours pour l'amusement. Je crois... que tu es le premier, pour qui j'éprouve bien plus que ça. »

Le jeune homme dévia encore son regard, alors que ses joues s'empourpraient progressivement. Ce n'était pas souvent que le primitif voyait son compagnon aussi gêné. Cela contrastait avec son apparence d'ordinaire confiante et décontractée, et le rendait adorable.

Joshua caressa la joue de Kei avec douceur. Le cœur battant, ses yeux verts plongèrent dans les iris noisette de l'argenté.

« Honnêtement, si on m'avait dit que je trouverais une personne à aimer au sein de Neo-Tokyo, je n'y aurais jamais cru, parla-t-il à voix basse. Comme quoi, la vie est souvent faite de surprise. »

Sa main glissa le long du visage de l'informaticien jusqu'à descendre au niveau de sa poitrine. Il sentit les battements de son cœur sous sa paume. Le rythme cardiaque de son aîné s'accélérait comme le sien, ce qui le fit sourire davantage.

« Embrasse-moi encore, mon sauveur… »

Kei s'exécuta sans attendre, animé par un profond désir bouillonnant en son for intérieur. Le baiser, malgré sa tendresse, se fit plus fougueux que le précédent. Leurs langues n'hésitèrent pas à se lier tandis que les deux hommes s'échangeaient quelques caresses.

Dans le feu de l'échange, le plus âgé des deux se retrouva progressivement sur l’autre avant de se redresser légèrement. Il passa délicatement sa main sous le débardeur de Joshua, avec l'intention de l'ôter. Mais son héros le freina, les joues rouges.

« Je... euh... Est-ce que c'est une bonne idée, vu tes blessures ?

— Qui te dit que je souhaite aller jusque-là ce soir ? » demanda Kei en lui offrant un clin d'œil séducteur. Joshua cligna des paupières à plusieurs reprises. Pourquoi voulait-il enlever son haut, dans ce cas ?

« On sera plus à l'aise et on aura moins chaud. Ça te va comme réponse ? »

Le primitif réprima un petit rire. Kei avait beau avoir balancé cette justification pour lui rabattre son caquet, il n'avait pas complètement tort. De toute façon, Joshua n'était pas sûr d'être prêt à vivre un moment intime aussi intense en cet instant. Ne sachant pas vraiment comment s'y prendre avec un homme, il préférait que leur relation ne se limite qu'aux baisers et aux caresses. Et l'argenté se montra compréhensif.

Il ôta uniquement le débardeur blanc de Joshua, lui laissant son pantalon bleu marine. Le plus âgé enleva son propre t-shirt kaki dans la foulée, ne gardant que son bermuda noir. Joshua regrettait de voir ce corps bien sculpté aussi meurtri et recouvert de bandages à certains endroits. Il effleura de sa main l'un de ces tissus, avec un pincement au coeur.

« Tu ne méritais vraiment pas ça.

— Ne parlons plus de ça, s'il te plaît. Je préfère oublier ça et vivre des moments plus plaisants. » proposa Kei en saisissant sa main avant de doucement la plaquer contre le matelas, tout en entrelaçant leurs doigts. Il en fit de même avec l'autre main.

Les deux jeunes hommes se contemplèrent, pendant que le temps semblait figé autour d’eux. En dehors de leurs physiques qu'ils trouvaient mutuellement attrayants, c'étaient surtout leurs expressions qui agissaient sur eux tels des aimants. Des mines laissant transparaître de l'appréhension, mais aussi et surtout, du bonheur.

Lentement, Kei rapprocha son visage pour emprisonner les lèvres de Joshua dans les siennes. Le plus jeune mourrait d'envie de l'enlacer, mais ses mains retenues dans celles de son compagnon l'en empêchèrent. Il se contenta de caresser les doigts et le dos de sa main tout en approfondissant cet échange amoureux. De son côté, Kei se décolla légèrement avant de descendre au niveau du cou du brun. Il huma la senteur vanillée qui s'en dégageait, puis l'embrassa à plusieurs reprises en douceur.

Assez sensible à ce niveau, Joshua poussa un petit gémissement, alors que ses mains serraient un peu plus celles de l'argenté par réflexe. Ce dernier releva la tête vers lui d'un air étonné.

« Je suis... un peu chatouilleux par là. » avoua Joshua avec gêne, mais en affichant un petit sourire qui fut aussitôt rendu.

« J'évite de titiller cet endroit, alors ?

— Pas forcément, mais vas-y plus doucement. »

Plutôt que de continuer à déposer ses lèvres sur son cou, Kei se redressa en lâchant les mains de son cadet. Mais il tira celui-ci pour le redresser également, de telle sorte à ce qu'il se retrouve assis et blotti contre lui. Joshua passa instinctivement ses bras autour de la nuque du hacker lorsque celui-ci l'étreignit au niveau de la taille.

Tous deux frissonnèrent lorsqu'une grande partie de leur peau se colla. Cela ne les empêcha pas de s'embrasser une fois de plus. La température montait sans pour autant dépasser une certaine limite. Le silence régnait dans la chambre, si on excluait les petits bruits de leurs lèvres et de leurs langues se savourant délicieusement. Et alors que la nuit suivait son cours, les deux jeunes hommes se perdirent dans de tendres caresses, toujours envoûtés par leur baiser ardent.

Mais la fatigue se fit sentir, suite à l'éprouvante journée passée. Leur moment cessa donc, et tous deux se rallongèrent sur le lit. Joshua n'hésita pas à entourer Kei, qui lui tournait le dos, de ses bras.

« Bonne nuit, mon sauveur, murmura le primitif en embrassant l'arrière de son crâne.

— Bonne nuit, mon héros ! »

Tous deux pouffèrent devant ces surnoms incroyablement niais. Mais ils les affectionnaient beaucoup. Suite à cette démonstration de complicité, le duo s'endormit au bout d'une dizaine de minutes.

 

*

 

Quelque part dans le quartier général du gang Shuriken, au district Susanoo, Takumi, ligoté au niveau des poignets et des chevilles à une chaise, s'était assoupi. Voilà des heures qu'on l'avait emmené là. Pour l'instant, on ne lui avait rien fait. Mais les cris de souffrance de ses camarades torturés résonnaient encore à son oreille. Tandis qu'il rêvait de ses acolytes se faisant frapper à mort devant ses yeux, il sentit une soudaine douche froide le réveiller en sursaut.

« On se réveille, mon pote ! » s'éleva la voix de Kaze, qui déposait une marmite au sol. Takumi ne mit pas longtemps à retrouver ses esprits pour redécouvrir le lieu où il était séquestré : une simple petite pièce sombre, dépourvue de fenêtre et avec une unique porte d'accès. La seule source de lumière était un vétuste lampadaire suspendu au-dessus de sa tête, dont l'ampoule luisait faiblement. Il n'hésita pas à offrir à l'autre son regard le plus haineux.

« Mon Dieu, tu me ferais presque peur ! ironisa l'homme aux mèches d'ébène en tournant autour du chef des voyous.

— Arrête de te foutre de ma gueule et finissons-en ! Torture-moi ou tue-moi si ça te chante. Tu n'obtiendras rien de moi !

— Tu veux parier ? » demanda Kaze en souriant avant d'appuyer sur un bouton d'une télécommande qu'il tenait. Takumi sentit un soudain courant électrique parcourir tout son corps. La douleur se fit incroyablement intense à l'arrière de son crâne, à sa poitrine et au niveau de ses gonades. Cette désagréable sensation dura une dizaine de secondes.

« On a posé des pastilles électrisantes au niveau de ta tête, de ton cœur et de tes couilles. Généralement utilisées en médecine technologique, elles peuvent s'avérer mortelles entre les mains d'une personne prête à tout pour faire parler certains. Manque de bol pour toi, je suis ce genre de personne ! À la base, je souhaitais utiliser ces trucs sur tes sbires. Je suis sûr qu'ils auraient parlé tout de suite. Mais vu que ce sont les seules pastilles que je me suis procurées, j'ai préféré les garder spécialement pour leur chef. »

Takumi haleta en grimaçant. Il ressentait encore des gros picotements sur ces trois parties de son anatomie stratégiquement choisies.

« T'es un monstre... » grogna-t-il à l'adresse de Kaze en tentant de retrouver une respiration convenable. Celui-ci leva les yeux d'exaspération devant une telle remarque hypocrite et culottée de sa part.

« Ce n'est pas moi qui suis allé casser le local d'un établissement, capturer deux femmes, dont une enceinte, et violenter un pauvre gars qui souhaitait juste retrouver ses amies. »

Après être passé derrière lui, il saisit brusquement le délinquant par les cheveux et tira pour lui faire relever la tête et le forcer à le regarder. Takumi avait beau être plus grand que Kaze, c'était ce dernier le plus imposant et intimidant des deux en cet instant.

« Pour ce que tu as fait à Kei, j'ai envie de te tabasser avant de te jeter par une fenêtre pour que tu t'écrases parmi les déchets du niveau 0. Mais j'ai trouvé l'alternative de la torture pour te faire sortir les vers du nez concernant le véritable objectif de la Kai-Riu. »

Il actionna sa télécommande de telle sorte à ce que seules les pastilles apposées sur les parties génitales de l'autre s'actionnent. Takumi grimaça à nouveau.

« T'as intérêt à parler, si tu ne veux pas te retrouver castré ! »

L'autre chef de gang ne parla pas pour autant. Malgré la douleur, il trouva la force de l'endurer. Il défia même son tortionnaire :

« Pourquoi ne pas te mettre à quatre pattes pour sucer le bout de ma bite, plutôt ? »

Aussitôt ces mots prononcés, il ressentit une vive douleur à la poitrine. Kaze venait d'activer d'autres pastilles, rendant le calvaire de Takumi plus atroce.

« Je peux passer toute la nuit à m'amuser de la sorte, tu sais ? nargua le leader des Shuriken d'un sourire sadique. Tu auras beau essayer de me provoquer ou de m'insulter, ça ne changera rien à ta situation. C'est toi qui souffres, là. Pas moi ! Bien sûr, si tu souhaites que j'arrête, tu sais ce qu'il te reste à faire. Mais dans le cas contraire... »

Il actionna les pastilles collées à son crâne. Là, Takumi hurla de douleur en gesticulant comme un rat piégé dans une tapette. Kaze le laissa souffrir de cette façon durant une vingtaine de secondes, avant de lui offrir un peu de répit.

« Es-tu consentant à parler ? Ou dois-je t'offrir une nouvelle décharge, encore plus forte et plus longue que celle-là ? »

Contre toute attente, son opposant l'implora d'arrêter cette torture et lui promit de révéler quelques informations sur la firme la plus influente de Neo-Tokyo. Il ignorait ses véritables desseins. Il ne pouvait pas non plus révéler la configuration du siège de la société. Il confia tout de même que la salle de réunion des trois fondateurs se trouvait en son sommet et que l'un d'eux, Tama Daisuke, s'y rendait souvent pour superviser son business. Il dévoila également l'adresse et une partie de l'emploi du temps d'Isao Junpei.

« Tu vois, quand tu veux ! » le félicita Kaze en lui tapotant le dessus de la tête. Mais Takumi répliqua par un crachat envoyé au sol.

« Si tu cherches à arrêter notre gang ou la Kai-Riu, tu perds ton temps… Nous sommes probablement les personnes les plus puissantes de Neo-Tokyo, voire même de Calreon.... Ce n'est pas avec tes petits merdeux de complices que tu réussiras quoi que ce soit contre nous... Et quand bien même vous réussiriez… nous avons des connaissances prêtes à prendre notre relève, si on nous fait disparaître ! »

Le rictus de Kaze prit un air moqueur, tandis qu'il s'éloignait de lui.

« Si un gamin et deux femmes ont été capables de vous neutraliser, toi et ta bande, je ne vois pas en quoi un gang comme les Shuriken ne pourrait pas combattre la Kai-Riu elle-même. Mais merci quand même pour la mise en garde, je suppose ! »

Sur ces mots, il quitta la pièce en faisant venir quelques collègues pour surveiller ce malfaiteur.